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DAUBIGNY, VICTOR-THÉODULE, vétérinaire, éducateur et administrateur scolaire, né le 29 février 1836 à Crillon, France, deuxième fils de François Daubigny, ouvrier agricole, et de Joséphine Daubigny ; le 28 novembre 1859, il épousa à Arronville, France, Marie-Élise Chouquet (décédée le 19 août 1872), et ils eurent cinq enfants, puis le 23 avril 1873, à Montréal, Sophie Laurier (décédée le 3 août 1905), et finalement, le 7 novembre 1905, à Saint-François-de-Sales (Laval, Québec), Marie-Amanda Rouleau ; décédé le 11 décembre 1908 à Terrebonne, Québec, et inhumé quatre jours plus tard dans la crypte de l’église paroissiale.
À 15 ans, après l’abandon de ses études secondaires au pensionnat de l’Institut catholique de Beauvais, Victor-Théodule Daubigny devient clerc chez un tabellion à Méru et y demeure jusqu’à ce qu’il devienne sous-clerc principal, à 20 ans. Exempté du service militaire par le sort, il fait office de clerc principal chez un notaire à Hérouville jusqu’à 24 ans. Après son mariage, il retourne à la ferme de son beau-père, à Héréville (Arronville), où il cultive la terre et utilise ses connaissances juridiques pour réaliser des achats immobiliers. À 27 ans, il s’installe à Saint-Denis comme représentant en assurance. Après les vicissitudes de la guerre franco-prussienne, sa personnalité indépendante et entreprenante le pousse à tenter fortune au Canada.
En 1872, Daubigny quitte la France en éclaireur, laissant son épouse et ses deux enfants à sa ferme aux soins de son beau-père. Le 21 mai, après une traversée de 11 jours à bord d’un navire parti de Liverpool, il arrive à Québec. Par train, il se dirige ensuite vers Montréal où il compte bénéficier de son expérience de clerc de notaire. Cette ambition s’avère irréalisable à cause de la non-reconnaissance de ses diplômes, de sa connaissance insuffisante de l’anglais et de la difficulté de recommencer ses études dans cette langue à son âge. En effet, le seul établissement francophone, à Montréal, autorisé à conférer des diplômes en droit, l’école de François-Maximilien Bibaud*, a fermé ses portes en 1867. Il subit aussi un autre revers en apprenant la mort de son nouveau-né et de son épouse. Il décide de demeurer au Canada et se replie sur ses connaissances de la terre en louant une ferme. En 1873, il se remarie et cultive la terre de ses beaux-parents. À l’époque, le gouvernement, voyant que le sol de l’Ouest se prête mieux à la culture des grains, conseille aux agriculteurs de délaisser la culture céréalière pour se spécialiser plutôt dans l’industrie laitière. En 1876, cet encouragement s’accompagne d’une aide pour que l’enseignement vétérinaire, alors exclusivement offert en anglais par le McGill College, devienne accessible aux francophones.
Même si Daubigny va bientôt fêter ses 41 ans, en janvier 1877 il devient l’un des quatre étudiants admis dans la section française du Montreal Veterinary College, affilié au McGill College. Le directeur du Montreal Veterinary College, Duncan McNab McEachran*, apprécie ses qualités de communicateur et l’engage pour diriger cette section française dès la fin de ses études en 1879. Il remplit cette tâche jusqu’en 1885 tout en desservant une clientèle privée avec L.-H. Bergeron.
Une fois son contrat avec le Montreal Veterinary College terminé, Daubigny et son maître de clinique, Orphir Bruneau, fondent l’École de médecine vétérinaire de Montréal qu’ils affilient à la Victoria University, de Cobourg, en Ontario. Cependant, dès la première année, Daubigny rompt cette association. Il s’entend plutôt avec Emmanuel-Persillier Lachapelle*, secrétaire de la faculté de médecine de l’université Laval à Montréal et cofondateur de l’hôpital Notre-Dame à Montréal, et Hugues-E. Desrosiers, Salluste Duval* et Norbert Fafard pour fonder officiellement, le 4 avril 1886, l’École vétérinaire française de Montréal, qu’ils inaugurent le 30 septembre. Les cours débutent le 4 octobre dans un nouvel immeuble de la rue Craig (rue Saint-Antoine), qui sert à la fois de résidence, de clinique, de pharmacie et de bibliothèque. Certains cours, tels que la chimie, l’histologie et la physiologie, se donnent à la faculté de médecine de l’université Laval à Montréal, rue Saint-Denis.
De 1886 à 1893, outre qu’elles sont concurrentes, les écoles vétérinaires de Bruneau et de Daubigny subissent aussi les contrecoups d’un affrontement accru entre Mgr Ignace Bourget* et Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau* sur la légitimité de la succursale de l’université Laval à Montréal. En 1893, le règlement de cette question occasionne la fermeture de l’École de médecine vétérinaire de Montréal.
À l’âge de 59 ans, Daubigny rebaptise son établissement, maintenant logé dans les anciens locaux de la faculté de médecine, qui devient l’École de médecine comparée et de science vétérinaire de Montréal. Il délègue aussi une bonne part de ses responsabilités d’enseignement à son fils, François-Théodule Daubigny*, qui l’a rejoint au Canada en 1882 et qui est vétérinaire-enseignant depuis 1889. Il décide aussi d’habiter une grande propriété à Terrebonne et de s’occuper d’action sanitaire vétérinaire, activité qui s’organise à la fin du xixe siècle.
En effet, des découvertes dans les domaines de l’asepsie, de la microbiologie et de l’hygiène se dégagent les principes de prophylaxie contre les maladies contagieuses, et les lois pour lutter contre les épizooties conduisent à la mise sur pied des premiers services vétérinaires. Pour diffuser ces notions chez les éleveurs, le gouvernement fait appel aux meilleurs communicateurs. Daubigny, excellent orateur, entreprend des séries de causeries itinérantes sur les maladies contagieuses, l’hygiène animale et la zootechnie. Il exerce cette activité surtout durant l’hiver, le dimanche après la messe, d’abord dans les localités avoisinant Terrebonne, mais il se déplace par train pour aller à Rigaud ou jusqu’à Chicoutimi. Il utilise aussi les épreuves à la tuberculine pour dépister la tuberculose bovine, et à la malléine pour déceler la morve équine dans les élevages. Il procède à des nécropsies afin de diagnostiquer certaines maladies contagieuses, conseille des mesures de prophylaxie hygiénique et administre aussi des vaccins pour la prévention de maladies contagieuses.
En 1902, Victor-Théodule Daubigny participe à la fondation de l’Association des médecins vétérinaires de la province de Québec, aujourd’hui connue sous le nom de Corporation des médecins vétérinaires du Québec, dont il est président de 1904 à 1906. Sur le plan personnel, il connaît dans ces années des revers, dont le décès de son épouse, Sophie Laurier, le déclin de sa santé et l’apparition d’ictère, de fréquentes attaques de rhumatisme et des troubles respiratoires. Il diminue considérablement son activité professionnelle et devient morose. Pour remédier à sa solitude, il se remarie encore une fois, ce qui semble améliorer sa santé physique et morale. Jusqu’à quelques semaines avant sa mort, la volonté créatrice de Daubigny se manifeste par la poursuite de son activité d’éducateur auprès des éleveurs et des étudiants de son école.
AC, Montréal, État civil, Catholiques, Saint-François-de-Sales (Laval), 7 nov. 1905.— ANQ-M, CE1-1, 23 avril 1873.— Arch. départementales, Oise (Beauvais, France), État civil, Crillon, 1er mars 1836.— Collège vétérinaire de Montréal, Annuaire, 1883–1884 ; 1884–1885.— École de médecine comparée et de science vétérinaire de Montréal, Annuaire, 1896–1897 ; 1909–1910.— École vétérinaire française de Montréal, Annuaire, 1888–1889 ; 1889–1890.— S. B. Frost, McGill University : for the advancement of learning (2 vol., Montréal, 1980–1984), 1.— C. A. Mitchell, « A note on the early history of veterinary science in Canada », Canadian Journal of Comparative Medicine and Veterinary Science (Gardenvale [Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec]), 2 (1938), no 4–4 (1940), no 7.— Montreal Veterinary College, Annual announcement, 1881–1882 ; 1882–1883.— Univ. Laval, Annuaire, 1886–1887.— Rémy Véronési, « Victor-Théodule Daubigny (1836–1908), promoteur de l’enseignement vétérinaire francophone au Canada (Saint-Hyacinthe, Québec) ; sa vie, son œuvre » (thèse de ph.d., univ. de Paris, 1986).
Bibliographie de la version modifiée :
Arch. départementales, Val d’Oise (Cergy-Pontoise, France), « État civil », Arronville, 28 nov. 1859, 19 août 1872 : archives.valdoise.fr/archives/recherche/etatcivil/n:42 (consulté le 9 mai 2019).— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Montréal, CE605-S2, 7 août 1905 ; CE606-S24, 15 déc. 1908.— Québec, Statuts, 1895, c.79.— Univ. Laval, Annuaire, 1885–1886.
Louis-Philippe Phaneuf, « DAUBIGNY, VICTOR-THÉODULE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/daubigny_victor_theodule_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/daubigny_victor_theodule_13F.html |
Auteur de l'article: | Louis-Philippe Phaneuf |
Titre de l'article: | DAUBIGNY, VICTOR-THÉODULE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 2021 |
Date de consultation: | 23 nov. 2024 |