COUAGNE, JEAN-BAPTISTE DE, arpenteur, ingénieur militaire au Canada et à l’île Royale (île du Cap-Breton), né en 1687, vraisemblablement à Montréal, fils de Charles de Couagne et de Marie Gaudé, et mort à Louisbourg le 23 janvier 1740. Le 28 septembre 1720, il épousa, à Louisbourg, Marguerite-Madeleine de Gannes de Falaise (décédée en 1733), puis, en secondes noces, Marie-Josephe Mius d’Entremont. Il était le père de Jean-François et Michel* (ingénieur à Louisbourg et au Canada).
En 1708, Gédéon de Catalogne, un associé de Charles de Couagne, s’attacha les services de Jean-Baptiste, en qualité d’arpenteur adjoint, pour cartographier les régions qui tombaient sous les gouvernements de Québec, de Trois-Rivières et de Montréal. On doit au jeune Couagne le tracé des cartes des deux premières régions. Il continua jusqu’en 1713 à s’occuper de levée de plans et de cartographie au Canada, puis reçut son brevet d’enseigne et fut affecté à la nouvelle colonie de l’île Royale pour participer à la reconnaissance des lieux.
De 1713 à 1716, il assista Jacques L’Hermitte dans la levée des plans de l’île ; ses talents de dessinateur, son zèle et son application au travail lui méritèrent des félicitations. En 1714, avec Louis Denys* de La Ronde et Jean-Baptiste Hertel de Rouville, il conduisit un petit groupe d’Acadiens dans la région des lacs Labrador (Bras d’Or). Ces Acadiens, voulant échapper à la domination britannique, étudiaient la possibilité de donner suite à l’invitation qu’on leur avait faite de s’établir à l’île Royale. Dans son rapport, produit en 1715, Couagne mentionne la présence de sol arable et de ressources forestières dans la région au nord du grand lac Labrador (Grand Bras d’Or) mais il met davantage l’accent sur la piètre qualité du sol et du bois de la région au sud du lac ; la pêche à la morue lui semble la seule exploitation profitable à cause des excellents ports naturels. Néanmoins, la plupart des Acadiens avaient déjà regagné leur pays, et entendaient y demeurer. En août 1715, Couagne aida à la construction d’un fort pour la protection de ceux qui s’étaient fixés à Port-Toulouse (St. Peters).
L’année 1717 marque pour Couagne le début d’une longue carrière à titre d’ingénieur adjoint en résidence à l’île Royale, d’abord sous les ordres de Jean-François de Verville, directeur des fortifications, puis sous Étienne Verrier*, ingénieur en chef ; la mort seule mettra un terme a cette carrière. Bien que Couagne n’ait pas appartenu au corps du génie, on le considérait comme un ingénieur d’une grande compétence : ainsi Verville était tout disposé, en 1717, à lui confier la direction des travaux à Port-Dauphin (Englishtown, N.-É.) ; entre 1718 et 1724, il assumait généralement une part de la direction des travaux à Louisbourg au cours de l’hiver que Verville passait en France ; et plus tard, quand des congés ramèneront Verrier en France, le même arrangement subsistera. Sans être un brillant esprits – il ne fut jamais que le bras droit de Verville et de Verrier—, il a su allier diligence et intégrité, demeurant neutre au milieu des conflits personnels et des querelles de juridictions qui ont marqué l’administration de Verville. Même ses plus implacables ennemis s’accordaient à reconnaître en Couagne un homme indispensable, entièrement dévoué à sa charge, et si on a pu dire de son collègue, Pierre-Jérôme Boucher*, après son départ de Louisbourg, qu’il était « une créature a M. Verville », jamais on n’a pu dire de Couagne qu’il était la « créature » de quiconque.
Une fois établi, Couagne n’a jamais quitté Louisbourg sinon pour se rendre au Canada régler des affaires de famille. Après le décès de sa femme, en 1733, sa santé commença à décliner. Couagne a gravi lentement les échelons des grades dans les troupes de la marine : il fut promu lieutenant en 1719, puis capitaine réformé en 1732, grade qu’il conserva jusqu’à sa mort.
Avec Fontenay, au cours des trois premières années, puis avec Boucher par la suite, il dressa bien des plans de fortifications et de bâtiments de l’île Royale, qui sont attribués à Verville et à Verrier ; il en fut de même pour un grand nombre des estimations et des rapports comptables des constructions. Parmi les tâches qu’on lui assigna spécifiquement, on note, en 1716, le relevé topographique du rivage à l’intention des pêcheurs de Louisbourg ; en 1719 il esquissa les plans de casernes pour les nouvelles troupes et dirigea les travaux de réfection d’une boulangerie et des quartiers des officiers ; on lui doit le tracé des plans d’une maison pour le commissaire-ordonnateur (1721) et de plus, en l’absence de Verville, la préparation en 1723 d’ouvrages provisoires de défense contre d’éventuelles attaques de pirates.
AN, Col., B, 35, ff.57, 249 ; 36, ff.423, 433v. ; 38, f.253 ; 39, f.266 ; 41, f.592 ; 42, f.481 ; 44, ff.560, 574v. ; 48, f.953 ; 49, f.701 ; 50, ff.595–597 ; 52, ff.588–593 ; 53, ff.602v.–606 ; 57, ff.743, 757 ; Col., C11A, 48, f.202 ; Col., C11B, 1, ff.11, 87–89, 247, 291–315v. ; 2, ff.131, 259 ; 3, ff.153–153v. ; 4, ff.107, 145, 147, 216, 237–241 ; 5, ff.25–34, 58, 218–219, 238–240v. 349, 403, 405, 414–416 ; 6, ff.69–70, 114, 145, 152 : 182, 313 ; 7, ff.132, 261, 331 ; 9, f.60 ; 11, ff.14–15, 74–79v. ; 12, f.22 ; 13, ff.200–204v. ; 14, ff.298–302 ; 22, ff.139, 143 ; Col., D2C, 60, f.18 ; 222, Col., E, 94, f.1 ; Col., F3, 51, ff.39s., 128, 132.— APC, Map div., A/300 (1709) ; R/300 (1709) ; VI/900, sect.
F. J. Thorpe, « COUAGNE, JEAN-BAPTISTE DE (1687-1740) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/couagne_jean_baptiste_de_1687_1740_2F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/couagne_jean_baptiste_de_1687_1740_2F.html |
Auteur de l'article: | F. J. Thorpe |
Titre de l'article: | COUAGNE, JEAN-BAPTISTE DE (1687-1740) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |