CAULFEILD, THOMAS, soldat, lieutenant-gouverneur à Annapolis Royal de 1711 à 1717, baptisé le 26 mars 1685 en Angleterre, mort le 2 mars 1716/1717 (ancien style).
Descendant d’une famille originaire du comté d’Oxford établie en Irlande au début du xviie siècle, Thomas était le fils de William Caulfeild, deuxième vicomte Charlemont, et d’Anne Margetson, fille de James Margetson, archevêque d’Armagh.
Thomas Caulfeild, après avoir servi dans l’armée en Espagne en 1702 et en 1705, prit part à l’expédition victorieuse de Francis Nicholson contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.É.) en 1710. Il participa, l’année suivante, à la désastreuse expédition de Sir Hovenden Walker contre Québec. En revenant de Québec, le brigadier général John Hill qualifia Caulfeild de gentilhomme qui avait très bien servi son pays et le nomma gouverneur adjoint à Annapolis Royal, « ce qui était absolument nécessaire pour le maintien de l’ordre et de la discipline dans la garnison ». Le 16 octobre 1712, Caulfeild reçut confirmation de sa nomination au poste de lieutenant-gouverneur de la garnison en remplacement de Sir Charles Hobby. Il devint en outre capitaine d’une compagnie indépendante d’infanterie.
D’octobre 1711 à juin 1712, Caulfeild assuma le commandement de la Nouvelle-Écosse, en l’absence du gouverneur Samuel Vetch. Bien que les habitants de la région d’Annapolis eussent prêté le serment d’allégeance au début de l’année 1711, hors de cette région beaucoup d’Acadiens demeuraient hostiles et l’on n’avait pas encore conclu d’entente avec les Indiens. Caulfeild fit de son mieux pour améliorer la défense du fort et pour maintenir la discipline dans la garnison dont les tendances à la mutinerie se virent accrues par une pénurie de vêtements et de matériel de couchage et par le danger imminent de manquer de provisions. Le gouverneur Vetch revint à Annapolis Royal en juin 1712 et y resta jusqu’à la fin de l’été de 1713. En octobre de la même année, Francis Nicholson, qui à l’insu de Vetch avait été nommé gouverneur de la Nouvelle-Écosse en octobre 1712, demanda à Caulfeild de remplacer Vetch dans ses fonctions. Nicholson n’arriva en Nouvelle-Écosse qu’à l’été de 1714 et n’y demeura que quelques mois.
Dans l’intervalle, Caulfeild avait, le 5 novembre 1713, convoqué tous les citoyens d’Annapolis pour leur communiquer la déclaration de la reine Anne relativement aux sujets français qui étaient demeurés en Acadie et à Terre-Neuve [V. Nicholson]. Les principaux habitants semblaient satisfaits et prêts à rester sur leurs terres, ce que Caulfeild trouvait très utile pour la garnison. Au début, les autorités françaises essayèrent de persuader les Acadiens d’émigrer à l’île Royale, où l’on avait fondé Louisbourg. Avec la permission des autorités britanniques de l’endroit, les Français avaient envoyé les capitaines Louis Denys* de La Ronde et Jacques d’ Espiet de Pensens en Nouvelle-Écosse, en août 1714, avec mission de se rendre dans les établissements acadiens et de mettre les habitants au courant des avantages qu’on leur offrait en territoire français. Dans l’émotion du moment, presque tous les Acadiens se déclarèrent prêts à émigrer et, de fait, quelques-uns se rendirent à l’île Royale, mais il devint vite évident que la plupart préféraient ne pas quitter leurs demeures. Dans une lettre écrite de Boston le 20 novembre 1714, Nicholson conseillait à Caulfeild de tout faire pour empêcher les agents français de venir en Nouvelle-Écosse et l’engageait à surveiller de près tous leurs faits et gestes, particulièrement là où des missionnaires français s’en mêlaient.
Ayant appris l’avènement au trône de George 1er, Caulfeild proclama le nouveau roi à Annapolis Royal à la fin de l’année 1714. La garnison et les citoyens anglais prêtèrent le serment d’allégeance mais les Français s’y refusèrent. Ils signèrent néanmoins une déclaration par laquelle ils reconnaissaient George 1er comme leur souverain légitime et s’engageaient à ne jamais rien faire qui puisse nuire au service du roi tant qu’ils resteraient en Acadie. Dès que la saison le permit, Caulfeild envoya des officiers connaissant le français dans les autres établissements acadiens pour y proclamer le nouveau roi George 1er. Thomas Button et Peter Capon, qui se chargèrent de cette tâche au début de l’année 1715, constatèrent que les Acadiens refusaient de prêter le serment d’allégeance ainsi que les Indiens de la rivière Saint-Jean. Ces derniers déclarèrent en outre qu’ils ne vendaient plus leurs fourrures à Annapolis Royal à cause du prix exorbitant des marchandises à cet endroit.
Caulfeild critiquait quelque peu la façon d’agir de Nicholson. Selon lui, le gouverneur avait essayé de retenir la solde des soldats en Angleterre et de ternir leur réputation à Boston ; en outre, il s’était montré imprudent en défendant aux soldats et aux citoyens anglais d’avoir des relations avec les Français et en interdisant à ceux-ci l’entrée du fort, alors qu’on ne pouvait se passer de leurs produits. Nicholson fut relevé de ses fonctions en janvier 1714/1715. Vetch lui succéda mais ne revint jamais en Nouvelle-Écosse.
Caulfeild se rendait compte qu’il était important de garder les habitants français en Nouvelle-Écosse ; il déclara dans une lettre adressée au Board of Trade, le 1er novembre 1715, que si les Français demeuraient en Nouvelle-Écosse la colonie en tirerait profit, tandis que s’ils la quittaient ils iraient renforcer les rangs de l’ennemi. Il fit aussi valoir les avantages qu’il y aurait à envoyer des colons anglais en Nouvelle-Écosse, en particulier des travailleurs industrieux, des ouvriers experts dans la fabrication de la poix et du goudron, des charpentiers et des forgerons. Il recommanda l’établissement d’un magasin du roi (King’s magazine) pour stimuler le commerce avec les Indiens et les inciter à venir vendre leurs fourrures et leurs plumes à Annapolis Royal.
Pendant sa période d’activité, Caulfeild eut à arbitrer les querelles qui s’élevaient entre les habitants. Ne se croyant pas autorisé à établir des cours de justice, il demanda des directives à cet égard. Désireux de prévenir les injustices et de sauvegarder la bonne entente parmi les gens, en attendant les instructions de Londres, il continua ou fit revivre l’ancien usage établi au cours de l’hiver 1710–1711 et référa les différends entre Acadiens à une cour formée d’officiers et d’Acadiens. Toutefois, comme Vetch, Caulfeild se trouva gêné dans ses efforts par l’absence de directives de la part du gouvernement britannique. En outre, les dettes considérables qu’il avait contractées pour subvenir aux besoins des hommes de la garnison le suivirent jusqu’à sa mort.
PRO, C.O. 217/1, ff.60–63, 83s., 86s., 135s., 206, 291, 301, 315–319, 345, 359s., 362, 368, 370, 384s., 388, 390 ; C.O. 217/3, ff.31, 49–54, 60s., 69, 84s., 103.— Coll. doc. inédits, Canada et Amérique, CF, I(1888) :110–113, 155–171.— N.S. Archives, II.— N. S. Hist. Soc., Coll., I (1878) ; IV (1884).— PRO, CSP, Col., 1711–12, 1712–14, 1714–15, 1716–17.— J. B. et A. P. Burke, A genealogical and heraldic history of the peerage and baronetage, the Privy Council, knightage and companionage, A. W. Thorpe, édit. (Londres,1921).— Dalton, English army lists, IV : 261s. ; V : 288–290 ; VI : 184, 190.— Brebner, New England’s outpost.— Dalton, George the First’s army, I : 222–240, 248, 313.— Waller, Samuel Vetch.— F.-J. Audet, Governors, lieutenant-governors, and administrators of Nova Scotia, 1604–1932 (notes dactylographiées conservées aux PANS).
Charles Bruce Fergusson, « CAULFEILD, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/caulfeild_thomas_2F.html.
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Auteur de l'article: | Charles Bruce Fergusson |
Titre de l'article: | CAULFEILD, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |