Titre original :  Mgr Gustave Blanche. Date: [Vers 1905]. Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

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BLANCHE, GUSTAVE (à sa naissance, il reçut les prénoms de Gustave-Marie), prêtre eudiste, éducateur et vicaire apostolique, né le 30 avril 1848 à Josselin, France, fils de Louis-Marie-Antoine Blanche et de Marie-Caroline Hayard ; décédé le 27 juillet 1916 à Paris.

On sait peu de chose de l’enfance et de la jeunesse de Gustave Blanche. De 1858 à 1866, il fréquente le collège Saint-Sauveur de Redon, tenu par les eudistes, puis de 1868 à 1870 il étudie le droit et travaille comme clerc pour un notaire de cette ville. Pendant la guerre franco-allemande de 1870–1871, il s’engage comme volontaire et participe au siège de Paris ainsi qu’à la bataille de Champigny, au cours de laquelle il obtient le grade de sous-lieutenant. Cette expérience, cumulée avec la discipline de fer reçue au collège de Redon, se révèle déterminante dans la formation de sa personnalité. Après la guerre, il retourne à Redon pendant deux ans et y termine ses études de droit. En 1873, il entre au noviciat des eudistes à Roche-du-Theil et est ordonné prêtre le 16 mars 1878. À partir de 1877, il occupe différents postes au sein des collèges tenus par sa congrégation, principalement ceux de surveillant général puis de préfet de discipline au collège Saint-Jean à Versailles.

En 1890, le conseil général de la congrégation délègue le père Blanche au Canada avec mission d’y fonder une maison.

La situation des communautés religieuses est de plus en plus difficile sous le gouvernement de la Troisième République et les eudistes savent que Mgr Cornelius O’Brien*, archevêque de Halifax en Nouvelle-Écosse, cherche une congrégation qui accepterait la responsabilité d’une maison d’enseignement destinée aux Acadiens du sud-ouest de la province. Le père Blanche arrive à Halifax en septembre 1890. Il rencontre Mgr O’Brien, qui le charge d’établir un collège dans la baie St Mary’s et lui confie la cure des paroisses de Saulnierville et de Church Point. À son arrivée à ce dernier endroit, le père Blanche évalue l’ampleur de la tâche à entreprendre : il lui faut construire un collège, mettre sur pied un programme de cours, trouver un personnel compétent, recruter des élèves, desservir les paroisses et mettre en place un juvénat. Il doit de plus s’adapter aux mœurs et coutumes du pays et tenter de se familiariser avec la langue anglaise. Le collège Sainte-Anne ouvre officiellement ses portes à l’automne de 1891 et cette première année révèle déjà les problèmes avec lesquels le père Blanche devra composer pendant son supériorat de neuf années : une clientèle hétérogène, formée d’élèves d’âges et de niveaux très différents, un programme de cours hétéroclite qui exige un personnel beaucoup trop nombreux pour une clientèle assez réduite, les pressions de l’extérieur pour qu’on accorde une place prépondérante à l’anglais dans le programme, et ce, dans un collège destiné à lutter contre l’anglicisation des Acadiens.

Tout en supervisant le développement du collège, le père Blanche se préoccupe de l’avenir des eudistes au Canada. C’est dans cette optique qu’il accompagne le général de la congrégation durant son premier voyage en Amérique au printemps de 1893. Ensemble, ils visitent les évêques de différents diocèses de la province de Québec et des Maritimes afin de vérifier les possibilités de fondation. Ces démarches vont aboutir en 1894 à la fondation du Holy Heart Seminary dans la ville de Halifax, qui sera inauguré à l’automne de 1895. L’autre étape importante sera de mettre pied au Nouveau-Brunswick. L’implantation de la congrégation dans cette province sera le résultat de nombreux pourparlers avec l’évêque du diocèse de Chatham, Mgr James Rogers*, et son clergé acadien entre les années 1895 et 1899. En septembre 1898, les eudistes recevront la direction du collège du Sacré-Cœur de Caraquet [V. Prosper Lebastard].

L’incendie du collège Sainte-Anne dans la nuit du 15 au 16 janvier 1899 vient remettre en question l’œuvre du père Blanche. La situation financière de l’établissement est particulièrement difficile et, depuis sa fondation, le père Blanche a sans cesse été à la recherche de ressources financières. C’est ce besoin d’argent qui l’a amené en 1894 à adjoindre au collège une académie commerciale anglaise afin d’obtenir une subvention substantielle du gouvernement provincial. On lui reprochera beaucoup cette académie parce qu’elle compromet l’équilibre déjà fragile entre les éléments français et anglais à l’intérieur des programmes et de la clientèle. On lui reprochera aussi de trop sacrifier à la question d’argent, quitte à dénaturer la mission du collège Sainte-Anne. Il faut toutefois se rappeler que le père Blanche avait été délégué au Canada pour établir une fondation viable pouvant servir de refuge à la congrégation et non pour sauver les Acadiens de la baie St Mary’s.

Dans ce contexte, l’incendie de 1899 suscite plusieurs questions sur la reconstruction à entreprendre et l’orientation à donner au collège. Le père Ernest Regnault est délégué par le conseil général de la congrégation à Paris afin d’analyser la situation. Dans le volumineux rapport qu’il rédige sur l’état de la maison, ce dernier se montre très sévère sur l’administration du père Blanche. Si les confrères du supérieur reconnaissent son caractère vertueux et dévoué, plusieurs lui reprochent son manque de souplesse et sa tendance à vouloir tout faire lui-même. Le rapport fait surtout ressortir les difficultés et même les échecs qu’il a connus dans sa tentative d’établir un programme de cours pertinent.

En juillet 1899, le père Blanche est rappelé en Europe pour les besoins de l’administration générale. Au collège Saint-Jean de Versailles, il est préfet durant l’année scolaire de 1899–1900, puis supérieur jusqu’en 1902. Ces années correspondent à une autre phase troublée de l’histoire religieuse en France. Le gouvernement vient de passer une loi qui oblige les congrégations à obtenir une autorisation, sinon elles seront « dissoutes, leurs membres dispersés et leurs biens liquidés ». Le père Blanche et sa congrégation vont prendre une part active à la lutte contre ces mesures, mais l’exil des religieux devient imminent et il leur faut trouver d’autres refuges à l’étranger.

Une fois de plus, c’est le père Blanche qui est désigné pour cette mission et, en août 1902, une longue odyssée commence pour lui. Après des démarches peu fructueuses au sud des États-Unis, il vient à Québec, où les évêques assistent à une réunion du Conseil de l’instruction publique, et il y rencontre notamment Mgr André-Albert Blais, évêque de Rimouski, et Mgr Michel-Thomas Labrecque, évêque de Chicoutimi, qui tous deux manquent de prêtres dans leur diocèse. Le père Blanche doit toutefois quitter Québec sans avoir conclu d’entente définitive, afin d’assister à la rentrée des classes au collège de Versailles. Il entreprend en novembre un nouveau voyage d’exploration en Amérique et, jusqu’au début de 1903, il continue à rencontrer et solliciter les évêques de l’Ouest canadien et américain ; la visite de ces contrées lui permet d’y évaluer la situation, mais aussi de se rendre compte que l’ignorance des langues anglaise et allemande est un obstacle à l’obtention de nouveaux postes.

Les démarches du père Blanche au cours des années 1902 et 1903 vont quand même porter fruit : dans la province de Québec, les eudistes trouvent des postes de professeurs aux séminaires de Chicoutimi, de Rimouski et au collège de Valleyfield, et ils se voient confier le pèlerinage de Pointe-au-Père, près de Saint-Germain-de-Rimouski (Rimouski), une paroisse à Chicoutimi et la préfecture apostolique du golfe Saint-Laurent ; au Nouveau-Brunswick, ils prennent en charge les missions de Rogersville et de la réserve indienne de Tobique ; enfin aux États-Unis, ils obtiennent la paroisse de Woonsocket dans le Dakota du Sud. Certains reprocheront au père Blanche d’avoir accepté trop vite et au petit bonheur ce qu’on lui proposait. Une fois de plus, il faut se rappeler que la situation en 1902–1903 offrait peu d’issues et les directives des supérieurs de la congrégation étaient claires : « Nous n’avons pas à choisir, et partout où on acceptera nos Pères, nous devrons les envoyer pour leur procurer du travail et du pain. »

Après un bref passage en France afin de rendre compte de sa mission, le père Blanche est de retour au Canada en août 1903 pour préparer la venue des exilés. Il doit aussi s’occuper de la préfecture apostolique du golfe Saint-Laurent qui a été confiée à la congrégation des eudistes par un décret de la Propagande le 13 juillet 1903 et dont il a reçu la direction. Il fixe sa résidence à Chicoutimi, où il restera jusqu’en 1905, et c’est là, dans l’église qu’il avait contribué à fonder et à construire, qu’il sera intronisé évêque titulaire de Sicca-Veneria et vicaire apostolique du golfe Saint-Laurent le 18 octobre 1905.

Dès ce moment, Mgr Blanche annonce son intention de s’installer définitivement sur la Côte-Nord. Il passe le premier hiver à Pointe-aux-Esquimaux (Havre-Saint-Pierre), puis en 1906 il décide de s’établir à Sept-Îles, dont il veut faire le centre du vicariat. Dès septembre 1903, une première tournée de la région lui avait permis de se rendre compte des défis liés à sa tâche : la vaste étendue du territoire et la rigueur du climat, la difficulté des communications et les missions isolées à desservir, les services liturgiques à offrir et les coûts à fixer, les chapelles à réparer et à construire, entre autres choses.

En tant que vicaire apostolique, Mgr Blanche commence un nouveau cycle de vie. L’année se partage en deux. De la fermeture de la navigation en novembre jusqu’à la réouverture en avril, la région est à peu près complètement coupée du reste du monde, et les communications entre les différents postes sont difficiles et même périlleuses. L’isolement et l’inactivité pèsent alors au vicaire apostolique, mais à partir d’avril la vie, les déplacements et les activités peuvent reprendre.

Mgr Blanche essaie d’assister le plus régulièrement possible aux séances du Conseil de l’instruction publique et d’y défendre les intérêts des écoles de la région. Il réussit à faire augmenter la subvention qui leur est accordée, mais la situation n’est pas facile. Les écoles sont souvent en mauvais état et l’instruction est très en retard. La population est pauvre et n’a pas beaucoup d’intérêt pour l’éducation, ce qui explique que les parents s’inquiètent peu de l’assiduité de leurs enfants à l’école. Le recrutement du personnel est aussi très difficile. Les étés sont consacrés à la visite des différents postes qui composent le vicariat, même les plus éloignés, où il prêche, confesse et donne la confirmation.

Tout au long de ses années comme vicaire apostolique, Mgr Blanche défend avec énergie les intérêts de la Côte-Nord auprès des autorités de la congrégation. Sa correspondance montre qu’il a plusieurs démêlés avec l’administration provinciale, entre autres parce que le personnel eudiste de la Côte-Nord relève du provincial et non du vicaire. Il ne cesse de réclamer du personnel qui corresponde au besoin des missions et il essaie de faire valoir que cette pénurie de personnel l’empêche de remplir ses fonctions en tant que vicaire, mais sans résultat.

En 1915, Mgr Gustave Blanche décide d’aller défendre les intérêts du vicariat devant le conseil général de la congrégation. La guerre en Europe l’oblige à différer ses projets jusqu’en 1916. Le 27 juillet, l’avant-dernière journée de l’assemblée générale, Mgr Blanche, après lecture du rapport qu’il a préparé, est victime d’une crise cardiaque ; il meurt quelques heures plus tard.

Micheline Laliberté

Gustave Blanche est l’auteur de « Une première visite du préfet apostolique de la Côte-Nord », les Saints Cœurs de Jésus et de Marie (Abbeville, France), 25 (1903–1904) : 80–90, 111–117.

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Micheline Laliberté, « BLANCHE, GUSTAVE (Gustave-Marie) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/blanche_gustave_14F.html.

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Auteur de l'article:    Micheline Laliberté
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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