CARY, THOMAS, imprimeur et directeur de journal, né à Québec, le 7 mars 1787, fils de Thomas Cary* ; il épousa, en 1817, Mary Ann Dorion, fille de Peter Dorion, marchand, et, en secondes noces, en 1835, Eliza Heath Ellen Noyés, veuve de Josias Wurtele, marchand ; décédé à Québec le 16 janvier 1869.

Thomas Cary, père, vint au Canada dans les années 1780. En 1797, il ouvrit à Québec une bibliothèque de prêt où les lecteurs pouvaient se procurer des livres par abonnement et même profiter « du service d’une salle de périodiques ouverte de dix heures le matin à trois heures de l’après-midi ». Cette bibliothèque resta aux mains de la famille Cary jusqu’en 1835, et son catalogue, en 1830, comptait 5 314 titres dont 799 de langue française. En 1805, Thomas Cary, père, fonda le Quebec Mercury, pour veiller aux intérêts de la minorité anglaise, conservatrice et protestante du Bas-Canada. Au cours de cette première décennie du xixe siècle, si importante pour les relations entre les deux groupes ethniques, Cary se fit le porte-parole du quatuor Craig*-Ryland*-Sewell*-Mountain* qui, selon Lower, représentait « la quintessence du torysme anglais avec son intolérance sans bornes, son manque d’imagination, son petit monde fermé d’idées et d’institutions, et son incapacité totale à se défaire de sa vision étriquée du monde ». Le style vitriolique de Cary, ses violentes attaques contre les Canadiens français et le Canadien contribuèrent largement à créer et à entretenir l’animosité.

Dès 1805, Thomas Cary, fils, qui avait plus de goût pour la vie active que pour l’étude, entre au Mercury comme typographe. Il occupe par la suite diverses fonctions à l’imprimerie – qui était presque celle du gouvernement – et au journal dont il prend la direction en 1823, à la retraite de son père.

Le Mercury paraît d’abord deux fois la semaine, et trois fois la semaine à partir de 1832. Il deviendra quotidien en 1863. La mise en pages du journal est rarement uniforme. Ainsi, on peut tout aussi bien rencontrer, en première page, des réclames commerciales et des nouvelles parlementaires qu’une chronique agricole. Les nouvelles étrangères, tirées de journaux américains, sont assez copieuses, mais c’est quand même aux nouvelles locales, et surtout aux réclames publicitaires, que le Mercury consacre le plus d’espace. Aussi longtemps que les Cary posséderont une bibliothèque, le journal annoncera la vente de leurs volumes et les encans publics de Joseph Cary, frère de Thomas. À l’occasion, on publie même des poèmes. Il reste que l’intérêt du Mercury réside encore dans ses positions sur les problèmes politiques de l’heure. Le fils Cary, à l’instar de son père, s’identifie étroitement à l’establishment anglophone et aux politiques conservatrices. Il ne manque pas une occasion de justifier l’attitude du gouvernement britannique et des autorités anglaises au Bas-Canada. Il avoue respecter ainsi l’opinion publique, celle, précise-t-il, qui mérite considération. La francophobie hargneuse du Mercury à ses débuts s’atténue toutefois avec les années. Copropriétaire du Mercury avec George-Paschal Desbarats de 1828 à 1848, Thomas Cary transmet à son tour la direction du Mercury à son fils George Thomas en 1855.

Dans sa jeunesse, Thomas Cary avait participé à la guerre de 1812 et il continua, du moins dans les années 1820, à servir comme adjudant dans le 3e bataillon de milice de la ville de Québec. Il préconisa par la suite l’introduction du système municipal dans sa ville et prit part au mouvement qui amena la chambre d’Assemblée du Bas-Canada à voter la loi érigeant civilement la cité de Québec. Aux premières élections municipales de 1833, Cary se fit élire échevin du quartier Saint-Louis. Anglican actif, il fut, dans les années 1850, membre du comité central de la Church Society du diocèse de Québec et, pendant longtemps, marguillier de la cathédrale de Québec.

À son décès à l’âge de 81 ans, le doyen de la presse québécoise reçut de multiples tributs d’hommages. C’est sans aucun doute le Quebec Morning Chronicle qui les résuma le mieux : « Journaliste plein de générosité et toujours prêt à rendre service, le défunt était en plus un bon et honnête citoyen. Grâce à ses bonnes manières, il sut se faire apprécier de toutes les classes de la société et il était un digne représentant de sa génération. »

Marc La Terreur

ANQ-Q, État civil, Anglicans, Cathedral of the Holy Trinity (Québec), 27 déc. 1817, 25 nov. 1832, 19 oct. 1842, 16 janv. 1869.— Quebec Daily Mercury, 1805–19 janv. 1869.— Almanach de Québec [...], 1820, 1852, 1853.— Quebec directory, 1843–1869.— Antonio Drolet, Les bibliothèques canadiennes, 1604–1960 (Ottawa, 1965).— Henri Têtu, Historique des journaux de Québec (2e éd., Québec, 1889).

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Marc La Terreur, « CARY, THOMAS (1787-1869) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cary_thomas_1787_1869_9F.html.

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Auteur de l'article:    Marc La Terreur
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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