Titre original :  Maj. Gen Riall

Provenance : Lien

RIALL, sir PHINEAS, officier, né le 15 décembre 1775 en Irlande, probablement à Clonmel (république d’Irlande), troisième fils de Phineas Riall, de Clonmel, et de Catherine Caldwell ; le 18 décembre 1819, il épousa à Borgue, Écosse, Elizabeth Scarlett ; décédé le 10 novembre 1850 à Paris.

Phineas Riall entra dans l’armée le 31 janvier 1794 à titre d’enseigne dans le 92nd Foot ; il devint lieutenant en mars, capitaine le 31 mai, puis major du 128th Foot le 8 décembre. Après cet avancement rapide, Riall servit dans le 128th jusqu’au licenciement du régiment en 1797. Il toucha une demi-solde pendant sept ans, et devint lieutenant-colonel honoraire tout juste deux semaines après son vingt-quatrième anniversaire. Le 21 avril 1804, il joignit les rangs du 15th Foot avec le poste de major et c’est avec cette unité qu’il fit campagne et combattit pour la première fois. Il semble en effet qu’il faisait partie du 15th Foot lorsqu’on envoya ce régiment aux Antilles, en 1805 ; on sait, en tout cas, qu’il prit part en 1809 à l’attaque de la Martinique à titre de chef de brigade. Riall commandait également une brigade au moment de la prise de la Guadeloupe et, à cette occasion, on le cita à l’ordre du jour. Après cette période d’intense activité, il retourna en Angleterre en juillet 1810.

Le 25 juillet, Riall fut promu colonel honoraire en considération de son ancienneté, puis il opta pour le 69th Foot le 27 décembre, y détenant le poste de lieutenant-colonel. Il devint major général le 4 juin 1813, toujours par ancienneté et, le 10 août, on l’affecta au Canada avec le lieutenant général Gordon Drummond*. Le duc d’York, commandant en chef de l’armée britannique, décrivit Riall comme « un jeune homme actif et intelligent ». Riall et Drummond furent sans aucun doute bien accueillis par le lieutenant général sir George Prevost*, commandant en chef en Amérique du Nord britannique, qui avait eu des ennuis avec certains de ses subalternes.

À son arrivée à Québec, en novembre, Riall se vit confier le commandement d’une partie de la région de Montréal. Peu de temps après, il accompagna Drummond dans le Haut-Canada, où ce dernier avait été nommé commandant des forces armées et administrateur. Drummond était déterminé à attaquer les forces américaines à la frontière du Niagara et, le 18 décembre, il organisa une expédition contre le fort Niagara (près de Youngstown, New York). Dès que la force d’assaut atteignit la rive américaine du Niagara, le 19 au matin, Riall traversa à Lewiston avec 500 soldats réguliers et autant d’Indiens. On avait d’abord prévu que ses troupes serviraient de réserve aux attaquants du fort Niagara, mais la prise rapide de celui-ci permit de les diriger ailleurs. Sans presque rencontrer de résistance, Riall pénétra dans Lewiston et s’empara d’une grande quantité de vivres et de munitions. Comme les Américains battaient en retraite, il traversa Youngstown et un village de Tuscarorens, en ne laissant derrière lui que des ruines fumantes, tout comme l’avaient fait les Américains à Niagara (Niagara-on-the-Lake, Ontario) plus tôt au cours du mois. Bien des éléments des troupes de Riall commirent des déprédations, mais les Indiens se montrèrent particulièrement cruels et tuèrent plusieurs civils. Il est malheureux que l’opération n’ait pu être maîtrisée complètement car, à d’autres égards, ce fut une grande réussite. Riall avança au delà du fort Schlosser et de Manchester (Niagara Falls), qui furent tous deux rasés, puis il se rendit jusqu’au ruisseau Tonawanda, à moins de dix milles de Buffalo, avant de retourner à Queenston en passant par Lewiston.

Même si l’on avait pris à l’ennemi un butin considérable et de nombreux soldats, Drummond n’était pas satisfait. Il voulait s’assurer que toute menace serait écartée pour longtemps à la frontière du Niagara et, le 29 décembre, il donna instructions à Riall de retraverser le Niagara, cette fois pour y disperser les forces américaines présentes en nombre croissant et pour détruire les villages de Buffalo et de Black Rock (Buffalo) « de manière à empêcher l’ennemi de s’y mettre à couvert ». Riall devait rapporter des victuailles et de la farine et détruire tout le matériel intransportable. Sa mission était surtout de détruire trois navires américains, à terre, près du ruisseau Buffalo. Drummond avait, cette fois, strictement interdit tout pillage et tout abus d’alcool pour éviter la répétition des excès commis à Lewiston.

À part certaines anicroches, l’opération se déroula à peu près comme prévu. Pendant la nuit du 30 décembre, Riall débarqua en amont des chutes avec une force composée de soldats réguliers, mais aussi de miliciens et d’Indiens. Après avoir repoussé les assauts menés par les Américains contre leur position initiale, les Britanniques passèrent à l’offensive à l’aube et firent face à une forte résistance. Leur attaque soutenue força les défenseurs de la place à se débander puis à fuir, en abandonnant fournitures et matériel. Les Britanniques s’emparèrent de Buffalo, brûlèrent les navires et, selon le compte rendu de Riall, mirent le feu à « une quantité considérable de vêtements, de spiritueux et de farine ». Ils incendièrent également les villages de Buffalo et de Black Rock après en avoir expulsé la population. Riall envoya ensuite un détachement mettre le feu « aux autres couverts de l’ennemi sur la frontière », près du fort Niagara. En l’espace de trois semaines environ, la situation avait complètement changé à la frontière du Niagara. Il est toutefois difficile de déterminer si le mérite des succès britanniques revient davantage à Drummond ou à Riall : le premier assuma la responsabilité de l’offensive et en élabora les plans, le second mena deux des opérations clés.

Après cette campagne, Drummond se rendit à York (Toronto) et confia à Riall le commandement des troupes postées à la frontière. La situation était calme et, au cours des premiers mois de 1814, Riall déploya de grands efforts pour améliorer l’organisation du commissariat. Le 10 juin, il fit savoir que tout allait bien mais, le 23, il signala à Drummond certains mouvements de l’ennemi qui indiquaient qu’il allait attaquer « à bref délai ».

Riall n’eut pas longtemps à attendre. Au matin du 3 juillet, il apprit qu’une force américaine avait débarqué près du fort Erie (Fort Erie). Il partit immédiatement pour Chippawa et appela des renforts. Le fort Erie se rendit après avoir opposé un semblant de résistance et les soldats ennemis, au nombre d’environ 4 000, avancèrent vers Chippawa. À la fin de l’après-midi du 4 juillet, le général de brigade américain Winfield Scott, qui commandait l’avant-garde, put apercevoir les troupes de Riall de l’autre côté de la rivière Chippawa (Welland) ; il se retira environ deux milles plus loin pour la nuit. Le lendemain, les deux armées étaient prêtes à l’attaque. Riall avait reçu des renforts et, convaincu de l’infériorité des effectifs américains, il était prêt à lancer ses quelque 1 500 hommes contre les 2 000 soldats de Scott. Vers cinq heures de l’après-midi, il quitta sa position derrière des ouvrages fortifiés afin d’engager le combat.

Riall constata vite que l’ennemi avait bien employé les derniers mois. Les troupes disciplinées et bien entraînées de Scott lui infligèrent de lourdes pertes dans une bataille classique, à l’européenne. Si l’on a pu blâmer Riall d’avoir mal coordonné l’action des éléments sous ses ordres, on n’a pu lui reprocher d’avoir manqué de courage. Il se tint, en effet, au premier rang de ses troupes. Mais, comme les pertes s’accumulaient et que les Américains se révélaient manifestement trop forts, il ordonna à ses hommes de se replier de l’autre côté de la rivière Chippawa. Ses pertes s’élevèrent à plus de 400 hommes, tués, blessés ou disparus, soit une centaine de plus que du côté américain. Deux jours plus tard, il dut se retirer jusqu’au fort George (Niagara-on-the-Lake) pour éviter l’encerclement par les Américains, qui avançaient sur lui.

Les Britanniques reconnurent avoir perdu cette bataille, mais aucun de leurs dirigeants n’était prêt à s’avouer vaincu. Des renforts affluèrent au fort George pour appuyer Riall, et Drummond lui-même gagna la presqu’île du Niagara. Les Américains avaient suivi Riall jusqu’aux environs du fort George mais, après avoir vainement attendu un appui naval pour attaquer les forts George et Niagara, ils se replièrent vers Chippawa. Riall s’était employé à préparer ses troupes en vue de la bataille inévitable et, après le retrait des Américains, il fit avancer environ 1 000 soldats réguliers, qui constituèrent une solide position défensive à Lundy’s Lane, près des chutes du Niagara. Drummond lui avait ordonné de suivre l’ennemi et de le harceler, sans toutefois attaquer ni brusquer les choses. Ainsi, lorsque les troupes de Scott s’avancèrent vers la position de Lundy’s Lane, le 25 juillet, Riall commença à se retirer. Heureusement, Drummond arriva avec des renforts et annula l’ordre de Riall. Au cours de la bataille qui s’ensuivit, celui-ci fut grièvement blessé au bras et rapidement capturé : il ne put guère alors s’attribuer le mérite de la victoire.

Riall passa le reste de l’été et la plus grande partie de l’automne en agréable captivité aux États-Unis. Le jeune officier de milice William Hamilton Merritt*, prisonnier avec lui, le décrivit comme un homme « très brave, myope, plutôt petit mais costaud ». Jusqu’en novembre, on tenta sans succès d’échanger Riall, puis on le mit en liberté sur parole. Avant son départ pour l’Angleterre, en décembre 1814, il alla voir d’autres prisonniers, et se comporta avec eux comme un commandant plein de bienveillance.

On ne sait rien des activités de Riall pendant l’année qui suivit son retour en Angleterre ; probablement soignait-il sa blessure. Le 18 février 1816, il refit surface : on le nomma gouverneur de la Grenade, poste qu’il occupa jusqu’en 1823. Promu lieutenant général le 27 mai 1835, Riall devint chevalier commandeur de l’ordre des Guelfes en 1831. Deux ans plus tard, il reçut le titre de chevalier. Le 20 mai 1835, sir Phineas fut nommé colonel du 74th Foot et, le 24 avril 1846, on le muta à son ancien régiment, le 15th Foot. Il était général depuis le 23 novembre 1841.

Phineas Riall fut l’un de ces jeunes hommes de famille fortunée qui obtint ses premières promotions dans l’armée en achetant des brevets. Appelé ensuite à commander des troupes au combat, il s’en tira avec une certaine distinction et de la sorte sut gagner par sa valeur de nouvelles promotions ainsi que des décorations et des éloges. Pendant son court séjour en Amérique du Nord, il joua un rôle important dans la guerre qui se déroula à la frontière du Niagara.

Carl A. Christie

APC, RG 8, I (C sér.), 230 : 17 ; 388 :146–151 ; 389 : 174 ; 681 : 38, 240, 249–251, 267, 319 ; 682 : 2, 5 ; 683 : 19–20, 96, 171–174, 183–185, 192, 230, 306 ; 684 :14–17, 51, 57, 65, 84, 116, 124, 126, 129, 134, 169, 177, 179, 198, 202, 237 ; 685 : 271 ; 686 : 8 ; 688E :150 ; 692 :172 ; 693 : 146, 193 ; 694 : 6, 49–50 ; 1171 : 105 ; 1172 : 70a ; 1203 1/2K : 88 ; 1203 1/2L : 78 ; 1219 : 134, 176, 180–182, 230, 245, 260, 266 ; 1221 : 106, 211, 235–236 ; 1222 : 4, 13, 132, 165 ; 1227 : 7, 46, 91.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank).— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1851 : 202.— Select British docs. of War of 1812 (Wood).— Quebec Gazette, 4 nov. 1813.DNB.— G.-B., WO, Army list, 18001836.Hart’s army list, 18411842, 1847.— Officers of British forces in Canada (Irving).— Gilbert Auchinleck, A history of the war between Great Britain and the United States of America, during the years 1812, 1813, and 1814 (Toronto, 1855 ; réimpr., Londres et Toronto, 1972).— J. W. Fortescue, A history of the British army (13 vol. en 14, Londres, 1899–1930), 7 : 12–17 ; 9 : 346–349 ; 10 : 106.— D. E. Graves, « Joseph Willcocks and the Canadian Volunteers : an account of political disaffection in Upper Canada during the War of 1812 » (thèse de m.a., Carleton Univ., Ottawa, 1982).— J. M. Hitsman, The incredible War of 1812 : a military history (Toronto, 1965).— G. F. G. Stanley, The War of 1812 : land operations ([Toronto], 1983).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Carl A. Christie, « RIALL, sir PHINEAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/riall_phineas_7F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/riall_phineas_7F.html
Auteur de l'article:    Carl A. Christie
Titre de l'article:    RIALL, sir PHINEAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    22 nov. 2024