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SIMARD, ARTHUR (baptisé Étienne-Thomas-Arthur), médecin, chirurgien et professeur, né le 5 octobre 1867 dans la paroisse Notre-Dame de Québec, fils de Louis-Joseph-Alfred Simard, médecin et professeur, et de Marie-Christine-Édith Michaud ; le 3 mai 1898, il épousa au même endroit Ernestine Marchand, fille de Félix-Gabriel Marchand*, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 3 septembre 1931 à Québec.
Arthur Simard naît au sein d’une famille où l’amour de la médecine et de la rigueur intellectuelle est déjà bien implanté par le père, médecin et professeur à l’université Laval à Québec. Tout au long de sa carrière, ce dernier accorde une importance capitale à l’organisation générale de sa profession et au partage des connaissances. C’est donc dans cet esprit que le jeune Arthur grandit et se crée peu à peu une identité et des ambitions à la mesure de son modèle paternel.
Intéressé par la science médicale et faisant preuve d’aptitudes, Simard termine avec succès ses études classiques au petit séminaire de Québec en 1886, puis entre à la faculté de médecine de l’université Laval, dans la même ville, où il obtient son doctorat avec très grande distinction en 1890. Il suit ensuite l’exemple de son père et part pour la France. Il y demeure trois années, pendant lesquelles il se spécialise en chirurgie.
Dès son retour d’Europe en 1894, Simard est nommé professeur agrégé à son alma mater, poste qu’il occupe jusqu’en 1899, année où il est promu professeur titulaire. Pendant sa carrière, il prendra en charge les cours d’hygiène, d’anatomie pratique et de médecine opératoire pratique. De 1912 à 1931, il donnera les cours de pathologie externe et de clinique chirurgicale à l’Hôtel-Dieu de Québec. L’enseignement est pour lui une véritable vocation puisqu’il préfère s’exprimer oralement que par l’écriture. Sa facilité pour la parole, ses grandes connaissances en médecine et sa curiosité scientifique lui permettent de connaître du succès.
Simard pratique la médecine et la chirurgie, surtout à l’Hôtel-Dieu, où il gravit peu à peu les échelons. En effet, en 1900, il travaille d’abord comme assistant du chirurgien en chef Laurent Catellier*, à qui il succède en 1905. Dans l’exercice de sa profession, il soigne gratuitement des citoyens pauvres de la ville de Québec. Le 17 octobre 1930, il sera nommé directeur du service chirurgical et chirurgien consultant de l’hôpital Laval.
Le 5 février 1900, Simard devient membre du Conseil d’hygiène de la province de Québec (qui sera connu sous le nom de Conseil supérieur d’hygiène de la province de Québec à partir de 1915). L’année suivante, il est élu au conseil d’administration du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec. Cette présence dans les hautes sphères décisionnelles de son milieu lui permet d’accroître son influence et de participer à quelques réformes qui stimuleront le développement de la pratique médicale canadienne-française. Simard collabore, par exemple, à la rédaction de la Loi médicale de Québec, sanctionnée le 7 mai 1909 [V. Albert Laurendeau*], qui crée, entre autres choses, un conseil de discipline et fait passer la durée des études médicales de quatre à cinq ans.
En 1914, après en avoir été vice-président depuis 1907, Simard devient, à 47 ans, le plus jeune président du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec, dont il est également l’un des administrateurs de 1901 à 1926. Encore une fois, il marche sur les traces de son père, qui a présidé l’organisme de 1895 à 1898. Le mandat du « président du temps de la guerre », comme Simard aime lui-même se nommer, est influencé par le conflit mondial. Étant donné que les hommes de 19 à 23 ans sont appelés à servir dans l’armée, ce qui diminue les effectifs des facultés de médecine, le Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec raccourcit la durée du cursus (elle passe de 24 à 12 mois). En outre, l’organisation donne plus de 2 000 $ à un fonds patriotique et au 6e hôpital général canadien de l’université Laval. En tant que président, Simard contribue grandement aux réformes importantes de son époque, notamment à la modification, sanctionnée en 1918, de la Loi médicale de Québec. Les principaux changements apportés sont l’instauration d’un vote secret pour l’élection des administrateurs et la réduction de leur nombre de 41 à 21, l’abolition des assemblées semestrielles au profit d’une réunion annuelle, et l’établissement d’un fonds de retraite et de secours pour les médecins âgés et nécessiteux. Simard apporte aussi quelques modifications au programme d’études en médecine. Il rend l’étude de la biologie obligatoire et impose un examen écrit aux élèves de deuxième et de cinquième année. C’est en 1918 que se termine la présidence de Simard, à qui succède Rodolphe Boulet. Par la suite, jusqu’en 1922, Simard reprend son poste de vice-président en compagnie d’autres médecins, dont Albert Laurendeau, Louis-Philippe Normand et Joseph Gauvreau. De plus, de 1918 jusqu’à sa mort, il préside le Conseil supérieur d’hygiène de la province de Québec ; sous son administration, l’organisme gouvernemental devient plus efficace en matière de santé publique, par exemple, dans la lutte contre la tuberculose. Il a d’ailleurs été nommé à la commission royale de la tuberculose en 1909.
Outre ces réalisations, Simard a été président de l’Association des médecins de langue française de l’Amérique du Nord (1906–1908) [V. Michel-Delphis Brochu] et de son congrès en 1908, président du Conseil médical du Canada (1926–1927) et de la Société médicale de Québec. Il a exposé ses idées, parfois controversées, dans le Bulletin médical de Québec, dont il a été l’un des membres fondateurs en 1899. De plus, pendant près de 20 ans, il a été un conférencier très estimé dans les sociétés médicales. En 1902, au cours du premier congrès de l’Association des médecins de langue française de l’Amérique du Nord, Simard a prononcé un discours où transparaît son amour pour le français et pour la France, pays qui lui a d’ailleurs décerné le titre d’officier de l’Instruction publique.
Arthur Simard a consacré sa vie à l’enseignement, à l’exercice de la médecine et de la chirurgie, et à l’implication dans des associations médicales. Il s’accordait parfois des périodes de repos bien méritées à sa villa de campagne à l’île d’Orléans. Guidé par sa passion de la transmission du savoir et par sa volonté d’améliorer la pratique de sa profession, cet homme de tête, très fidèle à ses convictions, ne laissait personne indifférent par ses manières plutôt brusques et son sens de la répartie. Il a entretenu des amitiés solides, particulièrement avec les médecins Télesphore Parizeau et Gauvreau, ainsi qu’avec son beau-frère, le sénateur Raoul Dandurand*. À la suite d’une brève maladie, Simard rend son dernier souffle en 1931. Comme son père avant lui, il a su transmettre son amour de son métier à son fils, André, qui est à son tour devenu médecin.
BAnQ-Q, CE301-S1, 7 oct. 1867, 3 mai 1898.— Univ. Laval, Div. des arch., U506 (Bureau du secrétaire général ), 24 (reg. des règlements et des nominations du conseil universitaire).— L’Action catholique (Québec), 3 sept. 1931.— Le Soleil, 3 sept. 1931.— Collège des médecins et chirurgiens de la prov. de Québec, Loi organique, 213 S. R., P.Q., 1925 (Montréal, 1926).— Joseph Gauvreau, « le Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec, son évolution jusqu’à nos jours : le Bureau médical de Montréal, The Montreal Medical Board, 1839–1847 », l’Union médicale du Canada (Montréal), 61 (1932) : 42–55 ; « In memoriam : le professeur Arthur Simard, 1867–1931, président du Collège des médecins et chirurgiens, P. Q., 1914–1918 », l’Union médicale du Canada, 60 (1931) : 685–692.— Denis Goulet, Histoire du Collège des médecins du Québec, 1847–1997 (Montréal, 1997).— Denis Goulet et André Paradis, Trois siècles d’histoire médicale au Québec : chronologie des institutions et des pratiques (1639–1939) (Montréal, 1992).— Guy Grenier, 100 ans de médecine francophone : histoire de l’Association des médecins de langue française du Canada (Sainte-Foy [Québec], 2002).— R. B. Kerr, History of the Medical Council of Canada (Ottawa, 1979).— [Albert Le Sage], le Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec, 1847–1947 (Montréal, 1947).— Claudine Pierre-Deschênes, « la Tuberculose au Québec au début du xxe siècle : problème social et réponse réformiste » (mémoire de m.a., univ. du Québec à Montréal, 1980).— Premier Congrès de l’Association des médecins de langue française de l’Amérique du Nord tenu à Québec, les 25, 26 et 27 juin 1902 : texte des mémoires (Québec, 1903).— Québec, Commission royale de la tuberculose, Rapport (Québec, 1909–1910).— François Rousseau, la Croix et le Scalpel : histoire des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec (1639–1989) (2 vol., Sillery [Québec], 1989–1994), 2.— Univ. Laval, Annuaire, 1876–1933.
Marie-Claude Dubé, « SIMARD, ARTHUR (baptisé Étienne-Thomas-Arthur) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/simard_arthur_16F.html.
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Auteur de l'article: | Marie-Claude Dubé |
Titre de l'article: | SIMARD, ARTHUR (baptisé Étienne-Thomas-Arthur) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2015 |
Année de la révision: | 2015 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |