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PENNY, WILLIAM, capitaine de baleinier et explorateur de l’Arctique, né le 12 juillet 1809 à Peterhead, Écosse, fils de William Penny et de Helen Robertson ; il épousa Margaret Irvine, et ils eurent deux fils et trois filles ; décédé le 1er février 1892 à Aberdeen, Écosse.
William Penny fit sa première expédition de pêche à la baleine à l’âge de 12 ans sur le navire de son père, l’Alert. Dès 1829, il avait atteint le rang de second et se rendait chaque année dans le détroit de Davis. Il obtint son premier commandement, le Neptune, en 1835 ; rarement les pêcheurs de baleine avaient-ils eu à affronter des glaces aussi terribles que cette année-là. Les conditions ne furent guère meilleures les deux années suivantes, si bien que Penny, tout comme le capitaine James Clark Ross*, pressa les pêcheurs de baleine d’abandonner la dangereuse coutume de partir de Grande-Bretagne durant l’été pour établir plutôt des stations littorales sur la terre de Baffin (Territoires du Nord-Ouest). Penny privilégiait un emplacement situé dans l’une des vastes baies du sud-est de l’île, mais il fallait d’abord explorer quelque peu la région, qui n’avait guère eu de visiteurs depuis sir Martin Frobisher* et John Davis*, au xvie siècle. En 1839, à bord du Neptune, Penny fit une première tentative d’exploration, qui échoua. Cependant, il rencontra l’Inuk Eenoolooapik*, qui connaissait une grande crique dans la région, appelée Tenudiakbeek par les Inuit, et qui en dressa une carte. Penny ramena l’Inuk en Écosse dans l’espoir que son témoignage l’aiderait à gagner des appuis pour une mission d’exploration, mais son projet avorta. Cependant, il convainquit le propriétaire de son nouveau navire, le Bon Accord, de lui laisser du temps, en 1840, pour faire de l’exploration en plus de la pêche à la baleine. À la fin de juillet, en compagnie d’Eenoolooapik, Penny localisa la baie qui pénétrait dans la terre de Baffin et s’ouvrait sur le détroit de Davis. Il l’explora avec soin et, convaincu d’avoir fait une découverte, lui donna le nom de Hogarth. En fait, il s’agissait de la baie de Cumberland, découverte par Davis.
Au cours des trois années suivantes, Penny n’eut pas de navire, à cause du déclin de la pêche à la baleine dans l’Arctique, mais il retourna à la baie de Cumberland en 1844 à bord du St Andrew. Jusqu’à la fin des années 1840, il eut la satisfaction de voir la baie prendre progressivement de l’importance auprès des pêcheurs de baleine, qui se rendaient compte que les glaces ne s’y formaient que très tard dans l’année. Toutefois, au cours de la même période, il se laissa captiver par les recherches entreprises pour retrouver l’expédition de sir John Franklin*, disparue depuis 1845. Au cours des saisons de pêche de 1847 et de 1849, il tenta, sans succès, de franchir le détroit de Lancaster, dans l’espoir de rejoindre Franklin. Il écrivit ensuite à l’influente lady Franklin [Griffin*] et, avec son soutien, obtint le commandement d’une expédition de recherche appuyée par l’Amirauté. Le Lady Franklin et le Sophia partirent en avril 1850. Après avoir contribué à localiser et à fouiller l’emplacement des premiers quartiers d’hiver de Franklin, dans l’île Beechey, Penny hiverna dans le havre Assistance (baie Assistance), à l’île Cornwallis, tout près de l’importante expédition navale que dirigeait le capitaine Horatio Thomas Austin* et de la petite équipe privée de sir John Ross*. Les trois hommes convinrent d’explorer trois régions différentes au printemps ; Penny choisit le détroit de Wellington. En traîneau et en bateau, de mai à juillet, il découvrit et explora le détroit Queens et aperçut le détroit situé au nord qui porte maintenant son nom. Sans avoir trouvé aucune trace de Franklin, il regagna pourtant ses navires avec la conviction que sir John était passé par le détroit de Wellington (ce qu’il avait fait, mais sur une petite distance seulement) et qu’il fallait fouiller davantage la région. Il signala la chose à Austin le 11 août ; l’entretien se termina toutefois par une querelle incongrue. Curieusement, les deux expéditions abandonnèrent immédiatement leurs recherches et rentrèrent au pays. Penny arriva le 21 septembre 1851. Le mois suivant, l’Amirauté forma un comité spécial de l’Arctique pour examiner la conduite des deux hommes, et surtout leur retour inopiné. Le rapport approuva leurs actes, et lady Franklin soutint fermement son ami Penny, mais le mouvement d’humeur qu’on prêtait à celui-ci à l’égard d’Austin ternit sa réputation auprès de l’Amirauté ; on ne l’autorisa plus à participer aux recherches.
Frustré et ennuyé, Penny retrouva son intérêt pour la pêche à la baleine. Il apprit avec mécontentement qu’un navire américain avait laissé une équipe de pêcheurs dans la baie de Cumberland pour qu’elle y passe l’hiver de 1851–1852. Inquiet de cet empiétement étranger sur le territoire britannique, il dirigea en 1852 la formation de l’Aberdeen Arctic Company, dont les objectifs étaient de promouvoir les activités britanniques dans la région et de faire des pressions en vue d’obtenir, du gouvernement, une concession exclusive de terre dans la baie afin de tenir les Américains à l’écart. Ce plan fut rejeté, mais l’ambassadeur de Grande-Bretagne aux États-Unis reçut l’ordre d’informer le gouvernement américain du mécontentement des Britanniques.
En 1853–1854, Penny franchit une nouvelle étape vers la réalisation de ses projets des années 1830 : il commanda la première expédition de pêche à la baleine qui hivernerait délibérément, avec des navires, dans le secteur de la baie de Baffin et du détroit de Davis. Au printemps de 1854, à partir du Lady Franklin et du Sophia, qui lui servait de quartier général dans la baie de Cumberland, il inaugura la pratique de la pêche sur la banquise. Cette technique consistait à pêcher la baleine à partir du pourtour des glaces attachées à la terre ferme pendant que les navires hivernants étaient encore immobilisés dans le havre par la glace. Par comparaison avec l’époque où les pêcheurs, conformément à la tradition, restaient à bord, elle leur permettait de commencer leur travail plus tôt dans la saison. Ces innovations contribuèrent grandement à prolonger la durée d’une industrie baleinière sur le déclin dans le détroit de Davis ; pendant le demi-siècle qui précéderait la fin de leurs activités dans cette région, bien d’autres pêcheurs allaient hiverner à la manière de Penny. Lui-même allait passer trois autres hivers dans le secteur. Il savait aussi que la présence des pêcheurs de baleine bouleversait le mode de vie des Inuit de la terre de Baffin. Pour en minimiser les effets corrupteurs, il tenta donc pendant quelques années de faire venir un missionnaire dans la baie de Cumberland. Au cours de son voyage de 1857–1858, il était accompagné non seulement de sa femme et de son fils, mais aussi du missionnaire morave Mathias Warmow, qui prêcha et observa les conditions de vie des autochtones tout l’hiver. Warmow et Penny trouvèrent l’expérience réussie, mais l’Église morave refusa par la suite d’y établir une mission permanente.
Penny apporta une dernière contribution à l’industrie baleinière en se faisant, à compter de 1859, l’un des premiers promoteurs de la construction de baleiniers à vapeur. En 1861, il commanda un navire de ce genre, le Polynia de Dundee. Il retourna dans sa ville natale, Peterhead, pour entreprendre son dernier voyage de pêche en 1863–1864, sur le Queen. Le dernier tiers de sa vie s’écoula dans une retraite tranquille, à Aberdeen, où il mourut en 1892.
En général, le nom de William Penny évoque sa brève et malheureuse contribution aux recherches effectuées pour retrouver l’expédition de Franklin. Peut-être faudrait-il rappeler qu’il fut l’une des figures les plus influentes et les plus innovatrices de l’histoire britannique de la pêche à la baleine dans l’Arctique. C’était un homme d’humeur instable, emporté, qui se donnait avec passion à chacune des causes qu’il embrassait ; cependant, son impétuosité, voire son mauvais caractère, nuisait parfois à l’objectif qu’il poursuivait. Les pêcheurs de baleine le respectaient mais ne l’aimaient pas tous. Quant à lady Franklin, qui lui inspirait une profonde loyauté, elle lui vouait une affection sincère et durable, comme en témoignent ces mots : « Malgré ses erreurs et ses défauts – et j’avais quelques raisons de le blâmer – je n’aurais jamais pu l’abandonner. »
Scott Polar Research Institute (Cambridge, Angl.),
Clive Holland, « PENNY, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/penny_william_12F.html.
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Auteur de l'article: | Clive Holland |
Titre de l'article: | PENNY, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |