CASSELS, ROBERT, banquier et homme d’affaires, né le 21 février 1815 à Leith, Écosse, fils de Walter Gibson Cassels et de Janet Scougall, décédé le 18 février 1882 à Montréal.

Robert Cassels commença sa carrière bancaire en entrant en 1831 à la National Bank of Scotland à Leith. Il travailla ensuite en Angleterre jusqu’en 1837, année où il émigra en Nouvelle-Écosse et ouvrit une succursale de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique à Halifax. Durant les 24 années suivantes, il dirigea des succursales à Chatham, Nouveau-Brunswick (1838–1841), à Québec (1841–1855) et à Montréal (1855–1861). En 1861, il était l’un des banquiers les plus respectés et expérimentés de l’Amérique du Nord britannique. En mars de la même année, Cassels se rendit à Toronto sur les instances d’Alexander Tilloch Galt* et devint caissier en chef (directeur général) de la chancelante Bank of Upper Canada, en remplacement de Thomas Gibbs Ridout*. La décision de Cassels d’accepter le poste fut déterminante. La banque, qui existait depuis longtemps, soit depuis 1822, et jouissait d’un respect peut-être exagéré, était presque en faillite. Selon les termes d’un contemporain perspicace, David Lewis Macpherson*, elle était dirigée par deux « vieillards » (Ridout et William Proudfoot*) et des « nigauds disputailleurs ». La banque n’avait pas réussi à résoudre une série de problèmes survenus à la fin des années 1850 et elle fut forcée par la récession de 1857 de récolter le fruit d’une politique imprudente en matière de crédit ; elle dut accepter de certains débiteurs des titres sans valeur et des biens immobiliers invendables, limitant ainsi ses liquidités de façon considérable.

C’est dans ce bourbier financier qu’arriva Cassels, attiré en partie par la promesse du conseil de recevoir $10 000 par an pendant huit ans et de détenir l’autorité absolue en tant que directeur. D’abord et avant tout, il devait augmenter le fonds de roulement de la banque et convaincre le public que l’établissement avait de l’avenir. Comme il s’agissait de la banque du gouvernement, Cassels s’adressa à Galt, ministre des Finances, pour obtenir de l’aide. À la condition que Cassels produisît un rapport encourageant sur la situation de la banque, Galt promit en privé à la fois une augmentation des dépôts du gouvernement – ils avaient déjà atteint $1 200 000 – et une garantie pour dettes futures à la Glyn, Mills and Company, agence chargée de représenter les intérêts de la banque à Londres. En avril 1861, Cassels remit le rapport demandé à Galt. Cependant, le public ne fut pas mis au courant de l’appui du gouvernement, et la somme considérable qui était due à la Glyn, Mills and Company fut incluse dans le bilan annuel de la banque pour l’année 1861 sous la rubrique « dépôts de numéraire portant intérêt ». Se fondant sur le rapport de Cassels, les détenteurs d’actions crurent qu’il valait la peine de sauver la banque et ils acceptèrent une réduction de capital de $50 à $30 par action, libérant ainsi quelque $1 200 000 pour couvrir de mauvaises créances.

Cassels entreprit aussi de remettre en état la structure administrative caduque de l’établissement : les affaires du siège social furent séparées de celles des succursales et les prêts et les escomptes diminués considérablement ; on créa aussi un service des terrains pour recouvrer les hypothèques en souffrance, liquider les créances irrécouvrables et vendre tous les terrains appartenant à la banque. Cassels poursuivit en justice un certain nombre de petits créanciers et il força des entreprises débitrices importantes, telles que la Kingston Brewery and Distillery (qui devait $210 000) [V. James Morton*], la Lyn Tannery située près de Brockville ($124 000) et la Chippewa Distillery and Tannery de St Catharines ($128 000), à se placer sous le régime de syndic de faillite pour être administrées au profit de la banque. Il agit lui-même à titre de syndic ou de cosyndic de ces trois sociétés. La banque retira peu de ces arrangements, mais Cassels, en tant que syndic, obtint sa part sous forme de commissions et d’informations internes. Son frère, Richard Scougall, directeur d’une succursale de la banque à Ottawa, acheta la Lyn Tannery à la fin des années 1860 et l’exploita jusqu’en 1879 avec Robert, qui possédait aussi des minoteries et des « moulins » à laine.

Cassels devait en particulier maintenir de bonnes relations avec plusieurs associés, à savoir : le gouvernement canadien, car son compte permettait à la banque de demeurer solvable ; le Grand Tronc, qui avait une dette d’environ $200 000 et était peu disposé à s’en acquitter ; et surtout la Banque de Montréal qui pouvait en tout temps réclamer que ses transactions avec la Bank of Upper Canada soient faites en espèces plutôt qu’en billets émis par cette dernière, exigence qu’elle aurait en fait manifestée au début des années 1860 et qui aurait pu drainer les avoirs en actions de la banque torontoise et précipiter son effondrement. En mai 1862, un gouvernement de tendance réformiste, ayant à sa tête John Sandfield Macdonald* et Louis-Victor Sicotte, remplaça le gouvernement conservateur de John Alexander Macdonald* et de George-Étienne Cartier*, dont Galt avait été membre. Les relations de Cassels avec le gouvernement s’écroulèrent. Luther Hamilton Holton*, qui devint le nouveau ministre des Finances en 1863, méprisait depuis longtemps la Bank of Upper Canada qu’il considérait comme un instrument des conservateurs. Faisant fi de ce qu’il appelait les « intimidations, cajoleries et jérémiades » de Cassels, Holton fit transférer le compte du gouvernement à la Banque de Montréal, une mesure en vigueur à compter de janvier 1864. Malgré des pressions considérables exercées sur le parlement, Cassels ne parvint pas à obtenir du Grand Tronc qu’il accordât à la banque un statut privilégié pour le remboursement de ses gros emprunts. Finalement, vers la fin de 1866, la Banque de Montréal, dirigée par Edwin Henry King*, ancien employé de Cassels à la succursale montréalaise de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique, demanda le remboursement en or des billets émis par la banque. La Bank of Upper Canada suspendit ses paiements le 18 septembre 1866 et fut placée sous le régime de syndic le 12 novembre suivant. Cassels fut l’un des syndics.

Peut-être Cassels avait-il été, comme le prétendit en 1866 John Rose, un administrateur de la Banque de Montréal, excessivement « optimiste ». Mais il aurait été lui-même en position de gagner beaucoup en salaire et en commissions si la banque avait survécu. Après l’effondrement et une bataille judiciaire menée contre les autres syndics de la banque (il avait démissionné des postes de syndic et de directeur le 10 juillet 1867), il avait perdu les années qui lui restaient à toucher un salaire garanti et, en 1868, il dut aussi prendre des dispositions pour verser $20 000 à la banque afin de se blanchir des allégations faites par les syndics à propos de son usage des fonds bancaires.

En 1867, Cassels avait derrière lui une carrière bien remplie : en plus d’avoir dirigé la Bank of Upper Canada, il avait représenté avec succès, en 1863, la ville de Hamilton lors de négociations avec des détenteurs londoniens d’obligations, il avait été l’un des administrateurs du Grand Tronc de 1858 à 1866, de la Canada Landed Credit Company de Toronto en 1866 et de la Northern Railway Company of Canada pendant les années 1860, président de la Société St Andrew de Québec en 1854 et de celle de Toronto en 1865, président du Club St James de Montréal, un des administrateurs du Queen’s College de Kingston en 1866 et officier de milice, ayant pris sa retraite en 1862 avec le titre de major en chef de la Montreal Garrison Artillery Brigade. En dépit de ce passé et de ses demandes d’aide à sir John Alexander Macdonald, Cassels ne réussit pas à faire oublier le fait qu’il s’était compromis avec la Bank of Upper Canada et il ne travailla jamais plus dans une banque publique. Il quitta la Lyn Tannery vers 1879 et déménagea à Montréal où il exerça sa profession de banquier à titre privé jusqu’à sa mort, qui passa presque inaperçue, trois ans plus tard.

Le 7 août 1838, Cassels avait épousé Mary Gibbens, fille de James MacNab, receveur général de la Nouvelle-Écosse. Ils eurent cinq filles et neuf fils dont Hamilton et Robert, connus plus tard comme d’éminents avocats de Toronto, et Walter Gibson Pringle qui devint juge à la Cour de l’échiquier du Canada.

Peter Baskerville

APC, MG 24, B40, 3–4 ; D 16, 21 ; D21, 3 ; D36 ; MG 26, A, 304 ; MG 27, I, D8, 7 ; RG 19, C1, 1 192 ; 1 210.— QUA, M. L. Magill papers.— Gazette, 1882.— Globe, 1866, 1.882.— Chadwick, Ontarian families, I : 26–29.— Dominion annual register, 1882 : 335s.— R. M. Breckenridge, The history of banking in Canada (Washington, 1910).— Denison, Canada’s first bank.— Money and banking in Canada ; historical documents and commentary, E. P. Neufeld, édit. (Toronto, 1964), 132–148.— « Glyns and the Bank of Upper Canada », Three Banks Rev. (Édimbourg), 55 (sept. 1962) : 40–52.— E. C. Guillet, « Pioneer banking in Ontario : the Bank of Upper Canada, 1822–1866 », Canadian Banker, 55 (1948), no 1 : 115–132.— Shortt, « Hist. of Canadian currency, banking and exchange : the passing of the Upper Canada and Commercial banks », Canadian Banker, 12 : 193–216.

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Peter Baskerville, « CASSELS, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cassels_robert_11F.html.

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Auteur de l'article:    Peter Baskerville
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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