GILMORE (Gilmour), THOMAS, journaliste, imprimeur, inhumé à Québec le 3 février 1773.

Thomas Gilmore serait né en 1741 à Philadelphie ou à Stone, ancien village de la banlieue de Dublin (République d’Irlande). À 17 ans, il entra à l’emploi de l’imprimeur William Dunlop, de Philadelphie, où il eut William Brown pour compagnon de travail pendant quelque temps. En 1763, Brown, retour de la Barbade, retrouve Gilmore et les deux hommes signent, le 5 août, un contrat d’association pour l’établissement d’une imprimerie dans la province de Québec. Tandis que Brown se rend péniblement à cheval à Québec et y distribue un prospectus annonçant la publication d’une gazette hebdomadaire, Gilmore vogue vers Londres, où il achète des caractères chez le fondeur William Caslon, père, une presse, de l’encre et du papier chez Kendrick Peck ; il prend également des abonnements à divers journaux. Le 7 juin 1764, il rejoint, à Québec, son associé Brown auquel 143 abonnés ont répondu, et le 21 juin paraît le premier numéro de la Gazette de Québec/The Quebec Gazette. Cependant, les abonnements et la rémunération annuelle de £50 versée par les autorités coloniales pour les annonces officielles sont insuffisants pour payer le loyer de 14 shillings 6 pence par mois de l’atelier de la rue Saint-Louis, appartenant à un certain J. Thomson, et les frais divers. Aussi, sortent de la presse avis de vente, formules de certificats, calendriers et surtout les premiers livres imprimés dans la province. En 1765, est publiée une brochure bilingue tirée à 300 exemplaires et connue sous le titre de Presentments to the Grand Jury ; elle avait été commandée par le marchand James Johnston, président du jury d’accusation de Québec. Le catéchisme du diocèse de Sens, œuvre de 180 pages in octavo de Mgr Jean-Joseph Languet de Gergy, est imprimé à 2 000 °exemplaires livrés en novembre 1765 à Louis Langlois, dit Germain, au prix de £91 16 shillings, et dont 8 ou 9 nous sont parvenus. Suivent, en 1766, une traduction française de la loi du Timbre puis, l’année suivante, un ouvrage en langue montagnaise de Jean-Baptiste de La Brosse, Nehiro-Iriniui ; Aiamihe Massinahigan [...] (96 pages), les Ordinances, made for the Province of Quebec [...] (81 pages in folio), et The trial of Daniel Disney[...], très probablement l’œuvre dé Francis Maseres*, sur l’affaire Thomas Walker.

Le fait que la Gazette paraisse en deux langues ne facilite pas à Gilmore et Brown le recrutement de leurs employés, pour lequel ils font paraître de fréquentes annonces. Dans une lettre du 29 avril 1768, ils demandent à Dunlop, leur ancien employeur, un jeune Noir connaissant l’anglais, le français, les techniques de l’imprimerie, honnête et ayant eu la variole. On notera que Joe, le jeune Noir, ne répondait pas à tous ces critères : le livre de comptes mentionne les sommes payées le 19 août 1771 pour la sortie de prison de Joe et, le 21 janvier 1777, au docteur James Davidson pour la variole de Joe !

Le mariage de Gilmore avec Mary Lillicoe, le 6 novembre 1768, à Québec, n’est peut-être pas étranger à la mésentente naissante entre les deux associés. Le 4 octobre 1770, Gilmore signe un billet de £250 à Brown qui, le 4 février 1771 puis le 6 juillet 1772, exige, par son avocat Arthur Davidson*, le paiement de cette dette devant la Cour des plaids communs. Gilmore meurt alcoolique au début de l’année 1773, à l’âge de 32 ans. La chicane reprend au cours de l’été entre sa veuve et Brown, qui s’accusent mutuellement de malhonnêteté dans les numéros de la Gazette de Québec des 12 et 19 août et du 2 septembre. Celui du 27 janvier suivant annonce la dissolution de la société entre Gilmore, remplacé par sa veuve Mary, et Brown, qui demeure seul propriétaire du journal.

Brown reste bien sûr la figure dominante, mais Gilmore demeure le pionnier de l’imprimerie québécoise au même titre que son associé.

Jean-Francis Gervais

APC, MG 24, B1, 49.— Archives paroissiales, Cathedra, of the Holy Trinity (Québec), Registers of baptisms, burials, and marriages, 6 nov. 1768, 3 févr. 1773.— ASQ, Polygraphie, XXXV : 6e ; Séminaire, 152, no 182.— Beaulieu et Hamelin, La presse québécoise, I : 2.— Tremaine, Bibliography of Canadian imprints. Æ. Fauteux, Introduction of printing into Canada. H. P. Gundy, Canada (Amsterdam, 1972), 29–31.— F.-J. Audet, William Brown (1737–1789), premier imprimeur, journaliste et libraire de Québec ; sa vie et ses œuvres, SRC Mémoires, 3e sér., XXVI (1932), sect. i : 97–112.— Raoul Renault, Les débuts de l’imprimerie au Canada, BRH, XII (1906) : 86–88.

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Jean-Francis Gervais, « GILMORE (Gilmour), THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gilmore_thomas_4F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Francis Gervais
Titre de l'article:    GILMORE (Gilmour), THOMAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    20 nov. 2024