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THORN, JONATHAN, capitaine de la marine marchande, né le 8 janvier 1779 à Schenectady, New York, aîné des 15 enfants de Samuel Thorn et de Helena Van Slyck ; décédé vers le 15 juin 1811 dans la baie Clayoquot (Colombie-Britannique).
Jonathan Thorn appartenait à la sixième génération de descendants de William Thorne qui, parti d’Angleterre, arriva au Massachusetts en 1638. Jonathan entra dans la marine américaine le 28 avril 1800 comme midshipman et fut promu lieutenant intérimaire le 7 novembre 1803. Il se distingua dans la campagne de Barbarie, participant en février 1804 au célèbre raid mené par Stephen Decatur contre le port de Tripoli (Libye) pour détruire la frégate américaine Philadelphia qui était échouée.
Le 6 juin 1805, alors âgé de 26 ans seulement, Thorn fut nommé commandant du chantier maritime de New York ; il fut élevé au grade de lieutenant le 16 février 1807. Le 18 mai 1810, à la demande de John Jacob Astor, une permission de deux ans lui fut accordée. Astor avait mis sur pied la Pacific Fur Company et avait choisi Thorn pour commander le navire qui devait transporter les hommes et les fournitures nécessaires à la construction du fort Astoria (Astoria, Oregon) à l’embouchure du fleuve Columbia. Le navire choisi était le Tonquin, d’une capacité de 269 tonneaux, qu’Astor acheta en août. Ils levèrent l’ancre à New York le 6 septembre 1810.
Thorn n’était pas fait, de par son tempérament et son expérience, pour diriger une telle expédition. Il était très strict sur la discipline et méprisait ouvertement les marchands de fourrures écossais et les voyageurs canadiens qui étaient à son bord. Il ne semblait aucunement se soucier du fait que plusieurs de ces commerçants étaient des associés dans la compagnie propriétaire du navire. Washington Irving, qui se souvenait de Thorn « dans sa jeunesse, comme d’un compagnon d’amusement et de joyeux moments », le dépeignit dans Astoria [...] comme « un commandant honnête, loyal, mais quelque peu sec et autoritaire, qui avait été formé suivant les méthodes et la discipline d’un navire de guerre [... et] était porté par conséquent à se croire le seigneur et maître à bord de son navire ». Thorn considérait en outre ses passagers « comme une poignée de marins d’eau douce et de fanfarons et était enclin à les traiter comme tels ». Il y avait évidemment une certaine part d’insensibilité dans son caractère. Aux îles Malouines (îles Falkland), il appareilla alors que huit de ses passagers étaient encore à terre ; ceux-ci ne rattrapèrent le navire qu’après une poursuite désespérée en canot qui dura plusieurs heures. Une fois dans les eaux dangereuses à l’embouchure du fleuve Columbia, il insista pour que des petits bateaux sondent le fond, décision qui coûta la vie à huit personnes.
Le Tonquin s’engagea dans le fleuve à la fin de mars 1811 et, après avoir débarqué les hommes et le matériel. pour la construction du fort Astoria, il remonta le 5 juin la côte nord-ouest pour un voyage de traite. Vers le 15 juin, le navire, à l’ancre dans la baie Clayoquot, fut capturé par les Nootkas et la plupart des gens à bord furent tués sur-le-champ, y compris Alexander MacKay et le frère de Thorn, James Gilbert. Le seul témoin qui survécut à cet incident fut l’interprète George Ramsay (appelé Jack Ramsay par Ross Cox*), fils d’un marin anglais et d’une Indienne, que l’on persuada d’aller à Astoria raconter son histoire, qui fut consignée par Gabriel Franchère* dans son journal. Selon Ramsay, le capitaine Thorn, qui commerçait pour la première fois avec des Indiens, perdit patience et mit fin aux négociations entreprises avec un chef important « en lui frottant le visage avec les peaux que l’Indien avait apportées pour troquer, l’offensant ainsi grandement et le poussant à jurer vengeance ». Après avoir endormi les soupçons de leurs futures victimes par leur comportement pacifique, des Indiens, qui dissimulaient leurs armes, trouvèrent moyen de monter à bord du navire, de s’en emparer et de tuer l’équipage. Le lendemain, le navire sauta pendant que les Indiens se pressaient à bord en quête de butin, tuant ou estropiant un grand nombre d’entre eux. Si l’on en croit certains récits, c’est un membre de l’équipage, qui avait été blessé et avait réussi à se cacher, qui vengea ainsi la mort de ses compagnons.
Le ministère de la Marine des États-Unis a conservé un portrait de Jonathan Thorn, et sa brillante carrière dans la marine n’est pas tombée dans l’oubli : le 1er avril 1943, le destroyer Jonathan Thorn fut armé dans le chantier maritime de New York.
Gabriel Franchère, Journal of a voyage on the north west coast of North America during the years 1811, 1812, 1813 and 1814, W. T. Lamb, trad., introd. de W. K. Lamb, édit. (Toronto, 1969). [Pour le récit de Ramsay de la perte du Tonquin et pour des références à d’autres versions de l’histoire, V. pp.123–128.].— Washington Irving, Astoria, or anecdotes of an enterprise beyond the Rocky Mountains, E. W. Todd, édit. (nouv. éd., Norman, Okla., 1964).— C. E. Thorn, Heroic life and tragic death of Lieutenant Jonathan Thorn, United States Navy (New York, 1944) [un hommage d’un arrière-petit-neveu].
W. Kaye Lamb, « THORN, JONATHAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thorn_jonathan_5F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/thorn_jonathan_5F.html |
Auteur de l'article: | W. Kaye Lamb |
Titre de l'article: | THORN, JONATHAN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |