SOUART, GABRIEL, prêtre, sulpicien, premier curé de Montréal et supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, médecin et maître d’école, né vers 1611 dans le diocèse de Paris et décédé en France le 8 mars 1691. Il était le neveu du récollet Joseph Le Caron.
Vocation tardive, Souart n’entra chez les Sulpiciens qu’en 1646. Il devint prêtre en 1650. Il avait étudié la médecine, qu’il pratiqua en mission avec la permission de ses supérieurs ; il portait aussi le titre de bachelier en droit canonique.
M. Souart fut l’un des quatre premiers sulpiciens choisis par M. Olier en 1657 pour aller fonder le séminaire de Montréal. En compagnie de MM. de Queylus [V. Thubières], Galinier et d’Allet, il arriva à Ville-Marie à l’été de 1657 * Les Jésuites, qui avaient desservi Ville-Marie depuis 1642, lui cédèrent la place et il commença sans tarder l’organisation de la paroisse. Nommé curé d’office par M. de Queylus, il fit élire par la population, le 21 novembre 1657, le premier corps de marguilliers. Il eut toujours un grand zèle pour la décence et la beauté du culte et pour la sanctification de ses ouailles. Avec Mme d’Ailleboust [V. Boullongne] et le père Chaumonot, il fut à l’origine de la pieuse Confrérie de la Sainte-Famille, bientôt répandue dans toute la Nouvelle-France.
Il remplaça souvent son supérieur, M. de Queylus, pendant ses nombreuses absences, et fut lui-même supérieur du séminaire de 1661 à 1668 et de 1674 à 1676. Il fut aussi chapelain de la congrégation de Notre-Daine de 1659 à 1676, et de l’Hôtel-Dieu, qu’il sauva de la ruine grâce à ses dons généreux, de 1661 à 1684. Il se fit maître d’école à partir de 1668, et il tenait beaucoup à ce titre.
Il fut curé de Ville-Marie pendant les années les plus terribles de la colonie (1657–1666) : lors de l’exploit de Dollard Des Ormeaux en 1660, lors du massacre des sulpiciens Le Maistre et Vignal en 1661 et lors du tremblement de terre de 1663.
En sa qualité de seigneur de l’île de Montréal, il créa, le 26 décembre 1665, l’arrière-fief de Hautmesny, entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière des Prairies, et envoya M. Dollier* de Casson comme aumônier de l’armée au lac Champlain en 1666. Plus tard, en 1674, il essaya de calmer les esprits dans le conflit survenu entre le gouverneur de Buade de Frontenac et l’abbé de Fénelon [V. Salignac].
L’abbé Souart était, semble-t-il, très riche : il fit des dons généreux aux diverses institutions aussi bien qu’à des particuliers de la colonie ; les religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec le tenaient au nombre de leurs bienfaiteurs.
M. Souart fit un premier voyage en France, probablement en 1667. Il quitta définitivement le Canada un peu après 1686 – peut-être en 1688 – et mourut le 8 mars 1691.
AJM, Greffe de Bénigne Basset, 1657–86, passim.— ASQ, Séminaire, I : 20 (acte d’union spirituelle entre les séminaires de Saint-Sulpice et de Québec, 28 fév. 1688).— Dollier de Casson, Histoire du Montréal.— JJ (Laverdière et Casgrain).— P.-G. Roy, Inv. concessions, I : 191s.— Faillon, Histoire de la colonie française, II ; III : passim.— Marguilliers de la paroisse de Notre-Dame de Ville-Marie de 1657 à 1913, BRH, XIX (1913) : 276–284.— É.-Z. Massicotte, Fondation d’une communauté de frères instituteurs à Montréal en 1686, BRH, XXVIII (1922) : 37–42 ; Louis Artus de Sailly, premier juge royal de Montréal, BRH, XXI (1915) : 206 ; M. Philippe de Hautmesny, BRH, XXII (1916) :40.— Le Premier Prêtre ordonné au Canada, BRH, XII (1906) : 57.
Olivier Maurault, « SOUART, GABRIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/souart_gabriel_1F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/souart_gabriel_1F.html |
Auteur de l'article: | Olivier Maurault |
Titre de l'article: | SOUART, GABRIEL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |