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Jules-Isaïe Benoît, dit Livernois (1830–1865) exerce la profession de photographe à Québec dès le milieu des années 1850. Son esprit d’entreprise et son insatiable curiosité lui permettent de se distinguer de ses collègues. Tout en entretenant des studios dans la haute ville et dans le quartier Saint-Roch, Livernois se met à la poursuite de tableaux, portraits et vues, dont il assure la conservation grâce à des reproductions photographiques qui révèlent des aspects importants de l’histoire culturelle du Québec au xixe siècle. Ses descendants feront de la maison Livernois l’un des rares studios de photographie centenaires au Canada.
Titre original :  Jules-Isaïe Benoît, dit Livernois

Provenance : Lien

BENOÎT, dit Livernois, JULES-ISAÏE (baptisé Isaïe, il signait parfois Jules-Isaïe Benoît de Livernois, parfois J. B. de Livernois), homme d’affaires et photographe, né le 22 octobre 1830 à Longueuil, Bas-Canada, fils d’Amable Benoît, dit Livernois, cultivateur, et de Desanges Beaudry ; il épousa le 9 mai 1849 dans la paroisse Saint-Roch, à Québec, Élise L’Herault, dit L’Heureux, et ils eurent quatre filles et deux garçons ; décédé le 11 octobre 1865 dans la même ville.

D’une activité fébrile, énergique, tenace, aventureux et perpétuellement en mouvement, tel nous apparaît Jules-Isaïe Benoît, dit Livernois. Fils de cultivateur et destiné à la vie rurale, il quitte assez tôt la ferme paternelle, peu propice à l’épanouissement de son tempérament fougueux, pour se lancer dans une série d’activités commerciales. D’abord engagé en qualité de commis dans une maison de commerce de Québec, il devient successivement propriétaire d’un magasin à Saint-Zéphirin-de-Courval en 1851, puis, l’année suivante, d’une boulangerie et d’un vaste magasin à Richmond et de deux autres établissements commerciaux le long de la ligne de chemin de fer du Grand Tronc. Victime de circonstances défavorables et trahi par quelques-uns de ses employés, il fait faillite et s’embarque en octobre 1853 pour les États-Unis, espérant trouver là de quoi rembourser ses créanciers. Après avoir fait le tour des Amériques par le cap Horn, il atteint San Francisco, où il réussit à construire « une usine considérable de blanchissage à la vapeur ». Ses affaires prospèrent, lorsque sa famille le rappelle subitement à Québec. Pressé de vendre son entreprise, il la cède à son premier employé, qui disparaît sans le payer après avoir revendu l’établissement à une tierce personne. Livernois se retrouve sans le sou, forcé de s’engager comme matelot sur un navire pour effectuer son voyage de retour et de traverser à pied l’isthme de Panama, où il contracte un virus qui contribuera à sa mort précoce une dizaine d’années plus tard.

Nullement découragé par ses expériences précédentes, le jeune Livernois (il est alors âgé de 24 ans) ouvre à la fin de 1854, avec l’aide de sa femme, un studio de daguerréotypie à Québec ; en parallèle, il se lance également dans le commerce des machines à coudre et, quelques mois plus tard, dans celui des livres et des articles de papeterie, dans lesquels il ne fera cependant pas long feu. Art nouveau, la photographie est malgré tout déjà solidement implantée dans la ville, et le développement de la technique est alors suffisant pour permettre à Livernois d’offrir des photographies imprimées sur papier, telles quelles ou colorées à l’huile, et des ambrotypes (photographies sur verre). Il initie également à son art ceux qui s’y intéressent.

Au cours de la décennie qu’il consacre à la profession de photographe, Livernois entretient simultanément, toujours fidèle à lui-même, deux, et parfois même trois, studios situés dans la haute ville de Québec et dans le quartier plus populaire de Saint-Roch. En juillet 1863, un voyage de perfectionnement le conduit en Angleterre, en Écosse et à Paris, mais « l’ennui de sa famille » le ramène bientôt au pays. Sa santé se détériorant de plus en plus, ses médecins lui conseillent un séjour à Florence, aux États-Unis, pour y suivre des traitements. Il n’y obtient cependant pas la guérison espérée : il devait effectivement mourir le 11 octobre 1865. Parmi les amis qui assistent à ses funérailles, on trouve Louis-Prudent Vallée*, commerçant et photographe également connu de la ville de Québec.

L’insatiable curiosité de Jules-Isaïe Livernois le pousse à entreprendre des actions multiples, d’une grande diversité et le projette hors des sentiers battus. À l’intérieur de sa profession, il se distingue de ses collègues, comme le révèle un de ses contemporains, Henri-Raymond Casgrain* : « La photographie n’eut été pour lui, comme pour bien d’autres, qu’un métier s’il n’avait eu l’intelligence d’en relever la pratique par des recherches plus désintéressées. Il se mit avec ardeur à la poursuite de tous les tableaux, portraits, vues, gravures, peintures antiques, qui pouvaient offrir quelqu’intérêt. C’est ainsi qu’il a acquis un mérite réel en popularisant une foule d’objets précieux, ensevelis dans la poussière, exposés à périr, et dont il a assuré la conservation. Cette belle collection, qu’il eut été naguère impossible de se procurer, se trouve maintenant dans les albums de tous les amateurs. » Grâce aux bons soins des descendants Livernois, plusieurs pages de ces albums ont été conservées jusqu’à aujourd’hui, et nous révèlent des aspects très importants de l’histoire culturelle du Québec au xixe siècle.

La veuve de Jules-Isaïe Livernois, Élise L’Herault, dit L’Heureux, qui a joué un rôle essentiel dans le développement de son entreprise, continue son œuvre jusqu’en 1873. Leur fils Jules-Ernest* et, plus tard, leur petit-fils Jules marcheront sur leur traces, permettant à la maison que Jules-Isaïe a fondée de devenir l’un des rares studios de photographie centenaires au Canada, avant de fermer ses portes en 1979.

Louise Hamel-Minh

La seule étude qui existe sur Jules-Isaïe Benoît, dit Livernois, est celle de l’abbé Henri-Raymond Casgrain, Jules Livernois, publiée à Québec un an après la mort du photographe. Il est probable que les renseignements contenus dans cette étude, dont certains sont difficilement vérifiables, aient été recueillis oralement auprès de la veuve de Benoît, dit Livernois. [l. h.-m.]

ANQ-M, État civil, Catholiques, Saint-Antoine (Longueuil), 23 oct. 1830.— ANQ-Q, État civil, Catholiques, Saint-Roch (Québec), 9 mai 1849, 14 oct. 1865​.— McLaughlin’s Quebec directory, 18551858.— Quebec directory, 18581866.

Bibliographie de la version modifiée :
Michel Lessard, les Livernois, photographes (Québec, 1987).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Louise Hamel-Minh, « BENOÎT, dit Livernois, JULES-ISAÏE (baptisé Isaïe) (Jules-Isaïe Benoît de Livernois, J. B. de Livernois) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 14 mars 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/benoit_jules_isaie_9F.html.

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Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/benoit_jules_isaie_9F.html
Auteur de l'article:    Louise Hamel-Minh
Titre de l'article:    BENOÎT, dit Livernois, JULES-ISAÏE (baptisé Isaïe) (Jules-Isaïe Benoît de Livernois, J. B. de Livernois)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    14 mars 2025