SMYTH, sir JAMES CARMICHAEL, officier, ingénieur militaire et auteur, né le 22 février 1779 à Londres, aîné des cinq fils de James Carmichael Smyth et de Mary Holyland ; le 28 mai 1816, il épousa à Londres Harriet Morse, fille de Robert Morse*, et ils eurent un fils ; décédé le 4 mars 1838 à Georgetown (Guyana).

Conformément à la volonté de son père, médecin et auteur, James Carmichael Smyth fit ses études à la Royal Military Academy de Woolwich (Londres). Diplômé en 1793, il devint lieutenant en second dans le génie royal en mars 1795 puis servit dans le sud de l’Afrique avec d’autres ingénieurs en chef des troupes britanniques de 1795 à 1808. Pendant cette période, il acquit aussi de l’expérience à titre de fonctionnaire colonial. En 1808 et 1809, il servit en Espagne sous le commandement de sir John Moore ; de 1813 à 1815, aux Pays-Bas, il occupa un poste élevé parmi les ingénieurs militaires des troupes alliées. En juin 1815, il obtint le grade honoraire de colonel. Sa conduite à Waterloo au sein de l’état-major du duc de Wellington lui mérita l’approbation de celui-ci et lui fit gagner diverses distinctions et décorations.

En 1818, Wellington assuma la charge de maître général du Board of Ordnance, à laquelle était attachée la supervision des ouvrages de défense de tout l’Empire, et Smyth devint l’un de ses principaux adjoints. Fait baronnet en août 1821, il entreprit en 1823, sur l’ordre de Wellington, la tournée des ouvrages de défense et fortifications des Pays-Bas et des Antilles britanniques. Son rapport de 1824 sur les besoins des Antilles en matière de défense servit de base à l’ensemble des plans et travaux réalisés dans ces îles pendant toute une génération. En 1825, toujours sur l’ordre de Wellington, Smyth accomplit une mission identique en Amérique du Nord britannique ; son rapport, daté du 9 septembre, fit autorité dans le domaine des fortifications pendant une vingtaine d’années. Promu major général en mai 1825, Smyth, après quelques travaux de génie en Irlande, devint gouverneur des Bahamas en mai 1829. Muté en juin 1833 au poste de gouverneur de la Guyane britannique (Guyana), il s’attira des éloges, tant dans la colonie qu’à Londres, à cause de la diplomatie avec laquelle il affronta les problèmes issus de l’émancipation des esclaves. Il mourut d’une maladie soudaine dans l’exercice de cette dernière fonction. De 1815 à 1831, il avait publié huit volumes sur le génie militaire, la défense et l’esclavage.

Smyth contribua au développement du Canada par son rapport de 1825, et surtout par son appui à un projet qui était déjà dans l’air : construire un canal pour relier la rivière des Outaouais au lac Ontario en passant par les rivières Rideau et Cataraqui. D’avril à octobre 1825, Smyth et deux autres ingénieurs, tout en faisant la navette sur l’Atlantique, inspectèrent toute la frontière entre l’Amérique du Nord britannique et les États-Unis. Leur examen fut cependant trop rapide pour être vraiment valable. Dans ses instructions, Wellington avait souligné l’importance du canal Rideau ; Smyth conclut que cette voie navigable serait la clé de voûte de la défense des colonies. En s’appuyant sur des estimations civiles, il conçut un canal dont le coût ne dépasserait pas £169 000. Ce chiffre allait se révéler insuffisant pour plusieurs raisons mais, comme il était raisonnable, il contribua à convaincre la Trésorerie. Par ailleurs, la commission que présidait Smyth fixa à £1 646 218 le coût total des ouvrages de défense essentiels à l’Amérique du Nord britannique ; ce chiffre-là parut excessif à la Trésorerie. Toutefois, Wellington et Smyth accordaient la priorité aux canaux destinés à des fins militaires et ils parvinrent à obtenir des fonds pour les construire. Sans l’insistance de Smyth, le canal Rideau n’existerait pas.

Wellington chargea Smyth de superviser le projet à Londres et confia l’exécution des travaux au lieutenant-colonel John By. Selon Smyth, on envoya By trop tôt, sans lui donner d’instructions suffisamment précises ; le premier rapport de celui-ci, soumis en juillet 1826, confirma ses craintes. By se plaignait que £169 000 ne suffiraient pas ; il annonçait qu’il creuserait un canal au moins deux fois plus large que prévu et ajoutait que les travaux entrepris dépasseraient le budget. Smyth pressa alors Wellington de modérer les ardeurs de By et de le forcer à respecter les estimations et plans initiaux. Cependant, à cause de la lenteur des communications et de l’inertie qui régnait au Board of Ordnance, By put faire à sa tête. L’élargissement du canal n’eut malheureusement guère d’utilité défensive, vu les restrictions imposées aux dimensions des canaux destinés à des fins militaires qui se construisaient le long de la rivière des Outaouais. L’attitude de By et les frais de défense du Canada soulevèrent beaucoup de mécontentement à Londres en 1832 et 1833.

Sir James Carmichael Smyth figure dans l’histoire du Canada à un autre titre, celui d’auteur d’un livre sur les campagnes de l’armée britannique en Amérique du Nord, Precis of the wars in Canada, from 1755 to the Treaty of Ghent in 1814, with military and political reflections, publié à Londres en 1826. Consacré surtout aux campagnes de 1813 et 1814, qui avaient mis en évidence les dangers auxquels la marine s’exposait le long de la frontière américaine, ce livre présentait par ailleurs un résumé orthodoxe des guerres du continent.

G. K. Raudzens

Les renseignements concernant les principales activités de sir James Carmichael Smyth au Canada se trouvent au PRO, CO 42/205 : 174 ; Wellington à Smyth, 11 avril 1825 ; 193–200 ; WO 44/15 : 297 ; 44/16 : 24–25 ; 44/18 : 65–67, 69–72 ; 44/19 : 17–18 ; 44/24 : 269–270 ; et au SRO, GD45/3/390. Son rôle dans l’histoire du canal Rideau est décrit dans G. [K.] Raudzens, The British Ordnance Department and Canada’s canals, 18151855 (Waterloo, Ontario, 1979), et ses activités sont mentionnées dans un certain nombre d’ouvrages relatifs à la défense du Canada, notamment dans celui de Kenneth Boume, Britain and the balance of power in North America, 1815–1908 (Londres, 1967). Le DNB lui consacre une notice de quatre colonnes.

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G. K. Raudzens, « SMYTH, sir JAMES CARMICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smyth_james_carmichael_7F.html.

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Auteur de l'article:    G. K. Raudzens
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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