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THORFINNR karlsefni THORDARSON, premier Européen qui ait cherché à fonder un établissement sur le continent américain ; circa 1000–1020.
Riche marchand islandais, Thorfinnr avait maintes fois navigué pour fins de commerce avant de se rendre au Groenland, peu avant l’an 1000 de notre ère. Il y épousa Gudridr, veuve de Thorsteinn, le fils d’Eirikr Thorvaldsson (Érik le Rouge). À une époque qui se situe entre les années 1003 et 1015, Thorfinnr dirigea une expédition de colonisation au Vinland. La route qu’il suivit et l’emplacement de cet établissement ont donné lieu à bien des conjectures, comme, d’ailleurs, le voyage de Leifr heppni Eiriksson. Le récit le plus détaillé du voyage de Thorfinnr se trouve dans la Saga d’Érik le Rouge, mais ce récit est si vague qu’il a donné lieu aux interprétations les plus diverses. Les historiens ne s’entendent pas à ce sujet, mais on peut raisonnablement tenter de reconstituer comme suit l’itinéraire de Thorfinnr.
Accompagné d’environ 160 hommes et femmes, il quitta l’Établissement de l’Est du Groenland et fit tout d’abord voile vers l’Établissement de l’Ouest. Poussé par un vent du Nord, il atteignit ensuite le Helluland (terre de Baffin) en deux jours. Puis de nouveau un vent du Nord le mena en deux jours jusqu’au Markland (Labrador septentrional). L’expédition longea la côte vers le Sud pendant longtemps, jusqu’à ce qu’elle atteignît un promontoire qu’on baptisa du nom de Kjalarnes (Keelness, peut-être le cap Whittle) parce qu’on y découvrit la quille d’un vaisseau. L’expédition relevait la terre par tribord ; elle longea les longs estrans et bancs de sable, auxquels on donna le nom de Furdustrandir (Merveilleux estrans, peut-être la côte sud du Labrador).
Puis le littoral rectiligne fit place à une côte découpée. Les voyageurs entrèrent dans une baie où le courant était très fort ; ils la baptisèrent du nom de Straumfjord (baie des Forts-Courants, peut-être la baie des Sept-Îles) et ils donnèrent le nom de Straumey à une île couverte d’oiseaux et de nids qui se trouvait à son embouchure. Ils passèrent là un dur hiver, car le froid était rigoureux et ils n’avaient pris aucune mesure pour faire des provisions.
Une partie du groupe rebroussa alors chemin et retourna au Groenland, tandis que Thorfinnr et les autres poussaient vers le Sud à la découverte du Vinland. Ils atteignirent une baie intérieure qu’ils appelèrent Hop. C’est là que, d’après les diverses versions de la saga, ils passèrent soit environ deux mois, soit (ce qui est plus probable) un an. Ils découvrirent du blé qui poussait spontanément dans des basses terres, ainsi que des vignes ou du raisin sur des terres plus hautes. Les eaux étaient poissonneuses et les bois, remplis d’animaux de toutes sortes. L’hiver était doux ; il n’y avait pas de neige et l’on trouvait là une abondance de fourrages pour les bestiaux. Hop est difficile à identifier, étant donné les récits contradictoires de cette saga ; on semble reconnaître, cependant, la région du cap Cod.
C’est à Hop que l’expédition aperçut pour la première fois des Autochtones, qu’elle désigna du nom de Skrælingjar (qui signifierait peut-être « petits », « desséchés »). Selon la description qu’en firent les Islandais, ceux-ci étaient « basanés », avaient « mauvaise mine », de « grands yeux » et des « joues très larges ». Au début, les relations furent amicales et les Islandais troquèrent des tissus de couleurs voyantes contre des peaux, à leur grand avantage, mais un taureau fit peur aux Autochtones et ils s’enfuirent. Ils revinrent cependant trois semaines plus tard et attaquèrent les Islandais qui furent sauvés par Freydis, la fille d’Eirikr Thorvaldsson (Érik le Rouge). Malgré de nombreuses tentatives, il a été impossible de déterminer avec exactitude si les Skrælings étaient des membres des Premières Nations ou (ce qui est plus probable) des Inuits.
Découragé, semble-t-il, par l’hostilité des Autochtones, Thorfinnr retourna à Straumfjord. Il fit ensuite voile vers le Nord le long du Furdustrandir, doubla le Keelness et continua vers l’Ouest, relevant une terre fortement boisée à bâbord, jusqu’à ce qu’il eût atteint une rivière qui coulait d’est en ouest. C’est là que Thorvaldr, frère de Leifr Eiriksson, avait été tué par un homme qui n’avait qu’une jambe (einfatingr ; certains croient que ce mot devrait être plutôt innfadingr, un Autochtone) lors de son expédition (vers 1003–1004). Ayant exploré un peu le pays, Thorfinnr le trouva peu attirant et les habitants, hostiles ; il retourna donc à Straumfjord où il passa l’hiver. Au printemps, toute l’expédition, y compris le fils de Thorfinnr, Snorri, qui était né à Straumfjord trois ans plus tôt, retourna au Groenland, mettant ainsi fin à la première tentative – qui devait être aussi la seule – de colonisation du continent nord-américain par les Islandais du Groenland. Accompagné de sa femme et de son fils, Thorfinnr retourna bientôt en Islande, où il continua d’habiter.
La Saga des Groenlandais comprend un bref récit de l’expédition de Thorfinnr. Elle ne donne aucun nom aux endroits visités, mais la région où Thorfinnr s’installa y est décrite en des termes que l’on retrouve dans la Saga d’Érik au sujet de Hop. Le récit de la rencontre avec les Skrælings y est assez différent. Dans les années 1960, une équipe d’archéologues exhuma à l’Anse aux Meadows (Terre-Neuve) les vestiges d’une colonie scandinave datant du xie siècle.
V. les bibliographies de Bjarni Herjólfsson et Liefr heppni Eiriksson (Appendice) ; V. aussi Oleson, Early voyages, 24s., 33.
Bibliographie de la version modifiée :
Parcs Canada, « Lieu historique national de l’Anse aux Meadows » : www.pc.gc.ca/fr/lhn-nhs/nl/meadows (consulté le 14 mai 2020).
T. J. Oleson, « THORFINNR karlsefni THORDARSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thorfinnr_thordarson_1F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/thorfinnr_thordarson_1F.html |
Auteur de l'article: | T. J. Oleson |
Titre de l'article: | THORFINNR karlsefni THORDARSON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 2021 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |