SINGLETON, GEORGE, officier et marchand, né vers 1750 en Irlande, décédé le 21 septembre 1789 dans le canton de Fredericksburgh (North Fredericksburgh et South Fredericksburgh, Ontario).

George Singleton exerçait la profession de marchand, vraisemblablement dans la province de New York, lorsqu’il se joignit aux forces britanniques au début de la guerre d’Indépendance américaine ; il se peut qu’il ait participé à la défense de Québec quand la ville fut assiégée en 1775–1776. En juin 1776, il fut nommé lieutenant dans le King’s Royal Régiment de New York, aux ordres de sir John Johnson*. Il prit part à la malheureuse expédition menée par Barrimore Matthew St Léger dans la vallée de la rivière Mohawk en 1777 ; il fut blessé et fait prisonnier durant le siège du fort Stanwix (Rome, New York). Certains récits locaux associent le nom de Singleton à un « acte de cruauté infâme » : il aurait incité ses alliés indiens à tuer des prisonniers. Au printemps de 1778, il obtint la permission de se rendre au Canada, mais il demeura en liberté conditionnelle à Montréal durant deux ans. Reprenant le service militaire en 1780, il fut nommé capitaine dans le 2e bataillon du King’s Royal Régiment de New York, commandé par John Ross ; en octobre 1780, il se trouvait à l’île de Carleton, New York, probablement sa première visite dans la région de Cataracoui (Kingston, Ontario) et de la baie de Quinte. En juillet 1782, il se joignit à Joseph Brant [Thayendanegea*] pour effectuer une mission de reconnaissance dans la vallée de la Mohawk. L’expédition eut un succès raisonnable, et le journal de Singleton permet de constater qu’il avait de l’instruction et de l’habileté. Il sut maintenir de bonnes relations avec les Indiens ; Thayendanegea et lui obtinrent 224 têtes de bétail pour les Indiens et la garnison d’Oswego, New York.

À la fin des hostilités, Singleton reçut une concession de terre dans la région de Cataracoui et il s’établit dans le canton de Fredericksburgh. En juillet 1784, conjointement avec Edward Jessup* et John Stuart*, il demanda au gouvernement de ne pas effectuer immédiatement une réduction draconienne des rations distribuées aux Loyalistes, et cette requête fut agréée. Singleton se montra d’abord plus intéressé au commerce qu’à l’acquisition de vastes terres. Tout semble indiquer que, à l’été de 1785, il avait un poste de traite près de l’embouchure de la rivière Sagonaska (rivière Moira), dans le canton de Thurlow ; il fut donc l’un des premiers colons et le premier commerçant qui résida à l’endroit où se trouve actuellement Belleville, Ontario. Il avait comme associé Israel Ferguson, son beau-frère. Le poste de traite qui lui servait de résidence sur la Sagonaska était une construction de bois rond, primitive mais confortable. Il continuait aussi d’habiter de temps à autre sa résidence du canton de Fredericksburgh. En 1788, il fut nommé juge de paix du district de Mecklenburgh.

Cette année-là, qu’on appela justement « l’année de la famine », provoquée par la sécheresse et une maigre récolte et rendue plus pénible par un hiver rigoureux, entraîna des conséquences désastreuses pour Singleton. Ses clients étant incapables de le payer, il fut obligé d’hypothéquer ou de vendre des terres. Comme il n’avait jamais réclamé la concession maximale de 3 000 acres à laquelle les officiers avaient droit, il demanda au gouvernement, en août 1789, de lui accorder une terre de 2 100 acres située juste en face de son poste de traite, dans l’actuel comté de Prince Edward. Mais il ne devait jamais connaître la réponse des autorités. Au début de septembre, il partit en barque pour Kingston où il devait prendre des articles de traite et comparaître en tant que défendeur devant un tribunal civil. Il tomba malade en cours de route et, malgré les soins qu’il reçut des Agniers de Tyendinaga (près de Napanee, Ontario) et d’un médecin de Kingston, il mourut à son domicile du canton de Fredericksburgh. Singleton fut inhumé le 23 septembre 1789 par le révérend John Langhorn*. Il laissait derrière lui sa femme Nancy (dont le nom de famille était peut-être Ferguson) et son fils John.

L’endroit où demeurait Singleton et la rivière qui traversait cette région, dans le canton de Thurlow, furent connus sous le nom de Singleton jusqu’au milieu des années 1790, mais le décès prématuré de celui-ci, attribuable peut-être aux privations subies durant « l’année de la famine », eut pour conséquence que l’appellation de ces lieux ne tarda pas à changer, et on leur donna les noms qu’on leur connaît maintenant. Après 1810, la famille de George Singleton alla habiter le canton de Murray, dans le comté avoisinant de Northumberland, où son fils et ses petits-enfants comptèrent parmi les premiers et les plus éminents colons.

Gérald E. Boyce

APC, RG 1, L5, 34.— B L, Add. mss 21 785, 21 829.— Corby Public Library (Belleville, Ontario), Hastings County Hist. Soc. coll., Singleton family papers.— PAO, Canniff (William) papers, package 9, Notes concerning the early settlers of Belleville and Prince Edward County ; Cartwright family papers, Ezra Stephens à F. M. Hill, 23 nov. 1852 ; RG 1, C-IV, Fredericksburgh Township papers, abstract index ; Pittsburgh Township papers, abstract index ; Sidney Township papers, abstract index ; Thurlow Township papers, abstract index.— PRO, WO 17/1 574 ; 28/5, ff.5, 215 (mfm aux APC).

Orderly book of Sir John Johnson during the Oriskany campaign, 1776–1777 [...], W. L. Stone, édit. (Albany, N.Y., 1882), 13.— PAO Report, 1917, 203s.— Rev. John Langhorn’s records, 1787–1813 : burials, OH, I (1899) : 59–63.— William Canniff, History of the settlement of Upper Canada (Ontario) with special reference to the Bay Quinte (Toronto, 1869 ; réimpr., Belleville, 1971).— Ontario, Dept. of Planning and Development, Moira valley conservation report (Toronto, 1950).— J. A. Scott, Fort Stanwix (Fort Schuyler) and Oriskany [...] (éd. du cent cinquantenaire, Rome, N.Y., 1927), 197.— E. A. Cruikshank, The King’s Royal Regiment of New York, OH, XXVII (1931) : 193–323.— R. V. Rogers, The first commission of the peace for the district of Mecklenburg, OH, VIII (1907) : 49–78.

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Gérald E. Boyce, « SINGLETON, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/singleton_george_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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