DALLAS, ALEXANDER GRANT, administrateur de la Hudson’s Bay Company et homme d’affaires, né le 25 juillet 1816 dans la région de la Berbice, Guyane britannique (Guyana), fils de Murdoch Dallas, médecin, et de Helena Grant, décédé à Londres le 3 janvier 1882.

Alexander Grant Dallas appartenait à la branche de la famille établie à Galcantray, en Écosse. Il était encore enfant lorsque son père mourut ; sa famille quitta alors la Guyane et retourna en Écosse. Comme son grand-père, John Dallas, était un marchand d’Inverness, Alexander étudia à l’Inverness Academy où il remporta une médaille d’or. Il se lança dans les affaires à Liverpool en 1837. Vers 1842, il se joignit à la célèbre firme commerciale Jardine, Matheson, and Company, et il passa cinq ans en Chine. Il y fit de bonnes affaires, mais un accès de fièvre l’obligea à quitter l’Extrême-Orient et il revint en Écosse où il acheta sa propriété de Dunain, près d’Inverness.

Une fois rétabli, Dallas se montra bientôt actif dans les cercles financiers de Londres. En avril 1856, il fut élu membre du comité londonien de la Hudson’s Bay Company, qui s’inquiétait alors de l’état des affaires de la compagnie sur la côte du Pacifique. James Douglas* était à la fois gouverneur de l’Île-de-Vancouver, dont la compagnie avait assumé la responsabilité depuis 1849, et administrateur du département de Western (ou Columbia) de la Hudson’s Bay Company, et on avait le sentiment qu’il favorisait la colonie aux dépens de la compagnie. En outre, le désordre régnait dans les affaires d’une filiale, la Puget’s Sound Agricultural Company. On chargea Dallas de mener une enquête et de redresser la situation. Quittant l’Angleterre le 2 janvier 1857, il parvint à Victoria en mai, après s’être arrêté à San Francisco et au fort Vancouver (Vancouver, Washington). Sa venue ne fit pas le bonheur de Douglas, bien entendu, mais les relations personnelles entre les deux hommes furent assez cordiales pour permettre à Dallas d’épouser Jane, la seconde fille du gouverneur, le 9 mars 1858.

Après avoir mis de l’ordre dans les affaires de la Puget’s Sound Agricultural Company, Dallas s’apprêtait à regagner l’Angleterre lorsque soudainement, en avril, débuta la ruée vers l’or dans la région du Fraser. Douglas, seul représentant du gouvernement britannique dans ce territoire, se vit obligé d’étendre arbitrairement son autorité aux régions minières ; il devint bientôt évident que l’arrivée de milliers de mineurs aurait comme première conséquence de mettre fin au monopole commercial de la compagnie sur le continent. Aux premiers moments de la ruée, les seules ressources dont Douglas disposait pour s’occuper de ce surcroît de population étaient souvent celles de la compagnie, ce qui accentua le conflit d’intérêts dans lequel il se trouvait en raison de ses deux fonctions. Les plus graves divergences d’opinions entre lui et Dallas, resté sur place afin de veiller aux intérêts de la compagnie, semblent s’être produites à propos de la question des terres ; à Victoria, au fort Langley (Fort Langley), au fort Hope (Hope) et au fort Yale (Pale), les exigences du gouvernement entrèrent en conflit avec celles de la compagnie. Quelques années plus tard, dans une lettre personnelle, Dallas s’exprima sans détour : Douglas « ne se faisait pas scrupule de vouloir mettre toutes les dépenses sur le dos de la compagnie » et il essayait de « nous enlever les terres qu’il m’[avait] lui-même remises comme étant la propriété de la compagnie ».

En août 1858, lors de la création de la colonie de la Colombie-Britannique, Douglas se vit offrir le poste de gouverneur, à la condition de rompre ses liens avec la Hudson’s Bay Company. Prévoyant que Douglas allait accepter l’offre, la compagnie envoya à Dallas une commission le nommant « représentant de la compagnie dans le département de Western ». La proclamation officielle de la nouvelle colonie de la couronne eut lieu le 19 novembre, et Douglas en devint le gouverneur, mais il ne tint pas compte de la directive qui lui enjoignait de ne plus agir au nom de la compagnie. « Mr Douglas, écrivait Dallas le 14 décembre, n’a guère l’intention, je pense, d’abandonner la direction des affaires de la compagnie. » Avec beaucoup d’indulgence, Dallas remit à plus tard l’exercice de ses nouvelles fonctions ; en mars 1859, toutefois, la compagnie fit parvenir à Douglas et à Dallas des instructions précises, suivant lesquelles le premier devait remettre ses pouvoirs au second.

Sir George Simpson*, gouverneur en chef de la compagnie en Amérique du Nord, mourut le 7 septembre 1860. Quelques mois auparavant, il avait suggéré que Dallas fût désigné comme son successeur, et la compagnie décida de suivre cette recommandation. Désireux de discuter certaines questions avec le comité, Dallas quitta Victoria le 24 mars 1861 pour se rendre à Londres. Dans la métropole, il s’occupa jusqu’à la fin de l’année de certaines affaires de la compagnie et notamment des droits qu’elle réclamait sur les terres en Colombie-Britannique. Les conditions justes et raisonnables qu’il proposa dans un mémoire présenté en août furent à l’origine d’un accord officiel qui intervint en novembre entre la couronne et la compagnie.

Le 3 février 1862, Dallas reçut une commission de « président du conseil et gouverneur en chef [du] domaine de Rupert’s Land ». S’embarquant pour le Canada en mars, il arriva en mai à Upper Fort Garry (Winnipeg), où il devait établir son quartier général, et il présida son premier conseil à Norway House (Manitoba) en juin. Plus tard au cours de l’année, et de nouveau en 1863, il visita les établissements de la compagnie à l’occasion de vastes tournées qui se comparaient aux célèbres voyages de Simpson. Il lui apparut nettement que de grands changements étaient à la veille de se produire dans l’Ouest. Prévoyant un afflux brusque de population, il souhaitait vivement que la compagnie fût relevée de la charge qui lui incombait de gouverner Rupert’s Land. En juillet 1863, dans une lettre au gouverneur de la compagnie, il souligna « l’importance [...] d’administrer comme une colonie de la couronne [...] les immenses districts [...] susceptibles d’être colonisés » ; se fondant sur l’expérience acquise dans ses relations avec Douglas, il affirma de plus qu’il ne convenait pas « de permettre que la même personne exerce les fonctions de gouverneur de la couronne et de représentant de la Hudson’s Bay Company ». Dans une seconde lettre, en octobre, il souleva la question des réclamations territoriales des Indiens, laquelle allait être la cause principale des troubles qui éclatèrent six ans plus tard à la Rivière-Rouge ; il y prévint le gouverneur que « si le gouvernement ne bénéficiait pas d’un meilleur appui [il y aurait] plus tard des problèmes sérieux avec les Indiens et les sang-mêlé ».

En 1864, Dallas avait hâte de se retirer dans les propriétés qu’il avait en Écosse, et c’est à Québec, le 9 juillet, qu’il s’embarqua pour le voyage de retour. Afin de profiter de ses conseils, la compagnie le garda à son service en qualité de consultant jusqu’au 31 mai 1866. Il continua de s’intéresser beaucoup aux affaires de l’Île-de-Vancouver. Lorsqu’on proposa d’intégrer cette colonie à la Colombie-Britannique, il mit sur pied, avec Gilbert Malcolm Sproat* et Donald Fraser*, le London Committee for Watching the Affairs of British Columbia dans le but de faire échouer le projet, mais ses efforts s’avérèrent infructueux. Il eut plus de succès par la suite quand il fit partie d’un puissant lobby qui obtint le transfert en 1868 de la capitale de la colonie unifiée de New Westminster à Victoria.

Dallas passa les dernières années de sa vie dans sa propriété de Dunain, à laquelle il apporta des améliorations considérables. Il s’intéressait au sport, particulièrement à l’équitation et à la chasse. On dit qu’il était un excellent aquarelliste. L’un de ses neuf enfants, le major général Alister Grant Dallas, né à Victoria, fit une brillante carrière militaire en Inde, puis s’illustra durant la guerre des Boers et la première guerre mondiale.

W. Kaye Lamb

Les activités d’Alexander Grant Dallas à l’emploi de la Hudson’s Bay Company peuvent être retracées aux PAM, dans les HBCA, notamment dans les séries A.1, A.7, A.11, D.8 et F.12. Lire également James Dallas, The history of the family of Dallas, and their connections and descendants from the twelfth century (Édimbourg, 1921) ; E. W. Watkin, Canada and the States ; recollections, 1851 to 1886 (Londres et New York, [1887]) ; F. W. Laing, « Hudson’s Bay Company lands on the mainland of British Columbia, 1858–1861 », BCHQ, 3 (1939) : 75–99, et B. A. McKelvie, « Successor to Simpson », Beaver, outfit 282 (sept. 1951) : 41–45.  [w. k. l.]

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W. Kaye Lamb, « DALLAS, ALEXANDER GRANT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dallas_alexander_grant_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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