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SOLMAN, LAWRENCE, homme d’affaires, entrepreneur dans les domaines du sport et du divertissement, directeur de théâtre et imprésario, né peut-être le 14 mai 1863 à Toronto, fils de Samuel Solman (Soloman) et d’une prénommée Marian ; il épousa Emily (Emma) Hanlan (1852–1917), veuve de John Durnan, puis, le 16 mars 1929, à New York, Daisy Gertrude Walsh ; aucun enfant ne naquit des deux mariages ; décédé le 24 mars 1931 à Toronto et inhumé dans cette ville, au cimetière Mount Pleasant.
Promoteur perspicace et sociable surnommé « roi des week-ends de Toronto », Lawrence Solman, qu’on appelait Lol, naquit de parents originaires de Londres. Son père, Samuel, était opticien et voyageur de commerce. Lui et sa femme, Marian, tenaient un rôle actif au sein de la communauté juive de Toronto. Après avoir fréquenté des écoles publiques et le Mechanics’ Institute local, Lol exploita une entreprise de vente par correspondance à Detroit avant de retourner dans sa ville natale, où il commença à travailler pour Edward Hanlan*, champion mondial de rame et propriétaire d’un hôtel à Hanlan’s Point, sur l’île Toronto. En 1891, Solman était le mari de la sœur de Hanlan, Emily Durnan, veuve et mère de deux enfants (l’un d’eux, Edward John Durnan, deviendrait lui aussi un rameur accompli). L’année suivante, Edward Hanlan vendit son hôtel et son bail sur l’île à la Toronto Ferry Company (TFC), propriété d’Edmund Boyd Osler*, qui établit bientôt un quasi-monopole sur le transport vers l’île. La société agrandit l’hôtel, construisit un parc d’attractions et, en 1897, érigea le Hanlan’s Point Stadium sur une décharge de dix acres. (L’aéroport Billy Bishop de Toronto, ainsi nommé en l’honneur de l’as de l’aviation William Avery Bishop*, s’établirait sur ce terrain.)
Bien que l’on attribue parfois à Solman la propriété et la direction de la TFC pendant les années 1890, il reste difficile de savoir quel poste il occupait exactement au sein de la société avant le 26 mars 1901, jour où le Toronto Daily Star annonça que Solman (que l’article présentait comme « l’actuel locataire des services de restauration sur l’île ») et l’imprésario Ambrose Joseph Small* avaient loué les propriétés de la TFC. « M. Solman prendra en charge le service de traversier et l’hôtel, précisait le journal, et M. Small assurera et dirigera les attractions. » Il semble que la participation de Small ne dura guère, et Solman finit par administrer la firme seul. Il investit ses propres profits et trouva d’autres investisseurs, et demeura toujours très proche de la gestion quotidienne, stratégie qu’il conserverait dans ses initiatives subséquentes. Il dirigea la TFC jusqu’en 1926, quand la ville l’acheta, décision controversée (le prix était de 337 500 $, dont Solman reçut directement 120 448,98 $).
Pour promouvoir ses entreprises, Solman joua un rôle éminent dans l’exploitation du Toronto Maple Leafs Baseball Club et du Tecumseh Lacrosse Club. Les deux équipes jouaient au stade. À l’époque, les adeptes du sport amateur, tel le journaliste du Globe Francis Joseph Nelson, désapprouvaient le sport professionnel, mais les Maple Leafs étaient populaires et contribuèrent au succès éclatant des activités intégrées à Hanlan’s Point : en 1902, par exemple, le stade accueillit 174 parties de baseball, 68 matchs de cricket, 38 parties de football et 5 matchs de crosse, et 192 pique-niques de groupe eurent lieu sur les propriétés de la TFC. Lol était un promoteur inlassable, à tel point que, lorsqu’un incendie détruisit le stade, en 1903, il mit en service des traversiers supplémentaires, afin que les badauds puissent contempler le brasier de plus près. On reconstruisit les installations en 1908 et à nouveau après un autre incendie, en 1910. Ce fut là, le 5 septembre 1914, que le légendaire joueur de baseball américain Babe Ruth frappa son premier coup de circuit à titre de joueur professionnel.
Après avoir contracté le bail des propriétés de la TFC, Solman élargit son champ d’action. En 1905, il contribua à la fondation d’un consortium (avec l’homme d’affaires Cawthra Mulock*, le courtier Robert Alexander Smith et le manufacturier Stephen Haas) qui construisit le Royal Alexandra Theatre. La salle de 1 497 sièges, conçue par John MacIntosh Lyle* et inaugurée en 1907, fut rapidement considérée comme l’espace le plus attrayant pour les acteurs en Amérique du Nord, selon Paul Thompson, directeur général de l’École nationale de théâtre du Canada de 1987 à 1991. La première production du « Royal Alex », la comédie musicale The Top o’ th’ world, faisait figurer près d’une centaine d’acteurs et six colleys. Solman, le directeur général, attira nombre de grands succès de New York et de Londres ; la saison 1907–1908, par exemple, afficha 45 productions échelonnées sur 44 semaines. Il préserva soigneusement l’indépendance du théâtre face à Klaw and Erlanger, consortium américain qui tentait d’établir son monopole sur la scène théâtrale nord-américaine. Plus tard, quand l’apparition du cinéma menaça le théâtre, Solman finit par s’incliner devant les réalités financières de la dépression et devint l’un des vice-présidents de la branche canadienne des Loew’s Theatres.
Solman faisait partie du groupe qui érigea la première patinoire artificielle de l’Ontario, l’Arena Gardens, qui ouvrit ses portes en 1912 et pouvait accueillir 7 000 spectateurs. En sa qualité de directeur général, il organisa des cérémonies d’ouverture étalées sur une semaine complète, avec des spectacles de vedettes de toute l’Amérique du Nord, dont l’actrice Marie Dressler [Leila Maria Koerber]. Le Toronto Daily Star affirma que Solman avait fait de l’Arena Gardens une « cathédrale des sports » où se déroulaient les meilleures manifestations sportives de niveau amateur et professionnel. La coupe Stanley, don du gouverneur général lord Stanley* en 1892, fut remportée par le Toronto Hockey Club (aussi connu sous le nom de Blueshirts), première équipe de la ville à obtenir le trophée, en 1914. Trois ans plus tard, Solman en obtint la franchise, et l’équipe gagna la coupe en 1918 sous le nom de Toronto Arenas, rebaptisée les Toronto St Patricks en 1919, puis les Maple Leafs en 1927. La formation continuerait de jouer sur la patinoire de Solman jusqu’à l’ouverture du Maple Leaf Gardens, quatre ans plus tard.
En 1916, Solman avait fait partie d’un groupe qui avait incité la Toronto Harbour Commission (THC) à terminer le réaménagement des plages de l’extrémité ouest de la ville ; en 1922, le Sunnyside Amusement Park ouvrit ses portes. Les manèges, jeux et kiosques à hot-dogs étaient exploités par la Sunnyside Amusement Company, dont le frère de Lol, Saul (qu’on appelait Sol), était président. Lol en était l’un des administrateurs et le principal actionnaire, car il possédait 416 000 $ en actions ordinaires entièrement libérées. Il acheta aussi des terrains à d’autres fins. Sa grande passion pour le baseball restait intacte et, la même année, il accéda à la présidence du Maple Leafs Baseball Club. Conscient que l’attrait d’un voyage aux îles avait diminué avec l’avènement de l’automobile, il décida de construire un stade sur la terre ferme. Il avait d’abord choisi un emplacement juste au sud de la gare Union, mais après que le président de la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario, sir Adam Beck*, eut manifesté son opposition – parce qu’il voulait installer une voie de chemin de fer sur le site –, Solman accepta un terrain plus éloigné, à l’ouest, au pied de la rue Bathurst. Sa réputation d’entrepreneur était telle que la THC, propriétaire des lieux, offrit de construire le stade en échange d’un paiement annuel garanti et la promesse que Solman assumerait les fonctions de directeur général moyennant un dollar par année. Finalement, Solman construisit et exploita lui-même le Maple Leaf Stadium, de 20 000 sièges, achevé en 1926. Le commissaire du baseball américain, Kenesaw Mountain Landis, trouvait que le nom Solman Park aurait mieux convenu, mais Solman, avec sa modestie habituelle, déclina la proposition. L’équipe couronna la saison inaugurale dans cette nouvelle installation en remportant le championnat.
Outre sa renommée d’homme d’affaires important, Lawrence Solman devint célèbre dans la ville comme bienfaiteur des enfants malades, à qui il donnait régulièrement des billets de traversier gratuits, et des employés de la TFC, qu’il engageait pendant l’hiver dans un restaurant non rentable, mais qui leur permettait de compter sur un revenu pendant toute l’année. Solman succomba à une médiastinite aiguë compliquée d’une pneumonie le 24 mars 1931. On l’honora par des obsèques parmi les plus importantes de l’histoire de Toronto, tenues à l’église presbytérienne St Andrew, voisine du Royal Alexandra Theatre. (Même si ses parents étaient juifs, sa première femme appartenait à une famille presbytérienne et son second mariage eut lieu dans une église presbytérienne.) Solman laissa le souvenir d’un philanthrope généreux, d’un employeur dévoué et sans prétention, et d’un père du sport professionnel et du théâtre à Toronto. En créant et en exploitant tant de lieux de spectacle, d’équipes professionnelles et de parcs d’attractions, il transforma la culture populaire de la ville. Un journaliste du Toronto Daily Star qui l’avait bien connu, probablement Lewis Edwin (Lou) Marsh, nota dans une nécrologie : « Par-dessus tout, il aimait une grande foule. » Doué de génie pour attirer beaucoup de monde à ses activités, Solman contribua ainsi à procurer une respectabilité aux sports professionnels dans cette ville sclérosée et encouragea les Torontois à valoriser leurs rives.
Nous souhaitons remercier Paul Thompson pour les renseignements sur le Royal Alexandra Theatre qu’il nous a fournis en entrevue le 8 janvier 2013, ainsi que, pour leur aide précieuse, Jeff Hubbell et Victor Russell des Toronto Port Authority Archives.
City of Toronto Arch., Fonds 200, ser.430, subser.1, file 93 (Toronto Ferry Company) ; Fonds 1047, ser. 1822, file 518 (Solman, Lawrence (Lol)).— Toronto Port Authority Arch., RG 17/1, box 1, 199211180003 ; box 4, 19921123006.— Daily Mail and Empire, 25 mars 1931.— Globe, 25–26 mars 1931.— Toronto Daily Star, 26 mars 1901, 24 mars 1931.— Robert Brockhouse, The Royal Alexandra Theatre : a celebration of 100 years (Toronto, 2007).— Louis Cauz, Baseball’s back in town (Toronto, [1977 ?]).— Sally Gibson, More than an island : a history of the Toronto Island (Toronto, 1984).— James Lemon, Toronto since 1918 : an illustrated history (Toronto et Ottawa, 1985).— Kevin Plummer, « Historicist : the unknown impresario » : http://web.archive.org/web/20161113045107/http:/torontoist.com/2013/09/historicist-the-unknown-impresario (texte archivé, consulté le 9 mars 2021).— [Toronto Harbour Commission, Public Affairs Dept.], Toronto Harbour, the passing years ([Toronto, 1985]).
Bruce Kidd, « SOLMAN, LAWRENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/solman_lawrence_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/solman_lawrence_16F.html |
Auteur de l'article: | Bruce Kidd |
Titre de l'article: | SOLMAN, LAWRENCE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2021 |
Année de la révision: | 2021 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |