DAVID, FERDINAND (baptisé Ferdinand-Conon), peintre-carrossier, entrepreneur de construction et homme politique, né le 30 mai 1824 à Sault-au-Récollet (Montréal-Nord), fils de David-Fleury David, maître sculpteur, et de Cécile Poitras, décédé le 16 juillet 1883 à Montréal.

Ferdinand David reçoit une instruction élémentaire dans son village natal où il apprend également le métier de menuisier. Son père, bien qu’assez connu par ses travaux de décoration dans différentes églises, semble être dans une situation financière précaire puisqu’il décide de s’expatrier aux États-Unis vers 1835 ; il mourra d’ailleurs à Troy, New York, en 1841. On ignore si Ferdinand David a suivi ses parents. Il a pu aussi s’établir à Montréal, probablement à titre d’apprenti ; quoi qu’il en soit, le 8 octobre 1844 à l’église Notre-Dame, à Montréal, il épouse Olive Boyer, dit Quintal. Le 29 octobre 1868, il épousera en secondes noces, au même endroit, Sophie Homier, veuve de Joseph Papin*. Sept enfants naîtront de ces deux mariages.

En 1845, David est inscrit en qualité de carrossier et peintre dans le Montreal directory. Toutefois, ce n’est pas à son activité de peintre-carrossier qu’il doit sa notoriété : son nom ne figure jamais dans la section des affaires des annuaires montréalais de l’époque. Cette constatation indique son peu d’importance dans le secteur et peut sous-entendre qu’il travaille alors pour un carrossier établi. D’après les journaux, il doit plutôt sa réputation à son action au conseil municipal de Montréal. D’abord élu conseiller par les citoyens en 1861, il représente le quartier Saint-Louis jusqu’en 1864. L’année suivante, les conseillers le choisissent comme échevin, fonction qu’il exercera jusqu’à sa démission en 1877. Membre et président du comité des chemins, il s’intéresse aux questions de voirie et de transport public et semble y jouer un grand rôle ; on peut supposer qu’il fut l’un des instigateurs du système de tramway à chevaux, introduit à Montréal le 27 novembre 1861. En 1877, il se présente à la mairie de Montréal, mais son adversaire, Jean-Louis Beaudry, triomphe par 2 780 voix contre 812.

À l’époque de son élection au conseil municipal, David commence une carrière d’entrepreneur. Nous ne connaissons pas beaucoup son activité à ce titre durant les années 1860 mais, pendant la décennie suivante, on retrouve son nom sous la raison sociale David, Rivard, Laurent et Drolet, firme spécialisée dans la spéculation immobilière et dans la construction domiciliaire. Par l’intermédiaire de cette société regroupant, outre David, Sévère Rivard, Gustave-Adolphe Drolet, tous deux avocats, et Michel Laurent, architecte, David se porte acquéreur au début de 1872 d’une vaste propriété appartenant à Benjamin-Godfroi Comte, sise en partie dans les quartiers Saint-Louis et Saint-Jacques de Montréal, ainsi que dans le village de Saint-Jean-Baptiste (maintenant partie de Montréal). Peu de temps après l’achat, les associés vendent une première partie du terrain par petits lots. La spéculation la plus importante s’effectue dans le village de Saint-Jean-Baptiste ; David et ses associés y possèdent le lot 15 qu’ils subdivisent en 1298 emplacements d’environ 20 ou 25 pieds de largeur sur 200 de longueur. Le groupe prend manifestement une part active dans l’évolution du village : le 13 juin 1872, David et ses associés donnent à l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget, 20 emplacements pour contribuer à la construction d’une église catholique, à condition d’être exemptés de toute taxe d’église par la suite. Vers cette époque également, ils entreprennent la construction de plusieurs maisons, particulièrement dans la rue Drolet. À titre personnel, David possède également quelques terrains et édifices dans les quartiers Saint-Antoine et Saint-Louis.

Sur le plan politique, outre sa participation au conseil municipal, David fait une brève incursion dans la politique provinciale en se faisant élire en 1871, sous la bannière du parti conservateur, dans le comté de Montréal-Est, qu’il représente jusqu’en 1875. Durant son mandat, il est membre du comité spécial des industries, formé en 1871 [V. Louis-Napoléon Larochelle]. Il exige, par souci d’intégrité, la présentation d’un projet de loi décrétant le scrutin secret ainsi que la tenue d’une enquête impartiale au sujet du scandale des Tanneries qui avait impliqué le gouvernement de Gédéon Ouimet* dans une transaction frauduleuse avec des spéculateurs montréalais, en 1873 [V. Louis Archambeault].

David touche aussi à d’autres champs d’activité engagé dans les campagnes de tempérance vers 1845, il est également vice-président de l’Association Saint-Jean-Baptiste et, en 1868, président de la Société de l’union Saint-Joseph de Montréal. Durant les années 1870, il occupe le poste de président de la Société de colonisation de Montréal et celui d’administrateur de la Compagnie du chemin à lisses de colonisation du nord de Montréal.

Sa défaite à la mairie de Montréal marque, semble-t-il, le début d’une période de semi-retraite pour David. Il profite de cette occasion pour entreprendre, vers 1878–1879, un long voyage à l’étranger qui le conduit à Nice et à Paris, entre autres villes.

La carrière de Ferdinand David illustre bien le phénomène intéressant de la formation, au xixe siècle, d’une bourgeoisie urbaine, non exclusivement de profession libérale, dont les membres ont en commun leur origine sociale modeste et le fait d’avoir saisi les possibilités d’enrichissement inhérentes au processus de croissance urbaine, qu’il s’agisse de l’agrandissement territorial de la ville, comme dans ce cas-ci, ou de l’extension du marché urbain, comme dans le cas d’un Louis Boyer*. L’auteur de la nécrologie parue dans la Minerve dit de David : « C’était un self made man dans la force du terme. Il était bien le fils de ses œuvres. »

Jean-Claude Robert

AC, Montréal, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 19 juill. 1883.— ANQ-M, État civil, Catholiques, La Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie, Sault-au-Récollet (Montréal), 30 mai 1824 ; Notre-Dame de Montréal, 8 oct. 1844, 29 oct. 1868 ; Minutiers, E.-P. Fréchette, 13 juin, 6 nov. 1872, 3 déc. 1873, 26 mai 1875, 10 août 1880.— APC, MG 30, D1, 9 : 887.— AVM, Documentation, Biog. des conseillers, F.-C. David ; Membres des conseils municipaux, 1833–1899.— Bibliothèque de la ville de Montréal, Salle Gagnon, Minutes de l’Union Saint-Joseph de Montréal.— Extrait du livre de renvoi officiel de la paroisse de Montréal [...], L.-W. Sicotte, édit. (Montréal, 1872).— Extraits des livres de renvoi des subdivisions de la cité de Montréal, L.-W. Sicotte, édit. (Montréal, 1874).— L’Aurore des Canadas (Montréal), 28 août 1841.— La Minerve, 17 juill. 1883.— Le Monde (Montréal), 16 juill. 1883.— Montreal Daily Star, 19 juill. 1883.— L’Opinion publique, 19 juill. 1883.— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer, 178 ; Montreal, 67.— CPC, 1874 : 386s.— Dominion annual register, 1883 : 307s.— Montreal directory, 1842–1883.— E.-J.[-A.] Auclair, Saint-Jean-Baptiste de Montréal ; monographie paroissiale, 1874–1924 (Québec, 1924).— Histoire de la corporation de la cité de Montréal depuis son origine jusqu’à nos jours [...], J.-C. Lamothe et al., édit. (Montréal, 1903).

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Jean-Claude Robert, « DAVID, FERDINAND (baptisé Ferdinand-Conon) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/david_ferdinand_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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