Titre original :  Charles F. P. Conybeare, K.C. - Alberta On Record

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CONYBEARE, CHARLES FREDERICK PRINGLE, avocat, fonctionnaire, homme d’affaires et auteur, né le 19 mai 1860 à Little Sutton House, Chiswick (Londres), fils de Henry Conybeare et d’Anne Newport Moore ; le 24 juin 1890, il épousa à St Paul, Minnesota, Ida Attwood, et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 30 juillet 1927 à Lethbridge, Alberta.

Charles Frederick Pringle Conybeare venait d’une famille instruite. Son grand-père, le ministre du culte William Daniel Conybeare, était un éminent géologue et son père était ingénieur civil. Élève à la Westminster School de Londres en 1868–1869 et en 1873–1874, il étudia ensuite au Christ Church College d’Oxford, puis s’engagea en 1875 dans la marine marchande de Grande-Bretagne. Réformé pour myopie, il vint au Canada, où il tenta sans succès d’exploiter une ferme. Il arriva à Winnipeg en juin 1880 et entreprit un stage de droit. En décembre 1885, il ouvrit son propre cabinet dans la localité de Lethbridge, alors en plein essor. Il fut admis la même année au Barreau des Territoires du Nord-Ouest et, en 1886, nommé notaire. De 1888 à 1897, il fut procureur de la couronne. Fait conseiller de la reine en 1894, il fut élu membre du conseil de la Law Society of the North-West Territories en 1899 et vice-président fondateur de la Law Society of Alberta en 1907.

Conybeare eut beaucoup d’associés, entre autres William Alfred Galliher (de 1888 à 1897) et William Carlos Ives (de 1901 à 1906), deux futurs juges. On raconte dans la région que, pendant de nombreuses années, il eut du mal à retenir des stagiaires et des associés, car il gardait dans son bureau trois ou quatre de ses chows-chows, et certains sentaient mauvais. Il exerça la fonction de conseiller juridique auprès de la municipalité de Lethbridge, de la Banque de Montréal, de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, de l’Alberta Railway and Coal Company, de la North-Western Coal and Navigation Company Limited et de la Canadian North-West Irrigation Company. Les sociétés d’élevage de William G. Conrad faisaient aussi partie de sa clientèle. Il s’intéressait à l’irrigation [V. William Pearce] ; d’ailleurs, en 1894, il appartint à la South Western Territorial Irrigation League. Comme il était l’avocat le plus important à Lethbridge, il s’occupait d’un large éventail d’affaires civiles et criminelles ; testaments et héritages passaient régulièrement entre ses mains. Assidu au travail, il aimait le prétoire et s’y conduisait en gentleman. Les épineuses questions de droit des contrats mettant en cause plus d’une juridiction étaient son point fort. Il lui arrivait de faire des interventions controversées : ainsi, il appuya la réadmission d’un solicitor local qui avait été rayé du barreau pour avoir gardé de l’argent appartenant à des clients. Aux audiences de la Cour suprême de l’Alberta à Lethbridge, il représenta souvent la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique dans des procès pour négligence. Au cours des années 1920, il redevint procureur de la couronne. Dans une cause fameuse de relations sexuelles entendue par la Cour suprême en 1925 (le Roi c. Arnold Baines), il persuada les juges d’admettre les témoignages de petites filles de sept et huit ans, ce qui, règle générale, ne se faisait pas.

Conybeare prenait une part active à la vie sociale, culturelle et économique de Lethbridge. Membre des Sons of England, de l’Overseas Club, du Cricket Club et de la Turf Association, il contribua à la fondation de deux autres groupes à Lethbridge, soit le Chinook Club et, en 1894, une association d’anciens des Territoires du Nord-Ouest créée à l’instigation de Frank Hamilton Mewburn, le Pemmican Club. Il appartint en 1890 au comité qui fut à l’origine de la Great Falls and Canada Railway Company, et il fut présent à l’Alberta Railway and Coal Company et à la Canadian North-West Irrigation Company dans leurs premières années. Promoteur de la Bank of Winnipeg, il collabora au lancement de la Lethbridge Brewing and Malting Company, de la British Canadian Trust Company en 1901 et de la Lethbridge Brick and Terra Cotta Company en 1903. Il fut président du conseil des écoles publiques de 1890 à 1893 et du Lethbridge Board of Trade and Civic Committee en 1893 et en 1907–1908. En outre, il fut président fondateur des Bureaux de commerce du sud de l’Alberta en 1907. Sa femme s’associerait à ses activités publiques en 1911 à titre de trésorière du nouveau Women’s Civic Club du Bureau de commerce. Bien qu’il ait été un notable, Conybeare tenta une seule fois de se lancer en politique : il se présenta au Conseil des Territoires du Nord-Ouest en 1887, mais perdit au profit de Frederick William Gordon Haultain*.

Le mariage de Conybeare à St Paul en 1890 fut une curieuse affaire. Lorsqu’il arriva, sa fiancée, Letitia Attwood, venait de mourir ; alors il demanda la main de sa sœur, Ida. Elle accepta, dit-on, parce qu’elle « était vivement touchée [de le voir] si accablé ». Leur demeure, Riverview (construite par Charles Alexander Magrath*), avait des fenêtres à vitraux qui donnaient sur une cour, et sa vaste bibliothèque était réputée. De plus, les Conybeare aménagèrent un jardin de sept acres dont les pelouses et le labyrinthe à l’anglaise étaient considérés comme exceptionnels. Conybeare fit pousser l’ensemble des arbres, arbustes et haies à partir de semences et de boutures obtenues d’Angleterre.

Fervent protecteur des arts, Conybeare appartenait aux Knights of Pythias – dont il fut chancelier – et au Dramatic Order of the Knights of Khorassan. Outre des livrets pour des comédies musicales que l’on n’a pu identifier et qui furent présentées à Lethbridge et dans tout l’Ouest, il écrivit deux livres de poèmes : Vahnfried, paru à Londres en 1903, et Lyrics from the west, publié à Toronto en 1907. Le second recueil révèle la profondeur de son attachement au Canada et à l’Empire britannique. Ainsi, dans Canada’s flag, il demande :

Quel charme les envoûte pour que, de l’Atlantique
                              [houleux
Jusque là où roulent les vagues bleues du Pacifique,
Toutes les provinces s’unissant dans la fraternité,
Leurs âmes, par un tel amour mutuel, soient
                            [habitées ?

Dans le poème intitulé Britons all to-day, il adopte un style tout aussi plat pour parler de l’appui du Canada à la guerre menée par l’Empire en Afrique du Sud : « Déployez la bannière de l’Union – qu’elle flotte ici et outremer ; […] en ce jour, tous les Britanniques – unis de part et d’autre des mers, / Chantent à pleins poumons le chant de la liberté. » Son côté romantique s’exprime dans For my wife, dont voici les derniers vers : « Les cordes de mon cœur vibrent d’une joie qui révèle / Les chants qui jamais ne peuvent se chanter. » Conybeare recevrait des doctorats honorifiques en droit du Bishop’s College de Lennoxville, dans la province de Québec, en 1907 et de la University of Alberta en 1908 (ad eundem gradum). Anglican convaincu, il avait payé la moitié de la construction de l’église St Augustine de Lethbridge en 1886–1887. L’archidiacre Cecil Swanson dirait par la suite qu’il était le roc de la paroisse. Nommé conseiller juridique du diocèse de Calgary en 1900, il en devint le premier chancelier en 1904 et exerça cette fonction jusqu’en 1916. Il était membre du synode, dont il ne manqua jamais une réunion, et fit partie du comité qui publia un nouveau recueil d’hymnes en 1908. Sur la tempérance, il n’adopta pas une position rigide. Élu à la présidence de la Moderation League of Alberta en 1919 et en 1923, il prit la tête d’une campagne en vue de convaincre la province d’abroger sa loi de prohibition et de prendre totalement en charge la vente de l’alcool.

Charles Frederick Pringle Conybeare mourut le 30 juillet 1927. Cet homme affable et sans prétention, amateur de natation et de bateau, avait vécu ses dernières années en reclus après le décès de sa femme. Pour ses obsèques, qui eurent lieu sur les pelouses de sa maison, on plaça son cercueil sous un orme qu’il avait semé lui-même. Une chorale et un orgue portatif assurèrent la partie musicale du service funèbre, où officia l’évêque Louis Ralph Sherman.

Louis A. Knafla

Les principales causes répertoriées de Charles Frederick Pringle Conybeare figurent dans Alberta Law Reports (Toronto), 1908–1920. On trouve des photographies de lui dans son bureau (avec un de ses chows-chows) (P19694784000) et dans sa demeure (Riverview) (P19841005002) au Sir Alexander Galt Museum and Arch. (Lethbridge, Alberta). Les GA possèdent une photographie en gros plan de Conybeare (NA-4082-3).

GA, M 1931.—GRO, Reg. of births, Chiswick (Londres), 19 mai 1860.— Legal Arch. Soc. of Alta (Calgary), fonds 5, vol. 60, file 923–vol. 68, file 946 (Law Soc. of Alta, minutes of convocation, 1907–1927) ; fonds 30 (Conybeare, Church, McArthur, and Davidson coll.).— PAA, GR1978.235.— Lethbridge Herald, 31 juill. 1927, 18 juin 1985.— Lethbridge News, 11 déc. 1885, 8, 29 déc. 1886, 30 mars, 5, 13 avril, 24 août, 19 oct. 1887, 18 juin, 2, 16 juill. 1890, 5 avril, 12 déc. 1894, 17 mars 1897, 26 janv. 1899.— Canadian annual rev., 1921 : 830.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Alex Johnston, Lethbridge, from coal town to commercial centre : a business history, Irma Dogterom et L. G. Ellis, édit. (Lethbridge, 1997).— L. A. Knafla, « From oral to written memory : the common law tradition in western Canada », dans Law & justice in a new land : essays in western Canadian legal history, L. A. Knafla, édit. (Toronto, 1986), 31–77 ; « Report on the legal careers of Conybeare, Macleod and Scott » (doc. préparé pour Alta Culture, Historic Sites Service, Edmonton, 1985).— M.-L. Loescher, « Dr. C. F. P. Conybeare, Lethbridge’s pioneer lawyer », Whoop-Up Country Chapter, Hist. Soc. of Alta, Newsletter (Lethbridge), nº 1 (janv. 1990) : [3s.] ; « Dr. Conybeare “was the church” » (1966) (exemplaire au Sir Alexander Galt Museum and Arch.).— A. O. MacRae, History of the province of Alberta (2 vol., [Calgary], 1912).— The record of old Westminsters : a biographical list [...], G. F. R. Barker et A. H. Stenning, compil. (Londres, 1928).— Who’s who and why, 1919–1920.— Who was who [...] : a companion to « Who’s who, » containing the biographies of those who died during the period [1897–2000] (10 vol. parus et un index, Londres, 1920– ), 2 (1916–1928).

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Louis A. Knafla, « CONYBEARE, CHARLES FREDERICK PRINGLE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 24 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/conybeare_charles_frederick_pringle_15F.html.

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Auteur de l'article:    Louis A. Knafla
Titre de l'article:    CONYBEARE, CHARLES FREDERICK PRINGLE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    24 nov. 2024