Provenance : Lien
Thorneloe, George, ministre de l’Église d’Angleterre et archevêque, né le 4 octobre 1848 à Coventry, Angleterre, fils de James Thorneloe et de Katharine Carter ; le 18 août 1874, il épousa à Lennoxville (Sherbrooke, Québec) Mary Eliza Fuller (décédée le 28 janvier 1921), et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 3 août 1935 à Sault-Sainte-Marie, Ontario.
Le père de George Thorneloe immigra en 1856 dans le Bas-Canada, où il fut admis à l’essai comme missionnaire de l’Église méthodiste wesleyenne à Granby, en 1858 ; la même année, sa femme et ses deux fils le rejoignirent. Ordonné en 1861, il revint cependant à la foi de son enfance et devint prêtre dans l’Église anglicane en 1868, avant d’assumer la charge pastorale de la paroisse de Georgeville, au Québec, puis de servir à Montréal.
George Thorneloe étudia au Bishop’s College, à Lennoxville, auquel il demeura longtemps lié. Il y obtint une licence ès lettres en 1872 avec la mention très bien en études classiques et une maîtrise ès arts en 1877 (il eut Henry Roe*, entre autres, comme professeur de théologie) ; de plus, il y enseignerait parallèlement à ses activités paroissiales. Il agirait à titre d’examinateur pour l’établissement de 1884 à 1896, ferait partie de son conseil de 1889 à 1896 et en serait le prédicateur en 1890. Ordonné diacre en 1874, puis élevé à la prêtrise l’année suivante, Thorneloe exerça avec succès son ministère à Stanstead et, à partir de 1885, dans la paroisse St Peter, à Sherbrooke. De plus, il participa aux affaires de l’Église à une échelle plus vaste : chanoine de la cathédrale Holy Trinity de Québec en 1888, il deviendrait commis-secrétaire du synode de la province ecclésiastique du Canada en 1895.
Thorneloe fut désigné, mais non élu, au poste d’évêque de Québec en 1892, après la mort de James William Williams*, et à celui d’évêque de New Westminster, en Colombie-Britannique, deux ans plus tard. En 1896, le synode de la province ecclésiastique de l’Ontario le choisit pour succéder à Edward Sullivan* comme évêque missionnaire d’Algoma, poste qu’il occuperait durant 30 années consécutives. Il devint ainsi le troisième évêque de ce diocèse fondé en 1872 et d’abord confié à Frederick Dawson Fauquier*.
Le diocèse d’Algoma s’étend de l’ouest de Thunder Bay à l’est de la frontière du Québec, et du nord de la pointe sud-ouest du bassin hydrographique du lac Supérieur au diocèse de Toronto, en passant par les districts de Parry Sound et de Muskoka. Le travail missionnaire itinérant auprès des Premières Nations dans cette région s’inscrivit au cœur du ministère anglican dès son commencement dans les années 1830 [V. William McMurray* ; Frederick Augustus O’Meara*]. L’élection de Thorneloe, en 1896, survint au tout début d’une croissance soutenue de la population non autochtone, engendrée par la construction de lignes de chemin de fer et le développement de l’exploitation minière, de la foresterie et de l’agriculture. À la suite de ces changements, les anglicans centrèrent leur attention sur les besoins des nouveaux arrivants, l’établissement de paroisses et la construction d’églises conformes au modèle de celles des zones plus habitées du sud de l’Ontario. Le travail auprès des Premières Nations se poursuivit ; toutefois, quand le diocèse, prenant la relève de la Colonial and Continental Church Society, se chargea du Shingwauk Industrial Home à Sault-Sainte-Marie [V. Edward Francis Wilson*], la nouvelle responsabilité monopolisa une grande partie de l’énergie et des fonds disponibles.
Thorneloe assura l’expansion substantielle de l’Église anglicane dans la région avec compétence et productivité. Il effectua des voyages éreintants – à pied, en canot, à cheval, en calèche ou en traîneau, et, de plus en plus, en train – pour baptiser, confirmer, convertir et consacrer, toujours conscient de « la vive concurrence d’autres groupes chrétiens » ; en 1914, il affirmerait avoir parcouru 30 000 milles au cours des trois années précédentes. En 1906, il guida Algoma dans sa transition d’un diocèse missionnaire administré par le synode provincial à un diocèse autonome, avec son propre synode et investi du droit d’élire son évêque. Il donna également un second souffle à l’Algoma Association in England, qui amassa des fonds considérables pour le travail missionnaire ; il réussit ainsi à rembourser l’énorme dette qui lui échut à son entrée en fonction et qu’il qualifia d’« héritage de malheur ».
Au cours des années que Thorneloe passa à Algoma, des synodes l’élurent évêque dans les diocèses d’Ontario en 1900 [V. William Lennox Mills*] et d’Ottawa en 1914 ; il préféra cependant rester à son poste. En 1904, on l’avait aussi pressenti pour l’évêché de la Nouvelle-Écosse et, cinq ans plus tard, il s’était retrouvé dans une course serrée avec Henry John Cody* pour l’évêché de Toronto, même s’il n’avait pas consenti à cette mise en candidature (on choisit finalement un candidat de compromis). L’élection d’Ottawa, en particulier, lui apporta bien des difficultés. Après le départ à la retraite, en 1914, du premier évêque du diocèse, Charles Hamilton, un synode se réunit pour lui trouver un successeur. Le métropolitain de la province présidait habituellement ce type d’élections diocésaines ; Hamilton, qui avait également détenu ce poste, avait toutefois déjà démissionné. À titre d’évêque au deuxième rang hiérarchique, Thorneloe assuma la présidence. À son grand étonnement, il fut nommé, puis élu avec une forte majorité au premier tour de scrutin. Il déclina l’honneur, non seulement en raison de son engagement profond envers Algoma, mais aussi pour qu’on ne le soupçonne pas d’avoir profité de son rôle de président pour favoriser son propre avancement. Néanmoins, devant l’insistance du synode, il accepta à contrecœur, puis tenta de se rétracter, de peur que les circonstances de son élévation posent des problèmes canoniques. La chambre des évêques provinciale le tira finalement de ce mauvais pas en refusant, lors d’une séance à huis clos, sa démission d’Algoma. Bien qu’éprouvante, l’expérience d’Ottawa ne ternit pas la réputation d’intégrité de Thorneloe : en 1915, il devint métropolitain des six diocèses de la province ecclésiastique de l’Ontario avec le titre d’archevêque d’Algoma.
Comme évêque, Thorneloe joua un rôle important dans les affaires générales de l’Église canadienne : il fit partie du comité de la Société des missions de l’Église anglicane en Canada, présidé par David Williams, pour la composition d’un livre de prières canadien et fut consultant pour la révision d’hymnaires qui devaient remplacer les versions précédentes venues d’Angleterre. Il incarnait une voix modératrice et respectée parmi les groupes anglo-catholiques et évangéliques concurrents au sein de l’Église. En 1909, il s’adressa ainsi au synode d’Algoma : « Notre clergé doit être prévenant, éviter les extrêmes, n’imposer à personne ses propres goûts et fantaisies, ni se laisser tomber entre les mains d’un parti dans l’Église. »
Voyant sa santé décliner et se sentant incapable d’entreprendre les très nombreux voyages qu’on exigeait de lui, Thorneloe, septuagénaire avancé, quitta ses fonctions de métropolitain en juin 1926, puis d’évêque en janvier de l’année suivante. Aimable, courtois et sincère, cet homme aux qualités de chef exceptionnelles, qui possédait une belle voix, de remarquables talents oratoires, une grande érudition et un bon sens de l’humour, avait bien servi le diocèse. Durant sa carrière, on lui rendit maintes fois hommage, notamment pour les effets positifs du vif intérêt qu’il portait au développement des collèges et universités anglicans. En reconnaissance de son engagement, le Bishop’s College lui décerna des doctorats honorifiques, en droit civil (en 1895) et en théologie (en 1896), et le Trinity College de Toronto lui remit un doctorat honorifique en droit civil (en 1898). En 1920, à l’occasion de sa troisième et dernière participation à la conférence de Lambeth des évêques anglicans à Londres, la University of Oxford lui attribua un doctorat honorifique en théologie.
À la retraite, George Thorneloe continua de vivre à Sault-Sainte-Marie, ville épiscopale du diocèse d’Algoma, jusqu’à sa mort, en 1935. À sa demande, on l’inhuma près de sa femme dans le lot familial à Lennoxville, où se trouvait son cher Bishop’s College. En 1960, le synode de son ancien diocèse nommerait en son honneur la Thorneloe University, « université de la communion anglicane », à Sudbury, en Ontario.
L’Algoma Univ., Engracia De Jesus Matias Arch. and Special Coll. (Sault-Sainte-Marie, Ontario), conserve les archives du diocèse anglican d’Algoma. Nous y avons consulté les fonds et documents suivants : Archbishop George Thorneloe fonds ; Ecclesiastical province of Ontario fonds, provincial synod ser. et metropolitan of Ontario ser. ; Synod of the diocese of Algoma fonds, Algoma Missionary News ser. (en particulier l’Algoma Association Paper) et diocesan synods, canons, and constitutions ser. (notamment les reg. des procès-verbaux, et les journaux du conseil triennal et du synode, 1896–1935).
BAnQ-E, CE501-S43, 18 août 1874.— Église anglicane du Canada, Diocese of Algoma, Algoma 100, 1873–1973 : a documentary commemorating the centennial of the diocese of Algoma (Sault-Sainte-Marie, 1973).— C. W. Balfour, Life and work and memoirs of George Thorneloe, d.c.l., d.d., 1848–1935 […] (s.l., 1955).— G. H. Cornish, Cyclopædia of Methodism in Canada […] (2 vol., Toronto et Halifax, 1881–1903).— Alan Knight, « Like living water : the life and times of George Thorneloe » (mémoire de m.a., Univ. laurentienne, Sudbury, Ontario, 1979).— O. R. Rowley et al., The Anglican episcopate of Canada and Newfoundland (2 vol., Milwaukee, Wis., et Toronto, 1928–1961).
Harry Huskins, « THORNELOE, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thorneloe_george_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/thorneloe_george_16F.html |
Auteur de l'article: | Harry Huskins |
Titre de l'article: | THORNELOE, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2020 |
Année de la révision: | 2020 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |