STEWART, THOMAS ALEXANDER, colon, juge de paix, propriétaire de scierie et homme politique, né le 10 juin 1786 dans le comté d’Antrim (Irlande du Nord), fils de William Stewart ; le 17 décembre 1816, il épousa Frances Browne*, et ils eurent cinq fils et six filles ; décédé le 6 septembre 1847 dans le canton de Douro, Haut-Canada.

Issu d’une famille aisée de propriétaires terriens, Thomas Alexander Stewart naquit et grandit près de Belfast, à Wilmont, le domaine familial. Un accident de jeunesse le rendit boiteux pour le reste de ses jours. Pendant l’été de 1816, il fit à Wilmont la connaissance de Frances Browne, qu’il épousa à Dublin six mois plus tard. Le couple demeura six ans dans le comté d’Antrim, où Stewart était copropriétaire d’une entreprise textile. Puis comme celle-ci avait fait faillite il décida avec Robert Reid, son beau-frère et ancien associé, d’aller refaire sa vie dans le Haut-Canada.

En juin 1822, les deux familles quittèrent Belfast pour Québec en compagnie de leurs domestiques. Leurs plans étaient bien arrêtés et devaient leur assurer un bon accueil dans le Haut-Canada. Dans une demande de concession foncière présentée à York (Toronto) en septembre suivant, Stewart nota qu’il avait travaillé dans le « commerce de la toile, de la farine et du coton » et entendait s’établir « agriculteur en utilisant aussi toute application mécanique qu’il pourrait trouver avantageuse ». Par la suite, il obtint 1 200 acres de terre dans le canton encore inhabité de Douro, dans le district de Newcastle, à une trentaine de milles au nord du lac Ontario et de sa rive depuis longtemps peuplée. En outre, Reid et lui furent autorisés en avril 1823 à superviser la mise en valeur d’une superficie de 10 000 acres. Incapables cependant d’y attirer des colons, ils l’abandonnèrent en 1825 au profit des immigrants irlandais amenés par Peter Robinson.

Pendant l’hiver de 1822–1823, les Stewart étaient partis s’installer en pleine forêt, aventure qui allait exiger d’eux des trésors de détermination. Inaccoutumés aux travaux de maison les plus simples, ils furent contraints d’en faire un bon nombre, surtout après le départ inattendu de leurs domestiques. L’isolement extrême et le lent développement de la région les démoralisaient. Stewart envisagea alors de s’établir dans une ferme déjà défrichée, près de Cobourg. L’échec de ses demandes d’emploi à la Canada Company et au gouvernement ajouta à son découragement, mais au moins devint-il juge de paix en 1823.

Puis en 1825 le sort tourna en faveur de Stewart. Sous l’impulsion des immigrants de Robinson, la région de Peterborough connut une expansion rapide. Stewart eut bientôt, dans un rayon de quelques milles de sa ferme, plusieurs centaines de voisins. Cette colonisation imprima un essor à toute la région. En 1826, Stewart demanda la permission d’ouvrir à titre privé un bureau des terres à Peterborough, mais en vain. Ensuite, semble-t-il, il s’appliqua à devenir l’un des chefs de file de la communauté. Il présenta des requêtes en faveur de projets locaux, telles la construction d’un pont sur la rivière Otonabee, l’ouverture de la Trent à la navigation et la création d’un nouveau district administratif. En 1831, sa ferme était bien établie : 54 acres étaient défrichées. Stewart n’était cependant pas au bout de ses soucis financiers, puisque trois ans plus tard aucun acheteur ne se présenta quand il mit des terres en vente à 12 $ l’acre. En 1834, il manifesta concrètement son intérêt pour ses concitoyens en construisant une scierie sur l’Otonabee, en face de sa ferme, et en contribuant à l’érection de l’église anglicane St John, à Peterborough.

Les antécédents conservateurs de Stewart le préparaient bien à une nomination au Conseil législatif ; il y entra en 1833 et y siégea jusqu’à l’union du Haut et du Bas-Canada en 1841. Il n’assistait aux réunions que sporadiquement, et en général c’était quand des questions relatives à la région de Peterborough figuraient à l’ordre du jour. Il manifesta sa fidélité à la couronne durant la rébellion de 1837–1838 en aidant à rassembler les forces progouvernementales.

Parvenu à la cinquantaine, Stewart se tourna de plus en plus vers ses propres affaires. En 1840, il engagea un régisseur pour sa ferme, dont 70 acres étaient alors défrichées. À la fin de 1842, il put enfin quitter sa maison de rondins pour emménager dans une habitation à charpente de bois. Les Stewart devaient être ravis d’avoir une famille nombreuse, même si dans les dures années d’établissement de la ferme leurs fils étaient trop jeunes pour être très utiles. Stewart avait, semble-t-il, du mal à rassembler du comptant ; c’est du moins ce qu’indique le fait qu’il tardait beaucoup à payer ses frais de concession et qu’il ne reçut le titre de propriété de sa concession originale qu’en 1843, soit 21 ans après son installation. Apparemment très religieux, il trouvait grand réconfort dans la méditation et la prière et adorait discuter de religion avec sa femme et avec sa sœur, laquelle habitait tout près. Cependant, il ne s’occupait pas que d’affaires locales : en 1847, il porta assistance à des immigrants chassés d’Irlande par la famine.

En septembre de cette année-là, Thomas Alexander Stewart mourut du typhus. Sa femme lui survécut ; les lettres qu’elle écrivit à sa famille en Irlande, publiées en 1889, contiennent beaucoup de détails sur leur vie au Canada. Parmi leurs dix enfants survivants, plusieurs se distinguèrent à Peterborough.

Alan G. Brunger

Thomas Alexander Stewart est l’auteur d’une lettre envoyée à Basil Hall et publiée anonymement dans l’ouvrage de Hall, Travels in North America, in the years 1827 and 1828 [...] (3 vol., Édimbourg, 1829), 1 : 307–323. La lettre a été réimprimée dans The valley of the Trent, introd. d’E. C. Guillet, édit. (Toronto, 1957), 345–352. Il existe un portrait de Stewart au Peterborough Centennial Museum and Arch. (Peterborough, Ontario).

AO, RG 1, A-I-6, 7, 14 ; RG 21, United Counties of Northumberland and Durham, Douro Township, assessment records, 1831, 1840 (mfm aux Trent Univ. Arch., Peterborough).— APC, RG 1, L3, 461 : S13/106 ; RG5, A1 : 62903–62905, 80133–80136 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 452, 670.— Peterborough Land Registry Office, Abstract index to deeds, Douro Township, concession 9, lots 3–4 ; concession 11, lots 1, 3 ; concession 12, lots 1–3 ; concession 13, lot 1 (mfm aux AO).— Trent Univ. Arch., B-74-1005 (Frances [Browne] Stewart letters) ; B-74-1006 (Frances [Browne] Stewart coll.) ; B-78-008 (Frances [Browne] Stewart papers).— Frances [Browne] Stewart, Our forest home, being extracts from the correspondence of the late Frances Stewart, E. S. [Stewart] Dunlop, édit. (Toronto, 1889).— A. G. Brunger, « Early settlement in contrasting areas of Peterborough County, Ontario », Perspectives on landscape and settlement in nineteenth century Ontario, J. D. Wood, édit. (Toronto, 1975), 141–158.— J. C. Lewis, « The letters of Frances Stewart », Kawartha heritage : proceedings of the Kawartha Conference, 1981, A. O. C. et J. M. Cole, édit. (Peterborough, 1981), 83–92.— Through the years in Douro (Peterborough County – Canada), 1822–1967, J. A. Edmison, édit. (Peterborough, 1967).

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Alan G. Brunger, « STEWART, THOMAS ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stewart_thomas_alexander_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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