CHARDON, JEAN-BAPTISTE, prêtre, jésuite, missionnaire, né le 27 avril 1671 à Bordeaux, France, et décédé le 11 avril 1743 à Québec.

Admis au noviciat des jésuites, à Bordeaux, le 7 septembre 1687, Jean-Baptiste Chardon étudia à Pau (1689–1690), enseigna les trois classes de grammaire, les humanités et la rhétorique au collège de La Rochelle (1690–1695) et compléta ses études à Poitiers (1695–1699). Par la suite, il s’embarqua pour la Nouvelle-France et arriva à Québec à l’été de 1699. Chardon entreprit alors l’étude des langues indiennes pour lesquelles il montra « un rare talent » au dire de Pierre-Gabriel Marest* ; il apprit celles de presque toutes les nations de la région des Grands Lacs et possédait même celle des Illinois qu’il ne rencontrera qu’à l’occasion.

Au printemps de 1700, le nouveau missionnaire fut envoyé au Saguenay et, dès le début de juillet, il avait parcouru la région jusqu’au lac des Mistassins (lac Mistassini), alors presque inconnu. Chardon revint peut-être au Saguenay avant l’hiver ; il s’y trouvait sûrement à la fin de juillet 1701 alors qu’il y célébra un baptême le 24 juillet * Peu après, nommé missionnaire chez les Outaouais, il se rendit chez ces Indiens au moment où la paix iroquoise se signait à Montréal [V. Louis-Hector de Callière*] ; vers le 25 septembre, Chardon était rendu à Michillimakinac, à destination de la région de Baie-des-Puants (Green Bay, Wisc.) où il devait seconder le père Henri Nouvel*, âgé de près de 80 ans. À cette époque, on prévoyait déjà la fermeture de la mission de Michillimakinac. Les travaux missionnaires en ces lieux étaient apparemment jugés stériles comme le notera Mgr de Pontbriand [Dubreil], non à cause du manque de zèle des missionnaires, qui avaient à lutter contre les coutumes des Indiens, mais à cause de la démoralisation des néophytes par les coureurs de bois, les soldats et les commandants « traitants » qui fournissaient de l’eau-de-vie aux Indiens et laissaient se dégrader la discipline des postes [V. Joseph-Jacques Marest* ; Koutaoilibœ*].

Chardon demeura dans la région durant 32 ans, résidant habituellement à Baie-des-Puants jusqu’en 1728. Il visita tour à tour les Renards, les Malomines, les Mascoutens, les Kicapous, les Outaouais, les Poutéouatamis et les Miamis. En 1711, il avait séjourné au poste de la rivière Saint-Joseph, remplaçant temporairement le père Claude Aveneau*, épuisé par la maladie. En 1721, le père Charlevoix le rencontra à Baie-des-Puants.

En 1722, Chardon remplaçait le père Joseph-Jacques Marest comme supérieur de la mission outaouaise. C’était au moment où la Nouvelle-France cherchait depuis quelques années à retrouver à l’ouest ce que le traité d’Utrecht lui avait fait perdre à l’est et au nord [V. Philippe de Rigaud* de Vaudreuil]. On voulait établir un poste chez les Sioux, comptant sur l’appui des missionnaires pour obtenir le droit de passage sur le territoire des Renards qui s’opposaient au projet car, disaient-ils, « le commerce que les Français y feroient diminueroit considérablement celuy » qu’ils faisaient avec les Sioux ; ils avaient déjà tué plusieurs Français. Le père Chardon fut désigné pour diriger la fondation de cette mission et, de 1725 à 1727, il travailla à établir la paix entre les nations indiennes [V. Charles de Beauharnois] ; il proposa même un plan d’action et, au mois d’août 1727, il se joignit pendant un certain temps au premier convoi dirigé par René Boucher de La Perrière.

En 1728, Chardon ne résidait plus en permanence au poste de Baie-des-Puants, qui fut incendié par Constant Le Marchand* de Lignery au retour de l’expédition contre les Renards, et nous connaissons peu de chose des activités du missionnaire jusqu’en 1733. Comme le mentionnent les catalogues de la Compagnie de Jésus, il était « chez les Sauvages, en divers endroits ». Durant les années 1734 et 1735, Chardon résida à Montréal et, par la suite, il se retira à Québec.

En 1740, âgé de 69 ans, le missionnaire se rendit au Saguenay pour initier le père Jean-Baptiste Maurice à la vie de missionnaire. Il passa l’été à Tadoussac et se rendit par la suite à La Malbaie ; le 7 septembre Chardon quitta définitivement son compagnon pour revenir à Québec. C’est là qu’il mourut le 11 avril 1743.

Joseph Cossette

ASJCF, 567 ; 579bis ; 784 ; Fonds Rochemonteix, 4 016 ; 4 018 ; 4 020.— Découvertes et établissements des Français (Margry), VI : 543, 554s.— JR (Thwaites), passim.— Antonio Dragon, Trente robes noires au Saguenay (texte revu et corrigé par Adrien Pouliot, « Publication de la SHS », 24, Chicoutimi, 1971).— J. G. Shea, History of the Catholic Church in the United States (4 vol., New York, 1886–1892), I : 622, 625, 627, 629.

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Joseph Cossette, « CHARDON, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chardon_jean_baptiste_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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