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WARREN, JAMES DOUGLAS, trafiquant, capitaine de phoquier et transporteur de marchandises, né le 28 février 1837 à North River, Île-du-Prince-Édouard, fils de George Warren et de Grace Pollard ; avant 1868, il épousa Hannah Lancashire, et ils eurent deux filles et un fils ; décédé le 9 septembre 1917 à Victoria.
James Douglas Warren arriva à Victoria en 1858 et se mit à faire de la traite avec les Amérindiens sur la côte ouest de l’île de Vancouver à bord du sloop Thornton. Il transportait des marchandises et, à l’occasion, des passagers, mais surtout, il faisait la traite de l’huile de squale et des pelleteries, particulièrement des peaux de l’otarie à fourrure du Pacifique Nord, très recherchées sur les marchés européens de la mode. Dès 1864, il exploitait un magasin en permanence dans la baie Clayoquot et un trajet régulier de traite le long de la côte de l’île de Vancouver. Il était le premier à faire couramment de la traite dans les eaux du nord de la Colombie-Britannique et s’arrêtait souvent dans les principales localités autochtones de la rivière Nass et du lointain archipel de la Reine-Charlotte. À force de longer la côte, Warren acquit la conviction qu’il serait possible de capturer plus d’otaries en amenant des chasseurs autochtones directement au large, là où elles se nourrissaient. En 1869, il prit à bord du Thornton un équipage de chasseurs clayoquots et entreprit l’une des premières expéditions commerciales de chasse au phoque en haute mer à partir de la côte du Pacifique. L’aventure se révéla plus instructive que rentable. Warren obtint de meilleures prises avec le Thornton en 1870 et en 1871.
Dans ces années, on parlait beaucoup des relations de Warren avec les autochtones. En 1867, il fut jugé coupable d’avoir vendu de l’alcool à des Amérindiens sur la Nass. Un an plus tard, la presse de Victoria le couvrit d’éloges parce qu’il avait survécu à l’un des plus spectaculaires affrontements survenus sur la côte de la Colombie-Britannique. Le 13 juin 1868, tandis que le Thornton quittait le nord de l’île de Vancouver, aux environs du fort Rupert (près de ce qui est aujourd’hui Port Hardy), Warren et son équipage de cinq hommes furent attaqués par un groupe d’Amérindiens armés. Par un tir de riposte, ils tuèrent 15 de leurs assaillants et en blessèrent 5. Eux-mêmes subirent des blessures ; ainsi, Warren reçut une décharge de chevrotine en pleine poitrine. Bien que les journaux en aient fait un héros, il fut arrêté pour avoir tiré sur un Amérindien à son retour à Victoria. Le tribunal rejeta l’accusation, mais on garda l’impression qu’il y avait peut-être eu provocation avant l’attaque du Thornton.
En 1871, Warren s’associa à un concurrent américain, Joseph Boscowitz, propriétaire de magasins dans la baie Clayoquot et l’État de Washington, et acheta le schooner Anna Beck pour qu’il accompagne le Thornton à la chasse au phoque en haute mer. La Warren and Boscowitz tenait également, dans le nord et le centre de l’île de Vancouver, plusieurs magasins où elle faisait la traite des peaux d’otarie avec des Amérindiens qui chassaient encore à bord de leurs canots. L’entreprise prospéra : en 1881, elle possédait quatre navires, soit un tiers des phoquiers de Victoria. La même année, Warren fit installer des machines à vapeur sur ses bateaux pour qu’ils affrontent plus facilement les marées côtières. En 1884, il fut parmi les premiers capitaines de phoquier de Victoria à poursuivre les phoques en migration au delà des territoires de chasse habituels, au large du sud de l’État de Washington et de la Colombie-Britannique et jusque dans la mer de Béring [V. Clarence Nelson Cox* ; Alexander MacLean]. La présence de ces « braconniers de la haute mer » alarma les Américains qui avaient des intérêts dans la chasse au phoque, et les cotres du département du Revenu des États-Unis procédèrent à des saisies. En 1886–1887, Warren était propriétaire ou copropriétaire de sept bateaux, soit plus que tout autre chasseur de phoque de Victoria, et tous sauf deux furent arraisonnés, dont son principal navire, le Thornton.
Bien qu’un tribunal ait conclu par la suite que l’intervention américaine était illégale, Warren était ruiné. Ses relations avec Boscowitz se gâtèrent rapidement, et les deux hommes mirent fin officiellement à leur association en 1888, au milieu d’un long et amer litige. En 1889, Warren participa à la fondation de la Victoria Shippers and Master Sealers Association, regroupement de chasseurs de phoque en haute mer formé en vue d’obtenir des indemnités pour les saisies dans la mer de Béring et d’assurer à ses membres protection et assistance. Warren fut président de cette association jusqu’en 1891 ; cette année-là, des problèmes financiers, causés notamment par l’augmentation constante de ses frais judiciaires, l’obligèrent à abandonner complètement la chasse au phoque.
Par la suite, James Douglas Warren devint agent d’assurance maritime et se remit au transport de marchandises. En 1897, il acheta un ancien vapeur de la Cunard, l’Alpha, et commença à transporter des passagers et des marchandises dans les régions aurifères du Klondike. L’année suivante, il fit l’acquisition d’un autre navire, le Barbara Boscowitz, et réussit à récupérer une partie de ses pertes. À la fin de la Ruée de l’or, en 1900, il se départit de ces navires et entama une calme retraite dans sa maison de Victoria. On continua de le révérer comme l’un des pionniers de la chasse au phoque et l’un des grands navigateurs de la Colombie-Britannique.
BCARS, Add.
Ira Chaikin, « WARREN, JAMES DOUGLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/warren_james_douglas_14F.html.
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Auteur de l'article: | Ira Chaikin |
Titre de l'article: | WARREN, JAMES DOUGLAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |