McMURRICH, JOHN, marchand, homme d’affaires et homme politique, né le 3 février 1804 près de Paisley, Écosse ; le 4 août 1841, il épousa Janet Dixon, et ils eurent quatre fils ; décédé à Toronto le 13 février 1883.

John McMurrich s’initia aux affaires au sein d’une firme de Glasgow, la Playfair, Bryce and Company. En 1833, il fut affecté à une filiale récemment ouverte à York (Toronto), Haut-Canada, la Bryce, Buchanan and Company. De 1834 à 1837, la firme l’employa à sa succursale de Kingston. Il revint ensuite à Toronto pour diriger, en qualité d’associé, la Bryce, McMurrich and Company, entreprise de « marchandises sèches » en gros. Il avait l’entière responsabilité des opérations commerciales effectuées à Toronto, tandis que son associé John D. Bryce, résidant à Glasgow, gérait les affaires menées en Grande-Bretagne. En moins d’une décennie, l’entreprise devint l’une des principales maisons de marchandises sèches de Toronto. Dans les années 1860, et peut-être avant, elle se spécialisa dans les tissus de base britanniques (lainages et cotonnades) qui étaient l’objet d’une demande soutenue, mais rapportaient des profits modestes.

McMurrich était de foi presbytérienne et, lors de la scission qui se produisit dans cette Église au Canada en 1844, il se rangea du côté de l’Église libre. Cette année-là, il contribua à l’établissement de l’église Knox, à Toronto ; il y fut conseiller presbytéral durant 32 ans et demeura jusqu’à la fin de sa vie un des laïcs les plus influents de la congrégation. Il joua aussi un rôle actif au sein de la Toronto City Mission Society, de l’Upper Canada Religious Tract and Book Society et de la Sabbath Observance Association (à la fondation de laquelle il collabora en 1852). Il contribua généreusement aux œuvres de bienfaisance, notamment au Toronto Home for Incurables, mis sur pied en 1874.

De tendance réformiste en politique, McMurrich compta parmi les premiers alliés de George Brown*. En 1846, lors d’une réunion de la St Andrew’s Society au cours de laquelle ce dernier fut vivement critiqué pour des propos qu’il avait tenus sur le juge Archibald McLean*, McMurrich, citoyen plus ancien et mieux connu que Brown, le défendit avec vigueur. Lors de la fondation de l’Anti-Clergy Reserves Association en 1850, il fit partie de la direction. Quand le Conseil législatif devint électif en 1856, il se porta candidat dans la division de Saugeen, dénonçant le gouvernement de sir Allan Napier MacNab* et d’Étienne-Paschal Taché* comme « le ministère le plus corrompu qui ait jamais affligé le Canada au cours des 20 dernières années ». Il fut défait, puis remporta la victoire dans cette circonscription, au cours d’une élection partielle qui se déroula en 1862, après que le député James Patton se fut joint au ministère ; il conserva son siège jusqu’en 1864. À la fin des années 1850, McMurrich collabora étroitement avec Brown en vue de regrouper les réformistes du Haut-Canada. Après la Confédération, il se fit élire à la première Assemblée de l’Ontario sous la bannière libérale, à titre de représentant d’York North ; toutefois, il fut battu de justesse par Alfred Boultbee aux élections de 1871 et il ne brigua plus les suffrages par la suite.

Le conseil municipal de Toronto désigna McMurrich comme représentant de l’Église libre au premier Public School Board de Toronto, où il siégea de 1847 à 1849. En 1858, il fut élu sans opposition à ce même organisme pour une période de deux ans. Il insista particulièrement sur le fait que le gouvernement local, à l’instar du gouvernement provincial, devenait trop coûteux ; il reprit ce thème en 1860 quand il fut élu échevin et nommé pour un an président du comité des finances municipales. En 1862, il fut élu de nouveau au sein du Public School Board et y demeura jusqu’en 1870, exerçant les fonctions de président de 1865 à 1867 et une nouvelle fois en 1870.

L’un des membres fondateurs du Board of Trade de Toronto, McMurrich fut élu au conseil d’administration à plusieurs reprises et demeura actif au sein de l’organisme même au cours des années 1870 ; un grand nombre des hommes de sa génération n’y jouaient plus alors qu’un rôle de moindre importance. Comme bien d’autres marchands torontois, il s’efforça également d’encourager et de faire développer les entreprises locales. À cet égard, le bilan de ses activités est fort éloquent ; dans les décennies 1860 et 1870 notamment, il occupa la présidence ou la vice-présidence d’au moins six compagnies de Toronto. Ayant œuvré durant quelques années au sein du conseil d’administration de la Compagnie d’assurance de l’Ouest (juridiquement constituée en 1851), il en devint le président dans les années 1860, après que la compagnie eut subi des « pertes désastreuses » ; il conserva ce poste jusqu’à son décès, et, sous sa direction, la compagnie connut des années beaucoup plus prospères. L’un des membres fondateurs et le premier vice-président de la Commercial Building and Investment Society en 1851, il en devint par la suite président ; il occupa également ce poste, durant de nombreuses années, à la tête d’une petite compagnie associée qui avait, au moment de sa fondation, des liens avec les hommes politiques réformistes de la première heure, la Home District Mutual Fire Insurance Company. En 1870, il aida à la réorganisation de la Banque royale du Canada (Royal Canadian Bank) qui connaissait une situation difficile ; il fit partie de son conseil d’administration de 1871 à 1875 et fut vice-président en 1872–1873. Avec perspicacité, il vendit ses actions lors de l’absorption de la banque par la Banque consolidée du Canada, qui n’eut qu’une brève existence.

Conscient du fait que l’activité commerciale de Toronto était celle d’une métropole, McMurrich ne s’intéressa pas seulement au domaine financier mais au secteur du transport et des communications qu’il jugeait aussi d’une importance primordiale. En 1852, au moment de la mise sur pied de la Toronto and Guelph Railway, il tenta en vain d’obtenir un siège au conseil d’administration, puis, lorsque l’entreprise passa aux mains de la Compagnie du Grand Tronc, il vendit ses actions à des personnes ayant des intérêts dans celle-ci. Il fit partie d’un groupe d’hommes d’affaires torontois qui mirent sur pied, en 1857, la Compagnie de transport, de navigation et de chemin de fer du Nord-Ouest ; candidat au poste de vice-président en 1859, il se vit préférer Lewis Moffatt et, l’année suivante, il se retira de la compagnie. Il fut membre du conseil d’administration (1870–1872) et vice-président (1871–1872) de la Toronto, Grey and Bruce Railway qui avait amorcé des travaux de construction et éprouvait déjà des difficultés financières. À peu près à la même époque, il s’associa avec des hommes d’affaires de Toronto pour se porter acquéreur d’une société récemment constituée, la Compagnie de télégraphe de la Puissance ; devenu président en 1870, il occupa ce poste jusqu’en 1876 et il aida la société, qui n’était à ses débuts que le résultat de la spéculation d’un entrepreneur, à rivaliser véritablement avec une entreprise beaucoup plus puissante, la Compagnie du télégraphe de Montréal. Il est vrai que toutes les compagnies dont il fut président ou vice-président employaient quelqu’un à plein temps pour s’occuper de la plupart des tâches administratives, mais « les fonctions qui incombaient [à McMurrich], comme le notait le Globe de Toronto en 1883, ne constituaient en aucun cas une sinécure. Il était contraire à sa nature d’accomplir n’importe quel devoir d’une manière bâclée. » En acceptant certains de ces postes, il est évident qu’il n’ambitionnait pas la rémunération avant tout et, en général, il ne détenait pas un grand nombre d’actions dans les compagnies qu’il dirigeait ; dans une certaine mesure, ce travail lui apparaissait de toute évidence comme une forme de civisme.

Pendant plus de 40 ans, McMurrich joua un rôle de premier plan à Toronto, spécialement dans le monde des affaires qui connaissait une rapide expansion. Circonspect et traditionaliste dans ses méthodes, il sut éviter la faillite – cet écueil sur lequel butèrent les entreprises de tant de marchands de cette période – et il accéda à un domaine bien plus important que celui du commerce en gros. Ce succès fut sans doute rendu plus facile par le fait que McMurrich put compter, durant la dernière partie de sa carrière, sur le travail accompli à sa firme de Toronto par ses deux principaux associés, Samuel Gunn et J. S. Playfair. Ceux-ci, de concert avec George McMurrich, son second fils, dirigèrent l’entreprise de marchandises sèches durant quelques années après son décès, puis ils la liquidèrent. McMurrich vécut assez longtemps pour voir son fils aîné, William Barclay McMurrich, avocat, être élu maire de Toronto en 1881 et 1882. Un autre de ses fils, James Playfair McMurrich, devint un éminent biologiste.

Douglas McCalla

APC, MG 24, D16, 23 : 19 782–19 785.— Toronto Board of Education, Education Centre Library, Reference Services, Hist. Coll., Board of Trustees for Common Schools, Minutes, 20 nov. 184729 déc. 1849 ; Public School Board, Minutes, 18 janv. 18544 janv. 1861 ; 16 janv. 186120 mars 1878.— Globe, 1850–1860, 14, 16 févr. 1883.— Monetary Times, 18681883 — Dominion annual register, 1883 : 320s.— Toronto directory, 18501888.— Wallace, Macmillan dict., 483.— Careless, Brown.Centennial story : the Board of Education for the City of Toronto, 1850–1950, H. M. Cochrane, édit. (Toronto, 1950).— Robertson’s landmarks of Toronto, VI : 81.

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Douglas McCalla, « McMURRICH, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcmurrich_john_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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