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WATSON, ALBERT DURRANT, médecin, astronome, auteur et chercheur en matière de phénomènes psychiques, né le 8 janvier 1859 à Dixie (Mississauga, Ontario), fils de William Youle Watson et de Mary Ann Aldred ; le 23 septembre 1885, il épousa à Toronto Sarah Anne Grimshaw Clare (décédée le 13 mars 1937), et ils eurent deux filles et cinq fils ; décédé le 3 mai 1926 dans cette ville.

Le père et les grands-parents paternels d’Albert Durrant Watson immigrèrent de l’Angleterre en 1819 et ses grands-parents maternels firent de même en 1836. Selon une nécrologie de la Canadian Medical Association, il venait « d’une bonne famille ». Réformiste en politique, son père était de confession méthodiste. Watson aussi œuvrerait au sein de l’Église méthodiste du Canada. Fidèle de l’église Euclid Avenue à Toronto, il appartint à la Conférence de Toronto, à la Conférence générale, au conseil des missions et au comité directeur de la Methodist Social Union of Toronto. Il fut trésorier de la section de tempérance et de réforme morale de l’Église et anima une classe d’étude de la Bible fréquentée par de nombreux jeunes. On peut lire dans le Commemorative biographical record of the county of York, paru en 1907, qu’il participait « activement à l’œuvre éthique et sociologique de l’Église ». Fondateur et président de l’Ethological Association of Canada, il occupa également la présidence de la Canadian Purity-Education Association et fut « un éminent maître et chef de file en matière d’idéaux éthiques ».

Après avoir fréquenté les écoles du comté de Peel, Watson avait étudié à la Normal School de Toronto et enseigné un moment à Malton (Mississauga) et à Oakville, puis il s’était orienté vers la médecine. En 1883, il obtint un doctorat en médecine du Victoria College de Cobourg. En 1890, la University of Toronto lui décernerait un autre doctorat, ad eundem gradum, en reconnaissance de l’autorisation de pratique obtenue par lui en 1883 du Royal College of Physicians of Edinburgh. Médecin de renom durant plus de quarante ans, il appartint au personnel de trois hôpitaux, dont le Toronto Western Hospital.

Watson se passionnait pour l’astronomie, entre autres choses, et pratiquait cette discipline en amateur. Il y consacra plusieurs écrits, notamment « The reformation and simplification of the calendar » en 1896, « Astronomy in Canada » en 1917 et « Astronomy : a cultural avocation » en 1918. Il avait adhéré en 1892 à l’Astronomical and Physical Society of Toronto – la future Société royale d’astronomie du Canada, dont il serait deuxième puis premier vice-président entre 1910 et 1915, puis président en 1916 et en 1917. Il s’intéressait aussi, de multiples façons, à la musique et à la littérature. Pendant les premières décennies du xxe siècle, plusieurs de ses poèmes parurent dans des recueils d’hymnes méthodistes et presbytériens. En 1908, Watson écrivit d’autres paroles sur l’air d’Ô Canada ; très appréciée à l’époque, cette version est encore chantée dans bon nombre d’églises.

Toujours en 1908, Watson publia The wing of the wild-bird and other poems. D’autres livres suivirent : Love and the universe, The immortals and other poems en 1913, Heart of the hills (poems) en 1917, The dream of God (a poem) en 1922 et Woman : a poem en 1923. Son ami Lorne Albert Pierce*, directeur de la maison Ryerson Press, annonçait en 1923 : « Nous prévoyons pour très bientôt une édition de morceaux choisis de sa poésie. Cet [ouvrage] devrait lui permettre de figurer parmi les grands noms de notre littérature nationale. »— The poetical works of Albert Durrant Watson parut l’année suivante. Très influencé par les « poètes de la Confédération », notamment Charles George Douglas Roberts* et William Bliss Carman, Watson abordait lui aussi des thèmes nationalistes et romantiques. Comme Carman, il était attiré par les sujets mystiques.

Également prosateur, Watson produisit plusieurs études philosophiques, par exemple The sovereignty of ideals ([1903]), The sovereignty of character : lessons from the life of Jesus of Nazareth (1906) et Three comrades of Jesus (1919). Il consacra au poète Robert Winkworth Norwood* le premier volume de la collection Makers of Canadian Literature, lancée par Pierce. Cet ouvrage paru en 1923 ne suscita pas des commentaires aussi élogieux de la part de tous les critiques, mais Edwin John Pratt* souligna que le « travail d’interprétation a[vait] été accompli avec intuition et finesse ». Watson avait aussi collaboré avec Pierce à la compilation de la fameuse anthologie Our Canadian literature : representative prose and verse, publiée en 1922.

Au moment même où il était reconnu pour son œuvre littéraire, Watson faisait parler de lui à cause de ses recherches sur le psychisme. De 1918 à 1920, le plus souvent au domicile des Watson, le médium Louis Benjamin tint une série de séances dont un sténographe notait le déroulement. Parmi les personnes présentes à au moins l’une d’elles se trouvait Flora MacDonald Denison [Merrill] ; comme Watson, elle était une disciple de Walt Whitman. Watson devint président de l’Association for Psychical Research of Canada et exposa les conclusions de son étude sur les communications recueillies au cours de ces séances – prétendument sous la dictée des esprits de célébrités disparues – dans The twentieth plane : a psychic revelation, paru en 1918, et dans Birth through death, the ethics of the twentieth plane : a revelation received through the psychic consciousness of Louis Benjamin, publié en 1920.

Dans les premières semaines de janvier 1919, un débat sur The twentieth plane eut lieu dans les journaux torontois. En mars, dans son journal intime, l’écrivaine Lucy Maud Montgomery* évoqua « [ce] livre qui a[vait] tellement fait sensation à Toronto » (et le qualifia de « ramassis de fadaises », bien qu’elle se soit intéressée à la vie après la mort). Watson gagna de nombreux appuis, mais certaines personnes le ridiculisèrent en public. Il démissionna de la direction de la classe d’études bibliques. Deux ans plus tard, il se dissocia de Benjamin en proclamant son scepticisme à l’égard des médiums (mais en réaffirmant sa croyance dans le monde spirituel) et abandonna la direction du Twentieth Plane : a Magazine of Psychic Content. Son étude des « lois spirituelles et [des] forces psychiques » s’acheva en 1923 par la publication de Mediums and mystics […], ouvrage écrit en collaboration avec Margaret Lawrence, qu’il désignerait son exécutrice littéraire.

En 1920, soit dans les premiers temps de l’existence de la communauté baha’ie au Canada, Watson s’était converti à cette foi (Margaret Lawrence ferait de même l’année suivante). Lorne Albert Pierce a écrit à son sujet : « Il ne reconnaissait aucune frontière nationale, ecclésiastique ni autre, mais cherchait la vérité partout dans le monde […] Il passait au crible les philosophies, les religions et les littératures du monde […] Nul homme de cette génération à Toronto n’a jamais accueilli autant de visages étranges, de langues, de sectes, de systèmes, d’enthousiasmes, d’artistes, de poètes, de fanatiques [et] de sages que lui ; aucune demeure n’a été davantage l’antichambre de l’univers. »

Albert Durrant Watson pratiquait un style littéraire qui fut éclipsé peu de temps après sa mort par le réalisme moderne, mais l’histoire du Canada retiendra son nom en raison de la constance avec laquelle il se consacra à l’art et à la science.

Debra Barr et Walter Meyer Zu Erpen

Tous les ouvrages d’Albert Durrant Watson mentionnés dans le texte ont été publiés à Toronto, à l’exception de The sovereignty of ideals, qui a paru à Westwood, au Massachusetts. « The reformation and simplification of the calendar » a d’abord été publié dans Astronomical and Physical Soc. of Toronto, Trans., 1896 : 59–72, et a été réimprimé séparément l’année suivante. « Astronomy in Canada » et « Astronomy : a cultural avocation » ont paru dans Soc. royale d’astronomie du Canada, Journal (Toronto), 11 (1917) : [47]–78 et 12 (1918) : [81]–91 respectivement, et ont aussi été publiés séparément les mêmes années. Un grand nombre de ces ouvrages et d’autres recueils de poésie rédigés par Watson peuvent être consultés à l’ICMH et sont listés dans son Répertoire. Watson a aussi écrit « The doctor of the future » pour le Canadian Journal of Medicine and Surgery (Toronto), 7 (janv.–juin 1900) : 311–318, et a également publié des articles dans le magazine baha’i Star of the West (Chicago) en 1924 et en 1926.

On trouve des notices biographiques sur Watson notamment dans : Canadian album (Cochrane et Hopkins), 1 : 105 ; Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912) ; Canadian poets, J. W. Garvin, édit. ([éd. rév.], Toronto, 1926), 235s. ; Commemorative biographical record of the county of York [...] (Toronto, 1907) ; et L. A. Pierce, Albert Durrant Watson : an appraisal (Toronto, 1923 et 1924). Des notices nécrologiques figurent dans le New Outlook (Toronto), 19 mai 1926 : 26, dans Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), nouv. sér., 16 (1926) : 991s., et dans Soc. royale d’astronomie du Canada, Journal, 20 (1926) : 153–157. On consultera aussi : John Colombo, « The Euclid Avenue séances », dans Haunted Toronto (Toronto, 1996), 176–179 ; A. C. Laut, « The poetical works of Albert Durrant Watson », Christian Guardian, 26 mars 1924 : 22–24 ; L. M. Montgomery [Macdonald], The selected journals of L. M. Montgomery, Mary Rubio et Elizabeth Waterston, édit. (4 vol., Toronto, 1985–1998), 2 : 312 ; E. J. Pratt, « A new book », Christian Guardian, 4 juill. 1923 : 21 ; et W. C. van den Hoonaard, The origins of the Bahá’í community of Canada, 1898–1948 (Waterloo, Ontario, 1996). Le testament et l’enregistrement de décès de Watson sont conservés aux AO, RG 22-305, nº 54597 et RG 80-8-0-1017, nº 3724. Son dossier aux UTA, A1973-0026/497(50), contient des coupures de journaux utiles.

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Debra Barr et Walter Meyer Zu Erpen, « WATSON, ALBERT DURRANT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/watson_albert_durrant_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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