BOOKER, ALFRED, ministre baptiste, né le 14 mars 1800 à Nottingham, Angleterre ; en 1824, il épousa Sophia Varnham, et ils eurent huit enfants, puis en 1846, à Hamilton, Haut-Canada, Mme Ann Gardner ; décédé le 12 mars 1857 près de Hamilton.
Dans sa jeunesse, Alfred Booker fut profondément influencé par les idées des incroyants. Il reçut une formation scolaire très réduite, mais il s’instruisit en lisant beaucoup et c’est ainsi qu’il apprit le français. Il avait 17 ans lorsqu’un soir il se rendit à une chapelle succursale de Nottingham pour rencontrer un ami qui assistait au culte. Il entendit à cet endroit un sermon qui l’amena à se convertir et, plus tard, il fut baptisé à la chapelle General Baptist de la ville. Incapable de garder pour lui ses nouvelles convictions, il en parla avec un tel enthousiasme que les gens, lui trouvant du talent comme prédicateur, l’encouragèrent dans cette direction. Ordonné ministre en 1830, il fut nommé pasteur de l’église baptiste Park Street et desservit également le temple Bethesda.
Booker, à l’instar de nombreux baptistes anglais de l’époque, fut incité à se consacrer aux missions par les récits d’Eustace Carey sur les travaux missionnaires baptistes en Inde. Comme il savait le français, Booker sentit que la Providence l’appelait en Amérique pour prêcher aux Canadiens français et, en 1842, il partit avec sa famille pour Montréal. On ignore toutefois ce que furent ses activités dans cette ville. Cet hiver-là, il écrivit aux « Baptistes de Hamilton, Canada-Ouest », pour leur dire qu’il se considérait comme leur pasteur et pour les inviter à tenir des réunions de prière en attendant son arrivée. Il ne fut pas le premier à établir une communauté baptiste dans cette localité. Une tentative avait été faite de 1834 à 1836 et, environ trois ans plus tard, une congrégation de baptistes noirs avait été formée, au sein de laquelle Washington Christian* allait œuvrer par la suite. Lorsque la lettre de Booker arriva à Hamilton, le maître de poste jugea qu’elle n’était pas destinée à la congrégation noire et la remit à un marchand de chaussures, Philo Warner Dayfoot, qui suivit les instructions de Booker. Ce dernier arriva le ter mai 1843 et, en quelques semaines à peine, il mit sur pied une congrégation dont les réunions eurent lieu d’abord au poste de police, puis à l’école de Patrick Thornton jusqu’au moment où un temple fut construit en 1846. Au début, l’église fut appelée First Baptist, puis elle prit le nom de Park Street, d’après la rue où elle était située. Le nombre de fidèles passa de 10 en 1843 à 59 en 1846.
Même si la congrégation se développait et recevait une aide financière des baptistes habitant les localités avoisinantes de Beamsville et de Dundas, les fidèles n’avaient pas beaucoup d’argent pour payer le pasteur. Booker, qui avait perdu sa femme en 1845, contribua à sa propre subsistance en vendant de la dentelle de Nottingham dans les campagnes tandis qu’il sollicitait des dons pour la congrégation de Hamilton. En 1847, il céda aux instances de ses fidèles et abandonna ce commerce. Ceux-ci demandèrent alors à l’American Baptist Home Mission Society une somme de £50 pour l’aider à subvenir à ses besoins ; aucun document ne mentionne que la subvention lui fut accordée. Les fidèles continuèrent tout de même à soutenir les sociétés bibliques et missionnaires, y compris la mission de Grande-Ligne dans le Bas-Canada [V. Henriette Odin*] et les sociétés de bienfaisance locales. Plus tard, sir Allan Napier MacNab* fit un don généreux à la communauté, ce qui soulagea Booker de ses difficultés financières.
Booker joua un rôle de premier plan dans l’organisation des baptistes du Canada. En 1844, il participa à la première assemblée annuelle de la Canada Baptist Union et, en 1848, il devint vice-président d’un congrès qui visait à regrouper les Églises baptistes régulières du Canada, c’est-à-dire celles qui ne donnaient le sacrement de l’eucharistie qu’aux membres baptisés par immersion. Ce fut à cette époque, malheureusement, qu’un conflit divisa la communauté qu’il avait fondée. En 1847, il avait pris part à une vive discussion sur la façon de chanter les hymnes et sur les nouvelles mélodies qui étaient introduites. D’autres dissensions de ce genre se produisirent et, en 1849, un nouveau diacre, Thomas Haines, tenta d’obtenir le renvoi de Booker. Ses efforts ayant échoué, Haines prit la tête d’un petit groupe de dissidents en juin 1850 afin de fonder la congrégation baptiste John Street. Comme celle-ci s’occupait également de la cause des baptistes réguliers, la congrégation Park Street réduisit ses engagements confessionnels. Bien qu’un problème de personnalité plutôt que de théologie, semble-t-il, ait été à l’origine de la division, un membre de la congrégation Park Street fut exclu pour hérésie.
En dépit de la controverse, la congrégation baptiste Park Street fut en mesure d’élargir ses activités. En 1857, elle entreprit une œuvre missionnaire, et Booker se mit à prêcher à Wellington Square (Burlington) une fois par semaine. Le 12 mars, il revenait à Hamilton en train lorsqu’il fut tué dans un accident qui se produisit au pont du canal Desjardins [V. Samuel Zimmerman]. Une collecte faite durant un service interconfessionnel célébré à l’église presbytérienne Knox de Hamilton servit à payer sa pierre tombale. Le pasteur de l’église John Street mourut au cours de la même année que Booker, et les deux congrégations s’unirent en juillet.
Homme de belle apparence, instruit et ferme dans ses opinions, Alfred Booker avait l’appui de la plupart de ses fidèles et jouissait du respect de ses collègues ministres. Parmi ses enfants, un des garçons, Theophorus, devint pasteur et un autre, Alfred*, fit une remarquable carrière dans les affaires et dans la milice.
Un portrait d’Alfred Booker est reproduit dans l’ouvrage dé F. K. Anderson cité plus loin.
Canadian Baptist Arch., McMaster Divinity College (Hamilton, Ontario), James Street Baptist Church (Hamilton), records, Park Street Baptist Church minutes, 1843–1878.— PRO, RG 4/1718, 1831–1837 (photocopies aux Canadian Baptist Arch., McMaster Divinity College).— T. L. Davidson, A funeral sermon, preached in the Park Street Baptist Chapel, Hamilton, March 22nd, 1857 [...] occasioned by the death of the late Rev. Alfred Booker [...] (Hamilton, 1857).— Minutes of the convention of associational delegates convened at St. George’s, 6th & 7th September, 1848, to effect a union of the Regular Baptists of Canada ; and of a convention of delegates of churches held at the same place, September 7 (London, Ontario, [1848]).— Register (Montréal), 18 janv., 18 avril, 16 mai 1844.— Weekly Spectator, 11 juill. 1850, 19 mars 1857.— The Canadian Baptist register (Toronto), 1857 : 20–21.— DHB.— F. K. Anderson et al., A history of James St. Baptist Church : 125th anniversary edition, 1844–1969 (Hamilton, 1969).
Richard E. Ruggle, « BOOKER, ALFRED (1800-1857) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/booker_alfred_1800_1857_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/booker_alfred_1800_1857_8F.html |
Auteur de l'article: | Richard E. Ruggle |
Titre de l'article: | BOOKER, ALFRED (1800-1857) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 13 nov. 2024 |