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HALL, CHARLES FRANCIS, explorateur de l’arctique, né en 1821, décédé le 8 novembre 1871.

Charles Francis Hall naquit dans l’état du Vermont en 1821, mais il était encore enfant lorsque ses parents s’établirent à Rochester, dans le New Hampshire. C’est là qu’il passa ses années d’adolescence et qu’il reçut un peu d’instruction. Il se maria au cours des années 40 et, avec les années, se dirigea petit à petit vers l’ouest ; en 1849, il arrivait à Cincinnati, dans l’Ohio. Il y ouvrit un modeste atelier d’estampes et, à la fin des années 50, il fonda deux petits journaux, le Cincinnati Occasional et le Daily Press.

Pendant les années qu’il vécut à Cincinnati, Hall se prit d’un intérêt passionné pour l’arctique et se familiarisa, par des lectures abondantes, avec sa géographie et son histoire. Toujours stimulé par une énergie débordante et un esprit curieux, il décida, en 1859, à l’âge de 39 ans, que le destin l’avait élu pour retrouver les survivants de l’expédition de sir John Franklin*, disparue depuis déjà presque 15 ans. La même année, Francis Leopold M’Clintock* découvrit, dans l’île du Roi-Guillaume, des vestiges et des cadavres de l’expédition de Franklin ; cette découverte n’arrêta pas Hall ni ne lui fit abandonner l’idée qu’il y avait peut-être des survivants qui vivaient parmi les Inuits.

Ses affaires avaient été assez florissantes ; néanmoins, Hall possédait peu d’argent et, de plus, il ignorait tout de la navigation. Au début de 1860, il se rendit sur la côte occidentale où il rencontra le fondateur de l’American Geographical and Statistical Society, Henry Grinnell, qui patronnait l’exploration américaine de l’arctique. Grinnell le recommanda à des entreprises de pêche à la baleine de New London, Connecticut, et l’une d’elles offrit à Hall un passage gratis jusqu’à l’île de Baffin. Hall s’embarqua pour son premier voyage dans le nord le 29 mai 1860, sur le trois-mâts George Henry, dont Sidney O. Budington était le capitaine.

Hall projetait de faire escale au « détroit de Frobisher », d’engager des Inuits et, par le présumé détroit, de se rendre jusqu’au golfe de Foxe puis, de là, de gagner l’île du Roi-Guillaume. Son embarcation fut détruite ; il découvrit que le détroit était en réalité une baie et il n’approcha même pas de l’île du Roi-Guillaume, mais cette première expédition ne fut pas un échec total. Il prouva non seulement que le détroit était une baie mais, de plus, en découvrant des vestiges de la troisième expédition de sir Martin Frobisher*, qui cherchait de l’or, Hall établit que c’était le lieu des explorations du xvie siècle élisabéthain. Avec l’aide d’Ebierbing et de Tookolito, remarquable couple d’Inuits anglophones et connus des pêcheurs de baleines sous le nom de « Joe » et « Hannah », Hall s’initia à la dure vie de l’arctique. Joe et Hannah avaient été amenés en Angleterre à bord d’un baleinier anglais au début des années 50 et la légende veut qu’ils aient pris le thé avec la reine Victoria.

Après deux ans passés dans la baie de Frobisher, Hall retourna aux États-Unis, emmenant Joe et Hannah. Il se désintéressa tout à fait de la guerre de Sécession qui était alors à son point culminant et il consacra toutes ses énergies à recueillir des fonds en prévision d’une prochaine expédition. Il donna des conférences, présentant les Inuits en costume du pays en guise d’attraction et travailla à la rédaction d’un livre sur sa première expédition intitulé, Arctic researches and life among the Esquimaux [...] (New York, 1865 ; paru à Londres en 1864 sous le titre de Life with the Esquimaux).

Hall persistait à croire qu’il y avait peut-être encore, après presque 20 ans, des survivants de l’expédition de Franklin qui habitaient dans la région de l’île du Roi-Guillaume et il persuada Grinnell et l’American Geographical and Statistical Society de l’aider dans sa prochaine expédition. En juillet 1864, toujours accompagné de ses fidèles Inuits, Joe et Hannah, il s’embarqua sur le baleinier Monticello, que commandait le même capitaine Budington, et il se rendit dans la partie nord de la baie d’Hudson. Pendant les quatre ans qui suivirent, Hall mena, dans la région de Roes Welcome Sound, une vie de privations et de déceptions. À l’exception de rares visites à bord de bateaux de pêche à la baleine, il demeura parmi les Inuits, essayant de les convaincre, mais sans succès, de l’accompagner à l’île du Prince-Guillaume. Pendant quelque temps, désespérant d’obtenir l’aide des Inuits, il engagea des pêcheurs de baleines mais cette expérience se termina dans la violence : à la suite de menaces de mutinerie, Hall fit feu sur l’un d’eux et le tua. Finalement, au printemps de 1869, il réussit à se rendre à l’île du Prince-Guillaume avec l’aide de Joe, d’Hannah et de plusieurs autres Inuits. D’après la rumeur, des Blancs vivaient dans cette région. Mais Hall n’y trouva que de nouveaux débris et ossements du groupe expéditionnaire de Franklin.

Au cours de ce voyage, il prit la décision de tenter d’atteindre le pôle Nord lors de sa prochaine expédition. Peu après son retour à New Bedford, au Massachusetts, en septembre 1869, il retint l’attention du président, Ulysses Simpson Grant, et de quelques membres influents du Congrès. On octroya $50 000 à l’expédition qu’on désignera plus tard sous le nom d’expédition Polaris (d’après le nom du navire de 387 tonneaux, le Polaris), et on en confia la direction à Hall.

Enfin, Hall prenait la tête d’une expédition d’envergure ayant de solides appuis financiers. Néanmoins, l’expédition Polaris joua de malheur. Le Polaris prit la mer au début de juillet 1871 sous le commandement du capitaine Budington ; en septembre, il établit sans difficulté un record en remontant au nord jusqu’au 82°11′ de latitude, dans le bras de mer entre l’île Ellesmere et le Groenland. Les glaces ayant arrêté le navire à l’entrée de la mer de Lincoln, Hall ordonna à Budington de mouiller dans un havre peu profond de la côte nord-ouest du Groenland qu’il nomma « Thank God Harbour ». Ils se préparèrent alors à hiverner. En octobre, Hall entreprit un voyage en traîneau d’une quinzaine de jours en direction du nord. De retour à bord, il fut pris de violents malaises après avoir bu une tasse de café. Il fut malade pendant deux semaines, apparemment paralysé d’un côté et par moment frappé de démence. Dans sa folie, il accusa certains des officiers de tenter de le faire mourir. Il décéda le 8 novembre 1871 et on l’inhuma sur la côte.

Après la mort de Hall, le moral des membres de l’expédition se détériora et l’on n’accomplit à peu près rien. À l’automne de 1872, Budington tenta de descendre vers le sud malgré le piètre état du Polaris ; c’est à ce moment-là qu’au cours d’une tempête dans le détroit de Smith, un groupe de 19 personnes (dont George Emory Tyson), y compris les femmes et les enfants des Inuits, furent emportés sur une banquise. Pendant six mois, ils allèrent à la dérive sur les glaces flottantes, parcourant une distance d’environ 1 300 milles, après quoi le groupe en détresse fut rescapé au large des côtes du Labrador par un bateau de chasseurs de phoques. Entre temps, Budington avait fait échouer le Polaris près d’Etah, au Groenland, où il passa l’hiver avec le reste de l’expédition. Ils furent recueillis au printemps par un baleinier écossais, le Ravenscraig, commandé par le capitaine William Allen.

Une commission d’enquête menée par la marine ne retint pas d’accusations graves contre Budington et en vint à la conclusion que Hall était mort d’une attaque d’apoplexie. Les procès-verbaux des séances de la commission démontrent toutefois que l’expédition avait été grandement affaiblie par l’animosité qui régnait entre les officiers. Budington avait fait un usage immodéré d’alcool et s’était querellé avec Hall. Emil Bessels, chirurgien de l’expédition et naturaliste, qui avait prodigué ses soins à Hall au cours de sa dernière maladie, s’était aussi querellé avec celui-ci.

En août 1968, un groupe d’enquêteurs exhumèrent les restes, fort bien conservés, de Hall et pratiquèrent une autopsie sur les lieux. Des analyses par activation neutronique effectuées sur les cheveux et les ongles de Hall par le Centre of Forensic Sciences de Toronto démontrèrent que Hall avait absorbé des quantités importantes d’arsenic pendant les deux dernières semaines de sa vie ; l’analyse révéla qu’il y en avait 76.7 ppm à la base des ongles. Il est impossible d’établir d’une manière concluante que sa mort ait été causée par l’empoisonnement à l’arsenic, quoique la quantité absorbée fût considérable. On ne peut prouver non plus qu’il ait été criminellement empoisonné : il possédait une trousse médicale et comme il ne faisait pas confiance au médecin Bessels, il se peut qu’il ait absorbé des doses exagérées d’un remède breveté contenant de l’arsenic. Malgré le nouvel élément de preuve, la mort de Hall demeurera à jamais un mystère.

Il peut sembler ironique, dans l’histoire de l’expédition Polaris, que Hall, animé depuis toujours du désir de commander une expédition d’envergure, ait remporté de plus grands succès comme explorateur solitaire qu’à titre de commandant d’expédition. Sa contribution la plus importante à l’exploration de l’arctique a peut-être été de démontrer qu’un Blanc qui vit à la façon des Inuits peut subsister fort longtemps dans le Nord, sans ravitaillement en provenance des régions civilisées, par navire ou autrement. Son adaptation aux conditions du milieu arctique, en a fait le précurseur de Vilhjalmur Stefansson*. À l’instar de Stefansson, il a été un propagandiste de la région arctique, vantant avec enthousiasme ses beautés et le potentiel qu’elle représentait pour le monde civilisé. Il prononça, juste avant son départ pour l’expédition Polaris, une conférence tout à fait typique dans laquelle il déclara : « Beaucoup de ceux qui m’ont écrit ou que j’ai pu rencontrer croient que j’ai l’esprit aventureux et que je suis plein d’audace pour tenter ainsi de me rendre au pôle Nord. Pas du tout. Il n’est pas nécessaire d’avoir le courage qu’on me prête. La région arctique est mon pays, je l’aime de tout mon cœur avec ses tempêtes, ses vents, ses glaciers et ses icebergs et quand je vis entouré de tout cela, il semble que j’habite un coin de ciel sur la terre ou un coin de terre en paradis. »

Ernest S. Dodge et C. C. Loomis

Smithsonian Institution (Washington), Division of Naval History, Charles Francis Hall papers.— C. F. Hall. Arctic researches and life among the Esquimaux : being the narrative of an expedition in search of Sir John Franklin, in the years 1860, 1861, and 1862 (New York, 1865) ; [——], Life with the Esquimaux ; the narrative of Captain C. F. H. [...] from the 29th May, 1860, to the 13th Sept., 1862 ; with [...] the discovery of actual relics of Martin Frobisher [...] and deductions in favour of yet discovering some of the survivors of Sir J. Franklin’s expedition (2 vol., Londres, 1864).— Narrative of the second Arctic expedition made by Charles F. Hall : his voyage to Repulse Bay, sledge journeys to the Straits of Fury and Hecla and to King Williams Land, and residence among the Eskimos during the years 1864-’69, J. E. Nourse, édit. (Washington, 1879).— Narrative of the north polar expedition : U. S. Ship Polaris, Captain C. F. Hall, commanding, G. M. Robertson, édit. en chef, C. H. Davis, édit. (Washington, 1876).— Report of the reception, by the American Geographical Society, of Captain Hall and his officers, previous to their departure for the Arctic regions, held June 26th, 1871, Journal of the American Geographical Society of New York, III (1870–1871) : 406.— [G. E. Tyson], Arctic experiences : containing Capt. George E. Tyson’s wonderful drift on the ice-floe, a history of the Polaris expedition, the cruise of the Tigress and rescue of Polaris survivors, E. V. Blake, édit. (New York, 1874).— DAB.

Bibliographie générale

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Ernest S. Dodge et C. C. Loomis, « HALL, CHARLES FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hall_charles_francis_10F.html.

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Auteur de l'article:    Ernest S. Dodge et C. C. Loomis
Titre de l'article:    HALL, CHARLES FRANCIS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    28 mars 2024