DADSON, EBENEZER WILLIAM, ministre baptiste et rédacteur en chef, né le 10 juillet 1845 à Cranbrook, comté de Kent, Angleterre, cadet des cinq fils de Stephen Dadson et de Mary Breachin ; en août 1877, il épousa Julia Elizabeth French, de Paris, Ontario, et ils eurent cinq fils ; décédé le 12 mars 1900 à Montréal.

En 1849, la famille Dadson avait immigré dans le Haut-Canada pour s’établir à Toronto. Élevé dans la religion anglicane, Stephen Dadson était devenu tour à tour class leader méthodiste, congrégationaliste et baptiste. Sa famille fréquentait le temple baptiste Bond Street, où le jeune Ebenezer William subit l’influence de trois grands pasteurs baptistes, James Pyper, Thomas Ford Caldicott* et surtout Robert Alexander Fyfe*, fondateur et directeur du Canadian Literary Institute de Woodstock.

En 1857, la famille retourna en Angleterre, puis revint un an plus tard s’établir à Toronto. Peu après, Stephen Dadson ouvrit une chapellerie à Guelph. Ebenezer William demeura à Toronto et y travailla comme garçon de courses, assistant de Fyfe, alors rédacteur en chef et éditeur du Canadian Baptist, et aide chez un imprimeur. Il alla rejoindre sa famille à Guelph en 1861 pour travailler au magasin de son père. Il n’avait fréquenté qu’une école, la Toronto Model School, de 1853 à 1857, mais à l’âge de 20 ans il s’inscrivit au Canadian Literary Institute, où il se convertit et fut baptisé en 1868.

Après avoir terminé ses études secondaires, « Ebb », comme on le surnommait, retourna à Toronto où sa famille s’était de nouveau établie en 1867, et il entra à la University of Toronto. Il y devint membre fondateur de la University College Young Men’s Christian Association et fit du travail religieux avec le professeur James Colton Yule, à York Mills (Toronto). Au cours de l’été de 1872, soit un an avant d’obtenir son diplôme, il travailla comme assistant pasteur à Ottawa ainsi qu’à Chelsea, dans la province de Québec. Écrivain accompli, Dadson ne manifestait aucune aptitude pour la prédication. Néanmoins, malgré les efforts de ses amis pour l’en dissuader, il était déterminé à devenir pasteur, et en s’exerçant sans relâche il acquit une telle facilité en chaire qu’on le considérait, parvenu à l’âge mûr, comme le meilleur prédicateur baptiste du Canada.

Dadson retourna au Canadian Literary Institute en 1873 pour étudier la théologie et, après un stage à Buckhorn, à Clarence et à Haldimand, il devint pasteur de la congrégation baptiste à Denfield, dans le sud-ouest de l’Ontario, en 1876. Durant les premières années de son pastorat, il s’occupa beaucoup de sport amateur et se fit connaître par ses discours et ses écrits sur divers sujets populaires, classiques et religieux. Après un bref séjour à Strathroy, il accepta en 1882 le poste de rédacteur en chef du Canadian Baptist, qu’un éminent laïque de cette confession, le sénateur William McMaster*, venait tout juste d’acheter.

À cause de la controverse sur l’emplacement d’une université baptiste, Dadson connut à ce poste des débuts difficiles, mais l’impartialité et l’ouverture d’esprit avec lesquelles il traitait les différents points de vue lui gagnèrent le respect des parties opposées. Calviniste, il était traditionaliste dans sa théologie, et dans ses écrits, simples mais pleins de force, comme dans ses prêches, il mettait toute son énergie à répandre la bonne parole plutôt qu’à faire œuvre littéraire. Ses éditoriaux prônaient la justice dans les relations personnelles, l’égalité politique et la liberté de conscience et faisaient valoir les responsabilités individuelles et collectives plutôt que les droits.

Sous la direction de Dadson, le Canadian Baptist devint l’un des premiers interprètes du « message social de l’Évangile » dont les principes seraient plus tard incorporés au mouvement Social Gospel. Il préconisa, au besoin par des voies législatives, le secours aux pauvres, le droit au travail et la liberté syndicale, la protection juridique des enfants, des femmes et des Indiens, l’honnêteté en affaires, la pureté en politique, l’équité salariale et le partage des profits, ainsi que la prohibition du trafic d’alcool, et il condamna la vivisection et la chasse. En 1886, il défendit énergiquement les membres des Chevaliers du travail congédiés pour activités syndicales par la direction de la Toronto Street Railway Company. Pour lui, ces questions étaient tout aussi religieuses que sociales et politiques. Il soutenait que la loi de l’offre et de la demande n’était « pas chrétienne » et que les préceptes du Sermon sur la montagne devaient régir les relations tant publiques que privées.

Pour réduire les difficultés financières du Canadian Baptist, probablement attribuables à sa diffusion restreinte, Ebenezer William Dadson devint en 1886 pasteur à Claremont (Pickering) tout en demeurant rédacteur en chef. Deux ans plus tard cependant, pour des raisons inconnues, il quitta les deux postes et devint pasteur à Woodstock ; James Edward Wells lui succéda au journal. En 1896, Dadson accepta l’invitation de la congrégation d’Olivet, la plus grande communauté baptiste de Montréal. Le fait de vivre dans la province de Québec l’amena à s’intéresser davantage à l’histoire et à la culture canadiennes-françaises et en fit un vigoureux partisan de l’évangélisation des Canadiens français. Il fit partie de plusieurs conseils baptistes, dont ceux de la mission de Grande-Ligne [V. Henriette Odin*] et des missions étrangères, et fut président de la Baptist Convention of Ontario and Quebec en 1892. La McMaster University lui remit en 1895 un doctorat honorifique en théologie, le troisième qu’elle décernait. Blessé au dos en tombant du toit d’une église en construction près de sa maison d’été, dans le district de Muskoka, Dadson mourut trois ans plus tard d’un cancer, à l’âge de 54 ans.

John S. Moir

Les principales sources de renseignement sur Ebenezer William Dadson sont les dossiers du Canadian Baptist (Toronto) des années 1882–1888, et E. W. Dadson, B.A., D.D. : the man and his message, J. H. Farmer, édit. (Toronto, 1902), qui renferment des extraits non identifiés de journaux intimes, de correspondance privée, de sermons et d’écrits publics qui sont disparus aujourd’hui.  [j. s. m.]

Dadson est l’auteur de deux brochures : Bible baptism (3e éd. (seule édition connue), Toronto, 1899), et un hommage à sa femme, Julia French Dadson ; written by her husband for the boys ([Montréal, 1898]). Les grands traits de deux de ses sermons ont été publiés sous forme de brochures pour commémorer des anniversaires d’église : Paris Baptist Church : a memorial pamphlet, containing an account of the services held on the fiftieth anniversary of the organization of the church [...] (Paris, Ontario, 1893) ; et Centennial services, Haldimand Baptist Church, 1798–1898, on Sunday, May 22, 1898 [...] (Colborne, Ontario, [1898]).

Baptist Convention of Ontario and Quebec, Baptist year book (Toronto), 1879–1898.— J. S. Moir, « The Canadian Baptist and the Social Gospel movement », Baptists in Canada : search for identity amidst diversity, J. K. Zeman, édit. (Burlington, Ontario, 1980), 147–159.— H. U. Trinier, A century of service : story of the Canadian Baptist », 1854–1954 ([Toronto, 1958]).

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John S. Moir, « DADSON, EBENEZER WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dadson_ebenezer_william_12F.html.

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Auteur de l'article:    John S. Moir
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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