CROFTON, JOHN FFOLLIOTT, soldat, né le 9 octobre 1800 à Dublin, fils aîné du révérend Henry Crofton et de Frances ffolliott ; le 15 octobre 1845, il épousa Anne Agnes Addison, et ils eurent quatre fils et une fille ; décédé le 17 juillet 1885 à Londres.
Issu d’une famille irlandaise de marque, John ffolliott Crofton reçut des leçons particulières et étudia au Trinity College, à Dublin, où il obtint un baccalauréat ès arts en 1824. Plus tard cette année-là, il s’enrôla, en qualité d’enseigne, dans le 6e d’infanterie, alors en poste dans la colonie du Cap (maintenant partie de la République d’Afrique du Sud) et en instance d’embarquement pour l’Inde. En 1832, il fut désigné pour servir d’interprète auprès d’effectifs en poste contre les tribus du désert à Parkur (Nagar Parkar, Pâkistân). En 1840–1841, il prit part à la défense d’Aden (République populaire du Yémen du Sud) contre les Arabes. Le régiment revint ensuite en Angleterre et fut cantonné à Preston jusqu’à son déménagement à Mullingar (République d’Irlande) en décembre 1844. Crofton avait été promu lieutenant en 1826, capitaine en 1835 et major en 1842.
En 1845, Crofton prit le commandement d’un détachement devant être envoyé à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). Le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, sir George Simpson*, s’était assuré les services de ces troupes pour la colonie en faisant valoir au gouvernement britannique les menaces américaines entourant la dispute au sujet des frontières de l’Oregon mais, en réalité, il voulait les utiliser pour faire respecter les mesures protégeant le monopole de la Hudson’s Bay Company contre des trafiquants indépendants, tels Andrew McDermot et James Sinclair*. Ces mesures décrétées par Alexander Christie*, gouverneur d’Assiniboia, contenaient, entre autres, une proclamation exigeant des trafiquants indépendants une déclaration selon laquelle ils n’utiliseraient pas dans le trafic illégal des fourrures les marchandises qu’ils importaient. Une autre proclamation « requérait des importateurs autorisés qu’ils apportent au fort Garry leur courrier à envoyer, adressé mais non cacheté, pour qu’il soit examiné par les fonctionnaires de la compagnie ». Simpson refusa aussi aux trafiquants de l’espace sur les bateaux de la compagnie. De telles mesures toutefois augmentèrent la rancœur contre la compagnie et firent peu pour mettre un terme au commerce illégal parce que la compagnie ne disposait pas de moyens pour les appliquer.
Le détachement de Crofton se composait de 307 officiers et soldats du 6e d’infanterie, de 28 officiers et soldats du Royal Regiment of Artillery, d’un sergent et de 11 hommes des Royal Sappers and Miners ; 15 femmes et 17 enfants les accompagnaient. Le groupe fit voile de Cork, en Irlande, le 26 juin 1846, débarqua à York Factory (Manitoba) le 9 août et atteignit la colonie le 10 septembre. On partagea le détachement entre Lower Fort Garry et Upper Fort Garry (Winnipeg), où Crofton, alors lieutenant-colonel, établit son quartier général. La dispute au sujet de l’Oregon avait été réglée avant l’arrivée des troupes à la Rivière-Rouge, mais il était évident que celles-ci allaient y demeurer au moins pendant un hiver. Crofton prit des dispositions en vue de maintenir la discipline et le moral parmi les troupes. Il acheta de l’équipement et des vêtements additionnels, établit des règles pour protéger ses hommes contre les rigueurs d’un rude hiver et passa les déserteurs devant un conseil de guerre. Il favorisa aussi les sports et les divertissements, particulièrement la lecture.
Bien qu’il remplît ses obligations avec assiduité, Crofton, qui était nouvellement marié, souhaitait quitter la colonie à la première occasion. Il n’aimait pas la compagnie des gens de l’endroit, inscrivant dans son journal qu’il était « très dégoûté par les gens vulgaires et mal élevés » qui s’y trouvaient, et qu’il croyait ce poste sans valeur pour sa carrière future. Cependant, les troupes eurent un effet remarquable sur la colonie. Le commerce illicite diminua et on défia moins souvent ouvertement la compagnie. Fait plus important peut-être à noter, les troupes apportèrent un stimulant d’une grande portée à l’économie de la région. Comme le remarqua Alexander Ross*, « pendant leur court séjour, la circulation de l’argent augmenta d’au moins £15 000 ; il n’est pas étonnant que la colonie ait regretté profondément leur départ ».
En qualité de commandant, Crofton fut nommé membre ex officio du Conseil d’Assiniboia présidé par le gouverneur Christie. Il s’y présenta la première fois le 15 janvier 1847 et assista à deux réunions ultérieures. En fait, Simpson comptait nommer Crofton gouverneur d’Assiniboia, car beaucoup de colons s’opposaient à ce qu’un homme de la Hudson’s Bay Company occupât le poste ; bien que cette nomination ne se réalisât pas, apparemment parce que Crofton ne souhaitait pas demeurer dans la colonie, elle détermina les conditions du choix du prochain gouverneur, William Bletterman Caldwell.
Crofton remit officiellement le commandement au major Thomas Griffiths (1798–1876) du 6e d’infanterie, le 16 juin 1847, et partit pour l’Angleterre, via Montréal, deux semaines plus tard. Griffiths n’impressionna pas Simpson qui conclut qu’il ne « convenait pas du tout au poste de gouverneur tant à cause de son incompétence en affaires qu’à cause de son tempérament » ; Griffiths retourna en Grande-Bretagne en 1848, en compagnie du détachement qui avait été rappelé.
Crofton travailla ensuite au ministère de la Guerre tout en continuant à s’intéresser aux problèmes de la Rivière-Rouge. D’anciennes plaintes formulées par les Métis à l’endroit de l’administration de la Hudson’s Bay Company avaient conduit à une pétition contenant des doléances présentée par Alexander Kennedy Isbister au ministre des Colonies, lord Grey, le 17 février 1847 ; on exigeait une enquête sur les conditions de vie dans la colonie. Le ministère des Colonies demanda à Crofton ses opinions, qu’il avait déjà énoncées lors de deux rencontres avec le gouverneur général lord Elgin [Bruce*] à Montréal. Crofton soutint que « le gouvernement de la Hudson’s Bay Company [était] peu sévère et protecteur, et admirablement adapté, selon [lui], au genre de société existant à Prince Rupert’s Land », et il contesta les accusations de mauvaise administration de la justice contenues dans la pétition. De son propre aveu, il s’était peu intéressé à la société de la colonie et il est peu probable que Crofton ait vraiment compris les manières de voir des trafiquants indépendants et des Métis mais, s’appuyant sur son témoignage et d’autres preuves, le ministre des Colonies décida de ne pas tenir d’enquête parlementaire.
En 1857, l’expiration prochaine du monopole commercial de la Hudson’s Bay Company amena la chambre des Communes à mettre sur pied une commission d’enquête chargée de déterminer si la compagnie devait conserver l’administration de la colonie et si la région de la Rivière-Rouge était propre à la colonisation ; Crofton témoigna à cette occasion. Il prit encore parti pour l’administration de la compagnie qu’il qualifia de « patriarcale » ; il se montra favorable à l’établissement d’autres colons et à de meilleures voies de communication avec le Canada.
Promu au rang de colonel en 1854, Crofton fut nommé major général en 1861, lieutenant général en 1870 et général en 1877. Il quitta l’armée en 1881 et prit sa retraite à Londres où il mourut quelques années plus tard.
PAM, HBCA, D.4/33, 24 oct. 1845 ; D.5/18, 14 déc. 1846 ; D.5/19, 20 mars, 14 mai 1847 ; D.5/21, 1er mars 1848.— PRO, WO 25/786.— Winnipeg Public Library, « Winnipeg in 1846 : copy of the diary of the late Colonel J. F. Crofton [...] » (copie dactylographiée).— Canadian North-West (Oliver), I : 48, 327–345.— Coll. Elgin-Grey (Doughty), I : 65.— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1849, XXXV, 227 : 509–627, Hudson’s Bay Company (Red River Settlement) [...] ; 1857, Report from the select committee on the HBC.— HBRS, XIX (Rich et A. M. Johnson).— Mactavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod), 230.— Hart’s army list, 1842, 1844, 1854, 1868, 1870, 1877, 1881.— C. L. Kingsford, The story of the Royal Warwickshire Regiment, formerly the Sixth Foot (Londres, [1921]), 81–97.— A. S. Morton, Sir George Simpson, overseas governor of the Hudson’s Bay Company ; a pen picture of a man of action (Toronto et Vancouver, 1944), 194–199, 217–219.— Morton, Manitoba (1957).— A. Ross, Red River Settlement, 364s.— W. D. Smith, « The despatch of troops to Red River, 1846, in relation to the Oregon question » (thèse de
Keith Wilson, « CROFTON, JOHN FFOLLIOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/crofton_john_ffolliott_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/crofton_john_ffolliott_11F.html |
Auteur de l'article: | Keith Wilson |
Titre de l'article: | CROFTON, JOHN FFOLLIOTT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |