DIMOCK, SHUBAEL, prédicateur baptiste, né le 27 mai 1707 à Mansfield, Connecticut, fils de Timothy Dimock (Dimmick) et d’Abigail Doane, décédé le 10 mai 1781 à Newport, Nouvelle-Écosse.

Shubael Dimock fut d’abord membre de l’Église congrégationaliste, qui était, dans le Connecticut, l’Église établie. Puis, influencé par le renouveau de ferveur religieuse, appelé le Grand Réveil, il devint l’un des leaders d’un groupe qui, à Mansfield, se sépara de cette Église. Réputés pour leur opposition à l’autorité, les dissidents subirent les vexations des dirigeants locaux, dans le comté de Windham, et ceux qui prêchaient sans être titulaires d’une licence de ministre – Dimock était du nombre – furent condamnés à la prison. Dimock n’en continua pas moins de prêcher et il affirma au magistrat sa volonté de persévérer, « à moins. disait-il, que vous ne me coupiez la langue ». Il refusa obstinément de verser le montant de sa contribution au soutien de l’Église établie ; toutefois, sa femme payait de temps à autre cette redevance pour éviter que leurs objets de valeur ne fussent saisis par le constable.

Afin d’échapper à de nouvelles persécutions, les Dimock résolurent d’émigrer en Nouvelle-Écosse avec l’espoir de trouver là, conformément à la proclamation faite en 1759 parle gouverneur Charles Lawrence*, des terres concédées gratuitement, une « pleine liberté de conscience » et l’exemption des dîmes. Alors que Shubael Dimock était en prison, rapporte la tradition familiale, son fils Daniel avait visité la Nouvelle-Écosse ; il persuada ensuite son père d’aller s’y établir et les Dimock parvinrent dans la région de Falmouth six mois avant l’arrivée, au printemps de 1760, des autres colons de la Nouvelle-Angleterre [V. John Hicks]. Dimock fut certainement au nombre des gens qui obtinrent une terre lors des premières concessions faites à Falmouth en 1759 ; parmi les nouveaux propriétaires, 18 seulement s’y installèrent. Il obtint ensuite un lot de 500 acres lorsque de nouvelles concessions furent accordées en 1761. À ce moment-là, Daniel Dimock devint propriétaire d’un demi-lot dans le canton de Newport, de l’autre côté de la rivière Pisiquid (rivière Avon).

Shubael Dimock guida les colons non seulement sur le plan spirituel, mais aussi dans les affaires temporelles. Il fut élu président de la première assemblée tenue par les propriétaires de Falmouth le I0 juin 1760, alors qu’on mit sur pied un comité permanent de trois personnes, en vue d’installer les concessionnaires sur leurs terres et d’établir des règlements concernant le gouvernement local. Il présida durant plusieurs années les réunions du conseil de la localité. C’est lui qui remplissait cette fonction à l’été de 1760 lorsqu’on tira au sort les maisons et les bâtiments ayant appartenu aux Acadiens et tout le bois en planches et le bois sur pied du canton. Il était également président lorsque, le 23 mars 1762, Henry Denny Denson remit au conseil la concession en bonne et due forme de Falmouth et lorsqu’en septembre de la même année des dispositions furent prises afin de réparer les digues de Great Marsh. De ses années passées en Nouvelle-Angleterre, Dimock avait gardé une foi obstinée dans le droit des individus à participer aux décisions du gouvernement local. En 1762, avec d’autres habitants de ce qui était alors le comté de Kings, il se joignit à Robert Denison* pour se plaindre auprès des membres du Board of Trade de ce que l’on n’avait pas respecté les promesses faites par Lawrence d’accorder la « protection du gouvernement à l’égard de tous [leurs] droits et libertés civils et religieux » ; les protestataires réclamaient également leur propre gouvernement cantonal et ils dénonçaient le colonel Denson qui était par sa conduite, disaient-ils, « la honte de l’autorité et un grand empêchement à la religion et à la piété chez nous ».

À Falmouth, Shubael Dimock réunissait quelques personnes pieuses « autour de lui pour leur faire entendre ses prêches », mais ni à Falmouth ni à Newport on ne construisit d’église congrégationaliste. Daniel en était venu à accepter le baptême par immersion et avait été baptisé en 1763, mais Shubael ne s’était pas encore laissé toucher par la conversion de son fils. Toutefois, après avoir longuement étudié les Écritures, il se fit baptiser dans la rivière Kennetcook par son fils. Ils s’efforçaient tous deux de faire avancer la cause de la religion à Newport et à Falmouth, l’un prêchant le matin et l’autre l’après-midi. On estimait, en 1771, que Shubael Dimock exerçait son ministère auprès d’un « nombre considérable » de baptistes à Newport, où il avait élu domicile. En 1776, les Dimock se joignirent à la communauté de baptistes et de congrégationalistes que Henry Alline, prédicateur du mouvement New Light, avait fondée dans ce village. Si l’on en croit son petit-fils Joseph*, Dimock ne donnait pas son adhésion à toutes les particularités de la foi d’Alline, mais il voyait tout de même en lui « un éminent instrument entre les mains du Tout-Puissant pour inviter les pécheurs au repentir ». Bien que Dimock ne fût pas, semble-t-il, un prédicateur très doué, Alline louait son talent manifeste pour la prière et l’exhortation : « Jamais, disait-il, je n’ai entendu quelqu’un prier en regardant aussi droit vers le ciel et en entraînant les autres comme il le fait. »

Shubael Dimock se maria trois fois : il épousa Percilla Hovey le 11 décembre 1731, à Mansfield ; Eunice Marsh le 10 novembre 1747, à Mansfield également, et Sarah Knowlton, la veuve d’Abraham Masters (Marsters), le 22 octobre 1768, à Newport. Il eut en tout 13 enfants, dont deux moururent en bas âge. Un pionnier parmi les baptistes de la Nouvelle-Écosse, il croyait fermement au droit de chacun à décider de sa religion. Trois générations de Dimock poursuivirent son œuvre missionnaire en se vouant au progrès de l’Église baptiste.

Phyllis R. Blakeley

APC, MG 9, B9, Newport, 1 (mfm aux PANS).— Hants County Court of Probate (Windsor, N.-É.), loose petitions and wills, 1761–1798 (testament de Shubael Dimock, homologué le 9 août 1781). PANS, MG 4, no 31 (registre du canton de Falmouth).— Births, baptisms, marriages and deaths, from the records of the town and churches in Mansfield, Connecticut, 1703–1850, S. W. Dimock, compil. (New York, 1898).— A genealogy of the Dimock family from the year 1637, J. D. Marsters, compil. (Windsor, 1899), 5–20. M. W. Armstrong, The Great Awakening in Nova Scotia, 1776–1809 (Hartford, Conn., 1948). I. E. Bill, Fifty years with the Baptist ministers and churches of the Maritime provinces of Canada (Saint-Jean, N.-B., 1880), 28s. J. M. Bumsted, Henry Alline, 1748–1784 (Toronto, 1971). J. V. Duncanson, Falmouth – a New England township in Nova Scotia, 1760–1965 (Windsor, Ontario, 1965). H. Y. Hind, Sketch of the old parish burying ground of Windsor, Nova Scotia [...] (Windsor, 1889), 48–50, 52.— Baptist Missionary Magazine of Nova-Scotia and New-Brunswick (Saint-Jean et Halifax), nouv. sér., III (1836) : 171–177. J. M. Bumsted, Origins of the Maritime Baptists : a new document, Dal. Rev., XLIX (1969–1970) : 88–93.

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Phyllis R. Blakeley, « DIMOCK, SHUBAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dimock_shubael_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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