ABBADIE DE SAINT-CASTIN, JOSEPH D’, baron de SAINT-CASTIN, officier français et chef abénaquis, fils de Jean-Vincent Abbadie* de Saint-Castin et de Pidianske (Marie­Mathilde), une Abénaquise, circa 1720­–1746 en Acadie.

Après la mort de son frère Bernard-Anselme* en 1720, Joseph d’Abbadie hérita du titre de baron de Saint-Castin – il était le cinquième à porter ce titre – mais il semble qu’il ne s’en soucia guère, car il n’alla jamais en France pour faire valoir ses droits d’héritier. Il demeura parmi les Abénaquis d’Acadie avec un de ses frères dont on ignore le nom. Joseph, ayant toujours vécu dans la tribu, était beaucoup plus « Abénaquis » que Bernard-Anselme. Aussi les Indiens lui conférèrent-ils le rang de grand chef.

Les Abénaquis ne se sentaient aucunement engagés par le traité d’Utrecht que la France avait signé en 1713 et qui avait abandonné l’Acadie à l’Angleterre. Le gouverneur de la Nouvelle-France, Philippe de Rigaud* de Vaudreuil, soutenait les Abénaquis en sous-main. Dès le 10 novembre 1720, il demandait au Conseil de Marine de reporter la paye de lieutenant du défunt Bernard-Anselme sur les deux frères Saint-Castin « qui entretiennent les sauvages de cette nation dans les intérêts des Français ». La petite guerre s’intensifia aussitôt, tant et si bien que les Anglais s’emparèrent par ruse du baron. Le capitaine d’un vaisseau anglais, ayant invité Saint-Castin à venir se rafraîchir à son bord, appareilla brusquement et mit le cap sur Boston. Saint-Castin fut gardé en prison à Boston de novembre 1721 à mai 1722 et ne fut relâché que dans l’espoir d’apaiser les Indiens.

En 1726 Saint-Castin fut reconnu de fait comme officier français. Pendant les 20 années suivantes, Joseph et son frère continuèrent à servir le roi de France en maintenant les Abénaquis dans l’allégeance française et en menant une dure guerre de harcèlement contre leurs voisins de la Nouvelle-Angleterre, avec qui cependant ils reprenaient leur commerce lucratif durant les périodes d’accalmie.

Le frère de Joseph mourut le 25 août 1746 de blessures reçues au cours d’une rixe. À partir de cette année-là, on perd aussi la trace de Joseph. L’héritage du baron Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin, non revendiqué par Joseph, échut à Marie-Anselme, fille aînée de Bernard-Anselme, et à ses descendants. La correspondance officielle fait état d’un neveu de Joseph, dont la cour de France s’attacha les services et qui guerroya avec les Abénaquis. On sait enfin que plusieurs personnes portèrent et portent encore en Amérique le nom de Saint-Castin ou de sa déformation anglaise Castine.

Georges Cerbelaud Salagnac

AN, Col., B, 44, 45, 50, 54, 55, 57, 59, 63, 72, 74, 76, 78, 85 ; Col.. C11A, 42, 43, 85, 124 ; Col., C11D°, 8, f.72.— JR (Thwaites), LXVII.

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Georges Cerbelaud Salagnac, « ABBADIE DE SAINT-CASTIN, JOSEPH D’, baron de SAINT-CASTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/abbadie_de_saint_castin_joseph_d_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    17 déc. 2024