CASSILS, WILLIAM, télégraphiste et homme d’affaires, né le 25 juin 1832 à Denny, Écosse, fils aîné de John Cassils et de Margaret Murray ; le 11 juin 1856, il épousa à Québec Agnes Simpson Hossack, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 25 décembre 1891 à Montréal.
William Cassils fut élevé dans le village de Renton, en Écosse, et fréquenta l’école locale. Avec l’encouragement de parents établis dans le Haut et le Bas-Canada, il immigra au printemps de 1851 et devint aussitôt apprenti télégraphiste pour la Compagnie du télégraphe de Montréal. L’entreprise, dirigée par Hugh Allan* à partir de 1852, connut une expansion rapide et absorba la majorité de ses concurrents. Cassils progressa rapidement au sein de la compagnie et on lui confia très vite la tâche de surveiller l’installation d’une ligne qui longeait le chemin de fer du Grand Tronc ; en novembre 1853, on le promut au poste de directeur du bureau de l’entreprise à Québec. Cette année marqua le début de la rivalité entre la Compagnie du télégraphe de Montréal et l’Association du télégraphe électrique de l’Amérique britannique du Nord pour la domination du marché Montréal–Québec. Les bénéfices que l’entreprise de Montréal réalisait grâce à ses autres lignes lui permirent de l’emporter et d’absorber sa rivale de Québec en 1856 ; Cassils fut alors nommé responsable du secteur Est de la Compagnie du télégraphe de Montréal. En 1865, l’entreprise avait déjà acquis toutes les lignes sur la côte Nord du Nouveau-Brunswick et en avait construit une autre vers Saint-Jean et Halifax.
Cassils quitta le bureau de Québec en novembre 1866 et retourna à Montréal ; l’année suivante, il s’associa à George A. Cameron pour former une société, Cassils and Cameron, et ouvrir une manufacture de cerceaux pour robes. Peu de temps après, l’entreprise se lança dans l’importation et devint un commerce en gros de nouveautés. En 1876, cependant, Cassils se sépara de Cameron pour former la Canadian District Telegraph Company, dont il devint président ; le vice-président était le sénateur conservateur Matthew Henry Cochrane*, beau-père et associé en affaires de son frère Charles. En 1881, l’entreprise était déjà liée à la Compagnie du télégraphe de Montréal, et c’est Allan qui en devint président. Cassils dut passer à la vice-présidence, mais il revint à la présidence en 1882. Son entreprise conserva cependant des liens étroits avec la Compagnie du télégraphe de Montréal, surtout après la nomination de Cassils au conseil d’administration de cette société en 1883.
Au cours des années 1880, Cassils lia fermement sa destinée aux secteurs du transport et des communications alors en pleine évolution ; les intérêts de son entreprise commencèrent donc à s’entremêler à ceux de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, qui prenait rapidement de l’expansion. Aux environs de 1877, Cassils était devenu président de la Compagnie du chemin de fer du Canada central, qui fusionna avec la première en 1881. Il remplit alors la fonction d’administrateur judiciaire de la Compagnie du chemin de fer du Saint-Laurent à l’Ottawa, qui connaissait des difficultés financières et dont on loua la ligne à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique en 1884. L’année suivante, à titre de président de la Dominion Transport Company, il obtint le contrat de transport routier de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique à Toronto.
Au cours de la même année, Cassils agit à titre de négociateur pour cette compagnie dans les pourparlers avec la Western Union Telegraph Company pour l’obtention d’une part majoritaire dans la Compagnie du grand télégraphe du nord-ouest du Canada. La Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique considérait le télégraphe comme un élément vital pour ses activités, mais elle visait aussi à défendre ses intérêts dans un secteur lié de près à celui du transport. La Compagnie du télégraphe de Montréal et la Compagnie de télégraphe de la Puissance dominaient le réseau télégraphique canadien. En 1881, ces entreprises avaient mis fin à leur concurrence en louant leurs lignes à la Compagnie du grand télégraphe du nord-ouest du Canada, qui appartenait à la firme américaine Western Union Telegraph Company. En acquérant des intérêts majoritaires dans la Compagnie du grand télégraphe, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique comptait dominer le secteur des services télégraphiques au Canada. Malgré l’accord préliminaire rédigé par Cassils et signé par Norvin Green, président de la Western Union, et William Cornelius Van Horne*, directeur général de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, on ne parvint pas à s’entendre sur le prix des actions et sur l’appropriation par cette dernière des garanties de location des lignes. Cassils perdit alors la chance d’accéder à la présidence de la Compagnie du grand télégraphe du nord-ouest du Canada. Il continua néanmoins à s’intéresser au secteur des communications et, en 1889, il devint président de la Federal Telephone Company. Il s’engagea aussi dans d’autres secteurs d’activité : il fut président de l’Electro-Mechanical Clock Company, vice-président de la British American Ranch Company, administrateur du Montreal Herald, de la Windsor Hotel Company of Montreal et de plusieurs établissements financiers.
Comme de nombreux hommes d’affaires de son importance, Cassils participa à l’administration d’établissements scolaires, religieux et sociaux. Lors de son séjour à Québec, il avait occupé le poste de secrétaire-trésorier du Bureau des commissaires des écoles protestantes de la cité de Québec. À Montréal, il fit partie du conseil de la congrégation Erskine Presbyterian de 1868 à 1871. Sa femme et lui abandonnèrent subitement ce groupement religieux en octobre 1872, probablement à la suite d’une controverse sur l’introduction de musique instrumentale pendant les offices, qui provoqua une scission. Ils adhérèrent alors à la congrégation American Presbyterian, qui recourait à la musique d’orgue. Cassils y fut toutefois moins actif ; mis en nomination en 1874 pour le poste de conseiller presbytéral, il ne fut pas élu. Sociable et bon raconteur, il fréquentait la société montréalaise. À la Société Saint-André de Montréal, on appréciait particulièrement sa participation enthousiaste aux célébrations annuelles. « Doué d’une belle voix de ténor, racontait un contemporain, il interprétait les chants de sa terre natale avec une douceur et une émotion peu communes. » Il faisait aussi partie de groupes sociaux comme le Club St James et le Fish and Game Club, dont il était président.
Vers le mois d’octobre 1891, William Cassils commença à éprouver des troubles cardiaques, et il mourut le jour de Noël à un endroit qui lui était familier, l’hôtel Windsor. Il avait connu du succès en affaires parce qu’il avait su saisir au bon moment l’occasion d’étendre ses activités dans divers secteurs du transport et des communications, mais il ne réussit jamais à égaler des magnats comme Allan et Van Horne, dont il fut pourtant un proche collaborateur.
ANQ-M, CE1-130, 28 déc. 1891 ; CM1, testaments homologués, 4 févr. 1893.— ANQ-Q, CE1-67, 11 juin 1856.— Arch. du Canadien Pacifique (Montréal), Van Horne corr., incoming corr., nos 13029, 14431 ; letter-book no 12, 15 août 1885.— St Andrew’s Soc. Arch. (Montréal), Annual reports, 1870–1889 ; « List of St Andrew’s Society Presidents, 1835–1988 » ; Minute-book, 1835–1884.— UCC, Montreal-Ottawa Conference Arch. (Lennoxville, Québec), A/2 ; A/30 ; E/3 ; E/21 ; E/88 ; E/210/1.— Gazette (Montréal), 26 déc. 1891.— Monetary Times, 1er janv., 6, 27 mai, 5 août 1892.— Montreal Daily Star, 26 déc. 1891.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth).— C. P. Dwight, « History of Canadian telegraphy », Canada, an encyclopædia (Hopkins), 6 : 530–535.— [Robert Campbell et al.,] A summary of the first fifty years transactions of the St. Andrew’s Society of Montreal (Montréal, 1886).— Montreal directory, 1867–1891.— D. C. Knowles, « The American Presbyterian Church of Montreal, 1822–1866 » (thèse de m.a., McGill Univ., Montréal, 1957).— G. R. Lighthall, A short history of the American Presbyterian Church of Montreal, 1823–1923 (Montréal, 1923).— John Murray, A story of the telegraph (Montréal, 1905), 174–175.
Gordon Arthur Burr, « CASSILS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cassils_william_12F.html.
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Auteur de l'article: | Gordon Arthur Burr |
Titre de l'article: | CASSILS, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |