CLAH (Hlax), ARTHUR WELLINGTON (Temks, T’amks), chef tsimshian, trafiquant de fourrures, auteur d’un journal, transporteur, prospecteur et travailleur des pêches, né en 1831 à Laghco (Big Bay, Colombie-Britannique) ; décédé en 1916 à Port Simpson, Colombie-Britannique.

Arthur Wellington Clah naquit l’année même où Peter Skene Ogden* établit un poste de la Hudson’s Bay Company à l’embouchure de la rivière Nass (Colombie-Britannique). Rebaptisé fort Simpson, ce poste fut réinstallé par la suite sur l’emplacement actuel de Port Simpson. Même si quelques milles à peine séparent le lieu de naissance de Clah de son lieu d’inhumation, sa vie se déroula sur un territoire bien plus vaste.

Clah est une forme anglicisée de Hlax, qui n’est que l’un des noms tsimshians portés par ce personnage. Membre du clan de l’Épaulard et de la tribu des Gispaxlo’ots, il fut élevé non pas par son père, originaire de Kitselas, mais par Guyagain, du clan de l’Aigle de la même tribu. Clah avait huit ans quand Guyagain fut tué, et il fut adopté par Txalaxath, lui aussi du clan de l’Aigle. Au moment de la naissance de Clah, les Gispaxlo’ots et les neuf autres tribus tsimshianes de la côte avaient des villages aux environs de Metlakatla, au sud du fort Simpson. Ces tribus se distinguaient des autres peuples du littoral nord-ouest en ceci que chacune avait un chef de village, soit le chef de la maisonnée la plus importante. Fait à noter, les prérogatives de traite avec les peuples voisins relevaient de ce chef.

Dans les années 1850, Clah travailla au fort Simpson, où les Legaic [V. Paul Legaic*] avaient la haute main sur la traite avec la Hudson’s Bay Company. Avec leur consentement et leur fréquente participation, Clah devint un intermédiaire : usant des prérogatives de traite qu’il tenait de sa maison, de son clan et de sa tribu, il se procurait des fourrures auprès des chasseurs gitksans et wet’suwet’ens de l’intérieur des terres et les vendait soit à la compagnie, soit à des trafiquants indépendants à Victoria. En outre, la compagnie l’employait souvent pour le transport du personnel et des marchandises.

Au plus tard en 1858, Clah prit comme principale épouse une Niska ; appelée Dorcas ou Catherine Datacks selon les sources, elle venait de Kitladamax, sur le cours supérieur de la Nass. Elle était la nièce de Neshaki (Martha McNeill), éminente Niska et femme de William Henry McNeill*, qui commanda le fort Simpson pendant certaines périodes dans les années 1850 et 1860. Cette union favorisa les liens de Clah avec les Niskas et la Hudson’s Bay Company. Le couple aurait cinq fils et quatre filles, mais seules deux filles survivraient à leur père.

Au moment où les maladies apportées par les Européens décimaient la population autochtone, Clah quitta une économie fondée sur la traite des fourrures pour un monde de réserves amérindiennes et de travail salarié. Ainsi, pendant 18 mois en 1859–1860, il occupa divers emplois à Victoria et à New Westminster. Sa particularité est qu’il rapporta cette transition dans un journal qui totalise 40 carnets et s’échelonne de 1861 à 1909. En 1857, le missionnaire anglican William Duncan était arrivé au fort Simpson ; en échange de leçons sur la langue tsimshiane, il enseigna la lecture et l’écriture à Clah, qui embrassa la religion chrétienne vers 1861. Bien que les journaux de Clah soient un document unique parmi les peuples autochtones de la Colombie-Britannique, on ne peut pas faire aisément de reconstitution historique à partir d’eux. D’abord, leur interprétation est souvent incertaine parce que Clah avait une façon bien à lui d’utiliser la langue, la grammaire et la ponctuation anglaises. En général, on peut suivre ses activités, mais ses motifs et les subtilités des liens sociaux sont difficiles à saisir. Ensuite, certains des journaux ont été récrits et leur contenu, modifié. L’ampleur de ces changements est impossible à déterminer, mais d’autres sources documentaires permettent parfois de vérifier ce récit extraordinaire.

Après que Duncan eut installé sa mission à Metlakatla, en 1862, Clah demeura au fort Simpson et dans d’autres maisons à l’embouchure de la Nass. Son adhésion au christianisme connut des fluctuations, mais elle se raviva au début des années 1870 avec l’arrivée de missionnaires méthodistes, notamment Thomas Crosby, au fort Simpson. Bien que la famille de Clah ait été baptisée et que lui-même et Dorcas se soient remariés au cours d’une cérémonie chrétienne le 1er avril 1875, ils n’eurent jamais une attitude servile face aux missionnaires. Pendant un temps, dans les années 1890, Dorcas fut adepte de l’Armée du salut.

Lorsque la traite des fourrures avait décliné, à la fin des années 1860, Clah s’était tourné vers de nouvelles industries qui exploitaient les ressources du nord de la Colombie-Britannique et de l’Alaska. Les découvertes d’or le conduisirent à Omineca, à Cassiar et à Juneau ainsi que dans les vallées de la Skeena et de la Nass. Clah passait une bonne partie de son temps à transporter des mineurs et des fournitures, mais il faisait aussi un peu d’exploitation minière et de prospection et continuerait d’en faire jusque passé la soixantaine. Au cours d’une visite à Juneau, il exécuta et vendit une série de sculptures en pierre. En outre, lui-même et sa famille se lancèrent dans la pêche et la mise en conserve du saumon, activités où le travail n’était pas toujours régulier. Dans les années 1880, Clah se plaignit à Duncan, non sans exagération semble-t-il, d’être « à court de vivres et de vêtements [...] Des fois [je] travaille une journée et des fois [on] me paie en bons rien de payé Sauf de l’argent en papier ».

Dès les années 1870, Clah portait le nom de chef ou le titre de Temks et était en voie de devenir un ancien fort respecté. La richesse qu’il avait accumulée en se consacrant à la traite des fourrures et à d’autres activités l’aida sans doute à atteindre la dignité de chef. Pour y arriver, il devait manifestement organiser des potlatchs, malgré l’opposition de Duncan. Le 24 février 1868, il marqua la fin de son plus grand festin – donné peut-être pour célébrer l’obtention du nom de Temks – en notant dans son journal : « En ce jour chez moi j’ai dépensé tous mes biens. J’ai donné 6 ou 7 cent de marchandises donné tout aux étrangers. » Son rôle consistait aussi à participer aux conseils de village et aux débats territoriaux qui occupèrent les Tsimshians et leurs voisins niskas à compter des années 1880.

Arthur Wellington Clah devint une précieuse source d’information sur la société tsimshiane. En 1903, l’anthropologue Franz Boas* tenta en vain de le faire collaborer à des recherches sur la mythologie de son peuple [V. Henry Wellington Tate]. Clah escomptait écrire lui-même une histoire des Tsimshians à partir de ses journaux. Cependant, le projet n’alla pas bien loin et, par la suite, le philanthrope Henry Solomon Wellcome acheta les carnets. Le petit-fils de Clah, William Beynon* (Kuskin), qui avait reçu une aide de Clah pour ses études, devint le principal ethnographe de son peuple. Ensemble, leurs documents constituent une source d’information inestimable sur l’histoire du nord de la Colombie-Britannique avant et après l’arrivée des Blancs.

Robert Galois

À l’exception du volume pour 1906, les journaux personnels d’Arthur Wellington Clah ont été achetés par Henry Solomon Wellcome en 1910, et sont conservés dans les collections du Wellcome Institute for the Hist. of Medicine, à Londres. On trouve des copies sur microfilm aux AN, MG 40, F11. Le volume de 1906 est conservé aux BCARS, H/D/R13/C52, avec un carnet non daté. On trouve de la documentation additionnelle dans notre article intitulé « The worlds of Arthur Wellington Clah, 1855–1881 ; an outline » (préparé pour le British Columbia Hist. Geog. Research Project, 1993), dont une copie est conservée dans les dossiers du DBC.  [r. g.]

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Robert Galois, « CLAH (Hlax), ARTHUR WELLINGTON (Temks, T’amks) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clah_arthur_wellington_14F.html.

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Auteur de l'article:    Robert Galois
Titre de l'article:    CLAH (Hlax), ARTHUR WELLINGTON (Temks, T’amks)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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