COUAGNE (Coigne), MICHEL DE, officier dans les troupes de la Marine, né le 5 octobre 1727 à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), fils aîné de Jean-Baptiste de Couagne* et de sa première femme, Marguerite-Madeleine de Gannes de Falaise ; il épousa, le 19 février 1758 à Louisbourg, Jeanne Loppinot, et ils eurent six enfants ; décédé le 28 octobre 1789 à Saint-Marc (République d’Haïti).
C’était une pratique courante de la couronne française de reconnaître les services des officiers décédés en nommant leurs fils dans les forces armées. Michel de Couagne fut fait cadet dans les troupes de la Marine en 1740, peu après la mort de son père qui avait servi à l’île Royale, à titre d’ingénieur, pendant 23 ans. Il servit comme ingénieur adjoint volontaire en 1742 et en 1743, participa à la prise de Canseau (Canso, Nouvelle-Écosse) en 1744 et à la défense de Louisbourg en 1745 [V. François Du Pont Duvivier ; Louis Du Pont Duchambon]. Conduit en France, selon les clauses de la reddition de la forteresse, de Couagne reçut une commission de lieutenant et d’ingénieur adjoint le 6 janvier 1747, année où il fut de l’expédition malheureuse du gouverneur La Jonquière [Taffanel*] au Canada. Ayant finalement atteint le Canada en 1748, il assista, pendant les six années suivantes, Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry dans ses travaux relatifs aux fortifications de Québec, Montréal et autres lieux. En 1754, à la requête de Louis Franquet*, directeur des fortifications de la Nouvelle-France, il retourna à Louisbourg comme ingénieur en titre et y fut employé jusqu’à la capitulation de 1758 [V. Augustin de Boschenry* de Drucour]. Franquet, qui le considérait comme l’un de ses meilleurs ingénieurs, lui obtint le grade de capitaine à la demi-solde en 1756 – promotion probablement destinée à lui conférer l’autorité nécessaire à un ingénieur en poste à Louisbourg. Pendant le siège de 1758, de Couagne fit montre de courage, de diligence et d’habileté dans l’art de la défense. Il dirigea, en particulier, les réparations à la batterie de l’Îlot.
De Couagne passa les années 1759 à 1763 à La Rochelle, mettant la dernière main aux comptes détaillés des fortifications tant de l’île Royale que du Canada, donnant par écrit son point de vue sur divers sujets relatifs aux deux colonies et espérant impatiemment retourner dans son île natale. La qualité de ses travaux relatifs aux comptes de Louisbourg, avec lesquels il était le plus familier, amena la cour à lui confier la vérification des registres du Canada qu’il connaissait moins bien, ce qui ne l’empêcha pas de se tirer d’affaire avec compétence, semble-t-il. Dans sa lettre du 4 novembre 1760 sur l’île Royale (une excellente source de renseignements d’ordre géographique), il recommandait vivement la construction d’une nouvelle capitale fortifiée sur la baie des Espagnols (Sydney Harbour) si la France rentrait en possession de la colonie. La colonisation agricole, insistait-il, devrait y être encouragée par l’introduction du système seigneurial dans plusieurs régions fertiles qui avaient été en grande partie négligées pendant les 40 années et plus d’occupation française de l’île. De Couagne nota en outre que le rôle propre de l’île et de la côte sud avait toujours été de servir de base pour les pêcheries, ce qui devait être continué. Sa lettre du 26 août 1761 sur le Canada concernait l’administration des fortifications, le besoin d’un plus grand nombre d’ingénieurs de formation et d’un moins grand nombre d’amateurs, et l’amélioration de la procédure à suivre. Il recommandait aussi que l’on mît fin à l’habitude désastreuse qu’avaient les officiers chargés de la construction des fortifications dans les postes isolés de vendre du vin et des spiritueux aux soldats employés à ces travaux.
Promu capitaine en janvier 1763, de Couagne fut créé chevalier de Saint-Louis le mois suivant. Il fut, la même année, muté aux îles Saint-Pierre et Miquelon où il dirigea la construction d’édifices gouvernementaux et d’installations portuaires, dressa des cartes et plans exacts, et collectionna des spécimens d’histoire naturelle. Il échoua dans ses efforts pour être désigné commandant en second sous les ordres de son ancien collègue, François-Gabriel d’Angeac, devenu gouverneur de la minuscule colonie. Après son retour en France à la fin de 1766, de Couagne fut mis en poste au dépôt militaire des colonies, sur l’île de Ré, au large de La Rochelle, où il devint par la suite commandant en second et où il servit peu de temps à titre de commandant de la compagnie des cadets. Mis à la demi-solde en 1781, de Couagne se plaignit à son parent. le comte d’Argenson, de ses difficultés financières – lui et sa femme avaient perdu tous leurs biens à Louisbourg en 1758 – et, en 1783, il fut nommé lieutenant de roi à Saint-Marc, sur l’île de Saint-Domingue (île d’Haïti). Son aversion pour les climats tropicaux, sa détresse financière persistante et des décisions défavorables à une promotion, tout concourut à rendre difficiles ses années dans l’île. Ainsi en fut-il également de la forte amende qu’il s’attira en 1786 pour ne pas avoir signalé une violation faite aux règlements régissant le commerce étranger dans son district. Sa mort, en 1789, laissa sa femme dans une situation financière désespérée.
AMA, Inspection du Génie, Bibliothèque,
F. J. Thorpe, « COUAGNE (Coigne), MICHEL DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/couagne_michel_de_4F.html.
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Auteur de l'article: | F. J. Thorpe |
Titre de l'article: | COUAGNE (Coigne), MICHEL DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |