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Titre original :  Charles Henry Wheeler. Source: Representative Men of Manitoba, 1902.

Provenance : Lien

WHEELER, CHARLES HENRY, architecte, musicien, maître de chapelle et critique de musique et de théâtre, né en 1838 à Lutterworth, Angleterre ; le 9 mai 1859, il épousa à Coventry, Angleterre, Annie Wakefield, et ils eurent sept enfants ; décédé le 7 janvier 1917 à Winnipeg.

L’intérêt que Charles Henry Wheeler portait à l’architecture fut encouragé par ses parents dès ses jeunes années. Ils lui donnèrent une base solide en lui faisant apprendre la charpenterie, la maçonnerie de briques et de pierres et la peinture. En outre, il s’initia à la modèlerie à la Coventry Engine and Art Metal Works. Pendant ses 20 ans de carrière en Grande-Bretagne, il fut contremaître en construction, conducteur de travaux (superviseur de chantier) et architecte ; il réalisa des églises, des résidences et des ponts. De plus, en vertu d’un contrat de deux ans avec le gouvernement britannique, il surveilla la construction d’une prison à Shanghai. Il travailla quelque temps pour George Edmund Street, architecte réputé de Londres, et pour un bureau bien connu de Birmingham, celui de William Martin et de John Henry Chamberlain.

Après avoir lu un compte rendu enthousiaste des possibilités qu’offraient les Prairies canadiennes, Wheeler décida d’y immigrer. Il arriva à Winnipeg avec sa femme et leurs six enfants à la fin de février 1882 ; une période de spéculation effrénée sur les terrains déclinait [V. Alexander Logan*]. Wheeler se fit d’abord remarquer des Winnipegois à cause de sa passion pour la musique. Il avait une voix de basse et, le 19 avril, on annonça qu’il chanterait en solo au cours d’un récital à l’église anglicane Holy Trinity. Ce concert serait, disait-on, le « régal musical de la saison ».

Au printemps de 1883, la paroisse Holy Trinity décerna des prix pour les plans d’une nouvelle église, mais Wheeler, qui avait présenté un projet, ne figurait pas parmi les gagnants. Toutefois, il y eut un nouvel appel d’offres peu après, à un coût révisé de 60 000 $, et cette fois, le projet de Wheeler et de James Chisholm fut retenu. Wheeler travailla un moment avec Chisholm afin de s’initier aux méthodes de construction en usage dans les Prairies canadiennes, mais les plans de Holy Trinity, dans le style gothique, sont de sa main, et il est reconnu comme architecte de cette église. La construction se fit sous sa supervision et s’acheva en juillet 1884. Inspirée d’églises anglaises du début du xiiie siècle, la nouvelle église Holy Trinity, par son académisme britannique, vint ajouter une note de sobriété aux lieux de culte de la ville. Elle attestait la réputation de Wheeler, architecte professionnel compétent qui apportait respectabilité et vitalité à Winnipeg.

À l’automne de 1884, une controverse surgit à propos du nouvel hôtel de ville de Winnipeg, alors en construction d’après des plans d’un bureau rival de Wheeler, Barber and Barber [V. Charles Arnold Barber]. Engagé comme architecte examinateur, Wheeler désapprouva les contrats dressés par les Barber ainsi que leurs méthodes de chauffage, de plomberie et de spécification des matériaux. Les Barber furent remerciés de leurs services, et Wheeler supervisa les travaux jusqu’à leur achèvement, avec Chisholm.

En 1887, une épicerie de gros, la G. F. Galt and J. Galt [V. George Frederick Galt*], commanda à Wheeler les plans d’un entrepôt en briques et en pierres. C’est le plus ancien exemple de l’utilisation par Wheeler de détails néo-romans pour un immeuble commercial à Winnipeg ; la plupart de ses ouvrages subséquents présenteraient aussi ce type d’ornementation extérieure. Le sous-sol de l’entrepôt est fait de pierres rustiquées sur lesquelles reposent des pilastres géants d’une hauteur de trois étages ; la division des travées est donc très nette. Le fenêtrage est d’une belle symétrie : à chacune des grandes fenêtres à dessus rond du rez-de-chaussée correspondent deux fenêtres au premier étage et trois fenêtres au second. À cela s’ajoutent des encorbellements très ouvragés en briques. L’entrée a été placée à l’encoignure, disposition qui crée l’effet d’une tour. Toutes les fenêtres ont un appui et un larmier en pierre, ce qui accroît la symétrie.

Dès 1889, Wheeler, assisté de deux de ses fils, Alfred Harry et Charles William, avait le bureau d’architectes le plus occupé de la ville. Il réalisa notamment le Deaf and Dumb Institute à Winnipeg, le Home for Incurables à Portage-la-Prairie et la succursale de la Banque des marchands du Canada à Brandon, tous en 1890, de même que des immeubles commerciaux à Regina, des églises méthodistes à Moosomin (Saskatchewan) et à Morden, au Manitoba, et un grand nombre de maisons et d’entrepôts. Beaucoup de commandes prestigieuses suivirent tout au long des années 1890. Wheeler dessina les plans d’un asile d’aliénés à Brandon en 1892 pour la province et remporta en 1893 le concours du palais de justice de Winnipeg. Ce palais de justice était de style néo-roman, mais présentait en plus un fini de briques rouges et des rehauts de calcaire. Wheeler adopta ce même style pour deux édifices identiques – les écoles Argyle Street et Dufferin – dont il dressa les plans en 1896 pour le conseil scolaire de Winnipeg. En 1895, il avait dessiné une maison de style néo-roman pour l’ancien député fédéral Hugh John Macdonald*. Cette maison, Dalnavert, est aujourd’hui un musée local ; elle témoigne de la compétence de Wheeler et de son souci du travail honnête.

Vers la fin des années 1890, la pratique architecturale changea à Winnipeg. Tandis que les architectes locaux concevaient divers édifices dans le Nord-Ouest, les commandes associées aux grands chantiers de la ville commencèrent d’aller à des architectes de Toronto. Cependant, la surveillance des travaux était confiée à des professionnels résidants. Superviser la construction d’un nouvel édifice dessiné par le bureau torontois de Frank Darling* et John Andrew Pearson* pour la Banque canadienne de commerce fut d’ailleurs l’une des dernières affectations importantes de Wheeler. Ce dernier continua d’exercer sa profession jusqu’en 1906, mais il construisit surtout des maisons ou de petits ajouts à des immeubles qu’il avait conçus dans une période antérieure. Il fut élu deuxième vice-président de la Manitoba Association of Architects à la fondation de cet organisme le 25 mai 1906.

Wheeler, qui se décrivait lui-même comme un « fervent adepte du gothique », subit l’influence du critique d’art John Ruskin. Comme celui-ci, il soutenait que la décoration extérieure d’un édifice devait être adaptée à sa fonction et que le concepteur devait tenir compte de cette fonction, des proportions et de la symétrie. La description d’une de ses maisons résume très bien son idée de l’architecture : « [il n’y a] aucun ornement superflu, chaque détail est à sa place et cela produit un effet des plus agréables ».

Pour Wheeler, la musique et le théâtre comptaient autant que l’architecture. Il avait probablement étudié la musique à Coventry ; on sait que, au temps où il était à Londres, il tenait une chronique musicale dans plusieurs hebdomadaires. Dès son arrivée à Winnipeg, il s’établit comme professeur de musique, donna des récitals en solo et devint maître de chapelle. La musique et le théâtre, tout comme l’architecture, connaissaient de grands changements dans les années 1880. Des troupes de répertoire en provenance du centre du Canada et des États-Unis [V. William Blake Lawrence] commençaient de se produire à Winnipeg au cours de leurs tournées, de sorte que le mélodrame supplantait les représentations d’amateurs et les théâtres de variétés. On pouvait entendre de la musique sérieuse uniquement dans quelques églises qui engageaient des organistes du centre du pays et leur versaient un salaire, avaient de grandes chorales et se faisaient installer de grandes orgues. Wheeler s’était joint à la chorale de l’église Holy Trinity peu après son arrivée en 1882, mais quelques mois plus tard, il devint maître de chapelle à l’église méthodiste Zion. En mars 1885, il prit en charge la chorale de l’église presbytérienne Knox après avoir aidé cette congrégation à régler des réclamations contre son entrepreneur.

À compter de 1883, Wheeler écrivit des critiques des spectacles musicaux et théâtraux de Winnipeg pour divers journaux de la ville. Engagé par le Sun vers 1887, il y collabora pendant environ trois ans. De 1890 à sa mort, il tint le samedi une chronique de musique et de théâtre dans le Winnipeg Tribune. Pendant plus de 25 ans, il fut reconnu comme le « vénérable vieillard » du monde musical de Winnipeg. Il avait une belle voix grave ; c’était « un homme aux cheveux longs, à la manière d’Oscar Wilde, qui partageait son temps entre les partitions musicales et des critiques caustiques de musiciens au style ampoulé ». Wheeler se considérait comme une personnalité cosmopolite dont la compétence l’autorisait à se donner pour mission d’ajouter apparat et dignité aux arts de la scène à Winnipeg. Il exerçait librement ses facultés critiques en vue de rehausser la qualité des chanteurs et musiciens de la ville.

Le jour de l’An 1917, Wheeler tomba sur un trottoir glacé en se rendant au Walker Theatre. Il mourut une semaine plus tard, à l’âge de 78 ans. Son ami Octave Fortin, archidiacre de l’église Holy Trinity, nota que sa principale qualité en tant qu’architecte avait été d’« inspecter fidèlement ses édifices » de sorte qu’« aucun travail bâclé ou insatisfaisant n’échappa jamais à sa vigilance ». En tant que critique musical, il avait manifesté « un bon jugement et une stricte honnêteté ». Trois de ses fils suivirent ses traces : Alfred Harry fut maître de chapelle et architecte à St Paul, au Minnesota, Charles William fut musicien et architecte à Port Arthur (Thunder Bay, Ontario) et Arthur Wakefield pratiqua l’architecture à Edmonton et à Winnipeg.

Charles Henry Wheeler ne fut pas un architecte influent. Il fut plutôt un Anglais cosmopolite qui s’établit dans une ville des Prairies et qui, en raison de son intégrité, servit de modèle à ses concitoyens.

Giles Bugailiskis

Charles Henry Wheeler est l’auteur de : « Music and our musicians », Winnipeg Tribune, 20 déc. 1890 ; « The evolution of architecture in northwest Canada » et « Winnipeg », Canadian Architect and Builder (Toronto), 10 (1897) : 8 et 13 (1900) : 130 respectivement ; « Some personal theatrical and musical reminiscences », Winnipeg Town Topics, 17 déc. 1910–18 janv. 1913.

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index.— Ville de Winnipeg, Dir. des arch. et des duc. publics, Assessment rolls ; City Clerk’s department, building permits, 1900–1906.— « Charles H. Wheeler : dean of musical and dramatic critics in Winnipeg and Canadian west », Winnipeg Town Topics, 17 déc. 1910.— Winnipeg Tribune, 1er août 1891, 13 oct. 1896, 8 janv. 1917.—Annuaire, Winnipeg, 1882–1917.— G. B. Brooks, Plain facts about the new city hall ; its inside history from the first down to the present ; interesting disclosures (Winnipeg, 1884).— George Bryce, A history of Manitoba ; its resources and people (Toronto et Montréal, 1906).— Canadian Architect and Builder, 1 (1888)–22 (1908).— Octave Fortin et C. [C.]  Carruthers, Sixty years and after : an historical sketch of Holy Trinity parish, Winnipeg [...] also, an outline of present day activities and possible future developments (Winnipeg, 1928).— Saturday Night, 20 janv. 1917.— Reg Skene, « C. P Walker and the business of theatre : merchandizing entertainment in a continental context », dans The political economy of Manitoba, James Silver et Jeremy Hull, édit. (Regina, 1990), 128–150.— David Spector, « From frivolity to purposefulness : theatrical development in late nineteenth century Winnipeg », l’Art dramatique canadien (Waterloo, Ontario), 4 (1978) : 40–51.

Bibliographie générale

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Giles Bugailiskis, « WHEELER, CHARLES HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wheeler_charles_henry_14F.html.

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Auteur de l'article:    Giles Bugailiskis
Titre de l'article:    WHEELER, CHARLES HENRY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    18 mars 2024