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CAIRNS, JAMES FREDERICK, instituteur, rédacteur en chef, homme d’affaires et fonctionnaire, né le 23 mars 1870 à Lawrenceville, Québec, fils de Hugh Cairns, ministre méthodiste, et de Maria Mountain ; en 1900, il épousa Edith Beatrice Moore, de Chatham, Ontario, et ils eurent un fils ; décédé le 18 mars 1928 à Saskatoon.
Né de parents de souche irlandaise, James Frederick Cairns étudia à l’école secondaire de Knowlton, dans la province de Québec, à l’Albert College de Belleville, en Ontario, et à la Victoria University de Cobourg, où il obtint un diplôme en 1890. Après avoir enseigné neuf ans au Collegiate Institute de Chatham, il fut rédacteur en chef d’un périodique de London, le Canadian Wheelman : a Journal of Cycling, et dirigea des salles d’opéra dans cette ville et à Chatham. Jusque-là, rien ne laissait présager qu’il posséderait l’un des plus importants magasins à rayons de l’Ouest canadien.
Cairns et sa femme se mirent en route vers l’ouest en 1902 et s’arrêtèrent à Saskatoon, qui n’était encore qu’un petit village. Le meunier James Robert Wilson a rapporté leur rencontre : « Par un après-midi de grand froid, j’ai vu un homme qui venait vers le moulin par la prairie. Il m’a demandé ce que je pensais du village de Borden [au nord-ouest] et a parlé d’y ouvrir une boulangerie-épicerie. » Wilson l’ayant convaincu de rester à Saskatoon, Cairns y établit une boulangerie en décembre. L’arrivée de trains entiers de colons amenés par Isaac Montgomery Barr*, au printemps de 1903, le fit travailler 24 heures par jour ; seuls quelques marchands, dont lui, n’exploitèrent pas les nouveaux venus. Dans le courant de la même année, il s’installa dans un grand magasin au-dessus duquel il y avait un théâtre. La poétesse Emily Pauline Johnson*, l’acteur Walter Jackson McCrea* et la troupe ambulante de Thomas Henry Marks*, entre autres, s’y produisirent. Le troisième magasin de Cairns ouvrit ses portes en 1906 au cœur de la ville – Saskatoon était alors en pleine expansion – et employa bientôt 75 personnes. Six ans plus tard, le commerce occupait un splendide édifice de cinq étages situé à l’angle de la 2e avenue et de la 23e rue. Financé en partie par la Canadian Agency (société anglaise d’investissement) et exécuté dans le style de l’école de Chicago par la firme montréalaise de David Robertson Brown et de Hugh A. Vallance, qui avait dessiné les plans de la University of Saskatchewan, le magasin accueillit 12 000 personnes le jour de l’inauguration (le 17 mars 1913) et comptait 250 employés répartis dans 25 rayons. À cause de Cairns, le prix des propriétés sur cet emplacement monta en flèche pendant les années du boom de Saskatoon : un terrain qui se vendait 20 $ l’acre 20 ans plus tôt coûtait presque 2 000 $ le pied de façade. La J. F. Cairns Company Limited fut constituée juridiquement en 1917.
Connu surtout en tant que marchand, Cairns exerça pourtant d’autres fonctions importantes dans la jeune collectivité. Il fut secrétaire du Bureau de commerce dès la fondation en janvier 1903 et président l’année suivante. En 1904 et en 1905, il appartint à des délégations qui cherchèrent à attirer des compagnies ferroviaires. Premier président du conseil du collegiate institute de 1908 à 1914, il en resta membre jusqu’en 1923. « Non seulement M. Cairns a-t-il été l’instigateur de la création du conseil scolaire, rappelait le secrétaire W. P. Bate, mais il l’a nourri tout au long de son adolescence et l’a lancé sur la voie royale du succès. » Cairns œuvra aussi à la commission des parcs et à la foire industrielle, et fut en 1911 le premier président du Saskatoon Auto Club, qui ouvrit un centre de villégiature au lac Pike, près de la ville. (C’est là que, le 15 juin 1917, le jour le plus sombre de la vie de Cairns, son fils unique, Hugh Charles John (Jack), se noya.) En 1914 et en 1915, Cairns appartint au conseil d’administration de la Young Men’s Christian Association. Réputé également dans le domaine sportif, il construisit un stade de baseball de 1 700 sièges, le Cairns Field, où une foule de 6 422 personnes se pressa le 14 mai 1914, jour de l’inauguration. Les Quakers de Saskatoon, qui formaient une équipe professionnelle au sein de la Western Canada League et avaient pour commanditaire la Quaker Oats Company, remportèrent des championnats cette année-là et en 1919, et un certain nombre de Quakers accédèrent aux ligues majeures. En 1921, Cairns occupa la présidence du Saskatoon Baseball Club. Comme il convenait à un homme de sa notoriété, il était membre de la franc-maçonnerie, de la fraternité des Shriners, du Rotary Club et de la société des Oddfellows, et il appartenait à des cercles de Saskatoon, de Winnipeg et de Los Angeles.
Cairns se lança à fond dans plusieurs des premières entreprises industrielles de Saskatoon, dont la plupart échouèrent. Cofondateur de la prospère Saskatoon Cement Works en 1904, il avait aussi des intérêts dans la Saskatchewan Power Company. Cette société, fondée en 1908 en vue d’élever un barrage sur la Saskatchewan-du-Sud, dut déposer son bilan en 1912, faute de capitaux. Cairns s’associa ensuite à la Canadian Agency dans l’espoir d’acquérir la charte de la compagnie et le droit de construire un tramway. En coulisse, il tenta d’obtenir l’appui du conseil municipal et d’étouffer tout débat public. Il n’était donc pas le personnage irréprochable dont l’écrivain américain Elbert Hubbard a fait l’éloge. Après l’échec du projet de tramway, Cairns et des représentants de la Canadian Agency se consacrèrent au développement de terrains lotis. En outre, Cairns participa à la Saskatoon Gas and Oil Company en 1911 et à la Saska-Alta Petroleum Products en 1914. Il fut l’un des principaux promoteurs de l’Industrial League. Le but de ce groupe dont il fut, en 1914, le premier président, était d’attirer des industries à Saskatoon, même si le boom immobilier de la ville était alors terminé et les sources de crédit étaient à sec.
Cairns était un militant libéral. Moins de trois semaines après son arrivée à Saskatoon en 1902, il assista à une réunion du parti. « Tous les libéraux de la ville étaient là, rappelait-il. Nous étions sept. » Sa candidature fut proposée en vue des élections en 1906 et en 1908, mais il déclina l’offre les deux fois. Choisi de nouveau en 1915, il se retira en 1917 en faveur d’un candidat unioniste.
En 1924, James Frederick Cairns vendit son magasin à la Hudson’s Bay Company. L’année suivante, signe de la fin de la prohibition, il prit la direction de l’un des nouveaux magasins d’alcool de la Saskatchewan. Son décès en 1928, à la veille de ses 58 ans, fut largement regretté. Deux édifices – aujourd’hui démolis – témoignaient de son esprit d’entreprise : son magasin et le stade Cairns Field.
Daily Phoenix (Saskatoon), 30 oct. 1907, 28 juill., 24 déc. 1908, 5 mars 1910, 2, 15, 18 avril 1912, 4 févr., 17 mars 1913, 13, 15–16 mai, 15 oct. 1914, 28 mai 1915, 30 oct. 1917, 8 mars, 23 août 1919, 19 mars 1928.— Daily Star (Saskatoon), 16 janv. 1916.— Saskatoon Phoenix, 9 déc. 1902, 26 janv., 20 mars, 3 août 1903, 29 janv., 5 févr., 11, 19–20 mai 1904, 26 janv., 17 févr. 1905, 11 janv. 1906.— N. F. Black, History of Saskatchewan and the North-West Territories (2 vol., Regina, 1913).— Lorraine Blashill, From a little stone school : the story of the development of the Saskatoon public school system over the past one hundred years (Saskatoon, 1982).— John Gilpin, « The dark side of the “Saskatoon Spirit” ; James F. Cairns and power, street railway and land development in Saskatoon, 1908–1914 », Saskatchewan Hist. (Saskatoon), 45 (1993), nº 2 : 15–23.— Hist. Assoc. of Saskatoon, Narratives of Saskatoon, 1882–1912, by men of the city ([Saskatoon, 1927]).— Elbert Hubbard, Cairns of Saskatoon (East Aurora, N.Y., 1913).— Don Kerr et S. [D.] Hanson, Saskatoon : the first half-century (Edmonton, 1982).— Who’s who and why, 1921.
Donald Cameron Kerr, « CAIRNS, JAMES FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cairns_james_frederick_15F.html.
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Auteur de l'article: | Donald Cameron Kerr |
Titre de l'article: | CAIRNS, JAMES FREDERICK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |