WILMOT, SAMUEL, fermier, fonctionnaire, homme politique, juge de paix et officier de milice, né le 22 août 1822 à Belmont Farm, canton de Clarke, Haut-Canada, fils de Samuel Street Wilmot et de Mary Stegmann ; le 1er juin 1852, il épousa à Cobourg, Haut-Canada, Helen Matilda Clark, et ils eurent sept enfants ; décédé le 17 mai 1899 à Newcastle, Ontario.

Le père de Samuel Wilmot appartenait à une famille loyaliste en vue du Nouveau-Brunswick. Il était le frère de John McNeil Wilmot*, commerçant réputé de Saint-Jean, et deux de ses neveux, Robert Duncan Wilmot et Lemuel Allan Wilmot*, allaient devenir lieutenants-gouverneurs du Nouveau-Brunswick. Il s’établit dans le Haut-Canada en 1796 et devint arpenteur adjoint, membre de la chambre d’Assemblée et fermier prospère.

Samuel Wilmot fréquenta l’Upper Canada College de 1830 à 1834. Lorsque son père mourut en 1856, il assuma la direction de la ferme tout en continuant de gérer un magasin général à Newcastle. Il fut membre pendant quelques années du conseil de l’Agricultural and Arts Association of Ontario ; en 1879, il en devint le président. Il s’intéressa aussi de près aux affaires publiques locales. De 1850 à 1854 et de 1862 à 1868, il occupa le poste de greffier municipal du canton de Clarke ; de 1859 à 1861 et en 1869–1870, il fut membre du conseil municipal, dont il assuma la présidence de 1871 à 1877. En 1871, il était préfet des comtés unis de Durham et Northumberland. On le nomma juge de paix en 1856 et il fut officier dans la milice de Durham de 1847 aux années 1870.

La ferme de Wilmot longeait le ruisseau Wilmot, frayère réputée pour les saumons du lac Ontario. Toutefois, en 1850, la remonte des saumons avait beaucoup diminué dans le ruisseau, comme dans d’autres rivières à saumon du lac Ontario, en raison d’une pêche excessive et de modifications dans l’environnement. Wilmot s’intéressa à la possibilité de repeupler le ruisseau par ensemencement artificiel. En 1866, il construisit un appareil à éclosion expérimental et réussit à faire éclore le frai de quatre saumons. L’année suivante, il obtint l’appui du gouvernement fédéral et, le 1er juillet 1868, le département de la Marine et des Pêcheries, mis sur pied depuis peu, sous la direction de Peter Mitchell et William Smith, le nomma sous-inspecteur des pêcheries avec le mandat spécial d’exploiter l’établissement piscicole. Le 1er juillet 1876, Wilmot fut nommé surintendant de la pisciculture, poste qu’il occupa jusqu’à sa retraite le 1er avril 1895. On lui confia la construction et la direction d’un réseau de 15 alevinières à travers le Canada, et l’ensemencement de centaines de millions d’alevins chaque année. De plus, il conseilla le gouvernement sur la réglementation de la pêche et la pollution ; en 1892–1893, il effectua une importante enquête sur la pêche en Colombie-Britannique et dans les Grands Lacs.

Wilmot n’a pas découvert les techniques de propagation artificielle. Elles étaient connues pour l’essentiel depuis au moins un siècle en Europe et une alevinière gouvernementale avait été établie en France en 1851. En Amérique du Nord britannique, des expériences d’ensemencement artificiel avaient été menées par Richard Nettle, surintendant des pêcheries dans le Bas-Canada. Wilmot mit au point des techniques et des appareils qui furent adoptés par la suite dans les alevinières d’Amérique du Nord. Ses incubateurs obtinrent des médailles de la Société nationale d’acclimatation de France en 1872 et à l’International Fisheries Exhibition de Londres en 1883.

Samuel Wilmot fut l’élément moteur de la mise en place du réseau de pisciculture au Canada ; en effet, son supérieur immédiat à la direction des Pêcheries, William Frederick Whitcher, doutait de la valeur commerciale du réseau d’alevinières. Même si l’opération technique consistant à faire éclore du frai fut un succès, Whitcher estimait que rien ne prouvait que les alevins survivaient et augmentaient le nombre des prises. Whitcher perdit le débat ainsi que son poste, mais l’opinion se range aujourd’hui à ses idées : devant la dégradation de l’environnement et la surpêche, même l’ensemencement massif d’alevins ne permet pas de maintenir les stocks de poisson. Quant à Wilmot, il reconnaissait l’importance des changements environnementaux sur le déclin de la population de saumon du lac Ontario et considérait le programme d’alevinage comme un simple complément à la réglementation stricte des saisons de pêche afin de permettre la reproduction naturelle des populations de poisson.

Alan B. McCullough

Les rapports de Samuel Wilmot sur les pêches de la Colombie-Britannique et des Grands Lacs se trouvent dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1893, nº 10c. D’autres rapports qu’il a envoyés au gouvernement figurent dans les rapports annuels du département de la Marine et des Pêcheries et dans les archives ministérielles aux AN, RG 23. Il est l’auteur, parmi d’autres écrits, de : Canada at the great International Fisheries Exhibition, London, 1883 (Ottawa, 1884). Un portrait de Wilmot est reproduit dans l’étude de John Squair citée ci-dessous.

AN, MG 26, A : 143037–143057 ; RG 2, 1, vol. 5 ; 88 ; RG 9, I, C6, 7, 9 ; RG 68, General index, 1867–1908.— EEC, Diocese of Toronto Arch., Church of St Peter (Cobourg, Ontario), reg. of baptisms, burials, and marriages, 1er juin 1852.— Royal Ontario Museum, Sigmund Samuel Canadiana Building (Toronto), Samuel Wilmot letter-book.— Canada, dép. de la Marine et des Pêcheries, Annual report (Ottawa), 1868–1885 ; 1893–1900 ; dép. des Pêcheries, Annual report, 1886–1892 ; Parl., Doc. de la session, 1894, nº 16a ; 1897, nº 1.— Ontario, Legislature, Sessional papers, 1870–1881.— W. F. Whitcher, « Practical results of fish culture in the Dominion of Canada », Forest and Stream (New York), 20 (févr.-juill. 1883) : 408.— Globe, 19 mai 1899.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth).— John Squair, The townships of Darlington and Clarke, including Bowmanville and Newcastle, province of Ontario, Canada (Toronto, 1927).— J. R. Dymond, « Artificial propagation in the management of the Great Lakes fisheries », American Fisheries Soc., Trans. (Washington), 86 (1957) : 384–391.— A. G. Huntsman, « Why did Ontario salmon disappear ? » SRC Mémoires, 3e sér., 38 (1944), sect. v : 83–102.— H. [R.] MacCrimmon, « The beginning of salmon culture in Canada », Canadian Geographical Journal (Ottawa), 71 (juill.–déc. 1965) : 96–103.— J. A. Rodd, « Notes on development of fish culture in Canada », Canadian Fish Culturist (Ottawa), 1 (1947), nº 2 : 3–7.— D. B. Simpson, « Major Samuel Street Wilmot », Assoc. of Ontario Land Surveyors, Annual report (Toronto), 1921 : 108–110.

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Alan B. McCullough, « WILMOT, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wilmot_samuel_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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