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Titre original :  Avec l'aimable autorisation d'Alexandre L'Heureux et de la Distillerie Fils du Roy (2019)

Avec l'aimable autorisation d'Alexandre L'Heureux et de la Distillerie Fils du Roy

Provenance : Lien

JACQUELIN, FRANÇOISE (Françoise-Marie) (Saint-Étienne de La Tour), héroïne acadienne, baptisée le 18 juillet 1621 à Nogent-le-Rotrou, France, fille de Jacques Jacquelin, docteur en médecine, et d’Hélène Lerminier, morte en 1645 au fort La Tour (aussi appelé fort Sainte-Marie).

On sait peu de chose sur la vie de Françoise Jacquelin avant le 31 décembre 1639, date à laquelle elle signa à Paris un contrat de mariage avec Charles de Saint-Étienne de La Tour en présence du représentant de ce dernier à La Rochelle, Guillaume Desjardins Du Val. Elle se rendit à Port-Royal où la cérémonie eut lieu l’année suivante. Le couple s’établit au fort La Tour, situé à l’embouchure de la rivière Saint-Jean et qui devint sa maison. Elle y donna naissance à un fils.

Presque immédiatement après son mariage, elle soutint courageusement son mari dans sa lutte contre Charles de Menou d’Aulnay, lutte dont l’enjeu était l’Acadie. En 1642, forçant le blocus que d’Aulnay avait établi à la rivière Saint-Jean, elle parvint en France où elle en appela avec succès de l’ordre du roi d’après lequel son mari devait être arrêté et envoyé en France pour répondre à l’accusation d’infidélité. On lui permit de ramener un bâtiment de guerre chargé d’approvisionnements pour le fort La Tour au port de Saint-Jean. Deux ans après, elle se rendait encore en France, cette fois pour découvrir que son mari était absolument discrédité à la cour à la suite d’accusations portées par d’Aulnay. Bien qu’on lui défendît à elle-même de quitter la France, Mme de La Tour emprunta de l’argent à des amis et elle s’enfuit en Angleterre où elle acheta des vivres et fréta un navire pour se rendre à la rivière Saint-Jean. Le voyage dura six mois, parce que le commandant du navire, le capitaine Bailey, s’était arrêté au Grand Banc pour pêcher. Au large du cap de Sable, le navire fut arrêté par d’Aulnay, mais Mme de La Tour se cacha dans la cale où elle échappa aux recherches. Lorsque le navire arriva à Boston, elle intenta un procès au commandant aussi bien pour le retard injustifié que pour son refus de la conduire à la rivière Saint-Jean comme il avait été convenu. Grâce aux £2 000 qu’elle obtint en compensation, Mme de La Tour fréta trois navires, avec lesquels elle réussit à forcer le blocus que d’Aulnay maintenait dans le port de Saint-Jean. Elle arriva chez elle dans les derniers jours de 1644.

Au début de la nouvelle année, d’Aulnay lança contre le fort La Tour une attaque qui échoua. Peu après, La Tour, ne recevant pas de ravitaillement de France, décida de se rendre à Boston pour y demander de l’aide aux Anglais. Des déserteurs apprirent à d’Aulnay qu’il avait quitté le fort et que la garnison ne comprenait plus que 45 hommes. Ce dernier décida aussitôt de renouveler son attaque et il arriva à la rivière Saint-Jean le 13 avril à la tête d’environ 200 hommes. Son émissaire, porteur d’une sommation, fut vite renvoyé par Mme de La Tour qui, ayant assumé le commandement du fort, était résolue à se battre s’il le fallait. Le combat qui suivit fit rage pendant trois jours et fut l’événement le plus dramatique de l’histoire du Nouveau-Brunwick, de l’avis de W. F. Ganong.

En dépit de pertes relativement élevées, la lutte se poursuivait. Le dimanche de Pâques, soit le quatrième jour du siège, le bombardement de d’Aulnay avait démoli une partie du parapet du fort et d’Aulnay avait pu débarquer un détachement accompagné de deux canons. On raconte qu’un mercenaire suisse de service au fort (Hans Vaner ou Vannier) laissa cette troupe ramper jusqu’aux murs des fortifications pendant que les défenseurs se reposaient ou assistaient aux cérémonies pascales. Le bruit de l’assaut contre la palissade alerta la garnison qui accourut aux postes de défense. Un combat corps à corps s’ensuivit à l’intérieur même du fort avec de lourdes pertes de part et d’autre. En fin de compte, d’Aulnay rappela ses hommes, jurant qu’il accorderait « quartier à tous » si Mme de La Tour acceptait de capituler. À cause des pertes qu’avait subies sa petite garnison, des grands dégâts causés au fort et de l’épuisement des vivres et des munitions, Mme de La Tour estima que la situation était désespérée. Elle ordonna à ses hommes de se rendre.

Les événements qui suivirent alors restent embrouillés par la partialité et les animosités personnelles, et sont rendus encore plus confus par les préjugés des érudits. En conséquence, nous ne pourrons peut-être jamais nous en faire un tableau bien net. Toutefois, des récits relativement impartiaux, tels que celui de Nicolas Denys, concordent en substance. On apprend ainsi que, dès qu’il prit possession du fort, d’Aulnay oublia sa promesse, ne tint aucun compte des conditions de la capitulation et ordonna l’arrestation de la garnison de La Tour. On dressa tout de suite une potence et tous les soldats capturés au fort furent pendus, à l’exception de l’homme (probablement André Bernard) qui avait consenti à se faire le bourreau de ses camarades. On força Mme de La Tour à assister à ces exécutions, la corde au cou. Elle devait mourir trois semaines plus tard.

Cette vaillante femme n’avait passé que cinq ans en Acadie. Pourtant sa place est assurée dans l’histoire de ce pays. Elle eut la distinction d’être la première Européenne à vivre, à établir un foyer et à élever une famille au Nouveau-Brunswick. Ni les périls de la mer, ni les dangers de la guerre, ni les horreurs d’un long siège n’eurent raison de son courage. Voilà, assurément, l’héroïne la plus remarquable des débuts de l’histoire acadienne.

George MacBeath

La version de d’Aulnay sur Mme de La Tour et les événements d’Acadie se trouve aux AN, Col., C11D, 1 (copies plus récentes à la BN, MSS, NAF 9 281, 9 282 (Margry)).— Sources moins partiales : Denys, Description and natural history (Ganong), 114–116 (et les sources qui y sont énumérées) et Winthrops journal (Hosmer) dans Original narratives (Jameson).— Charlevoix, Histoire de la N.-F.— Suffolk deeds, I : 9.— Couillard-Després, Saint-Étienne de La Tour.

Bibliographie de la version modifiée :
Arch. départementales, Eure-et-Loir (Chartres, France), « État civil », Nogent-le-Rotrou (Notre-Dame), 18 juill. 1621 : www. archives28.fr (consulté le 22 mars 2019).— Arch. nationales (Paris, Fontainebleau et Pierrefitte-sur-Seine), MC/ET/CXIII/8.

Bibliographie générale

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George MacBeath, « JACQUELIN, FRANÇOISE (Françoise-Marie) (Saint-Étienne de La Tour) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jacquelin_francoise_marie_1F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/jacquelin_francoise_marie_1F.html
Auteur de l'article:    George MacBeath
Titre de l'article:    JACQUELIN, FRANÇOISE (Françoise-Marie) (Saint-Étienne de La Tour)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    28 mars 2024