ALLARD, JOSEPH-THÉOPHILE, prêtre catholique, né le 27 août 1842 à Carleton, Bas-Canada, fils de Pierre Allard, cultivateur, et de Marie-Gilles (Gillette) Allain ; décédé le 30 janvier 1912 à Caraquet, Nouveau-Brunswick.

À l’âge de 12 ans, Joseph-Théophile Allard est envoyé au séminaire de Nicolet, au Bas-Canada, afin d’y faire ses études classiques. En 1863, il est admis au grand séminaire de Québec comme étudiant en théologie. Deux ans plus tard, il se rend à Memramcook, au Nouveau-Brunswick, où le père Camille Lefebvre* a ouvert le collège Saint-Joseph en 1864, le premier collège acadien. C’est là qu’il termine ses études, tout en enseignant.

Ordonné prêtre à Saint-Jean par Mgr John Sweeny* en décembre 1867, Allard amorce dès le début de l’année suivante sa carrière sacerdotale à Caraquet, comme vicaire du curé Joseph-Marie Paquet*. À la mort de ce dernier, en 1869, l’évêque du diocèse de Chatham, Mgr James Rogers*, le nomme curé de Pokemouche-en-Haut, où il demeure sept ans et où il contracte la variole en soignant des paroissiens. Remis de son épreuve, il se voit confier la paroisse de Caraquet en 1876.

Le deuxième séjour d’Allard à Caraquet se termine brusquement en 1879. Un conflit éclate entre le curé et les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, qui dirigent le couvent ouvert en 1874. Selon Allard, l’établissement devait offrir une formation gratuite aux jeunes filles de Caraquet, ce que les religieuses refusent de faire. Afin de régler le conflit, l’évêque de Chatham envoie Allard à Paquetville, jeune colonie dont Caraquet est la paroisse mère.

Prêtre colonisateur, dans le genre de l’abbé Marcel-François Richard, l’un de ses grands amis pendant toute sa vie, Allard se rend de Paquetville à Saint-François-de-Madawaska en 1881 et, peu après, à Eel River (Eel River Crossing), dans le nord du Nouveau-Brunswick, où il assure en même temps une présence religieuse dans la nouvelle colonie de Balmoral. En 1885, il est nommé par Mgr Rogers curé de Caraquet. C’est son troisième passage dans ce village, et c’est là qu’il envisage de laisser un legs à l’Acadie, soit un collège à l’instar de ceux de Memramcook et de Church Point, en Nouvelle-Écosse [V. Gustave Blanche].

Les travaux de construction du collège du Sacré-Cœur de Caraquet débutent en 1894. Préoccupé de l’attitude négative de son évêque irlandais à l’égard de l’éducation des Acadiens, Allard ne donne aucune indication sur la vraie utilisation de cette nouvelle construction, prétextant à l’occasion qu’il s’agit d’un nouveau presbytère. Une fois les travaux terminés en 1898, il entreprend alors des démarches pour faire venir une communauté religieuse afin d’assurer la direction de l’établissement. Après maints efforts, il obtient la permission de Mgr Rogers d’accueillir les eudistes. L’ouverture du collège a lieu en janvier 1899 avec 17 étudiants.

Promoteur infatigable du développement de son collège, Allard participe très activement aux projets d’agrandissement de 1901 et de 1907. Il se rend même à Ottawa en 1902 pour obtenir des fonds, et il réussit à recueillir 565,50 $. En guise de reconnaissance pour ses efforts, les eudistes et le supérieur du collège, Prosper Lebastard, entreprennent des démarches auprès du Vatican afin de faire honorer le vaillant curé. En 1906, Allard est nommé protonotaire apostolique, et portera désormais le titre de monseigneur. Au mois d’août de la même année, une grande fête est organisée au collège pour souligner cette nomination.

Pendant que les eudistes dirigent le collège qu’il a fait construire, Allard est souvent en conflit avec eux. La source de ces difficultés, ce sont les revenus de la paroisse, que les eudistes veulent pour assurer l’avenir de l’établissement. Allard s’y oppose car, selon lui, il a tout donné pour la construction du bâtiment et plus encore. Devant cette situation, l’évêque décide de confier la paroisse Saint-Paul de Bas-Caraquet aux eudistes, leur assurant ainsi un revenu non négligeable pour leurs œuvres dans la région.

En 1911, Joseph-Théophile Allard subit une opération à l’Hôtel-Dieu de Québec. Revenu à Caraquet, il meurt le 30 janvier 1912. Ses funérailles ont lieu le 7 février, après que l’on eut procédé à l’ablation de son cœur, comme il l’avait demandé dans ses dernières volontés. Homme doté d’une grande détermination et d’un caractère opiniâtre, il laisse à ceux qui l’ont connu le souvenir d’un prêtre qui a servi fidèlement la cause de l’Église et des Acadiens du nord-est du Nouveau-Brunswick.

Clarence LeBreton

AC, Bonaventure (New-Carlisle), État civil, Catholiques, Saint-Joseph (Carleton), 11 sept. 1842.— APNB, MC 318, B, Caraquet, particulièrement « Appel aux amis de l’éducation en faveur des Acadiens par le révérend Joseph Théophile Allard [...] souscription en faveur du collège Sacré-Cœur recueillie à Ottawa » ([1902]) (mfm).— Soc. hist. Nicolas-Denys, Centre de documentation (Shippagan, N.-B.), B.164-1 (fonds Arthur Gallien), « Notes de Julien Legarrec, c.j.m. ».— Le Moniteur acadien, 24 déc. 1874.— C. A. Blanchard, Caraquet : quelques bribes de son histoire : 1967, année du centenaire ([Caraquet, N.-B.], 1967).— Dictionnaire biographique du nord-est du Nouveau-Brunswick (6 cahiers parus, [Bertrand ; Shippagan], 1983–  ), 4e cahier : 10.— Clarence LeBreton, le Collège de Caraquet, 1892–1916 (Hull, Qué., 1991).— Marcel Tremblay, 50 ans d’éducation catholique et française en Acadie : Caraquet, 1899–Bathurst, 1949 (Bathurst, N.-B., 1949).

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Clarence LeBreton, « ALLARD, JOSEPH-THÉOPHILE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/allard_joseph_theophile_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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