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RAYSIDE, EDITH CATHERINE, infirmière, née le 26 janvier 1872 à Martintown, Ontario, cinquième des huit enfants de James Rayside et de Margaret McDougall ; décédée célibataire le 20 décembre 1950 à Lancaster, Ontario.
La famille d’Edith Catherine Rayside était bien en vue dans le comté de Glengarry quand ses parents s’installèrent, vers 1880, dans une localité que l’on nommerait South Lancaster, point de chute sur le fleuve Saint-Laurent pour de nombreux colons loyalistes de la fin du xviiie siècle et destination des immigrants des Highlands d’Écosse. Sa mère provenait d’une famille enracinée à Glengarry et son père, représentant libéral du comté à l’Assemblée législative provinciale de 1882 à 1894, mit sur pied un commerce de bois d’œuvre d’envergure dans la région. La famille vivait dans une jolie maison de brique appelée Inkerman Cottage, d’après une bataille grandement romancée de la guerre de Crimée, conflit qui apporta la célébrité à l’influente infirmière Florence Nightingale.
La situation économique de la famille permit à Edith Catherine de compter parmi les rares jeunes filles à poursuivre des études supérieures. La Queen’s University de Kingston, par sa proximité relative et son affiliation presbytérienne, s’avérait le choix logique. Elle s’y inscrivit en 1890 et termina sa licence ès arts en 1896 ; la maladie et la mort de son père, en 1895, retardèrent peut-être l’obtention de son diplôme. Elle semble avoir imaginé un avenir dans l’enseignement, car elle passa ensuite une année à la School of Pedagogy de Toronto [V. James Alexander McLellan*]. En 1898, elle prit toutefois une décision déterminante pour sa carrière en intégrant le programme de formation en soins infirmiers du St Luke’s Hospital, nouvellement construit à Ottawa, sous la supervision de l’infirmière en chef Annie Amelia Chesley*. Des programmes de formation de trois ans en hôpital se multipliaient au Canada à ce moment-là, modelés sur les normes professionnelles élaborées par Mlle Nightingale et sur les principes d’« efficacité des soins infirmiers » axés sur des techniques de gestion scientifique. Les étudiantes devaient observer des codes de conduite rigoureux, entre autres le respect absolu de l’autorité. On s’attendait de plus à ce que les infirmières incarnent la féminité nourricière, pratiquent une morale sans tache et soient célibataires. Même si la formation au Canada anglais ne comportait officiellement aucune instruction religieuse, un sens de la mission inspiré de la foi chrétienne imprégnait profondément les écoles. Tous ces facteurs rehaussaient l’attrait des soins infirmiers comme option professionnelle offerte à celles qui prisaient la respectabilité et reconnaissaient le rôle des femmes de la classe moyenne dans la réforme sociale.
Mlle Rayside obtint son diplôme en 1901 avec les six autres étudiantes de la première cohorte du St Luke’s Hospital. Peu de perspectives d’emploi s’ouvraient aux quelque 300 infirmières formées au Canada. Comme la plupart, Mlle Rayside travailla d’abord au privé, dans les résidences de personnes assez fortunées pour se permettre cette dépense. En 1905, elle s’engagea à titre d’infirmière visiteuse pour la section d’Ottawa de l’Association canadienne pour la prévention de la tuberculose. Elle démissionna en septembre 1906, puis accepta une offre d’emploi en santé publique à Indian Head, en Saskatchewan, à une époque où on commençait à accorder de l’attention au besoin d’infirmières de district ou d’école dans des régions éloignées. Mlle Rayside retourna à South Lancaster à la fin de 1907.
À un certain moment, Hattie Megill (McGill), ancienne membre du personnel de direction des soins infirmiers du St Luke’s Hospital, demanda à Mlle Rayside de se joindre à son équipe dans un hôpital de Mapimi, au centre nord du Mexique, proposition qu’elle accepta en mars 1909. La mine Ojuela, l’une des plus grandes du pays, se situait à proximité et le travail s’y révélait extrêmement ardu ; son propriétaire comptait cependant parmi les rares compagnies minières à avoir établi un hôpital bien équipé, doté d’infirmières dûment formées. La mort de Mlle Megill, en octobre 1910, semble avoir propulsé Mlle Rayside dans le rôle d’infirmière en chef des soins infirmiers. Elle rentra néanmoins au Canada au début de 1911, décision peut-être motivée par l’agitation révolutionnaire menée par Francisco (Pancho) Villa, qui s’intensifiait dans la région, ou par la santé déclinante de sa mère, considération sans doute plus impérieuse.
Margaret Rayside mourut au mois de mars de cette année-là et Edith Catherine se réinstalla ensuite à Ottawa. Elle y accepta un poste d’infirmière au May Court Club, qui administrait une clinique des maladies pulmonaires dans le cadre d’une mission plus vaste pour l’amélioration des services sociaux destinés aux femmes et aux enfants défavorisés.
En quelques années, le marché du travail s’ouvrit de façon spectaculaire pour les infirmières diplômées du Canada. La déclaration de guerre de la Grande-Bretagne contre l’Allemagne au mois d’août 1914 engagea automatiquement le Canada, et les autorités impériales demandèrent immédiatement au gouvernement fédéral de fournir une division complète de 25 000 soldats et cinq unités hospitalières. Le Corps de santé de l’armée canadienne (CSAC) avait créé une entité permanente en 1904, peu après la guerre des Boers. En 1906, quand on y intégra le service de soins infirmiers, l’unité comptait deux femmes à temps plein : Cecily Jane Georgina Fane Pope* et Margaret Clotilde Macdonald. Les femmes qui aspiraient à se joindre à elles devaient être diplômées d’un programme de formation reconnu ; malgré la forte résistance au sein de certains secteurs de l’armée canadienne, elles obtiendraient un classement au rang d’officiers et recevraient la même rémunération. Les infirmières canadiennes affrontaient un appareil militaire désireux de les maintenir dans des rôles féminins bien définis et subordonnés à l’autorité masculine. Pourtant, elles pouvaient s’enorgueillir d’une solide formation et d’un niveau salarial plus élevé que celui de leurs collègues d’autres pays, ce qui leur valut le surnom de « coloniales millionnaires ».
Au déclenchement des hostilités, on donna à Mlle Macdonald la responsabilité du recrutement et de la préparation des infirmières qui accompagneraient les troupes. Son bureau déborda de candidatures dès le début et, pendant le reste du conflit, le flux de volontaires ne cessa jamais. Une centaine d’entre elles – les premières de plus de 2 400 infirmières militaires qui serviraient outre-mer dans le CSAC – s’embarquèrent pour l’Angleterre avec le contingent initial au début d’octobre 1914. Mlle Rayside s’enrôla en janvier 1915. Son expérience faisait d’elle une candidate de premier choix à un poste de direction et, à son départ de Halifax au début de février, elle était l’une des deux infirmières en chef d’un groupe de plus de 70 infirmières. Dans une lettre à une amie en décembre de cette année-là, elle minimisa les louanges reçues pour son travail d’infirmière en chef en déclarant qu’elle n’avait jamais cherché cette nomination et que, au moment où on lui avait proposé ces fonctions, elle avait avoué son manque flagrant de préparation.
Mlle Rayside dirigerait bientôt le service de soins infirmiers de l’Hôpital général canadien no 2, officiellement établi à l’automne, mais retenu en Angleterre en attendant son transfert en France. En mars, on reçut enfin l’ordre de l’installer sur un plateau surplombant la station balnéaire du Tréport, dans un emplacement à découvert donnant sur la Manche. Les Canadiens devaient créer et pourvoir un hôpital d’une capacité de 1 040 lits, constitué d’abord entièrement de tentes. Mlle Rayside dirigerait une équipe d’environ 70 infirmières militaires.
Alors que l’effectif allait atteindre sa pleine capacité en avril, de nombreux patients affluèrent, notamment des blessés de la rude bataille d’Ypres (Ieper), en Belgique [V. sir Arthur William Currie*]. Au début de mai, les premières victimes du gaz toxique arrivèrent et, au cours de la nuit du 18, l’hôpital reçut 537 malades et blessés, appliquant un système efficace d’accueil des patients, adopté sans tarder par d’autres hôpitaux. Le personnel médical devait alors soigner des blessures horribles et des maladies graves (« d’une atrocité indescriptible », selon Mlle Rayside) pour lesquelles l’expérience dans la vie civile au pays n’avait fourni qu’une préparation sommaire. Parmi les patients, les Canadiens bénéficièrent « peut-être » d’un traitement de faveur, admit Mlle Rayside dans une lettre : « Je sais que je me surprends à leur apporter des petites gâteries en catimini. »
Même si les hôpitaux canadiens étaient organisés selon des structures hiérarchiques déterminées en grande partie par les Britanniques, le gouvernement canadien insista pour obtenir quelque autonomie dans la gouvernance des unités rattachées au Corps expéditionnaire canadien. Mlle Rayside travaillait sous les ordres de Mlle Macdonald, directrice générale canadienne des infirmières basée à Londres, et aussi, quand elle se trouvait en France, sous ceux d’Emma Maud McCarthy, infirmière en chef britannique des soins infirmiers pour la France et les Flandres. Pour ajouter à la complexité de la situation, la gestion des soins infirmiers était subordonnée aux commandants militaires, habilités à faire déplacer le personnel médical et des hôpitaux entiers sans consultation.
Le transfert constant des infirmières compliquait encore plus la tâche de Mlle Rayside. Mlle Macdonald souhaitait leur offrir une expérience variée, entre autres des affectations hautement convoitées dans des postes d’évacuation sanitaire à proximité du front. Les Britanniques mutaient également des employés pour renflouer leurs propres unités médicales, en réaction à de nouvelles stratégies de combat ou à l’analyse des pertes. Les infirmières elles-mêmes recherchaient souvent des postes proches de parents ou d’amis au front ou de collègues infirmières avec qui elles avaient noué des liens particulièrement étroits.
Une fois l’hôpital no 2 entièrement opérationnel, Mlle Rayside avait veillé à la nomination d’Elizabeth Lawrie Smellie*, qui se trouvait sur le même navire qu’elle en février, à titre de surveillante de nuit et de surintendante de la section médicale de l’hôpital (distincte de l’unité de chirurgie). Elles resteraient collègues administratrices jusqu’à leur démobilisation et amies pour la vie.
À la fin de septembre 1916, au moment où le mandat de Mlle Rayside comme infirmière en chef des soins infirmiers de l’hôpital no 2 touchait à sa fin, l’établissement avait déjà accueilli plus de 23 000 patients. Cet afflux posait un défi administratif immense, qui poussait les infirmières à la limite de leurs capacités, car, à l’arrivée des convois, le personnel essayait de maintenir les normes sanitaires nécessaires à la prévention d’infections redoutées au milieu de terrains souvent détrempés et secoués de vents suffisamment violents pour emporter les tentes. Les grandes batailles, même quand les troupes britanniques, françaises et canadiennes remportaient la victoire, occasionnaient des flots de victimes, et on devait libérer de l’espace en évacuant inopinément en Angleterre les patients mobiles. Les périodes creuses présentaient un défi bien différent : il fallait tromper l’ennui, même si les hôpitaux organisaient régulièrement des concerts, des productions théâtrales et d’autres activités sociales.
Le 5 octobre 1916, Mlle Rayside reçut l’avis de sa mutation dans une grande base militaire à Shorncliffe, au sud-est de l’Angleterre. Le Moore Barracks Hospital y avait été mis sur pied pour desservir les troupes canadiennes et britanniques qui attendaient leur transfert en France, et pour accueillir les soldats malades et blessés évacués d’hôpitaux en Europe et d’autres zones de guerre. Au moment de la réaffectation de Mlle Rayside, cet hôpital servait également de centre de formation pour le personnel du CSAC ; le roulement de personnel devint ainsi un aspect encore plus constant qu’à l’hôpital no 2. Elle y arriva au moment où le traitement des blessés canadiens en Angleterre se trouvait sous le feu des projecteurs [V. Guy Carleton Jones], ce qui entraîna, entre autres conséquences, l’expansion du Moore Barracks Hospital.
Mlle Rayside resta en service à cet hôpital jusqu’en juin 1917, quand on l’affecta à des tâches de formation au bureau du directeur général des services médicaux canadiens à Londres, où elle travailla aux côtés de la directrice générale des soins infirmiers, Mlle Macdonald. En juillet, elle accompagna celle-ci dans une tournée d’inspection en France, mais on lui demanda le mois suivant de se rapporter au quartier général de l’armée à Ottawa. On la nomma alors directrice générale des infirmières militaires du Canada, poste nouvellement créé et, au début, seulement temporaire. À son retour au pays, le Canada comptait déjà plus de 60 hôpitaux militaires, soit une capacité totale de plus de 12 000 lits et un effectif d’environ 500 infirmières. Ce vaste réseau représenterait pour le bureau de Mlle Rayside un défi majeur, accru par la responsabilité de sélectionner les infirmières qui s’enrôlaient encore en grand nombre pour le service outre-mer, et ce, en évitant le favoritisme. La dernière année de guerre s’avéra aussi la plus meurtrière. Tant en Europe qu’au Canada, les hôpitaux militaires durent assurer les traitements et la convalescence de milliers de soldats blessés physiquement et mentalement, tout en composant avec l’hécatombe causée par la pandémie de grippe espagnole qui fit rage en 1918−1919. Comme tant d’autres, Mlle Rayside n’obtiendrait sa démobilisation qu’au milieu de 1920.
En novembre 1915, on mentionna Mlle Rayside dans les dépêches « pour bravoure et service distingué en campagne ». Deux ans plus tard, en février, on la nomma membre de l’ordre royal de la Croix-Rouge de 1re classe, décoration britannique créée pour les infirmières militaires en 1883. Mlle Rayside avait tendance à minimiser ces marques de reconnaissance et aurait entériné le commentaire ultérieur d’une infirmière militaire canadienne : elle se trouvait « juste là pour faire [son] travail et [elle] l’avait fait ». Cependant, Mlle Rayside et ses collègues infirmières se montraient clairement fières d’associer le sigle de l’ordre, RRC, à leur nom.
Au début de 1919, les diplômés de l’alma mater de Mlle Rayside l’élurent première femme membre du conseil d’administration de la Queen’s University. Le 11 novembre de cette année-là, la University of Toronto organisa une cérémonie spéciale pour rendre hommage à des militaires canadiens éminents, où elle devint la première femme récipiendaire d’un diplôme honorifique de l’établissement ; le diplôme décerné par le chancelier sir William Ralph Meredith* était toutefois une maîtrise honorifique en économie domestique. Bien des années plus tard, sa bonne amie Charlotte Elizabeth Hazeltyne Whitton* ferait la remarque suivante : « Il serait difficile d’évoquer un moment plus incongru que celui où, bien droite, la majestueuse Edith Rayside, en uniforme militaire, s’avança pour recevoir un diplôme, récompensant implicitement les services des femmes rendus à la maison. » Mlle Rayside répondit apparemment : « Ils s’habitueront à nous. »
La contribution du service des soins infirmiers dans l’armée canadienne pendant la guerre rehaussa le prestige professionnel des infirmières après la démobilisation. Même si les perspectives d’emploi dans les hôpitaux s’amenuisaient pour celles qui avaient servi et celles qui venaient des programmes de formation en soins infirmiers, d’autres débouchés apparurent en service social et en santé publique. De nombreux gains réalisés par les femmes pendant la guerre en matière d’accès à des postes raisonnablement rémunérés régressèrent après la fin du conflit, mais quelques nouveaux domaines s’ouvrirent à elles et, dans l’ensemble, les années d’après-guerre virent de plus en plus de femmes revendiquer des changements sociaux et politiques.
En attendant sa démobilisation, Mlle Rayside se prépara à retourner à la vie civile en suivant un cours en administration hospitalière à la Columbia University de New York. Ensuite, à l’automne de 1920, elle obtint un poste d’enseignement en théorie des soins infirmiers (différente de la formation pratique) à l’école d’infirmières du Montreal General Hospital [V. Gertrude Elizabeth Livingston*], qui compta alors deux professeures. Elle arriva juste au moment où la McGill University mettait en place, sous la direction de Flora Madeline Shaw*, sa School for Graduate Nurses, qui offrait un programme de huit mois ayant pour objectif de donner une formation de base en services infirmiers de santé publique, secteur en plein essor pour les infirmières, et de mieux préparer celles-ci à l’enseignement et à l’administration. Mlle Rayside salua sans aucun doute cette perspective supplémentaire de perfectionnement dans son domaine.
Tout en enseignant, Mlle Rayside entretenait des réseaux parmi les infirmières diplômées et, à son appel en 1921, 23 anciennes du CSAC fondèrent la Montreal Association for Overseas Nursing Sisters et l’élurent première présidente. Elle accéderait à la présidence de l’Overseas Nursing Sisters’ Association of Canada 12 ans plus tard, peu après la création de cet organisme national. En 1921, elle assista également à un congrès mixte de la Canadian National Association of Trained Nurses [V. Mary Agnes Snively*] et de la Canadian Association of Nurse Education. Au cours des deux décennies suivantes, elle demeura active au sein de la Canadian Nurses’ Association, qui succéda à la Canadian National Association of Trained Nurses en 1924.
Cette année-là, Mlle Rayside retourna en Ontario ; on l’avait recrutée pour occuper un poste d’infirmière en chef des soins infirmiers au Hamilton General Hospital, qui voyait dans son embauche un signe d’augmentation du prestige de son programme de formation des infirmières. Mlle Rayside supervisa un développement substantiel du programme, pendant une période où l’hôpital gagnait en ampleur et en réputation. Une étudiante se rappelait qu’elle était « stricte en matière de discipline », mais « toujours juste, avec un grand sens de l’humour ».
À la fin de la décennie, en raison de sa situation, Mlle Rayside eut à intervenir dans les propositions de réorganisation de l’hôpital et de son affiliation à la McMaster University, dont certains aspects marginaliseraient l’influence des infirmières dans la prise de décision au Hamilton General Hospital. Les difficultés qu’elle affronta constituaient un autre exemple d’un milieu médical dominé par des hommes réfractaires à l’intrusion des femmes de profession dans leur domaine, sauf à titre d’assistantes. De plus, à l’époque, la crise économique intensifiait les préoccupations quant au manque de débouchés pour les infirmières diplômées. En 1932, Mlle Rayside suggéra aux administrateurs de l’hôpital d’affecter celles-ci selon un système de rotation de trois mois pour que toutes aient la chance de travailler ; il semble qu’aucune solution en ce sens n’ait vu le jour pendant son mandat d’infirmière en chef.
Entre-temps, Mlle Rayside se fit un devoir d’honorer ses camarades de guerre. En 1920, à titre de directrice générale des infirmières militaires, elle avait assisté, au Montreal General Hospital, au dévoilement d’une plaque commémorative en l’honneur de deux des diplômées de l’établissement qui avaient péri dans le naufrage du navire-hôpital Llandovery Castle, torpillé en 1918 [V. Rena Maude McLean*]. Six ans plus tard, elle participa à l’inauguration d’un monument commémoratif dédié aux infirmières militaires canadiennes disparues durant le conflit. La cérémonie eut lieu dans le Hall d’honneur des édifices du Parlement du Canada. En 1927, elle revint dans la capitale, cette fois dans la tour de la Paix au centre de la colline parlementaire, invitée à représenter les infirmières canadiennes à la consécration de l’autel du Sacrifice dans la chapelle du Souvenir, cérémonie à laquelle prirent part le prince de Galles et de nombreux dignitaires du Canada et de la Grande-Bretagne. Elle se tenait à l’un des quatre coins de l’autel, où reposait le Livre du souvenir destiné à recevoir les noms des 47 infirmières et des dizaines de milliers de soldats morts pendant la Grande Guerre.
En 1931, Mlle Rayside apprit qu’elle avait une tumeur au cerveau ; ses collègues médecins l’aidèrent à aller se faire opérer par un chirurgien spécialisé à Boston, qui lui sauva la vie. Elle reprit son travail en 1932, mais un glaucome réduisit alors sa vision au point de l’obliger à démissionner à la fin de 1933, décision qui souleva une vague de témoignages d’affection et de respect. Elle voyait encore assez bien pour participer, en 1940, à une rencontre des diplômées du Hamilton General Hospital tenue pour souligner le cinquantième anniversaire de l’école ; elle y reçut une « immense ovation ».
Au début de 1934, on nomma Mlle Rayside dame commandeur de l’ordre de l’Empire britannique (division civile). (La nomination s’effectua pendant le mandat du premier ministre Richard Bedford Bennett, qui remit en vigueur la tradition d’envoyer à Londres des noms de Canadiens à inscrire sur la liste d’honneur du roi.) Selon le Mail and Empire de Toronto, elle déclara ne pas comprendre les raisons de sa sélection. Parmi les six autres récipiendaires canadiennes de la décoration cette année-là, toutes des femmes, figuraient ses amies Charlotte Elizabeth Hazeltyne Whitton, honorée pour son travail de promotion du bien-être des enfants, et Elizabeth Lawrie Smellie, alors directrice en chef du Victorian Order of Nurses for Canada et destinée à suivre les traces de Mlle Rayside en exerçant les fonctions de directrice générale des infirmières militaires canadiennes pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Peu après son départ à la retraite, Mlle Rayside s’installa à South Lancaster. Elle y occupa une résidence située à quelques rues de la maison de son enfance, avec le révérend John Ulric Emmanuel Frederick Tanner, veuf de sa sœur Janet, disparue au mois de septembre précédent. Quand Tanner se remaria, elle partit vivre dans une plus grande localité, Lancaster, avec une autre de ses sœurs, Isabella McGillis, et sa famille. Lorsque Mlle Whitton lui rendit visite en septembre 1948, elle était gravement atteinte de surdité et presque aveugle. Mlle Whitton mentionnerait quelques souvenirs de cette dernière rencontre dans l’éloge funèbre affectueux qu’elle rédigerait deux ans plus tard. Mlle Rayside mourut le 20 décembre 1950, à 78 ans. Tanner présida ses obsèques tenues le 22. Dans l’assistance se trouvait Mlle Smellie, amie dont Mlle Rayside avait gardé la photo sur sa commode pendant de nombreuses années. On inhuma sa dépouille au cimetière presbytérien de South Lancaster.
L’éloge funèbre de Mlle Whitton décrivit la défunte comme « directrice générale jusqu’au bout des ongles […] » et « particulièrement grande [elle mesurait presque 5 pieds 10 pouces], de stature imposante et noble », mais aussi comme « une femme bienveillante, calme et à la voix douce ». Elle souligna la foi profonde de Mlle Rayside, sa sérénité devant la détresse physique, puis elle la cita, se demandant, pensive : « N’ai-je pas vu en une vie plus que n’en ont vu plusieurs personnes réunies ? » Mlle Rayside demeura célibataire : à l’instar de nombre de ses collègues de la Grande Guerre, elle crut peut-être avoir dépassé l’âge de se marier après sa démobilisation. Elle avait également soif de défis et d’autonomie, et trouvait probablement peu d’attrait à la perspective d’une vie familiale. L’amitié étroite de femmes fortes qui partageaient son engagement envers le bien-être de la collectivité lui suffisait.
Edith Catherine Rayside n’acquit jamais le profil public dynamique qui donna tant de prestige à sa collègue Margaret Clotilde Macdonald et à ses amies Charlotte Elizabeth Hazeltyne Whitton et Elizabeth Lawrie Smellie. Elle était modeste, évitait le vedettariat et minimisait les éloges. Elle faisait toutefois preuve de discipline et de résilience, même dans de terribles circonstances. Avec bonne humeur et calme, elle lutta pour rehausser les normes de formation et la reconnaissance professionnelle des infirmières et, qu’elle l’ait admis ou non, elle contribua à promouvoir la place des femmes en dehors des limites strictes entre les sexes imposées par son époque.
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David Rayside, « RAYSIDE, EDITH CATHERINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 17, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rayside_edith_catherine_17F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/rayside_edith_catherine_17F.html |
Auteur de l'article: | David Rayside |
Titre de l'article: | RAYSIDE, EDITH CATHERINE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 17 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2023 |
Année de la révision: | 2023 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |