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Bates, Elizabeth Maud (Egan), travailleuse sociale et policière, née le 17 juin 1859 (la date varie selon les sources) près de Windsor, Nouvelle-Écosse, fille de Thomas Alexander Bates et soit d’une prénommée Ellen, soit de Mary Jane Hatch, qu’il épousa en 1860 ; le 1er octobre 1884, elle épousa à Halifax James F. Egan ; décédée le 4 septembre 1937 au même endroit.

Elizabeth Maud Bates, surnommée Bessie, fut placée dans une famille d’accueil bourgeoise anglicane à Halifax et commença à travailler comme domestique à un jeune âge. Elle devint un des membres fondateurs de la branche haligonienne de la Women’s Christian Temperance Union (WCTU) en 1881. Entre 1892 et 1901, après s’être mariée avec James F. Egan, elle fut employée à titre de surveillante du foyer d’accueil de la WCTU, ainsi que de ses salles de réunion et de détente attenantes. Pendant les années 1890, Mme Egan travailla également pour l’église St Paul : elle œuvra auprès des jeunes, entreprit des activités missionnaires et des actions pour la tempérance, et fit des rondes de quartier pour venir en aide aux pauvres de la paroisse, travail qu’elle effectuait aussi pour la WCTU. Grâce à ses contributions aux services de protection et de secours de la ville, elle fut nommée, en 1900, inspectrice de l’enfance, fonction non rémunérée, par la Nova Scotia Society for the Prevention of Cruelty to Animals, communément connue sous le nom de Nova Scotia Society for the Prevention of Cruelty et désignée sous le sigle SPC [V. John Naylor*]. Cette association enquêtait sur toutes les formes de cruautés envers les êtres humains et les animaux, et faisait office d’organisme de protection de l’enfance à Halifax avant l’établissement de la Children’s Aid Society locale en 1920. À son domicile, contigu au bureau de la WCTU, Mme Egan tenait une pension, source de revenus supplémentaires. Elle y logeait également « divers enfants abandonnés et négligés ». Désireuse d’entreprendre encore plus d’activités caritatives, elle relança en 1902 la Girls’ Friendly Society de son église, dont les membres confectionnaient des vêtements pour les pauvres, accueillaient des immigrantes et trouvaient des emplois à des femmes démunies. Mme Egan superviserait les activités de cette association pendant plus de 25 ans.

En 1904, Mme Egan était séparée de son mari. Cette même année, ses talents de travailleuse sociale furent reconnus : on lui attribua des responsabilités, pour lesquelles elle serait payée, au sein de trois sociétés philanthropiques respectables dirigées par des hommes. Elle fut nommée à l’un des deux postes d’enquêteurs de la SPC. Elle travailla également à titre d’évangéliste, fonction qu’elle exerça pour la Nova Scotia Bible Society dans le bâtiment de l’immigration qui bordait la mer, ainsi que dans les logements misérables, les prisons et les établissements sanitaires et sociaux de la ville. Enfin, en tant qu’agente de la Halifax Association for Improving the Condition of the Poor, principale organisation protestante haligonienne d’aide à domicile, elle visitait les habitations des défavorisés afin d’enquêter sur des cas de négligence. Bien qu’employée d’organisations privées, Mme Egan rendait aussi service à l’État en faisant appliquer le Children’s Protection Act de 1906 pour le bien des mineurs de la province. Elle retirait les enfants de la garde de parents jugés inaptes, les plaçait dans des familles ou des centres d’accueil, et comparaissait régulièrement à la cour comme témoin du procureur, généralement Robert Harper Murray, qui agissait au nom de la SPC.

Malgré ses nombreuses responsabilités professionnelles, Mme Egan trouva le temps de participer à toute une série d’activités bénévoles, dont celles du Halifax Local Council of Women, auquel elle se joignit en 1905. Elle siégea à non moins de 15 comités permanents et spéciaux de l’organisation entre 1905 et 1914. Mme Egan appartenait à la classe ouvrière et devait subvenir à ses besoins, mais elle travailla activement dans des associations charitables et partageait des champs d’intérêts avec nombre de gens de classe supérieure : elle fut à la tête de plusieurs comités de l’église St Paul et du Local Council of Women, dont Eliza Ritchie et Edith Jessie Archibald étaient membres. Elle fut l’un des 24 fondateurs du Children’s Hospital créé en 1910 et fit partie du comité directeur de la branche haligonienne de la Nova Scotia Bible Society dans les années 1920. Elle participa au recrutement de domestiques, à l’organisation de divertissements respectables pour les jeunes ouvrières d’usine, au dépistage de femmes et d’enfants faibles d’esprit, à l’expulsion d’éventuels immigrants considérés comme indigents ou déficients, et à la diffusion de textes sacrés que certains catholiques croyaient être de la propagande protestante contre leur Église. Mme Egan pouvait également prendre la défense des droits des personnes seules et des déshérités. Des immigrants de passage, des élèves de la plus mauvaise école de la ville et des résidents de la banlieue notoirement négligée d’Africville stimulaient son énergie et sa sollicitude. Quand il s’agissait d’apporter son aide, elle n’hésitait pas à coopérer étroitement avec les religieuses catholiques qui tenaient des maisons de redressement, des orphelinats et des refuges. Dans le débat sur la nature versus la culture, elle était résolument du côté de la culture et, pour expliquer les comportements délinquants, insistait sur le rôle important que jouait l’environnement. Pour punir les auteurs de délits, elle appuyait les formes de justice humaine, comme les peines avec sursis.

Au cours de la Première Guerre mondiale, l’emploi de Mme Egan devint précaire et son salaire diminua. L’interruption de l’immigration réduisit ses tâches au sein de la Nova Scotia Bible Society ; l’Association for Improving the Condition of the Poor redéfinit ses objectifs et se tourna vers des programmes pour les écoliers. Dans ces circonstances, Mme Egan dépendit davantage de son travail d’assistance et de protection à la SPC, poste qui devenait lui aussi moins stable. Avec la modernisation des services sociaux, des professionnels formés et bien payés apparurent dans le milieu. Mme Egan craignit que leurs qualifications soient plus valorisées que son expérience pratique. En 1916, elle donna sa démission. La société la persuada de ne pas partir (elle y resterait au moins jusqu’en 1920), mais elle savait ce que l’avenir lui réservait.

En 1917, le travail de policier, qui ne demandait ni formation ni attestation d’études, était devenu intéressant. Depuis longtemps désireux de mettre sur pied des infrastructures correctionnelles et des services uniquement pour les femmes, des membres du Halifax Local Council of Women, dont Mary Ellen Macnab [Braden] et Agnes Dennis [Miller*], proposèrent le recrutement de Mme Egan au cours de la première discussion sur l’introduction d’une femme dans l’équipe de police de la ville. Mme Egan avait également le soutien du bureau de contrôle de Halifax. Elle rejeta cependant l’offre qui lui fut faite en 1916 ; Ella M. Paint, qui appartenait elle aussi au Local Council of Women, obtint le poste expérimental d’agente de libération conditionnelle. L’année suivante, la délicate Mme Egan la remplaça et, au contraire de son agressive prédécesseure, fut nommée membre régulier du service de police de Halifax. Pendant les 17 années suivantes, elle patrouillerait en uniforme, souvent accompagnée de son amie de longue date May Virtue, infirmière de l’Armée du salut embauchée par le corps policier en 1918. Mme Egan fit facilement la transition entre le travail social et le travail de policière. En tant qu’agente de la SPC, elle pensait avoir exercé à l’échelle provinciale les mêmes pouvoirs que ceux qu’exerçait localement la police. De plus, elle avait travaillé en étroite collaboration avec le service de police de Halifax depuis les années 1890. À la différence des policières d’autres villes canadiennes, Mme Egan était autorisée à arrêter les hommes tout comme les femmes. Son excellente réputation l’aida à étendre son influence de la brigade des mœurs jusqu’au système juridique même. En 1924, il y eut, pendant peu de temps, une salle d’audience fermée pour femmes, qui servait à soustraire les prisonnières aux regards du public, et Mme Egan aidait souvent à faire obtenir des peines clémentes dans les cas de vagabondage, de prostitution et de conflits conjugaux.

Tout au long de sa carrière, Elizabeth Maud Egan reçut de nombreux compliments. Dans un discours tenu à une réunion annuelle de la SPC, Charles Coleman Blackadar la décrivit comme « une perle rare » ; d’autres la louaient en disant qu’elle était « une bénédiction pour la communauté » et un modèle « d’aide formidable et remarquable ». Pourtant, ces hommages ne lui valurent pas un traitement égal dans le monde du travail. Même les policières expérimentées étaient moins payées que leurs confrères masculins débutants. De plus, en 1929, année où elle allait célébrer ses 70 ans, des conseillers municipaux laissèrent entendre qu’il fallait la remplacer par une personne plus jeune. Malgré de fréquents épisodes de maladie, Mme Egan resta à son poste jusqu’au début de l’année 1934 et se retira officiellement à la fin du mois de mars. N’ayant pu cotiser à la caisse de retraite parce qu’elle était une femme, elle ne toucha pas de pension. Et comme les dons qu’elle avait faits aux pauvres avaient épuisé ses modestes ressources, elle fit une demande officielle d’allocation annuelle. Grâce au soutien d’amis qui occupaient des postes influents, elle parvint à recevoir des paiements mensuels de 50 $. Elle mourut d’un accident vasculaire cérébral trois ans plus tard et fut enterrée dans la concession familiale d’une amie de longue date de la WCTU.

Judith Fingard

BAC, R233-34-0, Halifax, Ward 5e : 88 ; R233-35-2, Ward 5e : 71 ; R233-36-4, Ward 5a : 74 ; R233-37-6, Ward 2b-5 : 5.— Beloit College Arch. (Wis.), Ethel Bird Coll. (lettres envoyées à sa mère de Halifax, janvier–février 1916).— Halifax Regional Municipality Arch., 102-16 (relevés judiciaires du service de police), ser. 16A, 1918–1930 (reg. des accusations), ser. 16C, 1919–1921 (carnets de service), ser. 16H, 1920–1922 (enquêtes et rapports remis au chef de police, livres de paies).— NSA, Acc. 1977-15 (League for the Protection of the Feebleminded), Minutes, 4 juin 1908 (mfm. 14757) ; MG 20, vol. 204, 535 (Local Council of Women of Halifax fonds), scrapbooks (1908–1917), minute-books (1898–1937) ; vol. 357, no 3 (Maritime WCTU report of the 13th annual convention, Yarmouth, N.S., 19–23 sept. 1895) ; vol. 514–515, 517, 519 (Nova Scotia Soc. for the Prevention of Cruelty fonds), casebooks (1896–1898, 1900–1901, 1908–1911), minute-books (1900–1925), scrapbooks (1921–1926) ; vol. 1326–1327 (St Paul’s Residence for Girls fonds), minute-books (1898–1930) ; « Nova Scotia hist. vital statistics », Halifax County, 1884 : www.novascotiagenealogy.com (consulté le 2 janv. 2013).— St Paul’s Church Arch. (Halifax), Clergy of St Paul’s Church fonds (reg. des baptêmes, 16 mars 1900, no 21954 ; reg. des baptêmes tenus par J. C. Cochran ; reg. des procès-verbaux du conseil paroissial, 14 juill. 1902 : 173).— Acadian Recorder (Halifax), 1889–1929.— Citizen (Halifax), 30 mars 1934.— Evening Echo (Halifax), 9 déc. 1922, 14 déc. 1923.— Halifax Chronicle, 6 sept. 1937.— Halifax Daily Star, 28 mars 1934.— Halifax Herald, 26 juill. 1889 ; 2 févr. 1892 ; 7 févr. 1893 ; 25 sept. 1896 ; 1er févr. 1899 ; 1er janv. 1906 ; 11 févr., 13, 20 mars, 8 avril, 13 mai, 4, 15 juill., 25 août, 6 sept., 4–5, 31 oct., 7–8, 24 nov., 2, 16, 21, 26 déc. 1916 ; 27 janv., 11 avril, 2, 11 mai, 26 juin, 11, 28 juill., 11, 14, 18 août, 11 sept., 27 oct., 18, 21 déc. 1917 ; 15–16 mars, 12 avril, 13, 30 mai, 1er, 12, 31 juill., 14 août, 26 sept., 2 déc. 1918 ; 20 janv., 24 mai, 19 juin, 29 juill., 16, 25 août, 4 sept., 12, 22 déc. 1919 ; 6 janv., 28 févr., 30–31 mars, 18, 20 mai, 15 juin, 28 août, 17 sept., 20 oct., 22 nov. 1920 ; 6, 30 mai, 29 août, 12, 15, 21 déc. 1921 ; 7 janv., 2 mai, 27 sept., 9, 13, 23 déc. 1922 ; 6, 27 févr., 31 août, 14 sept. 1923 ; 21, 28 mars, 2 avril, 14, 19 juin, 28 juill., 11 sept., 17–18 oct., 2, 23 déc. 1924 ; 6 mars, 6 mai, 8–9, 24 juin 1925 ; 10 nov. 1926, 6 sept. 1937.— Halifax Mail, 3 févr. 1900 ; 7 mai 1904 ; 20 oct. 1905 ; 17 déc. 1907 ; 21 févr., 14 août 1908 ; 27 avril 1909 ; 28 janv. 1910 ; 28 mars 1934 ; 78 sept. 1937.— Annuaire, Halifax, 1871–1937.— Michael Boudreau, « Crime and society in a city of order : Halifax, 1918–1935 » (thèse de ph.d., Queen’s Univ., Kingston, Ontario, 1996).— Canadian Bible Soc., N.S. Auxiliary, Report (Halifax), 1906, 1912, 1916, 1919.— Judith Fingard, The dark side of life in Victorian Halifax ([Halifax], 1989).— R. E. de Gannes, « “Better suited to deal with women and children” : pioneer policewomen in Halifax, Nova Scotia » (mémoire de m.a., Dalhousie Univ., Halifax, 1999).— Halifax, City Council, Annual report of the several departments of the civic government of Halifax, Nova Scotia, 1916–1922 (rapports du chef de police).— Beverly MacDonald Dubinsky, « Rescued : early child protection legislation in Nova Scotia » (mémoire de m. serv. soc., Dalhousie Univ., 1995).— N.-É., Statutes, 1881, c. 63 ; 1906, c. 54 ; 1910, c. 130 ; Dept. of Public Welfare, Social welfare pioneers in Nova Scotia ([Halifax, 1972]) ; Office of the Director of Child Welfare, Child welfare : report of the Director (Halifax), 1913–1932.— St Paul’s Church, Parish and Home Magazine (Halifax), 1898–1933 ; Year book (Halifax), 1898, 1901 (exemplaires aux St Paul’s Church Arch.).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Judith Fingard, « BATES, ELIZABETH MAUD (Egan) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bates_elizabeth_maud_16F.html.

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Auteur de l'article:    Judith Fingard
Titre de l'article:    BATES, ELIZABETH MAUD (Egan)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2015
Année de la révision:    2015
Date de consultation:    19 mars 2024