CASEY, TIMOTHY, prêtre et archevêque catholique, né le 20 février 1862 à Flume Ridge, Nouveau-Brunswick, quatrième fils de Jeremiah Casey et de Catherine Splan ; décédé le 5 octobre 1931 à Vancouver.

Timothy Casey fréquenta la grammar school de St Stephen (St Stephen-Milltown), au Nouveau-Brunswick ; de 1878 à 1881, il fut un élève lauréat au collège Saint-Joseph [V. Camille Lefebvre*] de Memramcook. Il reçut une partie de sa formation théologique à l’université Laval et au grand séminaire de Québec, endroits où il étudia en 1882–1883 et durant quelques jours ou semaines en 1883–1884. On ne sait pas pourquoi il ne termina pas ses études à Québec. Pendant les années 1884–1885 et 1885–1886, il enseigna l’anglais et la religion au collège Saint-Joseph. Ordonné prêtre le 29 juin 1886 à Saint-Jean par l’évêque John Sweeny*, il passa 11 ans dans cette ville à titre de vicaire dans la paroisse de la cathédrale Immaculate Conception et deux ans à Fredericton comme curé de l’église St Dunstan. Le 30 septembre 1899, il fut nommé coadjuteur de Sweeny, avec droit de succession, et consacré le 11 février 1900. Beaucoup d’Acadiens s’opposèrent à sa nomination, car ils avaient recommandé avec insistance la désignation de l’un de leurs propres prêtres. À la mort de Sweeny, le 25 mars 1901, Casey devint évêque de Saint-Jean.

Durant l’épiscopat de Casey, on construisit 15 nouvelles églises dans le diocèse (beaucoup d’entre elles en remplacement de vieux édifices) et on fonda une école catholique à Saint-Jean. En 1912, au moment où Casey quitta cette ville pour devenir archevêque de Vancouver, le diocèse comptait 64 prêtres, 93 églises, un collège diocésain, deux académies, deux orphelinats, trois écoles professionnelles, un foyer pour personnes âgées et un hôpital desservant une population de près de 60 000 catholiques. Néanmoins, la situation avait très peu changé depuis son arrivée et toute croissance survenue était attribuable à d’autres personnes qu’à lui. Même si on reconnut la qualité de ses lettres pastorales et dit qu’il était un excellent orateur, Casey, qui vivait en reclus, ne fréquentait les gens que si une cérémonie publique ne l’y obligeait. Lors de sa nomination, en 1912, pour succéder à l’archevêque Neil McNeil, le Saint John Globe aborda sa préférence pour la solitude, le décrivant comme un homme « discret », signe qu’il n’était pas un leader et, par conséquent, qu’il était un mauvais choix pour résoudre les problèmes liés à ses nouvelles responsabilités.

En raison de la gabegie de McNeil, l’archidiocèse de Vancouver était quasi ruiné à l’arrivée de Casey, le 1er décembre 1912. D’énormes sommes investies dans la spéculation foncière avaient été perdues quand, en 1911, le prix des propriétés avait chuté ; cette situation difficile se détériorerait davantage avec le début d’une récession économique en 1913. Devant ce désastre financier, un bon leader ne se serait pas plaint au départ de ne pas avoir de « palais approprié » pour refléter son « statut élevé », mais la remarque de Casey indiquait seulement que le pire était à venir. À l’été de 1913, Arthur B. Mostyn, prêtre que McNeil avait amené avec lui de Nouvelle-Écosse, déplora que nul ne sache ce que faisait Casey, étant donné que peu de gens l’avaient vu. En fait, pendant sa première année dans l’archidiocèse, Casey ne visita aucune paroisse. D’autres personnes exprimeraient des préoccupations similaires. En 1916, mère Wenceslaus, ancienne directrice du St Paul’s Hospital de Vancouver, avait déjà le sentiment que le choix de Casey était un fiasco. Croyant que Rome n’aurait jamais dû le nommer à ce poste, elle fit la remarque que le « pauvre homme » n’avait pas « le courage ni la volonté de comprendre » les besoins du « nouveau pays » de la Colombie-Britannique. La situation exigeait « tact et initiative », aptitudes dont Casey manquait totalement, selon elle.

Certains essayèrent de compenser les sérieuses faiblesses de Casey en tant que leader. John Althoff, prêtre séculier et vicaire général de l’archidiocèse, fit office de figure paternelle pour un grand nombre de ses collègues. Il partait de sa paroisse de Nelson à motocyclette pour parcourir la partie sud de l’intérieur de la province afin d’aider et de soutenir les prêtres surchargés de travail, tout en essayant d’attirer de nouveaux membres du clergé séculier dans la région. En 1915, John Welch, provincial des oblats de Marie-Immaculée (vicaire de missions), se rendit dans le centre et l’est du Canada, avec l’approbation enthousiaste de Casey, afin d’obtenir des fonds pour l’archidiocèse à court d’argent. Espérant recueillir des milliers de dollars, Welch revint en Colombie-Britannique les mains presque vides, en grande partie en raison de la crise économique ; il ne réussit à rapporter que 1 000 $, contribution de l’archevêque de Québec, le cardinal Louis-Nazaire Bégin*.

En soutenant le plan de Welch, Casey révélait aussi son opinion sur la position de l’Église à Vancouver comparativement à celle du Nouveau-Brunswick. La pénurie d’écoles séparées financées par des fonds publics fut un choc énorme pour lui. Venant de l’est du pays, il jugeait inacceptable le fait que le gouvernement provincial n’offre aucune subvention pour ces écoles. Les catholiques laïques qu’il avait laissés derrière lui, dans l’Est, lui manquaient beaucoup ; selon lui, ils étaient « tellement mieux » que ceux de la côte du Pacifique. Il formula ce commentaire parce que les fidèles de son archidiocèse préconisaient fermement la séparation de l’Église et de l’État, et ne voyaient aucune raison de soutenir des écoles essentiellement paroissiales et privées quand des établissements publics et financés par des taxes étaient facilement accessibles. De plus, le problème du système fiscal de la Colombie-Britannique rendait les municipalités totalement dépendantes des recettes provenant de l’impôt foncier. Les autorités locales accusèrent des spéculateurs fonciers comme McNeil de faire augmenter les prix. Au début, la valeur accrue des terres signifiait plus d’argent dans les coffres de la ville, mais après l’effondrement de l’évaluation des propriétés, on reprocha aux chefs religieux leur incapacité à fournir les recettes fiscales nécessaires. Bien entendu, Casey n’était pas responsable du mauvais jugement de McNeil, mais au lieu de tenter de faire face aux difficultés et d’aider les autres à s’en occuper, il posait en victime d’une situation à laquelle il ne pouvait rien changer. En se plaignant à Welch, en 1914, qu’une paroisse de Vancouver perdrait bientôt son école parce qu’elle n’était pas en mesure de payer l’impôt foncier qui s’élevait à plus de 12 000 $, il était certain que de telles « conditions injustes » étaient inconnues dans toute autre province canadienne, voire dans « l’Empire britannique ! »

Les maigres ressources dont Casey disposait étaient souvent mal gérées, ce qui aggravait les problèmes financiers de l’archidiocèse. Par exemple, McNeil avait bêtement élargi la portée d’un journal diocésain, le B. C. Western Catholic, publié à Vancouver. Fondé en 1909 par l’oblat William Patrick O’Boyle, le périodique n’avait rapporté jusque-là que l’actualité locale. McNeil estimant que, comme il le dit, tout « bon » catholique « devait » s’intéresser aux nouvelles internationales concernant sa foi, il en avait augmenté le contenu, ce qui le rendit plus cher à produire. Dès 1914, le journal, qui attirait peu de lecteurs, n’était qu’une autre source de dépenses. Bâtiment et équipement valaient plusieurs milliers de dollars, mais Casey permit à John Dominic Kearns, homme d’affaires catholique de la région, d’acquérir le tout pour 1 000 $ seulement, moyennant la promesse de continuer la publication. Kearns laissa rapidement dépérir le journal, puis vendit les installations en réalisant un profit considérable.

D’autres personnes tentèrent aussi de profiter de Casey. En 1916, l’entreprise Foley, Welch and Stewart [V. John William Stewart], dirigée par d’importants entrepreneurs ferroviaires qui avaient soutenu les malheureux projets immobiliers dans lesquels McNeil avait investi, faillit convaincre Casey de débourser 53 000 $ pour acheter une terre de quatre acres dans le secteur de Shaughnessy Heights, à Vancouver, afin d’y faire construire son archevêché et une cathédrale. S’il avait eu cette énorme somme d’argent, Casey aurait bien pu tomber dans le piège. Pour se loger, il utilisa plutôt un bâtiment situé tout près qui appartenait aux Sœurs de Sainte-Anne ; même s’il avait promis de payer un loyer, il ne le fit jamais.

L’incapacité de Casey à prendre des décisions n’était qu’un malheur de plus pour l’archidiocèse. Il négligeait les problèmes ou temporisait. La gestion des documents n’était pas son fort ; comme le révèlent les archives de l’archidiocèse, il détruisit presque toute sa correspondance. En grande partie grâce au travail d’autres personnes, les années de Casey apportèrent une certaine expansion, mêlée à beaucoup de difficultés. Cinq nouvelles paroisses furent créées et le nombre de membres du clergé séculier passa de 17 à 38. Toutefois, les passages fréquents d’un poste à un autre trahissaient aussi la démoralisation. Par exemple, des prêtres étaient affectés à des paroisses, puis disparaissaient. La consommation abusive de diverses substances, surtout d’alcool, expliquait en partie cette situation et, en règle générale, les hommes étaient simplement envoyés ailleurs, sans qu’on se préoccupe de savoir où ils iraient ou à qui ils demanderaient de l’aide. Durant cette période, les oblats, base cléricale de l’archidiocèse depuis longtemps, conservèrent ce statut, même si Casey, jaloux de leur prépondérance, fit de leur paroisse la plus prospère dans l’archidiocèse, Our Lady of the Holy Rosary, à Vancouver, celle où il établit sa paroisse-cathédrale et y remplaça les oblats par des membres du clergé séculier.

Enfin, en 1928, William Mark Duke, originaire aussi de Saint-Jean, fut nommé coadjuteur de Casey avec droit de succession. Grâce à cette nomination, l’archidiocèse eut finalement un dirigeant compétent. Duke apporta un changement important, immédiat et très concret : la subdivision de l’immense territoire en districts, qui deviendraient plus tard les diocèses de Nelson, en 1936, et de Kamloops, en 1945. À la mort de Casey, le 5 octobre 1931, il semble que peu de gens, parmi ceux qui étaient au fait de ses accomplissements, pleurèrent sa perte.

Les années que Timothy Casey passa à Vancouver furent marquées par de sérieux problèmes financiers dont il n’était pas responsable. Dans la même situation, un bon chef aurait pu diminuer leurs effets négatifs. Toutefois, ce furent d’autres personnes, rarement lui, qui amenèrent des changements positifs, quels qu’ils soient, durant son archiépiscopat.

Vincent J. McNally

Dans le Répertoire de l’ICMH figure une liste d’un certain nombre de circulaires et de lettres pastorales que Timothy Casey a écrites pendant qu’il était évêque de Saint-Jean.

Arch. of the Archdiocese of Vancouver, Chancery Office fonds, Archbishop Timothy Casey sous-fonds.— Arch. of the Roman Catholic Archdiocese of Toronto, MN (McNeil papers).— BCA, GR-2951, no 1931-09-453471.— Saint John Globe, 28 nov. 1912.— Canada ecclésiastique, 1903–1931.— Collège Saint-Joseph, Annuaire (Shédiac, N.-B.), 1884–1886 ; Distribution solennelle des prix [...] (Montréal), 1879 ; Distribution solennelle des prix [...] (Shédiac), 1881 ; Proclamation solennelle des prix [...] (Shédiac), 1880.— LeBlanc, DBECC.— V. J. McNally, The Lord’s distant vineyard : a history of the Oblates and the Catholic community in British Columbia (Edmonton, 2000).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.— Univ. Laval, Annuaire, 1882–1884.

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Vincent J. McNally, « CASEY, TIMOTHY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/casey_timothy_16F.html.

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