DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

VENNE, JOSEPH, architecte, né le 14 juin 1858 à Montréal, fils aîné de Joseph Venne (Vaine), charpentier, et d’Hélène Raymond-Labrosse ; le 17 octobre 1882, il épousa à Montréal Philomène Boucher, et ils eurent 11 enfants, dont 5 fils et 4 filles atteignirent l’âge adulte ; décédé le 9 mai 1925 au même endroit.

Bien qu’il ait été un élève appliqué, Joseph Venne dira de ses études chez les Frères des écoles chrétiennes à Montréal qu’elles ont été très rudimentaires, les connaissances qu’il en aurait retirées se limitant à la grammaire et à l’histoire. Avec du recul, il jugera que l’enseignement du dessin, linéaire et à main levée, y était faible, et le matériel en livres et en instruments, minimal. Ainsi, lorsqu’il se présente en mai 1874 chez Henri-Maurice Perrault, arpenteur et architecte, avec des dessins qu’il considérera plus tard vraiment trop imparfaits, il n’a encore jamais vu un té. Ce n’est qu’après avoir travaillé avec ardeur pendant trois à quatre semaines pour produire de nouveaux dessins qu’il est admis comme apprenti, au salaire de quatre dollars par mois pour la première année. Sa formation durera cinq ans. À cette époque, Perrault est au sommet de sa carrière et collabore avec Alexander Cowper Hutchison à la construction de l’hôtel de ville de Montréal. En 1880, il confie la direction de son bureau à son fils Maurice*, lequel s’associe au dessinateur en chef Albert Mesnard. Avant même que Perrault et Mesnard ne l’invitent à s’associer à eux en 1892, Venne joue déjà un rôle très actif dans la nouvelle société, dont la production est considérable et diversifiée. Les commandes viennent surtout de l’Église catholique, des administrations publiques et de la bourgeoisie francophone de la province de Québec, mais elles arrivent aussi de la Colombie-Britannique (cathédrale St Andrew à Victoria, dessinée sur le modèle de l’église Saint-Antoine, à Longueuil) et des États-Unis (églises à Boston et Adams, dans le Massachusetts, et à Pawtucket, dans le Rhode Island).

Venne aurait notamment été responsable du projet gagnant de l’université Laval à Montréal (1893–1895) et d’une grande partie des travaux du Monument national (1891–1894). Dans Marges d’histoire, Olivier Maurault* affirme que la plus belle section de l’église Saint-Jacques (1889–1891), soit la façade du croisillon sud, rue Sainte-Catherine, est l’œuvre de Venne, mis à part quelques modifications auxquelles aurait tenu son aîné Mesnard. Venne dessine également les plans du presbytère (achevé en 1895), ainsi que de la première église du Sacré-Cœur-de-Jésus à Montréal et de la deuxième construite après un incendie qui surviendra en 1922. Dans le décor sculpté de la sacristie figurent de multiples monogrammes et deux têtes – que certains interpréteront comme le portrait de Venne et celui de son fils Émile –, apposés en guise de signature. Dans cette paroisse où il s’est marié et où il résidera jusqu’à son décès, Venne préside la section du Sacré-Cœur de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal.

La société Perrault, Mesnard et Venne est dissoute en 1895. Venne travaille ensuite à son compte jusqu’en 1911, date à laquelle il s’associe à Louis Labelle, son élève. En 1923, en dépit de la maladie, il continue d’exercer avec ses fils, Émile et Adrien, respectivement admis à l’Association des architectes de la province de Québec en 1922 et 1923. Durant toutes ces années, sa production est importante et s’étend jusqu’au Massachusetts (églises de Southbridge et de New Bedford).

Formé avec Perrault et Mesnard à l’époque du victorien tardif, Venne prolonge dans son œuvre l’inspiration éclectique et le goût des décors chargés de cette architecture que Gérard Morisset*, dans l’Architecture en Nouvelle-France, qualifiera de « vulgaire complication ». Venne fait néanmoins évoluer son art de manière originale. Dans l’agrandissement de l’église de la paroisse Saint-Enfant-Jésus, à Montréal, dont le corps de façade en escalier (1903) constitue l’élément le plus spectaculaire, il réalise un transept (1898) très large qui, à la croisée de la nef, forme un octogone, rare exemple québécois de fusion des plans centré et basilical. Pour faire pendant à un clocher antérieur (aujourd’hui tronqué et invisible), il place sur le flanc sud un nouveau campanile dont l’orientation à 45 souligne le parti d’ensemble. Cette tour, placée de façon insolite et pittoresque, est érigée en 1910 pour reloger les cloches qui ont servi au vingt et unième Congrès eucharistique international, événement où Venne s’est illustré comme directeur général de la décoration.

À l’église de la paroisse Saint-Clément, dans le quartier Viauville, dont il a déjà construit la nef (1899), Venne reprend le même parti octogonal pour le chœur qu’il ajoute en 1913–1914. Cette fois cependant, de grandes poutres confèrent une vigueur étonnante aux axes obliques de la croisée. Au plafond, d’imposants caissons accentuent la géométrie particulière de l’église et permettent un éclairage naturel supplémentaire.

Sur le plan technique, Perrault, Mesnard et Venne comptent déjà, à la fin du xixe siècle, parmi les architectes les plus novateurs en matière d’utilisation de l’acier. L’atrium en fer et en verre de la Banque du peuple (1892–1894), inspiré de modèles américains, atteste leur rapidité à saisir les développements les plus récents dans les domaines de la construction et de l’esthétique. En 1907, en dressant les plans de l’école Salaberry, rue Robin, érigée à la suite de l’incendie meurtrier de l’Hochelaga School, Venne aurait conçu le premier établissement incombustible en béton de la Commission des écoles catholiques de Montréal.

Tout en pratiquant sa profession, Venne s’efforce de la promouvoir et de la faire progresser. Entre 1895 et 1899, il offre des cours publics de construction et d’architecture au Monument national, sous les auspices du Conseil des arts et manufactures de la province de Québec. Ses nombreuses conférences témoignent de ses « connaissances étendues et variées » – comme le mentionnera la Presse le 3 septembre 1910 – et portent entre autres sur l’« archéologie », les « principes de la composition architecturale », l’« administration intérieure des bureaux d’architectes », les « valeurs esthétiques des moulures et profils » ou sur des monuments qu’il a visités au cours de voyages en Europe, notamment en Italie. En 1890, Venne participe à la fondation de l’Association des architectes de la province de Québec. Il se gagne alors le respect de ses collègues puisqu’il est membre du conseil dès 1893, nommé secrétaire de 1894 à 1898, deuxième vice-président en 1899, premier vice-président en 1901. Il est aussi élu président à deux reprises, soit en 1902 et en 1912, fait sans précédent pour cet organisme. Presque sans interruption de 1906 à 1920, il agit comme examinateur des candidats qui demandent leur admission à l’Association des architectes de la province de Québec. Il participe à de nombreux groupes de travail sur des sujets aussi variés que l’administration de l’association ou l’embellissement urbain. En 1899, il propose de créer un comité des monuments historiques chargé de rassembler l’information sur l’architecture ancienne. Le projet se concrétise en 1909, avec l’appui de l’architecte William Sutherland Maxwell, frère et associé d’Edward. En 1911, Venne participe, avec Joseph-Alcide Chaussé*, à une commission qui vise à refondre les règlements de construction de la ville de Montréal. Quelques-uns de ses plans sont présentés dans des expositions collectives à l’Académie royale des arts du Canada en 1882 et 1913, et à l’Association des arts de Montréal en 1905, 1908 et 1913. S’intéressant à l’histoire, la composition, la construction, l’urbanisme et la gestion, Venne fait figure de professionnel accompli.

Plusieurs autres architectes portent le patronyme de Venne, à commencer par les deux fils de Joseph, Adrien et Émile. Le premier sera également connu comme historien. Le second, formé à l’École des beaux-arts à Paris, enseignera à l’école des beaux-arts de Montréal et à l’École polytechnique. Parmi les cousins au deuxième ou au troisième degré de Joseph, ainsi que parmi les petits-fils, se trouvent d’autres membres de la profession ; Alphonse Venne*, dont la production dans la région de Montréal sera imposante, en constitue le meilleur exemple. Dans la perspective de tous ces liens familiaux ou relations d’affaires, Joseph Venne apparaît au centre d’un des réseaux de praticiens les plus durables et les plus marquants de l’histoire du Québec. Il a laissé derrière lui un nombre imposant de constructions et une contribution majeure au développement de la profession d’architecte au Québec.

Pierre-Richard Bisson et Jacques Lachapelle

Les auteurs tiennent à remercier Michel Venne et Michel Allard, respectivement petit-fils et arrière-petit-fils de Joseph Venne, pour les renseignements qu’ils leur ont communiqués au cours d’une entrevue. [p.-r. b. et j. l.]

ANQ-M, CE601-S7, 15 juin 1858, 17 oct. 1882 ; P124-16, 4 oct. 1894–14 juill. 1908 ; 17, 1er sept. 1908–7 janv. 1926 ; 22, 1890–1925 ; 35.— Arch. de la chancellerie de l’archevêché de Montréal, 968 (dossier Claude Turmel) : 355.122 (extraits des registres paroissiaux relatifs aux bâtiments de la fabrique de la paroisse Saint-Enfant-Jésus).— Arch. nationales (Paris), AJ52 (fonds de l’École nationale supérieure des beaux-arts), dossier 308.— Arch. paroissiales, Saint-Clément (Montréal), Plans.— « M. Joseph Venne », la Presse, 3 sept. 1910 : 3.— « Montréal va s’embellir d’une nouvelle église », la Presse, 22 avril 1911 : 16.— La Presse, 11 mai 1925.— W. H. Atherton, Montreal, 1534–1914 (3 vol., Montréal, 1914), 3.— Soraya Bassil, « Document orientation-concept, résumé critique des recherches et divisions thématiques » (travail dirigé, univ. du Québec à Montréal, 1999).— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 2 : 326.— Le Diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle [...] (Montréal, 1900).— Olivier Maurault, Marges d’histoire (3 vol., Montréal, 1929–1930), 2.— Gérard Morisset, l’Architecture en Nouvelle-France (Québec, 1949).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Pierre-Richard Bisson et Jacques Lachapelle, « VENNE, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/venne_joseph_15F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/venne_joseph_15F.html
Auteur de l'article:    Pierre-Richard Bisson et Jacques Lachapelle
Titre de l'article:    VENNE, JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    29 mars 2024