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SOMERVILLE, JAMES, éducateur et ministre de l’Église d’Angleterre, né probablement vers 1775, près de Forfar, Écosse ; décédé en 1852 en Écosse, vraisemblablement à Édimbourg.
On sait peu de chose sur les origines de James Somerville et sur la vie qu’il mena avant d’immigrer au Nouveau-Brunswick. Il avait au moins une sœur, qui resta en Écosse, et un frère, Alexander Carnegie, qui fut rector à Bathurst, au Nouveau-Brunswick, à la fin des années 1820 et durant les années 1830. En 1795, James Somerville avait obtenu une maîtrise ès lettres du King’s College d’Aberdeen. Il arriva à Fredericton en 1811 pour occuper le poste de professeur à la Fredericton Academy. Il était accompagné de sa femme, Pattison Brown, sœur du colonel Andrew Brown de Londonderry (Irlande du Nord) ; on disait d’elle qu’elle était une « femme instruite » qui lisait « le latin, le français, l’italien et le grec et l’hébreu très couramment ».
La Fredericton Academy, qui accueillait des élèves dès 1793, était une école d’études secondaires dont le rôle consistait à préparer les élèves qui se destinaient au futur College of New Brunswick. Durant les premières années, ce collège, qui obtint une charte provinciale en 1800, n’existait que sur le papier, même s’il était doté d’un conseil d’administration. Ce conseil régissait également la Fredericton Academy en tant que maison d’enseignement distincte et s’efforça tout d’abord de la diriger comme une sorte d’école préparatoire. La Fredericton Academy avait des problèmes financiers constants, et le conseil avait du mal à trouver un enseignant ayant la compétence requise non seulement pour la diriger, mais aussi, en prévision des jours meilleurs, pour commencer à donner des cours de niveau supérieur. En 1809, le poste de professeur devint vacant et le conseil, par l’intermédiaire du juge John Saunders*, l’un de ses membres, et de Humphrey Henry Carmichael, se mit à la recherche d’un remplaçant. George Gleig, l’évêque de Brechin, en Écosse, fut invité à proposer des noms. Après que son premier candidat eut refusé de respecter son contrat, il proposa James Somerville. Le conseil accepta la recommandation de Gleig et conclut un « traité » avec Somerville.
Dès le début, Somerville entra en conflit avec le conseil à propos d’argent. Ses fonctions l’obligeaient à donner aux élèves une « connaissance grammaticale exacte de l’anglais, [à enseigner] la lecture de l’anglais avec grâce et correction, l’écriture et l’arithmétique, de même que les rudiments de la géométrie, de la géographie et de l’astronomie », ainsi qu’une partie des humanités. Pour une telle formation, chaque élève devait payer des « droits d’entrée » de 25 shillings et des frais de scolarité de £5 par année ; Somerville se voyait accorder un salaire annuel de £270 et un logement dans l’établissement. Malheureusement, il semble que le conseil ne l’ait pas souvent payé.
En 1812, lorsque Somerville présenta une requête en vue de toucher son salaire et une part du montant des frais de scolarité à laquelle il estimait avoir droit, le conseil d’administration lui refusa cette demande. L’année suivante, il proposa que le différend qui l’opposait au conseil soit arbitré par l’évêque Gleig, qui connaissait bien les conditions de son engagement, mais cette demande fut également repoussée, et il pressentit alors l’administrateur civil de la province, George Stracey Smyth*, afin d’obtenir son aide. En 1830, après que le Collège of New Brunswick fut devenu le King’s College, les registres du conseil rapportaient toujours, à la rubrique des comptes impayés, une somme de « £2 000 environ due au docteur Somerville par l’ancien établissement, dont le nouveau [était] comptable ».
Même si on négligeait de le payer pour le travail qu’il avait accompli, Somerville accepta le poste de directeur du College of New Brunswick ; il exerça cependant ses fonctions à la Fredericton Academy jusqu’en mai 1822. En plus de ses tâches scolaires, il exerçait le ministère à l’extérieur de Fredericton ; en mai 1821, il reçut l’ordre d’abandonner son travail missionnaire, sous peine de perdre sa part des frais de scolarité de la Fredericton Academy. Cette décision fut annulée en février 1822, et il obtint l’autorisation d’accepter des charges cléricales, à la condition de quitter son logement dans la maison d’enseignement. Cette année-là, on lui permit de commencer à donner des cours de niveau collégial aux élèves « suffisamment avancés ». En reconnaissance de son travail comme « directeur de l’établissement collégial de Fredericton », le King’s College d’Aberdeen lui décerna un doctorat en droit le 26 juin 1827.
Lorsque le collège obtint sa charte royale sous le nom de King’s College de Fredericton, le conseil fit savoir à Somerville que son mandat de directeur allait se terminer avec l’entrée en vigueur de la charte le 1er janvier 1829. Toutefois, Somerville continua de donner des cours de niveau collégial, comme professeur de théologie et de métaphysique, avec un salaire réduit à £150.
Contrairement aux relations tendues qu’il avait avec le conseil, Somerville s’entendait bien avec ses concitoyens et avec ses élèves. Il fut membre de plusieurs organismes locaux et provinciaux, tels que le comité du district de Fredericton de la Society for Promoting Christian Knowledge et la Fredericton Emigrant Society, en plus de s’acquitter de ses fonctions cléricales, d’abord en qualité de missionnaire anglican à la paroisse de Douglas, puis plus tard à titre de rector de cette paroisse. Il fut aussi, un certain temps, missionnaire itinérant à la paroisse de Queensbury. De 1816 jusqu’à son départ de Fredericton, il fut aumônier de la chambre d’Assemblée et, tout au moins dans les années 1820, il fut également aumônier des troupes en garnison dans la ville.
En 1838, l’artiste américain Albert Gallatin Hoit fut chargé par 17 anciens élèves de Somerville de peindre son portrait, qui est maintenant accroché aux murs de l’Old Arts Building, sur le campus de l’University of New Brunswick, à Fredericton. Profondément touché de ce geste, Somerville écrivit : « Presque autant que mon propre sentiment de satisfaction, je place cette marque de leur estime au-dessus de toute récompense terrestre et je manque de mots pour exprimer les sentiments que j’éprouve en cette occasion. »
James Somerville dut finalement payer le prix de ses longues années de lutte. Au début de 1839, si l’on en croit une pétition faite en son nom en 1847, une « enquête » le jugea « incapable de gérer ses affaires », et une commission chargée de se prononcer sur un cas présumé d’aliénation mentale fut donc mise sur pied. En juillet, sa femme le ramena en Écosse. Au cours de ce mois, la Royal Gazette parla de lui comme d’un « aliéné ». À une date inconnue entre le début de sa maladie et celui de son départ du Nouveau-Brunswick, Somerville fut nommé au bureau de santé du comté d’York. Le conseil du collège accepta officiellement sa démission le 9 septembre 1840. À son arrivée en Écosse, il avait été admis au Glasgow Lunatic Asylum ; sa femme avait espéré cependant obtenir son admission dans un hôpital privé situé plus près de sa demeure à Édimbourg. Manifestement, Somerville recouvra la santé, ce qui était peut-être chose faite en 1843, lorsqu’il entama des poursuites contre George Frederick Street, secrétaire-archiviste du King’s College de Fredericton, pour arrérages de salaire. Une autre tentative fut faite en son nom en 1847. Il habita probablement à Édimbourg jusqu’à sa mort.
UNBL, MG H28, 9 mai 1829 ; UA, College Council minutes, College of New Brunswick, 1810–1828 ; King’s College, 19 oct. 1829, 9 sept. 1840 ; UA, College of New Brunswick charter, 12 févr. 1800 ; UA RG 42, 9 oct. 1847 ; UA RG 109, I, 4 janv. 1830.— Univ. of Aberdeen Library, ms and Arch. Sect. (Aberdeen, Écosse), King’s College matriculation records and biog. data (copie à l’UNBL).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1816.— Robb et Coster, Letters (Bailey).— New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser, 15 oct. 1852.— Royal Gazette (Fredericton), 26 déc. 1819, 13 avril 1836, 28 févr. 1838, 17 juill. 1839.— N.B. almanac, 1829 ; 1836.— G. H. Lee, An historical sketch of the first fifty years of the Church of England in the province of New Brunswick (1783–1833) (Saint-Jean, N.-B., 1880).— J. D. Hazen, « The collegiate school », Capital (Fredericton), 24 oct. 1882.— [Linda Squiers Hansen], « Loyalists petitioned for « Infant Establishment », Univ. of New Brunswick, Alumni News (Fredericton), mars 1981.
Linda Squiers Hansen, « SOMERVILLE, JAMES (mort en 1852) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/somerville_james_1852_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/somerville_james_1852_8F.html |
Auteur de l'article: | Linda Squiers Hansen |
Titre de l'article: | SOMERVILLE, JAMES (mort en 1852) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |