BLANDFORD, SAMUEL, capitaine de phoquier et homme politique, né le 10 août 1840 à Greenspond, Terre-Neuve, fils de Darius Blandford ; il épousa S. A. Edgar, de Greenspond, avec qui il eut deux filles et au moins un fils ; décédé le 8 mars 1909 à St John’s.
C’est dès l’âge de 13 ans, en accompagnant son père sur « la banquise », que Samuel Blandford s’initia au métier qu’il allait exercer si longtemps. Dans les années 1850, la chasse au phoque connaissait à Terre-Neuve sa période la plus florissante, et les peaux étaient recherchées tant pour leur cuir que pour leur huile. Les marins chevronnés qui habitaient les petits villages de pêcheurs isolés trouvaient facilement de l’emploi. Blandford travailla d’abord sur des voiliers, mais dès que l’on commença à chasser le loup-marin avec des vapeurs, en 1863, les nouveaux propriétaires de ce type de bateaux l’embauchèrent. Il était second à bord du Tigress, sous les ordres du capitaine Isaac Bartlett de la baie Conception, lorsque, le 30 avril 1873, il participa au sauvetage de membres de l’équipage du Polaris [V. Charles Francis Hall*]. Le groupe était à la dérive sur les glaces flottantes depuis le mois d’octobre précédent.
En 1874, Blandford fut nommé capitaine du vapeur Osprey, mais au début d’avril, au cours d’une campagne de chasse, son bateau essuya une tempête et coula. Blandford et tout son équipage furent secourus par un autre bateau. À compter de 1876, il fut capitaine de vapeur durant 31 saisons consécutives. Le total des peaux qu’il rapporta pendant cette période s’élève à 604 775, ce qui le place au quatrième rang de tous les capitaines de vapeur. Ses meilleures années furent 1884 et 1888 : son bateau, le Neptune, rapporta 41 983 et 42 242 peaux, et ses hommes gagnèrent chacun 110,55 $ et 77,17 $. Outre le Neptune, dont il fut capitaine durant 20 saisons, il commanda l’Iceland, l’Eagle, l’Esquimaux, le Newfoundland et le Virginia Lake. (Par la suite, le Newfoundland se trouva engagé dans l’une des grandes catastrophes de l’histoire de la chasse au phoque [V. Abram Kean*].) En 1894, Henry Youmans Mott déclara que le capitaine Blandford était, « dans son domaine, peut-être le plus remarquable des Terre-Neuviens d’aujourd’hui ». Quand il fit sa dernière expédition sur les glaces, en 1906, la chasse au phoque n’était plus qu’une activité secondaire, parce que les prises avaient été trop considérables et que des huiles moins chères faisaient concurrence à l’huile de phoque.
Parallèlement à son travail en mer, durant de nombreuses années Blandford dirigea, à Blanc-Sablon, au Québec, les activités de pêche à la morue sur la côte du Labrador pour la Job Brothers and Company de St John’s. En plus, de 1875 à 1883, il fut capitaine du Plover, qui livrait du courrier sur la côte nord de Terre-Neuve. Il fut l’un des premiers, sinon le premier, à pêcher la morue avec un vapeur aussi loin que le cap Chidley, à la pointe nord du Labrador, en 1893. La même année, il fit partie du comité local qui visait à faciliter l’établissement d’une mission dont le siège serait à Londres et qui, sous la surintendance du docteur Wilfred Thomason Grenfell*, desservirait les pêcheurs en haute mer du Labrador.
Aux élections de 1889, Blandford soutint le Parti libéral de sir William Vallance Whiteway qui, étant donné la gravité des problèmes que connaissaient la chasse au phoque et la pêche à la morue, pressait Terre-Neuve de s’engager dans la construction ferroviaire et l’industrialisation. Les libéraux remportèrent une éclatante victoire, et Blandford fut élu député de Bonavista à la Chambre d’assemblée. Il refusa de se présenter aux élections de 1893 et fut nommé au Conseil législatif, où il siégea jusqu’à sa mort.
Le capitaine Samuel Blandford et sa femme élevèrent deux filles. L’une d’elles épousa William C. (Billy) Winsor, connu lui aussi comme capitaine de phoquier et homme politique. Quant à leur fils, Sidney Dara Blandford*, il devint homme d’affaires, avocat et homme politique. En 1916, le phoquier à vapeur Newfoundland fut rebaptisé Samuel Blandford en l’honneur de son père.
L’auteur remercie Paul F. Kenney et Frances Warren, tous deux de St John’s, pour l’aide qu’ils lui ont apportée dans la préparation de cette biographie. [s. r.]
Plusieurs photographies en relation avec Samuel Blandford, dont un portrait, se trouvent dans la collection Cater Andrews au Centre for Newfoundland Studies, Memorial Univ. of Nfld (St John’s) ; elles sont reproduites dans l’ouvrage de Shannon Ryan et Martha Drake, Seals and sealers ; a pictorial history of the Newfoundland seal fishery, based on the Cater Andrews collection (St John’s, 1987).
L. G. Chafe, Chafe’s sealing book ; a history of the Newfoundland sealfishery from the earliest available records down to and including the voyage of 1923, H. M. Mosdell, édit. (3e éd., St John’s, 1923).— Encyclopedia of Nfld (Smallwood et al.).— Alexander Hyde et al., The frozen zone and its explorers [...] with a full and reliable history of the late expedition under Charles Francis Hall in the ill fated « Polaris » [...] (Hartford, Conn., 1874), 696–786.— Nfld men (Mott).
Shannon Ryan, « BLANDFORD, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/blandford_samuel_13F.html.
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Auteur de l'article: | Shannon Ryan |
Titre de l'article: | BLANDFORD, SAMUEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |