Bédard, Julien-Augustin, prêtre catholique, oblat de Marie-Immaculée, missionnaire et éducateur, né le 20 avril 1858 à Saint-Eugène, Haut-Canada, fils de Joseph-Olivier Bédard et de Rose-de-Lima Leblanc ; décédé le 20 décembre 1932 à New Westminster, Colombie-Britannique.

Julien-Augustin Bédard naquit dans une famille de cultivateurs canadiens-français du Haut-Canada. Il travailla plusieurs années avant de s’inscrire au collège Bourget de Rigaud, dans la province de Québec. Il entra au noviciat oblat de Lachine (Montréal) en 1882 et prononça ses vœux solennels le 20 septembre 1884. Il poursuivit ses études sacerdotales à Ottawa, où l’archevêque Joseph-Thomas Duhamel* l’ordonna le 24 juin 1887, puis on l’envoya en Colombie-Britannique.

En 1858, l’évêque Louis-Joseph d’Herbomez* et son successeur Paul Durieu*, supérieurs oblats de la côte du Pacifique, avaient instauré un programme de missions chez les Premières Nations. Comme la construction de chemins de fer durant les années 1880 attira davantage de colons dans la province, ils affectèrent des oblats francophones (provenant surtout de France et de Belgique) aux missions autochtones et des oblats anglophones (généralement d’origine irlandaise) aux fonctions paroissiales dans les villages. Grâce à son bilinguisme, Bédard se révéla un atout précieux parmi le personnel, puisqu’il pouvait œuvrer dans les deux domaines d’activité.

Bédard entama sa carrière en 1887, à la mission Saint-Louis à Kamloops. En plus d’exercer son ministère dans la jeune paroisse Sacred Heart, il prêta main-forte au père Jean-Marie-Raphaël Le Jeune* pour desservir la Première Nation de Shuswap (Secwepemc). En 1891–1892, alors directeur des missions de Kamloops et de ses environs, Bédard prit part aux négociations avec le gouvernement fédéral visant à fonder une école pour les Autochtones, la Kamloops Industrial School. À cette époque-là, il avait déjà parcouru la région ouest de Kootenay pour exercer son ministère auprès des équipes des chemins de fer, des mineurs et des bûcherons, et avait établi des congrégations dans plusieurs communautés. En 1893, alors que Bédard amassait des fonds pour la construction d’une église et d’un presbytère à Nelson, Durieu l’envoya à la mission Saint-Joseph, à Williams Lake, en qualité d’économe. Les oblats et le gouvernement avaient l’intention d’y bâtir une autre école industrielle. Bédard acquit la réputation de surmonter facilement les difficultés de déplacement et de s’acquitter de bon cœur de tout le travail nécessaire au fonctionnement des missions intérieures.

En 1897, Durieu affecta Bédard à la St Mary’s Mission Indian Residential School, pensionnat pour Autochtones situé au bord du fleuve Fraser, près du siège des oblats à New Westminster, et qui visait leur assimilation [V. Peter Henderson Bryce ; Allen Patrick Willie]. Bédard assuma également des fonctions pastorales auprès de la nation Stó:lō et de colons blancs. Il dirigea le pensionnat en 1899 et 1900. Ses rapports annuels, dans lesquels il remercie le personnel, en particulier les enseignantes, les Sœurs de Sainte-Anne, témoignent de sa nature généreuse.

L’expérience de Bédard cadrait bien avec les projets d’Augustin Dontenwill, successeur de Durieu à titre d’évêque du diocèse de New Westminster. Dontenwill changea la direction des missions oblates, en cessant de fonder des villages modèles autochtones pour se concentrer sur l’établissement d’écoles et de paroisses. En 1900, il envoya Bédard à Greenwood, centre d’une région minière florissante dans le sud-est de la Colombie-Britannique. Bédard créa des paroisses et des organisations catholiques à Greenwood en 1901, à Grand Forks en 1902 et à Phoenix en 1904. Il reçut également l’aide des Sisters of St Joseph of Peace de Newark, dans le New Jersey, pour bâtir un hôpital à Greenwood et recruter le personnel.

Bédard devint ensuite le curé de la paroisse St Edmund, dans la ville en pleine croissance de North Vancouver, fonction qu’il exerça de 1911 à 1917 ; pendant cette période, il assista aux séances du conseil provincial des oblats à Vancouver. Il seconda aussi Kathleen Fanny O’Melia, fondatrice de la mission catholique japonaise, à titre d’aumônier et de collecteur de fonds. Le Monthly Bulletin de l’archidiocèse, publié à Vancouver, mentionna leurs efforts, à une époque où les missions intérieures catholiques œuvrant auprès de la communauté asiatique commençaient à peine et où le racisme sévissait. Vers la fin des années 1920, les prêtres franciscains canadiens, ainsi que les Franciscaines de l’expiation et les Franciscains de l’expiation des États-Unis se joindraient à la mission.

Bédard rencontra de multiples difficultés et tensions comme économe de son ordre en Colombie-Britannique et membre du personnel oblat de l’église Our Lady of the Holy Rosary à Vancouver, charges qu’il assuma en 1917 ; sans surprise, il qualifierait un jour le temps qu’il avait passé à préparer les candidats japonais au baptême (avec Mlle O’Melia comme interprète) de « travail fructueux ». Le nombre d’oblats francophones dans la province avait chuté. Après 1908, aucune nouvelle recrue n’était venue de France. On avait de plus en plus besoin de prêtres anglophones, mais on peinait à en trouver. L’archevêque de Vancouver Neil McNeil, successeur de Dontenwill, fut le premier non oblat à diriger l’Église dans la province. Ses placements malavisés durant le boom immobilier d’avant la Première Guerre mondiale menèrent l’archidiocèse dans des difficultés financières frôlant la faillite, que son remplaçant, Timothy Casey, ne parvenait pas à surmonter. La situation inquiéta Bédard ainsi que John Welch et William Patrick O’Boyle, supérieurs oblats locaux, car la congrégation détenait une hypothèque pour la construction de l’église Our Lady of the Holy Rosary. Selon l’historien Vincent Joseph McNally, c’est « en grande partie grâce aux dirigeants oblats » que la paroisse, la plus prospère de l’archidiocèse, s’acquitta de cette hypothèque en 1927. Casey fit ensuite venir des prêtres séculiers pour la gouverner. Bédard, avec d’autres oblats de l’église Our Lady of the Holy Rosary, s’installa dans la maison de la mission Saint-Jean, qu’il avait établie à l’extrémité ouest de la ville quelques années auparavant.

En 1930, on affecta Bédard à St Peter’s, à New Westminster, siège provincial des oblats anglophones après la réorganisation de la congrégation, en 1926, selon des critères linguistiques. Il assuma les fonctions d’aumônier au St Mary’s Hospital, où il mourut le 20 décembre 1932 d’une angine de poitrine et d’une pleurésie.

Les chercheurs spécialistes de l’Église catholique et de la congrégation oblate de la Colombie-Britannique ont principalement étudié les missionnaires de France, comme Durieu et Adrien-Gabriel Morice, qui travaillèrent avec les Premières Nations, mais ont négligé les oblats canadiens et leur contribution, en particulier celle de Julien-Augustin Bédard. Ce dernier bâtit des missions, des églises et des écoles, mit sur pied des associations paroissiales et organisa les finances des oblats dans des circonstances difficiles. Il fut l’un des rares membres de son ordre à exercer son ministère auprès des immigrants japonais, ainsi qu’auprès des Premières Nations et des colons eurocanadiens. Ses contemporains le considéraient comme l’un des fondateurs des missions catholiques japonaises. À sa mort, le Vancouver Daily Province le décrivit comme « un pionnier de l’arrière-pays britanno-colombien ».

Jacqueline Gresko

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Jacqueline Gresko, « BÉDARD, JULIEN-AUGUSTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bedard_julien_augustin_16F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2023
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