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AULNEAU (de La Touche), JEAN-PIERRE, prêtre, jésuite, baptisé le 21 avril 1705 à Moutiers-sur-le-Lay (département de Vendée), fils de Pierre Aulneau de La Touche, marchand, et d’Anne de Grange, mort le 6 juin 1736.
Le père Aulneau était l’aîné d’une famille de 11 enfants. Un de ses frères était jésuite ; un autre, Michel, était sulpicien, et l’une de ses sœurs était religieuse à Fontenay. Il fit ses études au séminaire de Luçon, puis entra au noviciat de Bordeaux, le 12 décembre 1720. Il étudia la philosophie à Pau (1722–1725), y enseigna une année, fut ensuite professeur à La Rochelle (1726–1728) et à Poitiers (1728–1730). Il fit sa théologie en cette dernière ville (1730–1734). Le 12 août 1734, déjà prêtre, il débarquait à Québec, après une pénible traversée sur le Ruby. Le 15 août, il fut terrassé par la maladie qui avait décimé le navire et fut deux fois près de mourir. Revenu à la santé, il prépara au collège de Québec ses examens de théologie et les passa au carême suivant.
Le père Aulneau fut donné pour compagnon aux chercheurs de la mer de l’Ouest, vers laquelle La Vérendrye [Gaultier*] avait commencé de se diriger. Il avait pour mission de découvrir de « nouveaux sauvages qu’on a encore jamais vû ». Malgré sa répugnance à partir sans l’aide d’un autre prêtre, il se mit en route, au début de juin 1735, pour rejoindre La Vérendrye à Montréal. Après 15 jours passés au Sault-Saint-Louis, auprès de son ami, le père François Nau, il quitta Montréal le 21 juin avec l’explorateur. Le 27 juillet, il laissait Michillimakinac après un arrêt de huit jours. Ils firent 300 lieues en grande partie au milieu de la fumée et des flammes d’un feu de forêt allumé par des membres des Premières Nations. Le 23 octobre, on débarquait enfin au fort Saint-Charles, construit en 1732. Le poste s’élevait sur la rive occidentale du lac des Bois, dans le pays des Kristinaux. Les Assiniboines occupaient une autre partie du même lac.
Le père Aulneau devait se rendre, en compagnie des Assiniboines, jusqu’à une nation encore inconnue des Français, les Kaotiouaks ou Ouantchipouanes, que l’on appellera plus tard les Mandanes. Ceux-ci, disait-on, étaient sédentaires. Ils habitaient à 250 lieues plus à l’Ouest, cultivaient le maïs, possédaient des chevaux et chassaient le buffle. Le jésuite devait apprendre leur langue et fournir par la suite des informations à leur sujet.
Au printemps de 1736, La Vérendrye envoya son fils aîné, Jean-Baptiste [Gaultier] avec 19 hommes à Michillimakinac quérir des vivres. Le père Aulneau se joignit à eux, pour visiter le père de Saint-Pé*. Le premier soir après le départ, soit le 5 juin 1736, les voyageurs ayant fait halte dans une île du lac des Bois pour la nuit, un groupe formé de Lakotas, de Dakotas et d’Ojibwés les surprit. Ils furent tous tués et décapités, vraisemblablement en guise de représailles après que les Français aient rompu leur alliance avec les Dakotas. Les cadavres furent trouvés le 20 juin par des Français. Le 17 septembre, La Vérendrye envoya chercher les corps de son fils et du missionnaire, avec les têtes des autres, et les fit enterrer le lendemain dans la chapelle du fort Saint-Charles. Ce désastre mit fin au projet de mission chez les Mandanes.
Les circonstances de cet événement funeste inspirèrent de nombreux récits qui participèrent à la mythification du père Aulneau. À la fin du xixe siècle, on entreprit des recherches afin de retrouver sa sépulture, et les ossements attribués aux membres de l’expédition furent découverts en 1908. Le monument Aulneau-La Vérendrye, contenant ce qui restait des ossements, fut érigé en 1976 dans le cimetière de la cathédrale de Saint-Boniface, à Winnipeg.
Lettres du père Aulneau, RAPQ, 1926–27 : 259–330.— Le Jeune, Dictionnaire, I : 98s. ; II : 112–116.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, I : 212–225.— P. Desjardins, Le projet de mission du Père Aulneau chez les Mandanes, RSCHEC, 1948–49 : 55–69.
Bibliographie de la version modifiée :
Arch. départementales, Vendée (La Roche-sur-Yon, France), « État civil », Moutiers-sur-le-Lay, 30 août 1703, 21 avril 1705, 3 juill. 1706, 27 oct. 1708, 15 déc. 1709, 14 févr. 1711, 15 févr. 1712, 16 août 1713, 24 oct. 1714, 20 févr. 1716, 30 juin 1717, 27 sept. 1718 : etatcivil-archives.vendee.fr/f/etatcivil/tableau/? (consulté le 8 sept. 2021).— La Liberté (Saint-Boniface), 3 juin 1976.— Journals and letters of La Vérendrye (Burpee).— Bill Moreau, « The death of Père Aulneau, 1736 : the development of myth in the Northwest », SCHEC, Hist. studies, 69 (2003) : 52–63.
Lucien Campeau, « AULNEAU (de La Touche), JEAN-PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/aulneau_jean_pierre_2F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/aulneau_jean_pierre_2F.html |
Auteur de l'article: | Lucien Campeau |
Titre de l'article: | AULNEAU (de La Touche), JEAN-PIERRE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 2022 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |