Des explorateurs scandinaves entreprirent une remarquable migration qui, au Xe siècle, provoqua l’établissement de colonies nordiques en Islande et au Groenland, et atteignirent ainsi, presque inévitablement, les rives du continent nord-américain. D’après la Saga des Groenlandais, Bjarni Herjólfsson aperçut l’Amérique dès 986, mais n’y accosta pas. Quelque temps après l’an 1000, Leifr Eiriksson fit le même voyage que Herjólfsson, mais à rebours, atteignant d’abord des terres couvertes de glaciers puis, entre ceux-ci et le rivage, ce qui semblait être une étendue de roches hautes et plates. Leifr donna à cette région le nom de Helluland (pays des dalles). Poussant plus loin, il arriva près d’une région plate et boisée, bordée de nombreuses grèves de sable blanc ; il la baptisa du nom de Markland (pays des bois). Il continua alors en direction sud-ouest pendant deux jours et arriva de nouveau en vue de la terre. Il débarqua d’abord dans une île proche de la côte où la rosée était sucrée, et gagna ensuite la terre ferme où il construisit des habitations et passa l’hiver. Un jour, les Islandais trouvèrent du raisin et des vignes sauvages. Leifr fit cueillir du raisin et abattre des arbres et des vignes. Il chargea sa cale de ces produits et, après avoir baptisé le pays du nom de Vinland (pays du vin), il partit au printemps pour le Groenland. On peut, sans hésitation, identifier le Helluland avec la terre de Baffin et le Markland avec le Labrador. Il existe diverses théories sur le trajet que suivit Leifr, mais on ne connaît pas avec certitude l’emplacement exact du lieu qu’il baptisa Vinland. En 1960, des archéologues découvrirent, à L’Anse aux Meadows, à Terre-Neuve, les seules ruines scandinaves connues à ce jour.