DELANEY (Delany), JOHN, fonctionnaire, homme politique et météorologue, né en 1811 en Irlande ; il épousa Elizabeth Troy, et ils eurent cinq fils et trois filles ; décédé le 26 avril 1883 à St John’s.
On connaît peu de chose des premières années de John Delaney, mais sa carrière montre qu’il reçut au moins une certaine instruction. En 1831, il quitta l’Irlande pour aller s’établir à St John’s avec sa femme, qui était l’une des sœurs de l’abbé Edward Troy*. À St John’s, Delaney, comme la plupart des catholiques de l’île, adhéra au parti libéral et, en 1835, grâce au soutien de Patrick Morris* et d’autres hommes politiques libéraux, on le nomma portier de la chambre d’Assemblée, poste qu’il occupa jusqu’en 1843. En 1848, il fut élu député du district de Placentia-St Mary’s à la chambre d’Assemblée.
Delaney vota souvent du côté du parti libéral, mais il ne prit pas une part active au mouvement en faveur du gouvernement responsable. Pour lui exprimer sa reconnaissance peut-être, le gouverneur Ker Baillie Hamilton, sur le conseil du gouvernement conservateur, le nomma garde de la chambre d’Assemblée en 1852 et agent voyer en 1853. Toutefois, le manque d’enthousiasme de Delaney pour le gouvernement responsable lui avait coûté l’appui du puissant homme politique catholique Ambrose Shea* ; aux élections de 1852, Delaney perdit son siège qui passa à George James Hogsett*. Il le reprit en 1855, fut réélu en 1859, et choisit de ne pas se présenter en 1861.
Très tôt au cours de sa carrière de membre de l’Assemblée, Delaney avait manifesté de l’intérêt pour l’amélioration des communications internes à Terre-Neuve. En 1851, il avait contribué à l’adoption du Postal Act qui réorganisait le service postal dans la colonie, et, le 17 février 1860, il fut nommé maître général des Postes par le gouverneur sir Alexander Bannerman*, en remplacement de William Lemon Solomon, premier titulaire du poste à Terre-Neuve. Delaney croyait que la modicité des tarifs d’affranchissement et l’amélioration des communications étaient essentielles au développement économique et social de Terre-Neuve et il travailla avec énergie pour étendre et moderniser le réseau postal. Au début des années 1880, il avait établi le service postal dans tous les coins de l’île et sur la côte du Labrador en utilisant des navires à vapeur ; il avait instauré la livraison de porte en porte à St John’s, inauguré un système de mandat-poste et négocié des tarifs postaux uniformes avec la Grande-Bretagne et le continent nord-américain.
Tout en apportant une importante contribution à Terre-Neuve comme fonctionnaire, Delaney accomplit un travail d’une portée presque aussi grande en tant que scientifique amateur. Il s’intéressait à l’astronomie, à l’électricité et à la télégraphie, et fut un ingénieur civil assez compétent de sorte qu’il put arpenter un certain nombre de routes à St John’s et dans la presqu’île d’Avalon. Toutefois, c’est dans le domaine de la météorologie qu’il réalisa ses principaux travaux scientifiques. De 1857 à 1864, Delaney, aidé de deux de ses fils, John Joseph et Edward Magdalene Joseph, enregistra des observations sur la température, la pression atmosphérique et les précipitations à St John’s et il les soumit à la Smithsonian Institution de Washington à titre d’apport à la compilation de statistiques sur le climat de l’Amérique du Nord. La mort de ses deux fils en 1866 n’empêcha pas Delaney de fournir une autre série d’observations à la même institution de 1871 à 1873. En 1871, année où le Bureau météorologique du Canada (appelé par la suite le Service météorologique) fut créé par George Templeman Kingston, Delaney mit sur pied un réseau de six stations le long de la côte de Terre-Neuve ; il le pourvut d’observateurs volontaires chargés de fournir aux météorologues du Canada des données importantes sur les conditions météorologiques à l’embouchure du golfe du Saint-Laurent. Malgré sa santé déclinante, Delaney passa les dernières années de sa vie à tenter, mais sans succès, de convaincre le gouvernement de Terre-Neuve d’étendre le système canadien de prévision des tempêtes à l’île. Il était devenu fellow de la Royal Meteorological Society de Londres, en 1873.
John Delaney ne se fit guère remarquer comme homme politique, mais en tant que fonctionnaire il s’avéra énergique et clairvoyant. Ses efforts pour améliorer les communications à Terre-Neuve étaient généralement conformes aux aspirations de la communauté marchande de St John’s et des autorités en place. Néanmoins, on croyait parfois que ses plans d’établir un réseau postal et un service météorologique plus raffiné étaient trop coûteux, et on n’en tenait pas compte. La ténacité de Delaney à préconiser des mesures progressistes révèle sa confiance en son propre jugement et son indépendance d’esprit. Ses travaux en météorologie donnèrent aux climatologues leurs premières mesures précises et durables pour Terre-Neuve, et le lien qu’il établit avec le Service météorologique du Canada se maintint, presque intact, jusqu’à l’entrée de l’île dans la Confédération en 1949.
APC, RG 93, A2, 1874–1878.— Canada, Service de l’Environnement atmosphérique (Downsview, Ontario), Letterbook of the superintendent of the Meteorological Service, 1873–1883.— Smithsonian Institution, Annual report (Washington), 1858–1864.— T.-N., Blue book, 1855–1860 ; House of Assembly, Journal, 1837–1861.— Terra Nova Advocate and Political Observer (St John’s), 28 avril 1883.— Times and General Commercial Gazette, 1er, 29 déc. 1852, 7 avril 1860, 21 août 1875.— Gunn, Political hist. of Nfld.— William Smith, The history of the Post Office in British North America, 1639–1870 (Cambridge, Angl., 1920).
Ian M. Stewart, « DELANEY (Delany), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/delaney_john_11F.html.
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Auteur de l'article: | Ian M. Stewart |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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Date de consultation: | 20 déc. 2024 |